29 septembre 2024
T.H.X. : Telstar
Acquis chez Happy Cash à Dizy le 13 septembre 2024
Réf : COB 47008 -- Édité par Cobra en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Telstar -/- Rhizosphère suite
Ces temps-ci, la ressourcerie ne reçoit presque plus de disques en don. Il reste la même trentaine de 45 tours depuis plusieurs semaines (il y en avait plusieurs centaines il y a encore quelques mois), parfois il n'y a même plus de 33 tours et le rayon CD a été réduit au moins des deux tiers et ne se renouvelle presque plus.
Heureusement, le Cash à côté met de temps en temps en vente des lots de 45 tours à 30 centimes. La fois précédente c'était en mai. Là, ils avaient surtout l'air d'être de variétés et pas en super état, mais au final je suis reparti avec une dizaine de disques, dont un Gainsbourg, Lady Heroine, que je n'avais pas, Ali be good de Topaloff aussi, et celui-ci.
Je ne connaissais pas ce disque. Si je l'ai sorti du rayon pour l'examiner de plus près, c'est bien sûr parce que je me demandais si le Telstar en question était bien une reprise du tube des Tornados, sommet des productions de Joe Meek. J'ai noté au passage que ce disque est édité par Cobra, label éclectique qui a notamment accueilli Métal Urbain et Castelhemis. J'ai eu confirmation par le rond central qu'on avait bien affaire à une reprise du tube de 1962, et en retournant le disque, j'ai eu la grande surprise de découvrir que la face B est créditée à "R. Pinhas - F. Auger". Autrement dit, je venais de trouver un disque lié à Heldon !
Heldon et Richard Pinhas, ce n'est pas particulièrement ma tasse de thé. Je me souviens des publicités dans la presse en 1979/80 pour Stand by et East/West. J'ai acheté plusieurs albums d'occasion un jour dans les années 1980, parce qu'ils étaient pas chers, certains avec des pochettes marquantes. Je ne l'ai pas écouté récemment, mais j'avais apprécié à ce moment-là le premier album, Electronique guerilla. Mais depuis, je n'ai suivi les activités de Richard Pinhas que par le biais de ces collaborations régulières avec Pascal Comelade.
Quelqu'un indique en commentaire sur Bide & Musique que l'enregistrement de cette reprise est une réponse au label qui réclamait un single plus commercial. En tout cas, le disque enregistré avec le batteur d'Heldon François Auger a été sorti prudemment sous le pseudonyme T.H.X. (il n'y a pas eu d'autre sortie sous ce nom). Il semble clair à l'écoute de Telstar que cette version synthétique n'existerait pas si Jean-Michel Jarre n'avait pas eu un tel succès avec Oxygène.
En face B, Rhizosphère suite reste accessible, avec pas mal de zigouigouis au synthé. C'est sauf erreur de ma part la troisième version publiée de cette composition, après Rhizosphère et Rhizosphère sequent en 1977 sur le premier album de Richard Pinhas sous son nom, Rhizosphère. La version Suite est assez logiquement plus proche de la version Sequent que de l'autre, qui dure 17 minutes. Cette version, comme la face A, a été enregistrée en février 1978 au studio Davout. Les deux faces du 45 tours ont été incluses en 2006 sur la compilation Singles collection 1972-1980 (mais attention, sur Bandcamp la compilation s'appelle Singles collection 1972-1981, comporte moins de titres, et par erreur la Suite y est titrée Sequent !).
Un 45 tours d'Heldon/Richard Pinhas chez Cash, je ne l'avais pas vue venir celle-là ! Si seulement je pouvais faire quelques autres trouvailles de cet acabit d'ici la fin de l'année...
21 septembre 2024
PIERRE MALAR : Boléro flamenco
Acquis sur le vide-grenier de Sarry le 8 septembre 2024
Réf : 282.047 -- Édité par Odéon en France en 1949
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Boléro flamenco -/- Sérénade argentine
Ces temps-ci, je repars bredouille des brocantes plus d'une fois sur deux. Et quand ce n'est pas le cas, ce n'est pas pour autant que j'y trouve des disques intéressants en nombre. La plupart du temps, c'est juste un ou deux disques "de consolation".
A Sarry, par un beau temps frais, j'ai commencé par assurer le minimum en voyant à l'avant d'un carton de 33 tours à 3 € (j'ai ignoré les autres cartons à 5, 10 et 15 €) le troisième album de George Thorogood and the Destroyers. Je l'ai pris de bon cœur, d'autant que je ne le connaissais pas du tout.
Pas grand chose sur les autres stands. J'ai examiné une première petite pile de 78 tours sur une table, sans succès. Puis une deuxième un peu plus tard, avec quelques disques de chansons, dont deux des Soeurs Etienne, que j'ai pris. Je suis déjà tombé sur des disques de Pierre Malar, j'en ai même déjà un, mais là, quand j'ai eu en mains celui-ci, il m'a fallu un instant quand j'ai vu inscrit Sérénade argentine sur la rondelle pour réaliser que je venais de boucler une quête entamée il y a des années : trouver la version originale de Si vous passez par là.
J'ai déjà raconté cette histoire ici en deux étapes, en 2006 avec la chronique de Si vous passez par là de 3 Mustaphas 3, disque acheté en 1986 qui m'a fait découvrir cette chanson, puis en 2015 avec un autre 78 tours, une version instrumentale à l'accordéon de Sérénade argentine par Tony Murena.
Je me suis demandé quel pouvait être l'original de la reprise des Mustaphas dès 1986. Il m'aura fallu 29 ans pour avoir les références de ce titre (Sérénade argentine par Pierre Malar, donc) et 9 ans de plus pour l'acquérir.
Je vais essayer de profiter de l'occasion de ce nouvel achat pour tenter de retracer, peut-être une bonne fois pour toute, l'historique de cette chanson, connue sous les titres Amparito, Sérénade argentine et Si vous passez par là.
Les auteurs
Ce serait presque le plus simple, s'il n'y avait pas des pseudonymes dans tous les sens.
Ils sont trois.
Pueca signe la musique.
C'est le pseudonyme de quelqu'un appelé Puech, mais qui ? Par le passé, j'avais repris des informations signalant qu'il s'agissait d'Yves Puech, dont l'un des pseudonymes serait Enrico Cueca. La BnF donne cette information. Mais Discogs indique plutôt un certain Henri Puech et la BnFne fait pas de lien entre la fiche de Pueca et les fiches des deux Puech, tout en donnant la même année de décès, 1951, pour Henri et pour Pueca. Et les deux Puech ont des titres au catalogue des Editions Universelles, l'éditeur de la chanson qui nous intéresse.
Alors je ne me prononcerai pas aujourd'hui. D'ici à ce qu'on apprenne qu'Yves et Henri sont une seule et même personne, ou qu'ils étaient deux frères qui utilisaient le pseudonyme Pueca il n'y a pas loin...!
J. Teruel signe les paroles espagnoles sous le titre Amparito. C'est un pseudonyme de José Sentis (1888-1983). Né en Espagne et installé en France, il aurait contribué à l'introduction du tango dans notre pays.
Max François signe les paroles françaises sous le titre Sérénade argentine. C'est le pseudonyme de Max Raio de San Lazaro (1914-1995). Il est notamment le co-auteur des paroles de Si toi aussi tu m'abandonnes, du film Le train sifflera trois fois.
Tous les auteurs et le label étant basés en France, je ne m'explique toujours pas pourquoi, sur une partition d'époque, il est fait mention d'une maison d'édition A. Teruel à La Havane à Cuba. La seule explication que je vois, c'est que ce serait bidon pour faire authentiquement afro-cubain, mais ça parait vraiment tordu.
Les versions de la chanson
Sur le site Musée SACEM, on trouve une partition Ⓒ 1948 tirée d'un recueil postérieur. Sous le titre Sérénade argentine (Amparito), on y trouve à la fois les paroles françaises et espagnoles. C'est la seule trace concrète que j'ai trouvée d'Amparito. Autant que je sache, aucun enregistrement de ces paroles n'a été publié. Et les paroles françaises ne sont visiblement pas une traduction de l'espagnol.
En 1949, Pierre Malar crée la chanson sur disque chez Odéon.
Assez vite, deux versions chantées par des femmes sont publiées, celle de Jacques Hélian et son Orchestre et celle de Rina Ketty.
A la même époque, plusieurs versions instrumentales sortent, à l'accordéon surtout, par Tony Muréna, donc, mais aussi Edouard Duleu et René Sudre. Mais ma préférence irait presque à celle au piano d'Emil Stern, accompagné par les Careno Cuban Boys, qui devaient être aussi cubains que moi !
Vers 1966, sort Si vous passez par là par l'Orchestre O.K. Jazz de Franco. C'est là que le titre alternatif apparaît. Cette version, chantée à deux voix, est fortement ralentie et épurée. C'est un chef d’œuvre.
En 1986, sort donc la version de 3 Mustaphas 3 de Si vous passez par là, clairement basée sur celle d'O.K. Jazz, pas seulement pour le titre, et excellente également.
Je vous déconseille de cliquer sur ce lien pour écouter une version instrumentale très tardive par André Verchuren !
Pierre Malar
Pierre Malar est né il y a 100 ans à huit jours près, le 29 septembre 1924 à Montréjeau en Haute-Garonne, sous le nom de Louis Azum. On l'a vu avec les auteurs de la chanson, la musique et les pseudonymes hispanisants étaient en vogue à l'époque. Mais ce n'était pas qu'une question de mode pour Pierre Malar, puisque sa mère était d'origine espagnole et son père, tiens tiens, était né en Argentine.
Présenté à Piaf lors d'une émission de radio à Toulouse, il monte à Paris à son invitation et fait ses débuts au Théâtre de l’Étoile en février 1945. Sérénade argentine est l'un de ses plus grands succès. Sa carrière de chanteur décline à partir de la fin des années 1950 et il se reconvertit avec succès en 1968 comme professeur de chant. Il est mort à 89 ans le 13 décembre 2013.
Ce qui m'a surpris initialement dans la version de Sérénade argentine de Pierre Malar, c'est sa voix placée assez haut, celle d'un chanteur de charme un peu à la Tino Rossi. L'accompagnement d'orchestre de Jean Faustin, avec beaucoup de cordes, est moins "typique" que pour certaines des reprises. Pour les paroles, comme pour toutes les versions, il y a toujours quelque chose qui me gêne : dans un premier temps, le narrateur se lamente, "Pourtant je suis parti", avant d'expliquer à la fin "que j'attends son retour". A chaque fois je me dis que si c'est lui qui est parti, c'est peut-être plutôt à lui de revenir.
Même si ce fût le succès du disque, Sérénade argentine n'en est que la face B. Le titre principal, Boléro flamenco, s'annonce cette fois doublement hispanisant, boléro comme la Sérénade, et flamenco en plus. On est strictement dans la même veine, musicalement et thématiquement ("Puis elle est partie à son tour, alors loin d'elle tout mon ciel est devenu lourd, la vie cruelle, sans espoir j'attends son retour et je l'appelle, car sans ma belle, mon cœur meurt d'amour").
Ce coup-ci je pense avoir fait le tour du sujet Sérénade argentine, à un ou deux questionnements près. Je ne compte plus y revenir, sauf peut-être dans neuf ans, pour garder le rythme, si je réussis d'ici là à me procurer un exemplaire en 45 tours de Si vous passez par là par O.K. Jazz.
14 septembre 2024
DAOUDA : Gbakas
Acquis par correspondance via Ebay en septembre 2024
Réf : MOY.451 -- Édité par Moya en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Gbaka -/- Lola
Parmi toutes les chaînes accessibles sur la box télé de mon fournisseur internet, il n'y en a guère que deux susceptibles de m'intéresser, BBC News et Melody d'Afrique, un robinet à musique nostalgique entièrement dédié à la musique africaine des années 1960 à 1990.
L'autre jour, en allumant l'appareil resté réglé sur Melody d'Afrique la fois précédente, j'ai entendu quelques notes de musique qui m'ont tout de suite accroché l'oreille. Je me suis donc mis à regarder l'émission et j'ai passé un excellent moment.
J'ai vite compris que l'artiste s'appelle Daouda. Dans cette émission Pour une fête, enregistrée en public en 1986, il interprétait à la guitare acoustique ses plus grands succès, avec des paroles principalement en français, accompagné uniquement par un percussionniste au jeu léger et inventif. Ce style de "chanson africaine", douce et acoustique, m'a instantanément fait penser à G.G. Vikey, et je suis loin d'être le premier à faire ce rapprochement.
Après l'émission, j'ai voulu en savoir plus sur Daouda, et surtout j'ai cherché à commander un disque pour pouvoir en parler ici. J'en ai trouvé un assez vite, en bon état et pas cher, même avec le port. Ce n'est qu'après l'avoir reçu que j'ai su qu'il s'agit en fait du premier disque publié par Daouda, dont il avait joué les deux faces lors de l'émission.
Tout dans ce 45 tours indique que c'est une édition "française" : il y a le tampon SACEM, l'imprimeur est français. Mais comme souvent avec les disques d'Afrique ou des Antilles, je suis à peu près persuadé que l'essentiel du tirage a été distribué hors de l'hexagone, en Côte d'Ivoire dans ce cas précis. L'enregistrement, lui, s'est fait au Nigeria avec un orchestre de Lagos.
Daouda Koné est né en 1951. On l'a surnommé "Le sentimental" d'après le titre de l'un de ses succès. Parmi ses autres titres de référence, on trouve La femme de mon patron, Le villageois, Le margouillat et Match nul. Contrôleur technique à la Radio Télévision Ivoirienne, sa carrière a été lancée quand ses collègues qui l'entendaient souvent chanter ont alerté les animateurs de la station. C'est le directeur des programmes Georges T. Benson, un grand nom de l'audiovisuel ivoirien, qui l'a mis à l'antenne et lui a proposé d'enregistrer ce premier 45 tours.
Comme l'explique Soro Solo chez #AuxSons, Gbaka est une chanson d'actualité. Les gbakas (ainsi nommés en raison du bruit qu'il font en brinquebalant) sont les minibus privés et pirates qui assurent une bonne partie des transports en commun à Abidjan, dont la SOTRA, Société des Transports Abidjanais, est censée avoir l'exclusivité. L'insécurité routière étant forte, le ministère des transports a publié en 1976 une proposition de loi pour interdire les transports informels, pourtant très utiles à la population, dont Daouda, qui en a fait une chanson/tranche de vie qui met en scène un trajet en gbaka. La popularité de la chanson a alimenté la contestation contre cette mesure. Au bout du compte, la présidence l'a suspendue et les gbakas ont simplement été soumis à un contrôle technique.
La pochette est très réussie. On note que le gbaka est nommé "Petit SOTRA", en référence à la SOTRA officielle, et qu'il vient de Blokosso, un village de la commune de Cocody, celle dont Daouda est originaire; ça ne peut pas être un hasard.
Le dessin est signé G. Ferrant, qui a fait au moins une autre pochette, celle d'un album du Conjunto Estrellas Africanas. Il s'agit en fait de Gilles Ferrant, qui s'y connaît en dessin de transport puisqu'il est l'auteur en 1971 de la première série non-publicitaire publiée en Cote d'Ivoire, Yapi, Yapo et Pipo, dont l'un des héros, Yapi, est chauffeur de taxi.
Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive (la fois précédente c'était avec les Chambers Brothers je crois) : il m'a fallu un bon moment pour me rendre compte que les versions des chansons qui sont en ligne, même quand elles reprennent la pochette en illustration, ne sont pas celles de mon 45 tours. Je les ai donc numérisées pour que vous puissiez faire la différence.
Sur le 45 tours, l'Orchestre Melodia est une formation électrique. Gbaka dure 5'15, sur un tempo assez lent, avec des arrangements délicats. Il y a des chœurs et, à partir de 2'45, une partie instrumentale à la guitare de plus d'une minute.
Daouda a enregistré plusieurs autres version de Gbaka. La plus courante en ligne est celle qui dure 4'45, qui doit être tirée de l'album Le sentimental de 1978 et reprise sur la compilation Le margouillat. Elle est plus acoustique et sans chœurs.
Il y a aussi une version sur un album en 1986 et une autre en 2009 sur un album qui a connu deux éditions, La misère et la mer et C'est pas ma faute.
Pour la face B, Lola, une autre excellente chanson, dont je n'ai trouvé que deux versions. Je ne veux pas dire de bêtises, mais celle du 45 tours sonne un peu rumba congolaise à mes oreilles. Et là encore, celle de 1978 et de Le Margouillat fait trente secondes de moins et est plus dépouillée et acoustique.
Au final, vous vous en doutez, je ne regrette pas du tout d'avoir allumé la télé ce soir-là !
A écouter :
Daouda : Gbaka
Daouda : Lola
Daouda et son orchestre interprètent Gbaka en direct dans une émission de la RTI vers 1977-78. Une excellente version, dans la veine de celle du 45 tours.
Daouda, Le sentimental, bande annonce de l'émission Pour une fête, rediffusée par Melody d'Afrique.
Survol du parcours de Daouda en trois minutes de morceaux choisis, dont des extraits de l'émission Pour une fête.
Emission spéciale Daouda de C'Midi du 15 février 2019. Il y raconte notamment ses débuts et fait une explication de texte de certaines paroles de Gbaka.
07 septembre 2024
NME's BIG FOUR
Acquis probablement d'occasion à Londres en 1986
Réf : GIV 3 -- Édité par NME en Angleterre en 1986 -- Given free with NME Feb '86 -- Not for sale
Support : 33 tours 17 cm
Titres : TOM WAITS : Downtown train (NME version) -- THE JESUS & MARY CHAIN : Some candy talking -/- HUSKER DÜ : Ticket to ride -- TROUBLE FUNK : Let's get small
J'ai lu plusieurs articles sur Tom Waits ces derniers temps dans Mojo/Uncut suite à la réédition de ses albums chez Island. Du coup, j'avais ressorti son 45 tours Downtown train pour éventuellement le chroniquer, vu que le cas In the neighborhood a déjà été abordé en 2008.
Par ailleurs, on parle aussi pas mal de The Jesus and Mary Chain, avec un nouvel album il y a quelques mois et un livre autobiographique, Never understood, qui vient de paraître.
C'est alors que j'ai repensé à ce 45 tours diffusé par le NME avec son numéro du 1er février 1986. Il y a toujours eu à boire et à manger avec les enregistrements offerts par des journaux et magazines (45 tours, parfois souples, cassettes ou CD selon les époques). Mais là, comme avec le Sounds waves 3 qui contenait deux inédits des Pixies, on est dans le haut du panier.
A l'époque, c'était la croix et la bannière pour récupérer à Reims ces "cadeaux" des hebdos anglais. Déjà, les magazines arrivaient de façon aléatoire. Plus d'une fois, j'ai fait la demi-heure de marche aller-retour à pied depuis chez moi pour rien car ils n'avaient pas été livrés. Et ensuite, quand il y avait un disque, c'était la loterie. Parfois le disque était bien là et en bon état. Parfois, il avait disparu en route et il ne restait que la trace du scotch. Souvent, il n'y avait rien, sauf une mention expliquant que le disque pouvait ne pas être disponible dans certains territoires pour des questions de droits.
Celui-ci, je pensais bien l'avoir eu comme d'autres chez Guerlin-Martin à Reims, mais en retrouvant les quelques pages du magazine que j'ai conservées, j'ai su que ce n'était pas le cas.
En effet, voici la couverture du NME en question trouvée chez Discogs :
Or, pour mon exemplaire, l'illustration est pleine page, le titre Ten years on est en gros et toute la partie de gauche sur le "Free E.P." est absente. Ça signifie qu'il y eu une couverture spéciale pour l'Europe continentale et que le 45 tours n'y a pas été diffusé. J'en déduis que je l'ai acheté par la suite lors d'un séjour à Londres : ces 45 tours étaient diffusés à tant de milliers d'exemplaires qu'on les trouvait généralement d'occasion facilement et pour pas cher.
Au fil des années, j'ai viré à peu près tous mes hebdos anglais, après y avoir découpé ce qui, sur le moment pouvait m'intéresser. Je n'ai gardé que 3 ou 4 numéros entiers, et quelques dizaines d'articles pleine page. Quand j'ai revu la couverture, ça m'a rappelé des souvenirs et je me suis dit que j'avais peut-être conservé ce numéro précis pour l'article sur Mary Chain qu'il devait contenir. En fait, c'est pour une autre raison que je l'ai gardé : c'est précisément dans ce numéro que j'ai eu mon millionième de seconde de gloire : dans les NME charts, c'est ma sélection du moment que j'avais envoyée qui a été publiée dans le Dancefloor 20 ! :
C'est une sélection dont je ne suis pas mécontent encore aujourd'hui. On voit bien que j'ai tenté d'y placer un maximum de mes obsessions musicales, celles du moment et celles sur un plus long terme. Avec le recul, le seul choix qui me laisse perplexe c'est celui d'Imperial bedroom d'Elvis Costello. Certes, comme il s'agit de chansons individuelles plutôt que de disques, c'est à la face B du single Party party que je pensais, pas à l'album. Je l'aime bien et je la chante souvent, mais je m'étonne de ne pas avoir sélectionné un de ses nombreux autres titres qui me tiennent plus à cœur.
J'étais dans le ton avec ma liste où figurent Tom Waits et The Jesus and Mary Chain, puisqu'ils venaient justement, selon les journalistes du NME, de produire dans cet ordre les deux meilleurs albums de 1985 avec Rain dogs et Psychocandy. C'est sûrement pour cette raison qu'on les retrouve en face A de ce disque.
A l'époque, quand on parlait des guitaristes invités sur Rain dogs, j'ai surtout retenu les noms de Keith Richards et Marc Ribot. Mais parmi ce beau monde il y avait aussi Chris Spedding, sur un titre, et Robert Quine, des Voidoids et de Lou Reed, sur deux chansons, dont Downtown train.
Downntown train sonne un peu à part, sur l'album, un peu plus "normale" que certains autres titres. Ce n'est pas un hasard si, à mes oreilles, elle sonne très Springsteenienne et si Rod Stewart en a fait un tube en 1990 (une version que je ne vous conseille pas particulièrement !). C'est le résultat de la volonté de Tom Waits, qui a fait appel à des musiciens différents pour cette session, notamment Tony Levin, un ancien de King Crimson et Peter Gabriel. L'autre guitariste est G.E. Smith, qui a notamment beaucoup joué avec Hall & Oates. Ce ne sont pas des références qu'on associerait d'emblée à Tom Waits !
La prise de cette version NME de Downtown train est différente de celle de l'album. Les variations ne sautent pas aux oreilles lors d'une écoute distraite, mais les écarts sont bien là, surtout dans la guitare et l'orgue. Je les différencie notamment avec la guitare vers 3'35, qui ne joue pas la même chose dans les deux cas.
En Angleterre, cette version NME n'est pas restée "exclusive", puisque c'est elle qui a été choisie comme face A du single en Angleterre, où il est bien précisé sur le rond central que la version est différente de celle de l'album. Mais ce n'est pas la cas partout : mon 45 tours français a la même pochette et la même face B, mais la face A est celle de l'album...
Parmi tout le catalogue de mon label de disques virtuels, une des références dont je suis le plus content est la compilation de Tom Waits Trained Gods, pour la sélection elle-même, mais aussi pour le titre et la pochette.
A l'entame de 1986, The Jesus and Mary Chain avait sorti quatre singles, dont trois figuraient sur leur premier album, qui a marqué les esprits à sa sortie à l'automne 1985. Avec cet album, et avec une Peel session entièrement acoustique en octobre, ils avaient amplement démontré qu'on ne pourrait pas longtemps réduire leur talent au bruit et à la furie. Il y avait deux chansons inédites sur quatre pour cette session, dont Some candy talking.
Cette excellente chanson n'était donc pas complètement inconnue des fans quand elle est arrivée sur ce 45 tours, mais cette version NME est le premier titre studio publié par le groupe après l'album et aussi la première version officielle de cette chanson qui, six mois plus tard, serait publiée en titre principal d'un EP, avant d'être incluse en bonus des éditions CD de Psychocandy.
Les deux versions sont différentes l'une de l'autre : musicalement, et aussi par le chant. Je ne l'aurais pas repéré par moi-même, mais c'est William plutôt que Jim qui fait la voix principale sur la version NME. Celle-ci est restée longtemps exclusive à ce 45 tours. Elle n'a été rééditée que sur la version Deluxe de Darklands, que je regrette de ne pas avoir achetée à sa sortie en 2011 car son prix s'est envolé depuis.
La face B est moins exceptionnelle, mais reste très intéressante.
Elle s'ouvre avec Husker Dü, qui s'attaque au bon vieux Ticket to ride des Beatles (par ailleurs, ils ont aussi fait un sort au Eight miles high des Byrds). De ce que je vois, cette version studio est restée inédite par ailleurs. Par contre, on trouve en ligne une version en concert à Londres en 1985 (diffusée notamment sur l'émission Décibels de FR3 en 1986), qui nous permet de constater que c'est le batteur Grant Hart qui en assure le chant principal.
Le dernier titre du disque Let's get small, est une version en concert de 1983 d'un single de 1982 de Trouble Funk. Je ne suis généralement pas un grand fan de Go-Go music, mais là c'est entraînant, et surtout, ce son électro-funk semble bien en avance sur son temps. Une bonne façon de boucler un excellent petit disque en remuant son popotin !
Husker Dü, Ticket to ride, en concert au Camden Palace de Londres le 14 mai 1985.
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