31 août 2014

THE JAM : Going underground


Acquis chez A la Clé de Sol à Châlons-sur-Marne en 1980
Réf : 2607 044 -- Edité par Polydor en France en 1980
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : Going underground -/- The dreams of children et Away from the numbers -- The modern world -/- Down in the tube station at midnight

Je n'ai acheté qu'un seul album de The Jam, All mod cons en 1979, dans l'édition anglaise importée par Polydor en France, sûrement après avoir été convaincu par les chroniques plutôt dithyrambiques de ce disque. Je n'ai pas regretté mon achat et je considère toujours cet album comme l'un des meilleurs du groupe, mais par la suite, je n'ai investi que dans deux de ses disques au moment de leur sortie, et c'est à chaque fois parce que j'ai été alléché par l'offre de deux 45 tours pour le prix d'un : le tardif Beat surrender et cet excellent Going underground.
Ce disque est sorti au printemps 1980, entre les albums Setting sons et Sound affects, sortis à un an d'écart, et donc entre les singles qui en étaient extraits, The Eton rifles et Start. Ça montre combien le groupe était à la fois productif et au sommet de sa forme  à cette période.
Going underground est un disque important pour The Jam : c'est leur premier à avoir été classé n° 1 des ventes en Angleterre. Par la suite, jusqu'à l'annonce surprise de la séparation en 1982, leur succès a été constant en croissant en Angleterre.
Contrairement à beaucoup d'autres titres de The Jam, il n'y a quasiment aucune touche sixties dans cette chanson. Au contraire, avec son énergie rentrée, ses saccades musicales, ses touches discrètes de synthé et même ses quelques coups de batterie tribale, ce titre est complètement de son temps et s'enchaînerait parfaitement avec d'autres tubes de l'année, comme Brass in pocket ou Message in a bottle. Côté paroles et chant, rien de rentré : Paul Weller crache ses mots pleins de rage et de venin, remonté contre l'arrivée des conservateurs au pouvoir et la guerre froide et la course aux armements qui battent leur plein : "You choose your leaders and place your trust as their lies wash you down and their promises rust. You'll see kidney machines replaced by rockets and guns and the public wants what the public gets, but I don't get what this society wants. I'm going underground.".
Les sixties, on les retrouve peut-être un peu plus en face B sur The dreams of children. En le réécoutant, je me disais que c'était quand même un très bon titre qui se trouvait relégué sur une obscure face B, mais c'était avant que je me renseigne et que je redécouvre que le groupe avait prévu initialement de le sortir comme face principale du single, avant qu'une confusion au moment du pressage ne pousse Going underground en face A, ce qui est quand même mieux à mon goût, mais le groupe a initialement poussé les deux titres et a même tourné deux vidéos à l'époque.
Ça ne peut pas être un hasard si on trouve sur le 45 tours bonus de cette édition limitée un titre enregistré en concert de chacun des trois premiers albums de The Jam, dans l'ordre de leur parution. Sur le pressage anglais, fabriqué en France, il y avait la précision sur le rond central, que l'enregistrement a été fait au Rainbow Theatre (à Londres),le 3 novembre 1979. L'information a bêtement disparu sur l'édition française. Le son, ou en tout cas le mixage, n'est pas génial, mais les interprétations sont excellentes, tout comme le choix des titres : Away from the numbers, This is the modern world et Down in the tube station at midnight (les deux derniers étant aussi des faces A de 45 tours dans leur version studio).

Les deux titres studio ont été repris sur plusieurs compilations de The Jam, à, commencer par Snap ! en 1983. Les trois titres live sont sur l'album Live Jam de 1993.




23 août 2014

CATCHERS : The shape of things to come


Offert par Philippe D. à Paris le 3 juillet 2014
Réf : I -- Edité par Catchers en Angleterre vers 2005
Support : CD 12 cm
Titres : The shape of things to come -- Macosquin coleraine -- Clocks and clones

Je continue d'explorer les disques offerts par Philippe le mois dernier. En général, je les écoute d'abord à la sourde, c'est à dire sans me renseigner au préalable sur le groupe et l'enregistrement (de toute façon, il n'y a quasiment aucune info sur la plupart de ces disques promo, qui sont généralement accompagnés d'un dossier de presse que je n'ai pas). Pour ce qui est de Catchers, il se trouve que je les connaissais car j'ai justement acheté l'an dernier leur très estimé premier album Mute, de 1994.
Je n'ai donc pas été surpris à l'écoute de ces chansons pop-rock, sophistiquées mais pas trop, mais j'ai surtout tendu l'oreille à l'écoute de la troisième, Clocks and clones, qui avait vraiment un petit quelque chose de particulièrement accrocheur.
J'ai donc voulu en savoir un peu plus après cette écoute, et j'ai déjà sorti l'insert glissé dans la pochette cartonnée du CD-R et appris que ce disque n'est pas une publication officielle du groupe, mais un recueil de démos de nouvelles chansons, toutes écrites et jouées par l'homme-orchestre du groupe, Dale Grundle, avec juste Alice Lemon aux choeurs sur deux titres.
L'histoire s'est un peu corsée quand j'ai cherché des infos en ligne sur ces chansons. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que Catchers n'avait jamais publié de versions officielles de ces trois chansons. Par contre, The Sleeping Years, le groupe suivant de Dale Grundle, les a bien toutes enregistrées, d'abord en 2007 sur deux des trois EP édités par le groupe pour se lancer (pour Macosquin, Coleraine et Clocks and clones), puis à nouveau en 2008 sur le premier - et unique à ce jour - album du groupe, We're becoming islands one by one.
Me voilà donc l'heureux possesseur de versions primitives et inédites de ces chansons de The Sleeping Years, mais attribuées ici à Catchers ! C'est donc un disque qui porte bien son titre principal, Voilà ce qui s'annonce...
Comment cela s'explique-t-il ? Assez facilement, en fait, et Dale Grundle l'a fait dans plusieurs entretiens en français pour Dark Globe, Attica et Pop News. En fait, la séparation de Catchers a été très longue. Le groupe est passé progressivement de cinq membres à deux, puis un, jusqu'à ce que Dale Grundle se retrouve à jouer de nouvelles chansons avec de nouveaux musiciens et décide finalement de tirer pour de bon un trait sur l'expérience Catchers. Ces démos ont été enregistrées dans la phase intermédiaire où il composait de nouvelles chansons sans avoir encore décidé d'arrêter Catchers (mais on note quand même que l'adresse donnée au dos du disque est déjà @sleepingyears.com...
En tout cas, voici un bel objet, à l'emballage très soigné, qui se double d'une curiosité et rareté intéressante dans le parcours de Dale Grundle. Super !
Je vous mets ci-dessous en écoute la version album de Clocks and clones, qui par son rythme et son énergie se rapproche plus de la version démo que celle du EP.





16 août 2014

LAMBCHOP : Whitey



Acquis par correspondance probablement chez Insound aux Etats-Unis vers 2001
Réf : MRG 126 -- Edité par Merge aux Etats-Unis en 1996
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Whitey -/- Playboy, the shit

J'ai fait une ou deux commandes chez Insound au début du siècle pour acheter quelques 45 tours à un prix tout à fait correct, avec des frais de port raisonnables. Dans le lot, il devait y avoir deux Will Oldham, dont Little boy blue, un ou deux Calexico du tout début et deux Lambchop, Soaky in the pooper et ce Whitey.
Dans ses notes de pochette pour la compilation Tools in the dryer, Jonathan Marx nous explique que ce disque a été enregistré en 1996, entre les albums How I quit smoking et Thriller, et qu'il est sorti simultanément avec un autre 45 tours, que je n'ai pas, Cigaretiquette. Les deux pochettes reflètent ce rapport : des posters pliés en quatre avec des portraits des membres du groupe et les huit lettres de son nom réparties sur les différents volets. Aucun des titres n'a été repris sur un album.
Dès l'intro instrumentale de Whitey, c'est gagné. Tapis de guitare steel et de saxophone, acrostiche de guitare acoustique, un rythme et une mélodie prenants... Sans compter les paroles, dès les deux premiers vers ("Like a scowling Father Dowling between the job site and the crapper"), poétiques au point qu'on peut les apprécier pleinement sans en saisir complètement le sens. Jonathan Marx toujours précise que le Whitey du titre est Whitey Ford, le Duke of Paducah, pas le joueur de base ball. C'était un artiste country comique, joueur de banjo, animateur de radio et membre du Grand Ole Opry. Kurt Wagner cite sa phrase fétiche de fin de spectacle, "I'm goin' back to the wagon, boys. These shoes are killin' me !". Deanna Varagona chante quelques vers de cette chanson et fait aussi des choeurs à la fin de la face B, Playboy, the shit (quel titre !), et c'est parfaitement dosé. Cette face B ressemble à un exercice très réussi de lenteur, quelque chose dont Lambchop semble avoir le secret.
Le groupe maîtrise ici parfaitement son art et réussit à être complètement original avec des ingrédients on ne peut plus courants. Cette période est peut-être bien ma préférée de la production de Lambchop, mais ces deux titres sont peut-être un peu méconnus du fait qu'ils ne sont sortis initialement qu'aux Etats-Unis. Heureusement, Whitey a été repris sur Tools in the dryer et sur toutes les éditions de The decline of the country and western civilization. Par contre, Playboy, the shit n'est que sur l'édition européenne de cette dernière, chez City Slang. Cest donc celle que je vous conseille.





14 août 2014

LES CALAMITES : A bride abattue


Acquis chez New Rose à Paris vers 1984
Réf : NEW 26 -- Edité par New Rose en France en 1984
Support : 33 tours 30 cm
9 titres

C'est avec ce disque, leur premier, que j'ai connu Les Calamités, n'ayant pas eu l'occasion d'écouter l'année précédente la compilation Snapshots, où elles apparaissaient avec le titre carte de visite Je suis une calamité.
Ce titre et le nom du groupe indiquent bien que Les Calamités ne se prenait pas excessivement au sérieux. Ca explique en partie pourquoi ce groupe, qui faisait pourtant à fond dans le rétro  sixties,  était éminemment sympathique : influence des beat groups, certes, mais avec suffisamment de distance et d'humour pour que ça ne soit pas béat ni bêta !
A bride abattue a beau tourner en 33 tours et compter neuf titres, on le classera dans la catégorie bâtarde des mini-albums, par sa durée (une petite vingtaine de minutes) et surtout parce que le label New Rose en avait décidé ainsi en lui attribuant une référence "New", alors que les albums avaient droit à "Rose". Le prix était du coup inférieur à celui d'un album, et c'était encore moins cher dans la boutique New Rose : ça a dû achever de me convaincre d'acheter le disque !
Il y a ici quatre titres en français et cinq en anglais. On considérera ces derniers, y compris l'original Behind your sunglasses, comme des "faces B", des enregistrements sympathiques, reflétant le goût et les influences du groupe (Les Troggs, The Who...), mais les titres de ce disque qu'on a envie d'écouter et de réécouter en s'éclatant, ce sont bel et bien les compositions en français. L'excellent Toutes les nuits, également sorti en 45 tours, ou les infortunes d'avoir un fiancé somnambule. Le supermarché, le point névralgique de la vie sociale dans une ville de province. Nicolas, qui ne peut pas lâcher un instant son amoureuse (qui se trouve être sa guitare). Et le tout aussi excellent Malhabile, le titre parle de lui-même, avec son chorus de guitare et ses choeurs. Les influences sont les mêmes (sixties, garage, punk), et à l'écoute de ce dernier titre j'ai chaque fois l'impression d'entendre Biff, Bang, Pow ! avec Christine au chant.
Un disque qui ne respire que la bonne humeur, donc, et qui ne suscite chez moi qu'un regret, celui de ne pas avoir eu l'occasion d'assister à un concert des Calamités.

Le site Calamiteux n'est plus en ligne, mais on peut encore le consulter grâce à la Machine à remonter le temps. La compilation des Calamités C'est complet éditée par Last Call n'est malheureusement pas disponible actuellement.



12 août 2014

VARIATIONS : N° 2


Acquis à Ay le 9 mai 2014
Réf : 2C 006-14.405 M -- Edité par Odéon en France en 1969
Support : 45 tours 17 cm
Titres : What's happening... -/- Magda

Dans le lot de disques que j'ai acheté à Ay, à 1 € les six 45 tours j'ai pris tout ce qui me paraissait avoir un soupçon d'intérêt, sans faire dans le détail. Ainsi, bien que certains aient eu des pochettes en assez piteux état, j'ai pris les cinq 45 tours des Variations qui s'y trouvaient.
C'est un groupe de la fin des années 1960 que je ne connaissais pas bien, le confondant souvent avec leurs contemporains Triangle, qui étaient sur le même label. En fait, contrairement à ce que je pensais, je n'avais aucun disque des Variations auparavant. Je ne comptais d'ailleurs pas garder ceux-là, doutant qu'un groupe français de cette époque chantant en anglais puisse m'intéresser. J'ai malgré tout été agréablement surpris à l'écoute de ces disques. Certes, le proto-hard rock des Variations n'est pas particulièrement ma tasse de thé, mais je n'ai pu que constater la qualité de ces titres, surtout si on prend en compte qu'ils datent pour les premiers de 1969, alors que Led Zeppelin venait à peine de débuter et que Black Sabbath n'avait pas encore sorti son premier album. Je me rends compte à cette occasion que mon image mentale de l'histoire du rock en France était incomplète ou en tout cas déséquilibrée. Certes, je connais les noms des groupes de ce que l'on appelait à l'époque en France la Pop (Martin Circus, Dynastie Crisis, Ange, Zoo,...), mais j'ai quand même longtemps eu tendance à penser (à tort, bien sûr) qu'il y avait eu un grand désert entre la vague yé-yé des années 1960 et la période Téléphone-Trust, et j'aurais été bien en peine de citer le nom d'un groupe de hard français avant Trust et Shaking Street.
Même si avec les Variations on n'en est pas encore au chant suraigu et aux solos à rallonge, les titres que j'ai écoutés étaient tous de très bonne facture, avec un chant en anglais qui étonnamment ne m'a pas écorché les oreilles.
Puisqu'il fallait en sélectionner un, mon choix s'est porté sur ce N° 2, qui est en fait le troisième 45 tours de la discographie des Variations, car ils ont sorti leur premier sur un autre label dès 1967. J'ai hésité avec What a mess again, mais ses deux faces sont sur sur le premier album, Nador, sorti fin 1969.
What's happening... est une bonne chanson, avec la guitare largement présente tout du long, et de l'orgue en plus sur le refrain. Magda est un instrumental sauvage.
Le groupe s'est séparé en 1975 après quatre albums, mais le guitariste Marc Tobaly, auteur de ces deux titres, est toujours actif.

A écouter le documentaire de France Culture Il était une fois la pop française, de Patrick Boudet et Véronique Samouiloff.



08 août 2014

THE dB's : Repercussion


Acquis neuf à Londres vers 1984
Réf : ALB 109 -- Edité par Albion en Angleterre en 1982
Support : 33 tours 30 cm
12 titres


Acquis probablement à Londres probablement vers la fin des années 1980
Réf : ALB 109 -- Edité par Albion en Angleterre en 1982
Support : Cassette
14 titres

Là, j'ai dû m'y reprendre à deux fois pour avoir le produit complet. J'ai d'abord acheté le 33 tours, je ne sais plus trop où mais il me semble bien me souvenir que c'était à Londres dans un magasin qui vendait des disques neufs à prix réduit. J'ai longtemps été intrigué par la mention au dos de la pochette indiquant que le disque était livré avec une version cassette gratuite de l'album, ce qui n'était malheureusement pas le cas de mon exemplaire. Ce n'est que quelques années plus tard que je suis tombé sur la cassette en vente, je ne sais plus diantre où pour le coup, mais même si j'ai dû payer j'étais bien content de l'avoir. Il s'avère que seul le premier pressage de 10 000 exemplaires du disque comportait la cassette. Le mien n'en faisait pas partie, sinon on verrait une trace de l'attache en carton au recto qui permettait de tenir la cassette. Par contre, il est sûr que ma cassette avait initialement été attachée à un 33 tours, étant donné que cet album n'a pas été commercialisé séparément en cassette.
La pochette, assez marquante, est signée Malcolm Garrett (d'après Roy Lichtenstein, bien sûr). Visiblement, elle a été choisie par le label anglais de ce groupe américain car, pour l'édition américaine comme pour une de leurs compilations, c'est la pochette originale du groupe qui a été choisie, qui comportait aussi un triangle et des cercles, mais pas de référence explicite à Lichtenstein.
Allez, cessons de parler chiffons (ou plutôt emballages) pour nous intéresser à la musique. J'ai trois albums des dB's, dont le premier, mais celui-ci, le deuxième, est le seul qui m'a durablement marqué. C'est pas dur, je le trouve excellent et réjouissant de bout en bout. Je cherchais un point faible à signaler ici, mais à chaque écoute je découvre qu'une des chansons que je pensais un peu moins bonne me plaît quand même énormément !
Clairement, The dB's fait partie de ces groupes qui se sont retrouvés associés à la new wave uniquement parce qu'ils ont émergé à cette période, mais à toute autre époque depuis les années 1960, on se serait contenté de dire qu'ils font de la pop. Une pop-rock d'excellente facture, parce qu'ils ont en quantité la matière première essentielle du genre, d'excellentes chansons. Ce carburant, il est fourni par les deux guitaristes-chanteurs du groupe, Peter Holsapple et Chris Stamey, qui se partagent à part strictement égale les crédits. Ils composaient séparément, et on est en droit de se demander, si ensemble ils auraient fait encore plus fort et déclenché l'étincelle qui leur aurait permis de rencontrer un grand succès public. Mais il devait y avoir des rivalités au sein du groupe : Chris Stamey l'a quitté en avril 1982, juste après la sortie de Repercussion (ce qui n'a pas dû aider à la promotion du disque..). Pour ma part, je n'ai jamais vraiment réussi à faire de différences entre leurs compositions. Et même, il me semble à l'écoute des paroles que Happenstance de Stamey, Neverland et Amplifier d'Holsapple se répondent presque
Ceci est le premier album crédité à Scott Litt comme producteur. Il a sûrement fait un excellent boulot, cinq ans avant de commencer à travailler avec R.E.M.. A propos de cet album, François Gorin évoque surtout Squeeze. Le parallèle est évident, mais pour ma part j'irais même chercher jusqu'aux Undertones de Positive touch (Ask for Jill) et aux Nits des débuts (Ups and downs), même si les dB's n'ont absolument rien de synthétique. Les Beatles sont évidemment très présents dans leur ADN, surtout dans leur période légèrement psyché. C'est en tout cas ce qui ressort ici à l'écoute de From a window to a screenI feel good (today) et Nothing is wrong, une impression confortée par le fait que le groupe reprenait Tomorrow never knows sur scène. Storm warning surprend avec son rythme caribbéen.
Le label Albion a annoncé l'album six mois avant sa sortie en éditant un double 45 tours avec quatre de ses perles, Amplifier, Ask for Jill, Ups and downs et We were happy there. Presque du gâchis, et en pure perte puisque le succès commercial n'est pas venu, et pas plus avec les autres excellents 45 tours pris de l'album, Neverland et Living a lie.
Et pour en revenir à la cassette, son principal intérêt est de contenir deux titres en plus par rapport au 33 tours. Il s'agit de Judy, la face A d'un 45 tours sorti en 1981, entre les deux premiers albums (Le producteur est Roger Bechirian, le même que pour Positive touch et Get happy !!, tiens tiens.) et de l'instrumental surf pH factor, qui lui évoque furieusement un groupe new yorkais contemporain des dB's, The Raybeats.

Repercussion est actuellement disponible en réédition CD ou en téléchargement.
Pour en savoir plus sur les dB's, allez visiter The dB's Repercussion, un site consacré aux dB's (mais pas seulement), avec notamment plein d'enregistrements de concert à télécharger.





05 août 2014

SUNS OF ARQA : Arqaology


Offert par Wadada à Rennes le 3 décembre 1994
Réf : ARKA 2105 CD -- Edité par Arka Sound en Angleterre en 1992
Support : CD 12 cm
19 titres

A la mi-juillet, j'ai trouvé sur un vide-grenier la compilation A brief history of S.O.A., une très bonne affaire à 1 €. En l'écoutant, un titre m'a tout se suite sauté aux oreilles et, sans trop de surprise, c'est l'un de ceux qui m'avaient déjà fortement marqué quand j'ai découvert le groupe il y a presque vingt ans. Du coup, je suis allé fouiller dans mes étagères pour en déterrer cet Arqaology.
J'ai fait la connaissance de Suns of Arqa et rencontré Wadada, la force créatrice principale du groupe, en décembre 1994, à l'occasion d'une des réunions de la Férarock que nous tenions le plus souvent lors de festivals. Cette fois, c'était aux Transmusicales de Rennes et c'était suivi traditionnellement par un apéro auquel nos contacts des labels et des médias étaient invités. Ce jour-là, notre présidente Françoise a fait l'intermédiaire pour nous présenter à Wadada, qui avait saisi l'occasion pour rencontrer les représentants des principales radios rock françaises et faire de la retape pour son concert du jour prévu dans le cadre de la nuit ethno-techno Ethniks 2 Techniks. Wadada avait avec lui plusieurs cartons de CD, qu'il a entrepris de distribuer à chacun de nous, en insistant pour qu'on se serve pour notre radio, bien sûr, mais aussi personnellement. Ce n'est pas le genre de chose qu'il faut me dire deux fois et j'ai récupéré de jour-là deux maxis et deux albums, dont celui-ci, l'autre étant un Live with Prince Far I !
Malgré tout ça, je n'ai pas dû réussir à voir le concert de Suns of Arqa ce soir-là. Je sais pourtant que je suis passé à la salle omnisports dans la soirée, puisque j'ai noté que j'ai vu Bandulu, qui figurait au même programme.
Comme son titre l'indique habilement, ce CD sorti en 1994 compile deux "vieux" disques parus précédemment, les deux premiers albums de Suns of Arqa, Revenge of the Mozabites (1980) et Wadada magic (1983). Le premier est historiquement très intéressant car il est co-produit par Adrian Sherwood, avant même que celui-ci fonde le label On-U Sound. On trouve d'ailleurs ici certains des éléments typiques des productions futures de Sherwood, principalement l'association de sons variés, folkloriques ou techno, sur une base marquée par le reggae, et principalement le dub.
Ce fameux titre qui m'a profondément marqué, c'est World peace A.D ?, qui associe une basse plutôt reggae à une superbe guitare flamenco et des choeurs féminins. Je m'étais toujours interrogé sur la signification de ce titre (Paix mondiale ap. JC ? ???). Je viens de découvrir que le titre complet en 1980 était World peace, a dream ?, ce qui est plus compréhensible et toujours d'une actualité brûlante.
L'autre morceau de bravoure de Revenge of the Mozabites, c'est Acid tabla, présent ici en trois versions, l'originale, le dub et un remix réalisé au début des années 1980. Là, les sons reggae sont associés à des sonorités orientales, pour un résultat qui me rappelle les expériences de Family Fodder. Cette fusion marquera l'ensemble du travail de Wadada jusqu'à nos jours, mais je me rends compte à la réécoute que ses influences sont bien plus larges et plus variées : outre les excellents Bali citra et Ananta snake dance, on trouve aussi ici carrément du folk à l'irlandaise, avec Sully's reel et Sully's jig.
Les titres de Wadada magic ont tendance à me plaire un peu moins, mais je crois que cette impression est surtout due au fait que le CD s'ouvre avec celui qui me plait le moins du lot, le très dance Brujo man. Par contre, même s'il dure quatorze minutes, j'aime beaucoup Steppin' to the music et aussi le très asiatique Hasheesh. Et puis, cet album nous fournit le titre le plus surprenant dans ce contexte, The heat : guitares saturées, rythmique glougloutante, chant à la Bowie, ça décoiffe !
Wadada me semble avoir des côtés hippies très marqués, mais ce serait un hippie à la Daevid Allen, toujours inventif et expérimental. Il a au fil du temps, et souvent avant que ce soit à la mode, touché à l'ambient et à la techno.
Wadada et Adrian Sherwood étaient amis à la fin des années 1970. Ils devaient l'être encore dans les années 2000 puisque, lorsque le Télérama Dub Festival a donné carte blanche à Sherwood pour sa programmation en 2004, Suns of Arqa a fait partie des invités.

01 août 2014

ECHO & THE BUNNYMEN : Seven seas / "Life at Brian's - Lean and hungry"


Acquis neuf à Londres en 1984
Réf : KOW 35F / 249318-7 -- Edité par Korova en Angleterre en 1984 -- n° 18019
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : Seven Seas -/- All you need is love et The killing moon -- Stars are stars -/- Villiers Terrace

J'étais à Londres au moment de sa sortie, et pourtant je n'ai pas acheté l'album Ocean rain d'Echo and the Bunnymen, pas plus que je n'avais acheté le précédent, Porcupine. Je me suis rattrapé depuis pour ces deux albums, mais pas pour les deux premiers singles pris d'Ocean rain, et là j'ai un vrai regret pour la version longue en maxi de cette grande réussite qu'est The killing moon.
Pourquoi ai-je changé d'avis en juillet 1984, pour la sortie du troisième extrait de l'album ? Pas spécialement parce que j'étais d'emblée conquis par la face A, que j'avais peut-être quand même entendue. Non, la raison est simple : de longue date, j'ai du mal à résister à la possibilité d'acheter un double 45 tours au prix d'un seul. Et qui plus est, celui-ci contenait de nouvelles versions de bonnes chansons du premier album.
Cette édition est quand même un peu bizarre. Ostensiblement, donc, le titre studio extrait de l'album en est l'attrait principal. Une vidéo a été tournée, réalisée par Anton Corbijn, et certains exemplaires du maxi ont même une pochette différente, avec une photo tirée de cette vidéo.  Mais peut-être que le le label se doutait que Seven seas — une chanson de bonne qualité avec une bonne association arrangement de cordes / guitares, mais c'est plutôt du  Bunnymen générique qu'un titre exceptionnel — ne créerait pas la sensation à elle toute seule en plein été. D'où l'accent mis clairement sur le reste du disque, présenté comme de la musique additionnelle composée pour le documentaire Life at Brian's — Lean and hungry, diffusé dans l'émission Play at home sur la chaîne Channel Four. Ici, toutes les photos de la pochette ouvrante et du livret quatre pages sont tirées de ce documentaire.
Je me souviens avoir vu l'émission dans sa diffusion télé originale, mais il m'en restait très peu de souvenirs avant de la revoir récemment en ligne. Ce qui était clair pour moi en tout cas c'est que, quoiqu'en dise les crédits du disque, la bande musicale fournie par Echo and the Bunnymen est tout sauf de la musique additionnelle : il s'agit de sessions acoustiques du groupe filmées dans leur ville de Liverpool. Et ce qui m'a frappé en le revoyant, c'est à quel point les deux parties du documentaire sont mal agencées entre elles. D'un côté, il y a Life at Brian's, un reportage sur Brian McCaffrey, un ancien boxeur qui tient un café à Liverpool depuis les années soixante, avec les trucs habituels sur la famille du café et sa clientèle. Et ce reportage est entrecoupé des prestations  d'Echo and the Bunnymen, sans aucun lien ni commentaire avec le reste, et même pas filmées dans le café.
Mais c'est un détail. Ce qui est plus important, c'est que la musique proposée ici est intéressante. Contrairement à leur première "bande originale de film", quatre titres enregistrées en public pour le EP Shine so hard, qui n'apportaient pas grand chose par rapport aux versions studio, ces versions acoustiques proposent une lecture fraiche de quatre chansons, qui débute par un exercice des plus casse-gueule, une reprise de All you need is love des Beatles.
Franchement, si je devais choisir dans leur répertoire une reprise à faire, ce n'est pas vers celle-ci que je me tournerais en priorité ! Pourtant, avec Will Sargeant au sitar et l'apport d'Adam Peters au violoncelle (déjà responsable des arrangements de cordes d'Ocean rain, on le retrouvera par la suite avec les Triffids notamment et désormais il compose des musiques de films), le groupe propose un arrangement original, sur un bon rythme, et Ian McCulloch réussit à chanter ça parfaitement. Dans la deuxième moitié, comme sur l'original, il cite quelques paroles de chansons. Avant She loves you, il se permet de placer son propre Read it in books, co-écrit avec Julian Cope, avant de citer deux fois Dylan (Like a rolling stone et Rainy day women # 12 and 35), mais aussi Please release me (Let me go) et Sex machine.
Les trois autres titres sont du même tonneau, mais ce ne sont pas des reprises. Il y a une excellente version de The killing moon et de très bonnes versions aussi de deux des meilleurs titres de Crocodiles, Stars are stars et Villiers Terrace, qui rendent très bien en acoustique.
Et puisqu'on parle de double 45 tours EP de groupe de Liverpool, j'ai presque un regret d'avoir acheté très tôt un pressage allemand de l'album Magical mystery tour. Certes, sa pochette est à dominante rose plutôt que jaune, ce qui m'avait attiré à l'époque, mais je suis bien sûr que si je n'avais pas eu ce 33 tours, je me serais procuré avant qu'il ne soit trop tard (ou trop cher), le double EP avec son livret de 28 pages...