31 août 2007
THE ORIGINAL SOUNDTRACK FROM NAKED ANGELS
Acquis à la FNAC Montparnasse à Paris à la fin des années 1980
Réf : STS 1056 -- Edité par Straight aux Etats-Unis en 1969
Support : 33 tours 30 cm
14 titres
Visiblement, des milliers de vieux 33 tours ont dû traverser l'Atlantique au moment de la disparition massive du vinyl dans les rayons des disquaires à la fin des années 80.
Rien que de mon côté, je suis tombé sur un stock de disques Warner en imports américains dans un Carrefour de la banlieue troyenne et, dans une FNAC parisienne, sur un lot d'albums US aux grosses pochettes cartonnées ouvrantes datant carrément de la fin des années 60, avec un coin de la pochette coupé et affublés d'une horrible étiquette rose mentionnant "Offre spéciale". Spécial, c'est surtout le parcours mystérieux de ces disques qui doit l'être : je me demande encore dans quel entrepôt et pendant combien de temps ces vieux disques neufs avaient bien pu séjourner avant d'être achetés par la FNAC.
Je crois que ces disques étaient vendus 10 ou 20 francs. J'en ai acheté deux ce jour-là, deux BO d'ailleurs. Celle, très légère, de Mrs Brown, you've got a lovely daughter par les Herman's Hermits, et celle-ci.
Naked angels, avec un titre pareil et une pochette aussi frappante, je ne pouvais pas laisser passer ce disque. Je ne savais rien du film lui-même, un des très probablement nombreux films de bikers sortis dans les mois qui ont suivi le succès d'Easy rider, mais je connaissais probablement le lien entre le label Straight Records, son pendant Bizarre Records et Frank Zappa.
Car cette BO de film est composée par Jeff Simmons et Randy Steirling, et Jeff Simmons était donc signé chez Straight en 1969, un label pour lequel Frank Zapppa devait plus ou moins être un directeur artistique, année où, outre Naked Angels, il a sorti un album solo, Lucille has messed my mind up, sur lequel Zappa intervenait. Au début des années 1970, Simmons a rejoint les Mothers of Invention, et il figure sur deux disques studio, Chunga's revenge et Waka/Jawaka, et sur le live Roxy & Elsewhere. Il est toujours actif musicalement aujourd'hui.
Avec les Mothers, Jeff Simmons jouait de la basse ou de la guitare, mais, avec Steirling, il devait être un sacré bon musicien et un compositeur de talent, car non seulement, ils jouent de tous les instruments sur ce disque, y compris le piano mais sauf la batterie, mais en plus les titres proposés font preuve d'un éclectisme et d'une culture musicale qu'on ne trouve pas sur toutes les BO de films de série Z : dans le lot, il y a quand même une toccata, un boogie-woogie au piano et un air de folk écossais très réussi !
A part ces finesses de composition, la tonalité musicale de ce disque principalement instrumental (seuls deux titres sont chantés) est typique de son époque. L'instrumentation est à base de guitare (électrique solo et beaucoup de fuzz) et d'orgue, et le titre d'ouverture, Naked Angels theme, rappelle même un peu dans l'esprit le Born to be wild de Steppenwolf, l'un des titres emblématiques de la BO d'Easy rider.
Ce disque est loin d'être indispensable, mais j'en retiens quand même particulièrement un titre, Rank, qui clôt la face B. C'est un court instrumental de deux minutes qui ressemble à tous ceux, à commencer par l'indicatif de Batman, dont Biff, Bang, Pow ! aurait pu s'inspirer pour composer un hymne qui me tient particulièrement à cœur, The whole world's turning Brouchard.
Cet album a été édité à plusieurs reprises en CD, soit seul, soit combiné avec Lucille has messed my mind up sous le titre The Straight years.
20 août 2007
THE OPEN DOOR : The special magic of Dan Treacy !
Acquis par correspondance chez Direct Tapes à Londres en 1984
Réf : DEP 5 -- Edité par Direct Tapes en Angleterre en 1984
Support : Cassette
Titres : Silly girl !! -- (I remember) Bridgette Riley ? -- A picture of Dorian Gray ! -- (I know where) Syd Barrett lives ?!
Dès leurs toutes premières années d'existence, les Television Personalities ont été un groupe culte. J'imagine que la principale raison pour expliquer cela, c'est qu'eux-mêmes ont constamment multiplié, aussi bien dans leurs chansons que dans l'imagerie de leurs pochettes de disques, les références à toutes sortes d'icone et de mouvements plus ou moins underground : Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Twiggy, David Hockney et le Pop-Art, les Beatles, les Mods, le psychédélisme et les sixties plus généralement. Et ces références pouvaient tromper un jeune novice : j'ai longtemps cru en toute bonne foi, à la lecture de l'étiquette du disque, que le single Three wishes avait été produit par Andy Warhol, parce que je n'avais aucune raison de penser le contraire vu que je ne savais rien de Warhol si ce n'est qu'il avait un nom connu et avait au moins "produit" un autre groupe, le Velvet Underground. L'exemple le plus flagrant et le plus réussi de cet enchevêtrement de références culturelles très ciblées, c'est bien sûr I know where Syd Barrett lives, une chanson sur le personnage mythique ultime du rock psychédélique qui est elle-même devenue un classique.
En-dehors du Royaume-Uni, la fabrication du mythe autour des Television Personalities eux-mêmes a été facilitée par la relative difficulté à se procurer leurs disques, souvent tirés à peu d'exemplaires, et la quasi-absence totale d'informations à leur sujet. Sans compter qu'ils étaient du genre, avec d'autres rigolos comme le Monochrome Set par exemple, à profiter de leurs rares contacts avec la presse pour raconter un maximum de bobards. Ainsi, j'ai longtemps pris pour agent comptant l'information parue dans la presse comme quoi leur troisième album, They could have been bigger than The Beatles, était un disque sorti suite à leur séparation.
Tout ça pour tenter d'expliquer comment, dès fin 1983 début 1984, un groupe inconnu nommé The Open Door (nom derrière lequel se cachait Colin Swan des Direct Hits, groupe sur le label duquel cette cassette est sortie) a pu se retrouver à sortir un EP de reprises des Television Personalities en hommage à la "magie spéciale" de leur leader Dan Treacy. Il faut dire qu'il devait y avoir une admiration mutuelle entre les Direct Hits et les Television Personalities puisque, parallèlement, Whaam!, le label de Dan Treacy, a sorti à cette époque un single et un album des Direct Hits !
J'ai d'ailleurs eu en ma possession ce 45 tours des Direct Hits, Modesty Blaise, et il fait partie des rares disques que j'ai revendus parce que je savais qu'ils étaient un peu rares et surtout parce que je ne les aimais pas trop. Pas de regret donc, même si cette galette manque maintenant à ma collection (très incomplète) de disques Whaam!.
Après quelques occasions manquées (voir ci-dessous la lettre de Diane, qui gérait Direct Tapes, en accompagnement d'une de mes commandes de cassette), j'ai aussi fini par voir les Direct Hits en concert, le 1er avril 1984, au célèbre 100 Club de Londres, sur Oxford Street, en première partie de The Times. Mais là aussi, j'ai trouvé que les Direct Hits accentuaient vraiment trop à mon goût le côté rétro mod/sixties. Et leurs fans encore plus : j'ai eu un peu l'impression de me retrouver dans un bal costumé ce soir-là, ce qui ne fut jamais le cas lors d'autres concerts de The Times, des Television Personalities, ou plus généralement au Living Room.
Reste qu'avec cet hommage à Daniel Treacy, Colin Swan ne pouvait pas se planter (C'est sous le seul nom de Colin Swan que cet EP a été réédité par le label allemand Little Teddy en 1994 sous le titre A portrait of Dan Treacy). Le tout est enregistré avec un groupe au complet. La voix grave manque un peu de conviction, mais das l'ensemble les versions proposées sont plutôt bonnes.
Mes deux titres préférés sont Bridgette Riley, une chanson que les TVPs ont jouée dès leur premier concert en 1980 au Clarendon, mais dont la seule version officiellement disponible à l'époque l'était justement sur une autre cassette Direct Tapes, The great British beat vol. 2 (Blaam Records a édité récemment un CD reprenant certains des titres des cassettes de cette série).
La version de I know where Syd Barrett lives est particulièrement réussie. L'arrangement est très travaillé, très rythmé et presque jazzy. Seul problème : il y a plus de vingt ans j'en ai effacé la fin pour la remplacer par un extrait de I still wonder de Love suite à une erreur de manipulation d'un magnétophone auto-reverse particulièrement retors !
Aujourd'hui, les Television Personalities, à nouveau actifs depuis deux ans, sont toujours aussi cultes. Le label canadien The Beautiful Music a même entamé en 2005 la parution d'une série de dix (dix !) albums hommage aux TVPs !!(Nous aurons l'occasion d'en reparler). Quant à Colin Swan, il reste fidèle à Dan Treacy puisqu'il est présent sur les deux volumes déjà parus de cette collection.
Ajout du 2 février 2008 :
En triant mes archives, je suis tombé sur ce tract de Direct Tapes annonçant la sortie de The special magic of Dan Treacy. J'ai commandé d'autres cassettes à Direct Tapes, mais pas celle de Jenny qui est présentée ici.
19 août 2007
JAMES YORKSTON AND THE ATHLETES : Songs from Moving Up Country
Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres le 22 juin 2007
Réf : WIGCD107SAMP -- Edité par Domino en Angleterre en 2002
Support : CD 12 cm
Titres : In your hands (edit) -- 6:30 is just way too early (edit) -- Tender to the blues (edit) -- Cheating the game (edit) -- A man with my skills
Contrairement à la majorité des disques promo, celui-ci ne visait visiblement pas les professionnels, mais le public des acheteurs potentiels, si on en croit en tout cas le questionnaire qu'il contient à renvoyer pour gagner deux billets d'un concert de la tournée à venir de James Yorkston ses Athlètes.
Un billet, Philippe D m'en a offert un sans concours et j'ai eu l'occasion d'assister au concert très dépouillé et très beau, que James Yorkston, accompagné d'un seul de ses athlètes jouant de l'harmonium, a donné à La Boule Noire à Paris le 17 janvier 2003, dans le cadre de la tournée qui a suivi la parution de Moving up country, son premier album dont ce disque faisait justement la promotion.
L'album a été unanimement salué à sa sortie et je me souviens que j'avais commencé à m'y intéresser quand j'avais appris à la lecture de la newsletter de la boutique Rough Trade de Londres que c'était l'album préféré de ses vendeurs pour 2002. Je le trouve effectivement excellent, même si l'écoute de ces quatre extraits écourtés est évidemment frustrante. Notons cependant que In your sea, en 2'45", réussit à faire pleinement son effet.
Cheating the game me parle particulièrement dès les premières notes puisque, avec mes amis des Petits Sablés, nous avons samplé un bon bout de cette chanson comme base pour notre reprise en français du Nowhere de The Band of Blacky Ranchette / Giant Sand, enregistrée pour un album de fans en hommage à Howe Gelb. Après coup, j'avais averti par email James Yorkston de ce pillage et j'avais été tout surpris au début de cette année de voir que notre chanson était gentiment présentée sur son site comme un remix non sollicité de Cheating the game.
Le grand intérêt de ce disque, qui n'est à la base qu'un tract publicitaire contenant des échantillons de chansons, c'est d'inclure comme dernier titre A man with my skills, une chanson entière et complètement inédite à l'époque. J'imagine que la seule raison pour laquelle elle a été écartée de l'album c'est qu'elle aurait détonné un peu trop sur Moving up country avec sa batterie relativement proéminente. Mais c'est loin d'être une chanson de seconde zone. La preuve, c'est que c'est elle qui ouvre Roaring the gospel, l'album compilation de raretés de James Yorkston édité par Domino il y a quelques semaines.
14 août 2007
MIKEY DREAD : Dread at the controls
Acquis dans une boutique de High Street Kensington à Londres en 1982 ou 1981
Réf : TRLS 178 -- Edité par Trojan en Angleterre en 1979
Support : 33 tours 30 cm
8 titres
Je n'ai jamais su le nom de la boutique où j'ai acheté ce disque, mais je me souviens très bien d'où elle était située : dans High Street Kensington, sur le trottoir de droite en s'éloignant du centre-ville. Ce n'était pas un disquaire, mais une de ces nombreuses boutiques qui vendaient des disques neufs à prix réduits : séries économiques, déstockages, etc.
Comme beaucoup, c'est grâce au Clash que je me suis intéressé à Mikey Dread. Quand j'ai acheté cet album, à £ 1,99 si j'en crois l'étiquette qui est toujours dessus, je devais déjà être en possession de World war III, l'album suivant de Mikey Dread sorti en France chez Underdog en 1980.
Dread at the controls est le tout premier album de Mikey Dread. Il était sorti quelques mois plus tôt en Jamaïque sous le titre Evolutionary rockers, avec exactement les mêmes morceaux, mais dans un ordre différent (Dread at the control était le titre de l'émission de radio qui l'a rendu célèbre en Jamaïque, et c'est aussi le nom de son label). C'est assez rare pour être signalé, l'album est produit par Dread lui-même, dans les meilleurs studios jamaïcains (Channel One, Joe Gibbs, Treasure Isle, King Tubby !), avec les meilleurs ingénieurs du son et la crème de la crème des musiciens de reggae.
Contrairement à ses autres productions discographiques, Dread utilise peu ici ses jingles radio ou ses effets sonores (bandes à l'envers...), il se contente de livrer ses huit titres, dont deux en version longue avec l'instrumental enchaîné à la version chantée, ce qui permet à l'auditeur de se concentrer pour apprécier la qualité de ce qui lui est proposé.
Tout le disque est bon, mais j'en retiens particulièrement trois tours de force.
Everybody needs a proper education, dont la partie chantée, avec son playdoyer pour l'instruction publique, tient grâce à une superbe ligne de cuivre, toute simple et toute douce (Il s'agit apparemment du riddim Let me tell you boy). La superbe longue version instrumentale se développe sur un rythme marqué avec des solos de synthé de Franklyn "Blubber" Waul auxquels répondent ceux d'Augustus Pablo au piano électrique (et les cuivres comptent les points...) !
King in the ring est un autre de mes titres préférés du disque. Beaucoup moins flamboyant, il est assez typique du style de Mikey Dread, avec des paroles qu'on l'imagine bien avoir improvisées à l'origine en direct dans son émission de radio.
Barber saloon, sur le riddim de Weather balloon cette fois, est un autre des sommets du disque, avec son rythme très entraînant et sa rythmique au clavier très en avant (l'orgue d'Ansel Collins, probablement, ou encore du synthé). D'après ce que j'en imagine plus que ce que j'en comprends, les paroles racontent la vision d'horreur pour Mikey Dread quand, en se promenant dans la rue, il tombe sur un natty dread en train de se faire couper les dreadlocks ! La version instrumentale est là aussi excellente, avec des effets électroniques qui peuvent faire penser au Silicone chip de Basement 5.
Ce disque n'est probablement pas rare, puisqu'il fut l'une des meilleures ventes de Trojan à la fin des années 1970, notamment auprès des étudiants et des fans de new wave. Mais si vous souhaitez l'acheter ces temps-ci, je vous conseillerais plutôt la réédition en CD avec neuf titres en bonus que Mikey Dread vend actuellement sur son site.
13 août 2007
VOULEZ VOUS VENIR EN SURPRISE-PARTIE AVEC MOI ?
Acquis sur le vide-grenier de Damery le 17 juin 2007
Réf : LVLX 72-30 -- Edité par Vogue en France en 1966
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
J'ai acheté ce disque pour plusieurs raisons : la pochette, immanquable, le titre, inénarrable, et la présence d'un groupe nommé The Monks. Pour ce qui est de la troisième raison, je me suis planté : ces Monks là n'ont rien avoir avec les Monks américains exilés en Allemagne qui sévissaient à la même époque et dont je n'ai commencé à entendre parler que très récemment. Ça ne m'a pas trop surpris. Il faut dire que, si j'imaginais bien les Monks d'Allemagne reprendre These boots are made for walkin', je ne voyais pas comment ils auraient pu se retrouver à enregistrer une version des Elucubrations d'Antoine ! Il s'agit en fait probablement d'un groupe de musiciens de studio de Vogue, qui a sorti par ailleurs un 45 tours et demi.
Malgré ça, je ne regrette pas du tout mon achat, même si le chiffonnier qui m'a vendu ce disque, coincé dans un carton très poussiéreux posé sur une remorque sur laquelle devait reposer tout le contenu du grenier dans lequel ce disque a dû passer quelques décennies, n'a pas voulu négocier le prix annoncé d'un euro cinquante malgré son état.
Au total, c'est plutôt une bonne compilation de label, même si la face B, avec Petula Clark, Udo Jürgens et Don Diego est plutôt faiblarde.
1966 était vraiment l'année Antoine pour Vogue, et ça se sent ici puisque les trois titres qui ouvrent le disque lui sont consacrés : son imparable Qu'est ce qui ne tourne pas rond chez moi ?, ladite reprise instrumentale des Monks et Pas adieu, une reprise par la suédoise Karine d'un titre des Problèmes qu'on trouve sur l'album Antoine rencontre Les Problèmes.
Les trois autres titres de la face sont excellents, un jerk de Françoise Hardy, Quel mal y a t'il à ça ?, un des deux bons instrumentaux de Sounds Incorporated, Michelle (l'autre est Yesterday man), et D'abord tu mens, de Michel Paje, qui est une très bonne surprise.
Précisons d'abord que ce disque a précédemment appartenu à une certaine Renée qui, la coquine, a coché au dos de la pochette les titres des deux séquences de trois slows réparties équitablement sur les deux faces. Avec D'abord tu mens, le troisième de la première série, elle a dû être bien déçue ! C'est tout sauf un slow. C'est une très bonne "chanson française", mais avec un refrain comme "D'abord tu mens, tu mens, tu mens et ensuite je m'en fous éperdument, oui ce soir je suis saoul, parfaitement", on se doute que le rythme de la chanson n'est pas des plus calmes. Ça m'a permis de découvrir que Michel Paje, auteur-compositeur de sa chanson, est loin d'être un inconnu. Il a sorti toute une série de 45 tours dans les années 60 (mais pas d'album) et a eu notamment du succès au Québec où il avait même son fan-club.
Sur l'autre face, Faut pas pleurer d'Olivier Sorel, est un slow qui, lui, respecte tous les canons du genre (mais reste écoutable...). De nos Jours, Olivier Sorel se produit toujours... mais comme sosie vocal et physique reconnu de Gilbert Becaud !
10 août 2007
JONATHAN RICHMAN : Revolution Summer
Acquis par correspondance chez Record Time à Detroit en juillet 2007
Réf : 20071-2 -- Edité par Vapor aux Etats-Unis en 2007
Support : CD 12 cm
12 titres
J'aurais tendance à conseiller Revolution Summer en priorité aux afficionados bien accrochés de Jonathan Richman plutôt qu'aux amateurs occasionnels qui souhaiteraient découvrir sa production. Non pas que ce disque soit mauvais, mais autant la précédente bande de film éditée de Jonathan, Mary à tout prix, était constituée de chansons dans le style de ses productions habituelles, autant ici on a affaire à une vraie musique de film, 100% instrumentale.
Ce film, c'est une véritable histoire de famille. C'est un film indépendant écrit et réalisé par Miles Montalbano, qui se trouve être le beau-frère de Jonathan Richman, qui lui-même en est le producteur exécutif (ce qui, sauf erreur de ma part, signifie qu'il en termes de cinéma qu'il a participé à son financement). Il ne s'agit pas de leur première collaboration, puisque Miles Montalbano a notamment filmé le concert de Jonathan Richman édité en DVD sous le titre Take me to the plaza. Cette fois-ci, Miles s'est même installé pendant un temps chez sa soeur et Jonathan Richman pour travailler sur le montage du film.
Le scénario a été écrit en réaction au climat politique aux Etats-Unis (le tournage a eu lieu en 2005), notamment suite à la répression des manifestations contre l'entrée en guerre en Irak en 2003. Il s'inscrit dans une série d'engagements de Miles et Jonathan depuis quelques années, par exemple en soutien à la candidature de Matt Gonzalez à la mairie de San Francisco ou contre la peine de mort (chanson Abu Jamal en 2004, interview de Damien Echols).
Côté musique, on ne tombe pas dans l'arrangement musical à la sauce hollywoodienne, avec envolée de cordes et tout ça. On est plus proche du travail de Calexico sur Committed, par exemple, ou de A trip to tripville. L'enregistrement s'est fait à trois, avec Jonathan Richman à la guitare, à la basse et à l'orgue à pompe, son compère sur scène et sur disque depuis des années Tom Larkins à la batterie et aux percussions et Ralph Carney, le célèbre saxophoniste qui a débuté avec Tin Huey à l'époque de la new wave et qui a joué avec plein de monde depuis, notamment Tom Waits, aux instruments à vent, au violon et à la pedal steel. Ralph devient un habitué des disques de Jonathan, puisqu'il est présent sur ses deux derniers albums, Not so much to be loved as to love en 2004 et Her mystery not of high heels and eye shadow en 2001.
On a l'impression que cette musique de film est en bonne partie improvisée et que les morceaux qui nous sont proposés sont des extraits de prestations qui duraient peut-être bien plus longtemps au départ. Sur les douze titres listés, trois sont proposées en deux versions, mais à l'écoute on n'a pas l'impression d'avoir neuf thèmes musicaux différents. Certains rythmes et motifs sont en effet utilisés à plusieurs reprises tout au long du disque.
A part pour Hope's theme, où l'on retrouve la guitare acoustique très présente dernièrement dans les concerts et les disques de Jonathan, l'ensemble est plutôt très rythmé et assez électrique, ce qui a conduit certains commentateurs à dire que c'était son disque le plus proche des Modern Lovers du début. Ça me parait pousser le bouchon un peu loin : si quelqu'un s'attend à entendre la suite de Roadrunner sur ce disque il risque d'être déçu ! Mais il est vrai que plusieurs des thèmes principaux du disque (Weeds breaking through the concrete, A chill in the night air,...) ont une rythmique très proche de celle de la version de Pablo Picasso interprétée très souvent sur scène ces derniers temps par Tom et Jonathan.
Au bout du compte, on a un disque très court (28 minutes), qui aurait peut-être pu être complété, soit pas les extraits "coupés au montage" de cette musique de Revolution Summer, soit par la bande originale composée par Jonathan Richman pour le premier court-métrage de Miles Montalbano, Love and the monster.
On note un nouvel arrivé dans la galaxie/famille musicale de Jonathan Richman, puisque c'est Adam Selzer, de Norfolk & Western, qui est crédité pour la mastérisation du disque.
La première de Revolution Summer aura lieu à San Francisco le 31 août. Jonathan Richman et ses accolytes accompagneront la projection en direct, comme ils l'ont fait il y a peu pour un film muet, The Phantom carriage.
Thèmes :
2000s,
cd,
concert,
jonathan richman,
rencontre
09 août 2007
FELT : Poem of the river
Offert par Creation Records par correspondance en 1987
Réf : CRE LP 017 -- Edité par Creation en Angleterre en juin 1987
Support : 33 tours 30 cm
6 titres
J'associerai toujours Poem of the river au concert que Felt a donné à l'Ancienne Belgique à Bruxelles le vendredi 20 février 1987. Parce que c'est ce jour là que j'ai entendu pour la première fois des extraits de ce disque, qui devait sortir quelques mois plus tard, et parce que c'est aussi la première fois que j'ai vu Felt accompagné par les diapositives et le light-show psychédélique à huile de Roger Cowell. Les photos de pochette rendent bien compte de l'effet visuel de ce light-show pour le public, particulièrement efficace à l'Ancienne Belgique grâce au très haut mur situé derrière le groupe sur lequel les projections se sont faites.
Je me suis longtemps persuadé que ces photos de pochette avaient été prises à Bruxelles ce soir-là, mais la sortie en 2003 du DVD live A declaration, avec un visuel de pochette et un light-show similaires, a prouvé que ces photos auraient très bien pu être prises le même mois à Londres.
Cette journée du 20 février 1987 fut bien remplie. D'abord la fac, puis à la sortie des cours, Philippe R. est passé nous chercher, Joaquim da M. et moi, et nous sommes partis pour Bruxelles, première date de la tournée continentale de Felt avec Biff, Bang, Pow ! en première partie. Au passage de la frontière à La Capelle, Philippe nous a raconté un vieux souvenir de retour mouvementé de Hollande à cet endroit dans les années 70. Nous ne savions pas que, aussi bien Joaquim et lui que moi-même, lors de nos passages respectifs à la frontière au retour, nous aurions affaire à des douaniers désagréablement suspicieux (à tort cette fois).
L’Ancienne Belgique est située en plein centre de Bruxelles, tout près de la Grand Place. Nous sommes arrivés un peu en avance et nous avons pu accéder aux groupes sans trop de problème.
Alan m'a demandé de faire le J.C. Brouchard avec Biff, Bang, Pow ! sur scène, ce que j'ai fait de bon coeur : à part pour A day out with Jeremy Chester, pour laquelle je me suis levé et j'ai joué un peu de tambourin, j'ai passé le concert assis sur une chaise, à manger et à lire, en hommage à la ligne claire, un numéro de Spot BD avec La Marque jaune en couverture. Je fus sacrément surpris de retrouver la Marque en une de tous les journaux le lendemain pour annoncer la mort d'E.P. Jacobs ! Dans la soirée, Alan a pas mal discuté avec Philippe de sa toute nouvelle guitare Rickenbaker dont il était tout fier.
On était en février. Ça caillait bien dehors, et l'ambiance était assez froide aussi dans la salle, loin d'être pleine. Mais j'ai trouvé que cette ambiance convenait très bien à la musique de Felt.
Leur concert fut grandiose. Musique excellente et impression visuelle depuis la salle très forte. Le groupe paraissait minuscule, noyé dans les aplats de couleurs jaune et bleu. Le contraste était d’autant plus fort avec la majesté de la musique produite. Ils ont joué pas mal de titres de Forever breathes the lonely word, et des nouveaux aussi, donc, notamment A declaration et Riding on the equator. Un chroniqueur belge, qui voyait Felt sur scène pour la première fois, a été plutôt déçu, mais comme moi c'est A wave crashed on rocks qu'il a préféré, un titre où la majesté de la msuique se mariait parfaitement aux effets visuels. Contrairement à moi, ce chroniqueur a su reconnaître dans l'un des instrumentaux joués une version instrumentale d'un titre de Michel Polnareff (Ame caline, retitré Soul coaxing en 1968 lorsque la version easy listening de Raymond Lefèvre et son Orchestre est devenue un hit aux Etats-Unis, dans la foulée du succès de Love is blue par Paul Mauriat et son Orchestre). La seule version publiée de Soul coaxing par Felt se trouve sur le DVD A declaration.
L'impact visuel de Felt sur scène était renforcé par Phil King, leur nouveau bassiste, dont j'ai fait la connaissance ce jour-là, au look assez marquant, avec de longs cheveux noirs coiffés en une grande mèche devant, et avec une présence scénique supérieure de loin à la moyenne habituelle des membres de Felt. Phil venait de quitter les Servants. Je l'ai retrouvé par la suite avec Biff, Bang, Pow !, puis il fut de l'aventure Lush et joue actuellement avec The Jesus and Mary Chain.
Après, nous nous sommes tous retrouvés pour manger et boire au bar « D.N.A. ». Contrairement au concert, c'était assez agité. Il y avait tellement de monde que, malgré le froid glacial, nous sommes nombreux à être restés en terrasse. Le seul moyen de commander à boire, c’était de faire passer un billet d’un client à l’autre de dehors jusqu’au comptoir ; quelques minutes plus tard, le demi arrive, avec la monnaie. C'est là que, avec Joaquim et Philippe, nous avons trouvé à nous héberger chez des membres de Jim’s Twenty-One, un groupe d’écossais et d’anglais expatriés, tout contents de côtoyer des compatriotes et des idoles aussi : la cassette démo qu’ils m'ont donnée ce soir-là sonnait vraiment très Creation, tout comme Throwaway friend, leur unique single, qu'ils avaient enregistré quelques jours plus tôt.
Nous avons logé chez Kenny, qui partageait un appart avec d’autres membres du groupe dans une maison de ville d’un quartier un peu excentré de la ville. Tous les trois dans le salon, avec un seul canapé et pas assez de sacs de couchage, mais ce n’était pas vraiment le problème. Le problème, c'était qu’il faisait très froid ! Et, comme chez beaucoup d'anglais, qui ne doivent pas savoir ce que c’est que d’être frileux, il n’y a pas de chauffage central. Il y a juste un petit chauffage d’appoint, qui finit par s’éteindre par sécurité au bout d’un moment quand il n’y a plus assez d’oxygène dans la pièce. Du coup, on aère la pièce, ce qui ne nous réchauffe pas, on éteint le chauffage, et je ne dors quasiment pas de la nuit. Le lendemain matin, dès que nos hôtes ont commencé à bouger un peu, je me suis levé et j'ai été nous acheter des couques à la boulangerie du coin. J’ai rarement eu autant besoin d’un café le matin !
La veille, Alan m’a proposé de les accompagner pour un bout de la tournée avec Felt et Biff, Bang, Pow !, qui se poursuit pendant plusieurs jours en Allemagne. Comme c’est les vacances à la fac, je peux me le permettre. Alan me paiera le train pour rentrer.
Du coup, en fin de matinée, Kenny nous a raccompagné presque à notre point de départ, l’Hôtel Central, près de la place de la Bourse et à deux pas de l’Ancienne Belgique. Commence alors ce qui fait le sel des tournées rock, l’attente. Nous devions retrouver Biff, Bang, Pow ! à midi, et nous passons un temps infini à attendre, confortablement installés dans les fauteuils du hall de ce grand hôtel. Confortablement installés, enfin presque, puisqu’il n’y a pas de chauffage dans l’hôtel ! Nous sommes maudits !
Nous avons fini par nous rendre compte du problème, parce que nous avons froid, et surtout parce que, au fil des minutes, nous avons vu plusieurs clients venir à la réception indiquer un problème de chauffage dans leur chambre, et le réceptionniste leur répondait à chaque fois qu’ils allaient voir à ça et envoyer un plombier vérifier les radiateurs. Pour donner le change dans le hall, les propriétaires ont trouvé un moyen simple, mais bruyant : un canon à chaleur est braqué sur l’entrée, juste après la porte à tambour. Au bout d’une heure, nous crevons d’envie de dire aux clients que, non, ils ne sont pas les seuls à ne pas avoir de chauffage dans leur chambre !
On finit par voir apparaître, en ordre dispersé, les membres de Biff, Bang, Pow ! et de Felt. Une fois qu’on a vu Alan et confirmé que l’invitation à suivre la tournée tient toujours, Philippe et Joaquim peuvent repartir pour Reims. moi, comme je n’avais pas prévu de rester au-delà d’une nuit, je n’ai bien sûr aucun change. Je profite d’un des nombreux temps morts de la journée pour aller faire des courses dans un grand magasin tout près. Je n’ai pas trop de thunes, alors je me contente d’une superbe paire de chaussettes d’un orange des plus vifs, en soldes, et, quand même, d’un album des Replacements, Tim, en soldes aussi à 100 francs belges.
Le soir, je suis hébergé chez un autre membre des Jim’s Twenty-One, et je n’ai pas froid…
Pour ce qui est du disque lui-même, c'est l'un de mes préférés de Felt. Il a une grande unité, mais se rapproche plus des albums "pop" de Felt (The strange idols pattern and other short stories, Ignite the seven cannons, Forever breathes the lonely word, la face A de The Pictorial Jackson Review, Me and a monkey on the moon) que des deux premiers six-titres (Crumbling the antiseptic beauty et The splendour of fear). J'ai lu je ne sais plus où (Alistair Fitchett y fait référence ici) que Lawrence n'était pas content de la qualité de l'enregistrement, produit par Mayo Thompson, et aurait préféré, si le budget de Creation l'avait permis, jeté les bandes à la Tamise pour tout reprendre à zéro !
Le plus grand moment du disque, c'est à mon sens les 103 premières secondes, soit A declaration : Lawrence commence effectivement par une déclaration très forte et très typique de son personnage : "Je serai la première personne au monde à mourir d'ennui et j'aurai pour épitaphe le second vers de Black ship in the harbour (une chanson de Ignite the seven cannons). Ensuite, la chanson est très rythmée et se termine par un solo de guitare de Lawrence comme je les aime, simple et efficace.
Globalement, les paroles de Lawrence sur ce disque semblent plus directes et moins "littéraires" qu'auparavant. Tous les titres sont construits comme des morceaux courts. Mais il se trouve que deux d'entre eux se poursuivent dans de longues échappées instrumentales pour culminer à plus de six et huit minutes respectivement. Le plus réussi des deux est incontestablement Riding on the equator, où l'orgue de Martin Duffy et les guitares de Lawrence, Neil Scott et Tony Willé se répondent dans de grandes envolées.
05 août 2007
BONNIE "BLUE" BILLY : Little boy blue
Acquis par correspondance chez Insound aux Etats-Unis en 2001
Réf : west009 -- Edité par Western Vinyl aux Etats-Unis en 2000
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Little boy blue I -- Blue boy -/- Little boy blue II
Will Oldham reste vraiment insaisissable. Il y a quelques semaines, il était dans les salles de cinéma françaises, l'un des deux acteurs principaux du film Old joy. La semaine dernière, il était à faire le clown en short orange dans la version agricole du clip de Kanye West Can't tell me nothing.
Pour ce qui est de ses noms d'artiste, c'est bien connu, ce n'est pas la peine d'essayer de suivre. Par exemple, pour ce 45 tours sur le thème très travaillé du "Blue boy" ("Garçon triste", Little boy blue étant le titre d'une comptine populaire très ancienne), il est devenu très brièvement Bonnie "Blue" Billy.
Ce disque fait partie d'une série éditée par Western Vinyl consacrée au portrait, les chansons de ces disques étant inspirées par ou écrites du point de vue du personnage représenté sur la pochette.
Pour ce qui est de ce bonhomme modelé sur la pochette, avec les bras en croix recouverts d'écailles verdatres, ce n'est pas à mon goût ce qu'il y a de plus réussi dans le disque. Mais au moins, la musique qu'il a inspirée est bonne !
Le seul autre raté du disque, visiblement sur une thématique du bleu, est que le vinyl est coloré, malheureusement pas en bleu comme l'étiquette ou la pochette intérieure, mais d'un gris vaguement marbré de blanc du plus mauvais effet.
Les trois titres de ce disque sont des reprises de tubes tous enregistrés entre 1958 et 1960. Little boy blue I, dont le vrai titre est Just little boy blue, est un single country écrit et chanté par George Jones en 1960. Blue boy, écrit par Felice et Boudleaux Bryant, fut un hit country pour Jim Reeves en 1958. Quant à Little boy blue II, c'est Bobby Bland qui en fit un hit rhythm'n'blues en 1958.
Sur ce disque, Will Oldham est simplement accompagné à la guitare électrique par Matt Sweeney, et les deux sont rejoints aux choeurs par Paul Oldham, qui a réalisé l'enregistrement. Il n'est pourtant pas question ici de Superwolf,l'album commun de Will et Matt, même si la chanson de George Jones est basée sur cette supplique simple : "Ouvre-moi la porte de ton coeur, je ne suis pas le grand méchant loup, juste un petit garçon triste".
Mon titre préféré est Blue boy. 93 secondes parfaites, des premières notes de guitare presque slide de Matt Sweeney aux choeurs qui font whouhouhouhou en écho à la plainte de Will : "Un garçon triste, c'est comme ça qu'ils m'appellent depuis que je t'ai perdue".
Little boy blue II est ici créditée à Bobby "Blue" Bland. En fait, si j'en crois cette étiquette de disque et d'autres sources, Bobby n'en est que l'interprète. Quant à Will, il a adapté les paroles pour que l'amour perdu dont il est question apelle et épelle B-O-N-N-Y et non pas B-O-B-B-Y !
Les deux Little boy blue ont été édités très fugacement en CD l'an dernier sur la compilation Little lost blues, fournie en bonus avec les premiers exemplaires anglais de The letting go (Personnellement, j'ai raté le coche !). Les trois sont donc aujourd'hui indisponibles, et on peut espérer qu'elles figureront prochainement sur un véritable troisième volume de Lost blues and other songs.
03 août 2007
YOUNG MARBLE GIANTS : Final day
Acquis probablement chez New Rose à Paris en 1980
Réf : RT 043 -- Edité par Rough Trade en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Final day -- Radio silents -/- Cakewalking -- [Colossal youth (démo)]
Une troisième réédition de Colossal youth en CD, qui présente cette fois-ci, pour l'édition limitée en 3 CD (!), quasiment l'intégrale des enregistrements des Young Marble Giants (ne manque, probablement pour des questions de droits, le disque ayant été édité récemment par Cherry Red, que le Live at The Hurrah!).
Une reformation accompagne cette sortie, suspecte comme toutes les reformations (27 ans après !, mais je doute que, dans leur cas, un pont d'or ait motivé la reformation ! Un concert est annoncé le dimanche 28 octobre au Festival BB Mix de Boulogne-Billancourt), mais sympathique quand même pour tous ceux sous le charme depuis si longtemps des deux classiques du groupe, leur album Colossal youth, donc, et ce 45 tours.
L'album, c'est sûr, je l'avais acheté à La Clé de Sol à Châlons. Le 45 tours aussi peut-être, mais je penche plutôt pour New Rose à Paris, car les 45 tours en import étaient vraiment chers à Châlons.
C'est vraiment un très bel artefact, ce disque, avec des titres inédits, pas des extraits de l'album, et une pochette très réussie, dont l'image au recto illustre très littéralement et le nom du groupe (Jeunes géants de marbre) et le titre de l'album (Jeune colossal ou Jeunesse colossale). Au dos, on a la légende de la photo, extraite de Kouroi, un livre de Gisela et Irma Richter de 1942 sur les jeunes grecs archaïques, avec une description de deux intuitions de l'art grec ("Vitalité tendue et structuration géométrique") qui pourrait bien s'appliquer à la musique de Young Marble Giants. Pour l'anecdote, Stuart Moxham expliquait récemment dans Mojo que la photo de pochette de Colossal youth avait été prise dans leur jardin, et qu'ils avaient juste cherché à imiter celle de With the Beatles !
Si on en croit les notes de pochette de Wanna buy a bridge ?, Final day a été enregistré en février 1980. Un des intérêts de ce disque est donc de nous proposer les trois seules chansons enregistrées par le groupe au complet après Colossal youth. Et comme, des trois, seule Radio silents figurait sur leur démo de 1979, on peut raisonnablement penser que nous avons ici avec Final day et Cakewalking les deux seules chansons écrites et publiées par le groupe après leur unique et classique album.
Et bon sang, elles ne sont pas gaies ces deux chansons ! En moins de deux minutes, Final day nous plonge dans l'ambiance d'apocalypse du déclenchement d'une guerre. C'est visiblement ce à quoi les paroles font référence (je n'en comprenais pas le dixième à l'époque). C'est aussi ce que rend très bien la musique : la note d'orgue aigue qui ouvre la chanson et dure jusqu'à la fin fait penser aux sirènes d'alerte annonçant un bombardment. Quant au motif d'orgue aux notes graves qui accompagne toute la chanson, il ne peut que rappeler le son des stations de radio brouillées pendant la seconde guerre mondiale.
Je ne sais pas d'où vient la photo des Young Marble Giants ci-dessous, (trouvée ici), mais elle aurait été faite pour illustrer Final day qu'elle ne pourrait pas être mieux réussie.
Moins politique, plus existentielle, Cakewalking n'est pas plus gaie : "Yesterday we were always laughing... Misery passes and so does crying, just look around when you feel like dying... You think you're alive but then you're just yawning". On a l'impression que cette chanson, comme d'autres classiques de la new wave, exprime le spleen d'une époque qui était peut-être plus sombre dans sa musique que dans la réalité.
Radio silents, avec ses alternances de boite à rythmes et de basse, est aussi très bien. Je ne l'ai pas précisé, mais aucune de ces chansons n'aurait déparé sur le chef d'oeuvre Colossal youth. Final day en aurait même été un des titres phares.
Un des intérêts de ce petit vinyl par rapport aux rééditions CD, c'est le quatrième et dernier titre, non listé sur la pochette. Il démarre juste après Cakewalking et il m'a très longtemps intrigué : le son est très sourd, lointain. On reconnait quand même la chanson Colossal youth de l'album, dans sa version démo, nous est-il précisé ici. Pendant longtemps, ce titre m'a vraiment intrigué, et je me suis raconté un tas d'histoires pour essayer d'expliquer sa présence : une erreur de gravure, un remords (une face B en plus enlevée au dernier moment),... Le son était tellement pourri que je ne pensais pas que ça pouvait être tout simplement ce qu'on appelle maintenant un bonus caché !!
Je crois avoir égaré la cassette que j'ai longtemps conservée de l'émission Feedback de Bernard Lenoir du 17 juin 1980, qui retransmettait en direct le concert des Young Marble Giants aux Bains-Douches, l'unique ou en tout cas l'un des très rares concerts du groupe en France à ce jour. Peut-être un signe pour que je pense à me libérer pour faire le voyage de Boulogne-Billancourt le 28 octobre prochain...?
Thèmes :
1980s,
new wave,
rough trade,
vinyl,
young marble giants
01 août 2007
DOGBOWL : Live at CBGB 1985-1986
Offert par Dogbowl par correspondance en juin 2007
Réf : [sans] -- Edité par Eyeball Planet aux Etats-Unis en 2007
Support : 14 fichiers MP3
14 titres
Pour moi qui ai pris les choses en route en remontant sa discographie à partir de Live on WFMU, la carrière de Dogbowl commençait à partir de 1989 (premier album, Tit !, and opera) avec, si on pousse les choses, deux albums en 1987 et 1988 avec le groupe King Missile (Dog Fly Religion) et la participation avant ça à d'autres groupes n'ayant pas laissé de trace discographique.
Et voilà-t-y-pas que, au moment où le CBGB vient de fermer définitivement ses portes, Dogbowl fouille dans ses cartons d'archives et en sort des cassettes enregistrées dans la célèbre salle new-yorkaise lors des six concerts solo qu'il y a donnés entre septembre 1985 (son tout premier concert solo !) et novembre 1986 !
Live at CBGB 1985-1986 est une sélection de quatorze des titres joués lors de ces concerts. Dogbowl les a joués seul à la guitare électrique, en se plaçant dans la lignée du punk : il voulait un son rock, surtout pas folk.
La première bonne surprise à l'écoute de ce disque, c'est que le son est nickel. Apparemment, le CBGB avait une bonne sono, et les cassettes, pourtant le support qui vieillit le plus mal, ont bien supporté le passage des ans.
Autre surprise, dès ces premiers concerts, le son, le style, les chansons de Dogbowl sont déjà parfaitement en place et presque à maturité. On n'a surtout pas l'impression d'écouter des oeuvres de jeunesse, même si la voix de Dogbowl est, elle, presque juvénile, et en tout cas plus claire que par la suite.
Certaines de ces chansons remontent au groupe précédent de Dogbowl, les Skitzocrats, d'autres ont été enregistrées par la suite par King Missile, Bongwater ou Dogbowl lui-même. De celles que j'ai découvertes, The nurse wants, So painful, One so black et The factory sont mes préférées. Des autres, dont on découvre ici les versions les plus anciennes, je conseille surtout The girl with the pelican hair, Obsessed with girls, Birds are not for free et celle qui figure parmi mes préférées de de Dogbowl, Hemopheliac of love ("Quand je te vois, je saigne comme un hémophile d'amour" !).
Dogbowl propose ce disque en téléchargement gratuit sur son site (mais il est possible de faire une contribution volontaire via Paypal). On trouve ici un bref témoignage de première main.
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