25 février 2008
THE MONOCHROME SET : Jacob's ladder
Offert par Rob Dickins à Londres à Londres le 15 février 1985
Réf : NEG 4-T -- Edité par Blanco Y Negro en Angleterre en 1985
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Jacob's ladder -- Andiamo -/- Le boom boom -- Yo ho ho (and three bottles of wine) -- Starry nowhere
Dans mon parcours, j'ai eu l'occasion de visiter un nombre restreint de locaux de maisons de disques. Ceux de Creation, quand ils se réduisaient au living-room d'Alan McGee puis aux bureaux de Clerkenwell Rd, ceux de Rough Trade, dans leurs locaux historiques de Blenheim Crescent puis dans ceux étendus de Collier St près de King's Cross avec le succès des Smiths, et ponctuellement ceux de Mélodie en France.
Je n'ai visité qu'une seule fois le bureau d'un ponte d'une major, le 15 février 1985, dans des conditions un peu particulières. J'accompagnais Alan McGee en sa qualité de manager de Jesus and Mary Chain. On allait ou on venait de retrouver le groupe à Londres mais nous sommes allés sans eux chez Warner, la maison mère de Blanco Y Negro, tout simplement parce que, quelques semaines plus tôt, le groupe avait un peu mis le chantier chez Warner alors qu'ils étaient venus conclure leur contrat avec Rob Dickins. Une fois doublement amplifié par Alan puis par la presse, leurs enfantillages étaient devenus : ils ont piqué dans le portefeuille de Rob Dickins, tout saccagé et sont interdits de séjour dans leur propre maison de disques !
Plus qu'exagéré, bien sûr, mais apparemment ils étaient quand même effectivement persona non grata chez Warner à ce moment-là. Avec Alan, nous nous sommes donc présentés à l'accueil et, après des formalités assez simples, nous sommes montés dans le bureau de Rob Dickins, une personnalité importante du show-business anglais, que Bill Drummond décrit comme ceci dans son livre 45 :
"Est devenu directeur artistique de Warner Brothers Music à l'âge 24 ans. Vingt ans plus tard, il était le patron de l'industrie musicale britannique. Un homme qui n'a jamais ressenti le besoin de douter. Né pour charmer. Né pour gagner. Il fait les deux."
Rob et Alan ont discuté de leurs affaires, je ne sais plus trop lesquelles, mais il était sûrement question de Never understand, le premier disque de Mary Chain pour le label qui allait/venait de sortir. Au moment de partir, voyant que je m'intéressais à une pub ou à un disque de Monochrome Set, Alan s'est souvenu que j'étais fan du groupe, l'a dit à Rob, et c'est comme ça que j'ai quitté Warner avec ce maxi et avec une grosse poignée de cartes postales promotionnelles. Pendant des années, j'ai utilisé ces cartes, pas très belles d'ailleurs, pour écrire à des potes fans de musique. Je suis sûr que j'ai conservé une ou plusieurs de ces cartes, mais impossible de mettre la main dessus depuis plusieurs semaines. Heureusement, on en trouve depuis peu une reproduction sur le site du Monochrome Set :
Blanco Y Negro a été fondé par Geoff Travis, de Rough Trade, Mike Alway, de Cherry Red et Rob Dickins, de Warner. L'idée était de permettre à des groupes indépendants à fort potentiel de passer à une autre échelle question succès commercial. Ça a parfaitement fonctionné avec Everything But The Girl, plutôt bien avec The Jesus and Mary Chain et pas du tout avec The Monochrome Set qui, il faut le préciser, détient peut-être le record du nombre de signatures sans grand succès chez des labels (Rough Trade, Dindisc, Pre, Cherry Red, Blanco Y Negro).
Il faut dire que, une fois de plus, le groupe n'a pas eu de chance : il y a visiblement eu un gros effort de promotion de fait pour ce disque, avec un clip, un poster gratuit avec le maxi et une grosse promotion médias et, selon Bid, Jacob's ladder est le titre qui a été le plus programmé sur les radios anglaises pendant trois semaines consécutives. Sauf que, à ce moment-là, suite à un "problème technique", le disque n'était pas disponible dans les bacs ! Ce décalage malheureux semble être confirmé par le fait que le matériel de promotion était encore bien visible chez Warner le 15 février, alors que Jacob's ladder a toutes les apparences d'un disque de Noël, avec par exemple la référence à la dinde sur la carte postale.
J'ai longtemps été très injuste avec la chanson Jacob's ladder, influencé négativement que j'étais par l'aspect volontairement ringard de la carte postale, les références médiévales de la pochette et du clip, les cloches en intro et le passage un peu gospel du break dans la chanson, et surtout par le poster qui ne m'a jamais semblé ironique avec Bid qui a l'air d'une star néo-romantique pour midinettes !
Mais j'avais tort. Si on fait abstraction de tout ça et qu'on se concentre sur l'enregistrement lui-même, on se rend compte qu'on a à faire à une très bonne chanson de Monochrome Set, tout à fait dans leur style, très entraînante, avec des choeurs féminins (non crédités) qui font des a-dou-dou très réussis et un petit solo de guitare bien sympa.
Parmi les quatre autre titres du disque, il y a Andiamo et Yohoho, deux instrumentaux à guitare façon Shadows-Ennio Morricone (ces deux titres ont été repris en 1992 sur la compilation What a whopper !, Andiamo étant dans une version légèrement différente il me semble), et deux chansons, un rock, Le boom boom, et un slow, Starry nowhere, qui allaient se retrouver avec Jacob's ladder sur l'album The lost weekend. Un disque qui a fait un four complet et qui a marqué la fin de la première phase du groupe avant le retour en 1990 avec Dante's casino.
Thèmes :
1980s,
cadeau,
concert,
monochrome set,
vinyl
23 février 2008
THE BREEDERS : Safari
Acquis probablement à La Clé de Sol à Reims en 1992
Réf : 35100 -- Edité par 4AD en France en 1992
Support : CD 12 cm
Titres : Do you love me now ? -- Don't call home -- Safari -- So sad about us
Certes, les Breeders sont avant tout le groupe de Kim Deal, qui a composé quasiment l'intégralité des titres du groupe, mais il ne faut pas oublier qu'au tout début il y avait une autre vedette dans le groupe, Tanya Donelly des Throwing Muses, et aussi la bassiste d'un groupe réputé, Josephine Wiggs de Perfect Disaster.
Quand Last splash, le deuxième album des Breeders est sorti, Tanya Donelly avait quitté le groupe pour fonder Belly, mais elle était encore là l'année d'avant pour ce maxi 4 titres, qui trouve le groupe à un point d'équilibre entre ses différentes formations puisque c'est aussi le premier disque sur lequel on trouve Kelley Deal.
Même si j'aime beaucoup de choses sur Pod et même si j'adore Cannonball et d'autres titres sur The last splash, Safari a toujours été mon disque préféré des Breeders, tout simplement parce que, en 12 minutes et 4 chansons toutes excellentes, il impose sa présence et son identité, plus comme un mini-album que comme un single et ses faces B.
Le premier titre, Do you love me now ? a été réenregistré pour The last splash, en un peu moins bien il me semble. Là, on a les deux voix de Kim et Tanya, un son bien moins hermétique que sur Pod, une basse lourde et des guitares stridentes comme chez les Pixies, et un petit bruitage en bonus qu'on entend tout seul à la fin du titre.
Don't call home semble être une chanson très autobiographique, l'histoire de quelqu'un qui a fui son foyer (ou qui est loin, en tournée ?) à qui on a interdit d'appeler, voire même d'écrire à la maison. Cela prend tout son sel quand on apprend en lisant les notes de pochette que Mr. John Murphy, l'ex-mari de Mrs. John Murphy, la bassiste des Pixies, Kim Deal pour l'état civil, est crédité pour une contribution aux paroles de la chanson !
Safari est peut-être le titre le plus proche de Gigantic, le classique des Pixies co-composé et chanté par Kim Deal. Ce n'est que le troisième morceau du disque, mais ce n'est sûrement pas un hasard s'il lui donne son titre générique puisque c'est aussi celui qui a été choisi lorsque le groupe s'est fait filmé pour un clip ou une émission télé.
So sad about us, une reprise des Who, est excellente aussi, mais le fait que les trois compositions originales des Breeders lui sont supérieures est à mon sens est un signe de plus de la qualité de ce disque, qui aurait fait un bien meilleur successeur à Bossa nova que Trompe le monde.
J'ai vu les Breeders en concert au Printemps de Bourges le 23 avril 1994, au plus fort du succès de Cannonball, dans une salle bourrée à craquer d'ados-diteurs de Fun Radio. Si on ajoute à ça le fait que, selon ce que racontait une interview faite l'après-midi même par Barbarian je crois me rappeler, le groupe avait passé l'après-midi à boire des coups et s'était pointé au dernier moment au festival pour jouer son concert sans avoir fait de balance au préalable, on comprendra que je garde un souvenir très mitigé de ce concert !
Safari est disponible en téléchargement sur le site de 4AD.
18 février 2008
SNAKEFINGER : Chewing hides the sound
Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne fin 1979 ou début 1980
Réf : SNK 7909 -- Edité par Ralph aux Etats-Unis en 1979
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
Voici un album excellent de bout en bout, le premier en solo de Snakefinger, qui réussit l'exploit d'être, et de loin selon mes goûts, le meilleur disque de Snakefinger, mais aussi le plus réjouissant et le plus accessible des Residents, qui l'ont co-écrit et co-produit et qui jouent dessus de bout en bout.
Snakefinger n'est pas un chanteur né, mais il est tout à fait compétent. Au moins autant, par exemple, que Nick Lowe, qui l'a accompagné sur au moins un des albums de son groupe Chilli WIlli and the Red Hot Peppers dans la première moitié des années 1970. Par contre, Snakefinger est, ou plutôt était puisqu'il est mort en 1987, un intrumentiste remarquable, violoniste et surtout guitariste.Outre sa folie maîtrisée et ses excellentes chansons, c'est d'ailleurs ce qui fait la particularité de ce disque, l'originalité du jeu et du son des guitares.
L'album s'ouvre avec une reprise de The model de Kraftwerk. Aujourd'hui, ça pourrait paraître un peu bateau de reprendre cette chanson, après Big Black, le Balanescu Quartet et tant d'autres. Mais quand ce disque est sorti en 1979, l'année suivant la parution de The man machine, c'était le premier à contenir une reprise de cette chanson, par ailleurs pas encore sortie en single et pas encore un tube (ce sera fait seulement en 1982). D'ailleurs, même si j'avais acheté The man machine au moment de sa sortie, c'est bien Snakefinger qui a attiré mon attention sur The model. Au départ, je ne l'avais pas remarquée sur le disque de Kraftwerk et j'écoutais plutôt We are the robots et Neon lights.
Je me souviens d'avoir lu une interview de Snakefinger à l'époque de la sortie du disque (probablement dans Actuel, qui l'avait beaucoup soutenu et avait organisé une tournée française en 1981 avec Tuxedo Moon et Indoor Life) dans laquelle il expliquait comment il obtenait ce son de guitare si particulier que beaucoup prenait pour un synthétiseur : il disait qu'il enregistrait un grand nombre de fois de suite ses parties de guitare en décalant à chaque fois d'une fraction de ton les notes pour obtenir cet effet sonore. Pendant des années, j'ai donc imaginé Snakefinger assis sur une chaise en studio et enregistrant prise sur prise des mêmes séquences en décalant très légèrement ses doigts à l'agilité de serpent sur les frettes.
En visionnant aujourd'hui une vidéo live de The model enregistrée à Chicago en 1986, j'ai obtenu une explication supplémentaire qui saute aux yeux, mais qui aurait dû me sauter aux oreilles depuis longtemps : Snakefinger utilise aussi une guitare slide posée qu'il joue avec une barre d'acier, une steel guitar quoi. Et ça explique pas mal de choses.
Chewing hides the sound est un album parfait, donc. Les reprises sont bien choisies (il y a aussi Magic and ecstasy, composée par Ennio Morricone pour L'exorciste 2, et un traditionnel joué en instrumental, I love Mary, que je verrais bien joué aussi par Comelade). Les originaux sont excellents, des titres (Pique-nique dans la jungle, Jésus était un farfadet, Les vautours de Bombay,...) aux paroles en passant par la musique et l'interprétation. L'alchimie est ici parfaite.
Malheureusement, la formule magique sera égarée par Snakefinger dès l'album suivant, Greener postures, pourtant produit avec la même équipe et dans les mêmes conditions. Mais là, la voix n'est pas aussi bien mise en valeur, la guitare est moins folle et moins mise en avant, les compositions sont moins percutantes. On y trouve quand même de très bons titres, comme Golden goat, ou The man in the dark sedan, dont je vous conseille de regarder le très bon clip, qui permet en plus de voir Snakefinger en gros plan (EuroRalph a édité en 2004 un double CD reprenant Chewing hides the sound et Greener postures, mais il semble s'épuiser et je viens de constater qu'en quelques semaines les prix ont beaucoup augmenté).
Quand j'ai vu Snakefinger en concert le 8 novembre 1983 au Dingwalls de Londres, le répertoire n'avait rien à voir avec cet album, puisqu'il s'agissait de sa tournée History of the blues et que le spectacle c'était ça, un historique du blues au vingtième siècle, superbement interprété et chanté. Différent, mais bien aussi. Et dans le blues, il y a aussi de la guitare slide.
17 février 2008
MARCEL AMONT : La polygamie
Acquis d'occasion en France au début des années 2000
Réf : 27 265 -- Edité par Polydor en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : La polygamie -- Grand-maman va rentrer -/- Dorothée -- Pleurez-pas je reviendrai
Je n'aurais pas acheté ce disque si sa pochette n'avait pas été identique à celle de l'album dont les quatre titres sont extraits, Chansons des îles et d'ailleurs, un des disques de mon enfance. Quand j'étais en maternelle ou en primaire, Maman avait gagné ce disque à la kermesse de l'école, et nous l'avons beaucoup écouté en famille, et même sans les parents.
Maman se souvient même que, quelques années plus tard, elle est allée voir Marcel Amont en concert à la foire-exposition de Châlons-sur-Marne avec deux de mes cousines, mais le concert avait été interrompu par une panne d'électricité maousse. Sur le parking, elle était tombée sur un Marcel Amont des plus aimables qui, pour un peu, les aurait bien invitées à boire un pot sur la foire ! Je ne me souviens pas si elle avait avec elle son album pour le faire dédicacer, mais après tout c'est mon blog, pas celui de ma maman !
Si j'ai un seul reproche à faire à ce disque, c'est qu'il ne réussit pas à s'écarter de l'équation musique des îles = chaleur = promiscuité sexuelle = filles faciles. Disons qu'en cela il est un peu trop imprégné de son époque et de ses relents colonialistes et sexistes.
Et cette fameuse pochette, je la regarde maintenant d'un autre oeil et je vois bien qu'elle affiche un exotisme artificiel de studio photo parisien : une belle chemise en coton imprimé et une guitare pour Marcel, des congas, bongos et maracas et une danseuse qui, elle, joue vraiment le jeu si on en croit ses aisselles trempées !
Bizarrement, on ne trouve sur ce disque aucune des trois chansons de l'album que j'ai le plus écoutées (Zombie jamborée, Mathilda, une reprise de Harry Belafonte, et Adieu foulard , adieu madras, la célèbre chanson créole qu'on avait aussi étudiée à l'école et que je suis presque encore capable de chanter entièrement de tête aujourd'hui) ne figure sur ce 45 tours mais, preuve de la qualité de l'album, celles qui restent sous toutes de très bonne facture. Un certain M. Pecarrere est crédité pour les paroles de trois-quarts des titres, mais il semble bien qu'il s'agit d'un pseudonyme de Marcel Amont.
Le label a dû préférer afficher Dorothée en premier sur la pochette, mais le premier titre du disque est bien La polygamie. Je me rends compte à son écoute que c'est avec cette chanson que j'ai été exposé pour la première fois de façon soutenue à la musique de Tahiti. Musicalement, l'effet est très bien rendu, mais les paroles vont au-delà du pastiche folklorique pour s'attaquer gentiment aux touristes d'un été : "Alloha allo Paris le bureau, ne me dérangez pas. Pendant trois semaines, l'été te ramène, viens jolie sirène faire ami-ami. Un mois chaud sans air, Knokke ou Cavalaire, Var ou Finistère, c'est la polygamie. 333 tours de la terre pour claquer en 32 jours tes économies en Polygamie."
Le tube du disque semble bien avoir été Dorothée : rien que sur le site de l'INA, on en trouve trois interprétations en direct à la télé en 1966-67. A chque fois, Marcel y démontre pour faire chanter le public le métier d'un artiste de music-hall qu'il revendique à juste titre.
On trouve aussi sur le site de l'INA une interprétation de Pleurez-pas je reviendrai avec un décor censé représenter le quai d'un port îlien, mais c'est vraiment de pacotille et c'est sûrement digne de l'ORTF des grandes années. Mais là, pour l'exotisme il faut de toutes façons repasser puisque Marcel est en pantalon, en imperméable et en foulard, sans madras !
10 février 2008
THE FEELIES : Fa cé la
Acquis chez Rough Trade à Londres fin 1983 ou début 1984
Réf : RT 024 -- Edité par Rough Trade en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Fa cé la -/- Raised eyebrows
La semaine dernière, Philippe D. m'a aiguillé vers l'enregistrement d'un concert des Feelies au CBGB's le 14 décembre 1977. J'ai téléchargé ce concert par pure curiosité et j'ai été très agréablement surpris, doublement. D'abord, le son de l'enregistrement et l'interprétation sont excellents, et surtout je n'avais aucune idée avant d'écouter ce concert que les Feelies existaient déjà en 1977 (ils se sont formés en 1976, en fait) et je n'aurais jamais imaginé qu'ils aient été déjà mûrs au point qu'on se dit à la fin du concert qu'ils auraient tout à fait été capables d'enregistrer et de sortir leur premier album Crazy rhythms dès le début de l'année 1978 : ils en ont joué sept titres sur neuf ce soir-là, dans des arrangements proches de ceux de l'album.
Pourtant, Crazy rhythms n'est sorti, chez Stiff en Angleterre, que deux ans plus tard, précédé de seulement quelques semaines par ce premier 45 tours chez Rough Trade (décidément les indépendants anglais étaient à l'écoute et les Feelies n'étaient pas prophètes en leur pays).
Quand j'ai acheté ce disque, il était probablement officiellement épuisé depuis un bon moment, mais comme pour d'autres, dont le Gifted children, j'ai pu l'acheter neuf au prix normal d'un 45 tours car Rough Trade avait dû en retrouver un carton dans son entrepôt.
Les Feelies se sont vus coller une image d'étudiants propres sur eux, genre Talking Heads puissance 10, image qu'ils ont eux-mêmes bien contribué à créer avec la pochette de Crazy rhythms. Sur scène, ils reprenaient Eno et le Velvet Underground, mais aussi les Stooges et le MC5, et leur musique propulsée par la batterie et la guitare électrique était des plus énergiques, comme l'illustrent parfaitement le titre d'ouverture de Crazy rhythms, The boy with the perpetual nervousness, et les deux faces de ce 45 tours.
Fa-cé-la est la vraie rareté ici car, si l'arrangement est très proche de la version de l'album, il s'agit quand même d'une version différente avec un son de guitare plus électrique, plus saturé et plus mis en avant, bien plus proche de celui qu'on entend lors du concert du CBGB's.
La version de Raised eyebrows est la même que celle de l'album. J'ai tendance dans ma tête à classer cette chanson comme un instrumental, car elle commence effectivement par plus de deux minutes entièrement instrumentales, mais il y a quand même quelques paroles dans les dernières quarante-cinq secondes, dont celles-ci : "Some will make it and some won't make it oh-oh Oh the glory glory" ("Certains auront du succès et d'autres pas oh-oh Oh la gloire la gloire").
Avec le recul, nous savons que les Feelies allaient plutôt faire partie de la deuxième catégorie...
09 février 2008
SUPERMARKET : Supermarket
Acquis probablement à Paris vers février 1993
Réf : DAVO 4 CD -- Edité par Ice Rink en Angleterre en 1992
Support : CD 12 cm
Titres : Supermarket -- Supermarket -- Supermarket (Mad Q Mix) -- Supermarket (Ray Keith Mix)
Je n'ai revu Lawrence qu'une seule fois après la séparation de Felt. C'était avant la sortie du premier disque de Denim, probablement en novembre 1992, dans un café londonien. Je crois que j'accompagnais Phil King et Lawrence était avec un de ses collaborateurs, peut-être bien le producteur Brian O'Shaughnessy. Lawrence m'avait expliqué que des membres du Glitter Band seraient sur le premier album de son nouveau groupe (!) et il m'avait offert un écusson à broder de Denim, le même que celui d'Alistair Fitchett mais en noir et blanc, qui orne toujours mon blouson en jean.
Quelques semaines plus tard, quand le disque de Denim est sorti, le logo de Bell Records, le label - entre autres - du Glitter Band dans les années 70, avait été remplacé par un autre symbole tout aussi seventies mais plus neutre, sinon c'était le procès assuré.
Je ne me souviens plus par contre comment j'ai appris que Lawrence se cachait derrière ce pseudonyme de Supermarket, en tout cas c'est parce que je le savais que j'ai acheté ce maxi sorti sur Ice Rink, le label lancé par Saint Etienne, au catalogue duquel on trouve notamment Golden, Oval, Earl Brutus et Sensuround, l'un des projets de John Robb des Membranes.
Dès la pochette, on se régale. Le design minimal, la blancheur, les codes-barres, le flocon-logo du label font penser à un emballage de produit surgelé de... supermarché. Les crédits laconiques mentionnent que le groupe est composé de deux jeunes danois (Lawrence et Brian O'Shaughnessy en fait, avec Sarah Craknell de Saint Etienne pour la voix féminine) et les paroles sont imprimées sur la pochette. Tout un poème, digne de Queneau, soit de multiples variations sur les syllabes et l'orthographe de "Supermarket" : "Supermarket Super mar ket Sup erma rket Supe rmarket Supermar ket Superm arket Super market Supe rmar ket etc.".
A l'écoute, c'est un régal également. La chanson Supermarket est un pastiche très réussi de Kraftwerk, tellement bon que, au-delà du clin d'oeil plus qu'appuyé, on apprécie pleinement la chanson pour elle-même. L'idée de cet hommage est eut-être venue à Supermarket après le retour sur le devant de la scène de Kraftwerk en 1991 avec l'album Der mix, mais quelque part les admirateurs étaient en avance sur leurs maîtres puisqu'il s'en fallait de plusieurs années en 1992 avant que Kraftwerk ne décline son jingle a cappella de 30 secondes Expo 2000 en un titre de plusieurs minutes remixé un grand nombre de fois !
La version longue rajoute un peu de rythmes à tout ça, mais l'autre grande réussite de ce single ce sont les deux remixes très drum'n'bass signés Mad Q (inconnu, probablement un pseudo) et Ray Keith (DJ et producteur reconnu, toujours en activité).
Supermarket est donc bien mieux qu'une simple pochade. Ce disque, indisponible depuis bien longtemps, est sûrement un produit dérivé des sessions d'enregistrement de Back in denim, qui se sont étalées sur plus de deux ans. La meilleure preuve en est que la version courte de Supermarket a été incluse sur la compilation Novelty rock de Denim éditée en 1997.
03 février 2008
DEVO : Snowball
Acquis aux enchères par correspondance aux Etats-Unis en janvier 2008
Réf : WBS 49621 -- Edité par Warner Bros aux Etats-Unis en 1980 -- Promotion -- Not for sale
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Snowball -/- Freedom of choice
Ces temps-ci, je me replonge pas mal dans mes disques new wave, en prévision de la conférence que je vais donner le 14 mars prochain à la médiathèque d'Epernay sur le thème Back to 78 - l'année new wave. Parce que oui, les Sex Pistols se sont séparés en janvier 1978, et oui, l'âge d'or de la new wave a commencé il y a trente ans. Et il y a une chose que je peux affirmer sans hésitation, même sans jouer mon Orson Welles, c'est que trente ans ça peut passer très vite !
Donc, l'autre jour, je venais de réécouter Recombo DNA, une double compilation de raretés de Devo sortie par Rhino Handmade en édition limitée et je me suis dit : "Tiens, je vais aller sur eBay me payer un disque de Devo". Dans l'instant qui a suivi, je me suis dit, "T'es con, tu as déjà tous les disques de Devo susceptibles de t'intéresser. A moins de payer un prix fou, tu ne trouveras rien pour toi."
Et bien, coup de bol ou pressentiment, mais en moins de cinq minutes javais trouvé ce 45 tours promo de 1980, avec une pochette que je ne connaissais pas, à un prix défiant toute concurrence (genre 3 € et quelques port compris depuis les Etats-Unis), et en plus il ne restait que quelques heures à attendre avant la fin des enchères !
Le lendemain matin au réveil, j'avais remporté l'enchère, je payais et moins de deux semaines plus tard j'avais reçu ce 45 tours extrait du troisème album de Devo, indispensable comme les deux premiers (et il y a d'excellentes choses dans les deux suivants).
Freedom of choice est un album qui est globalement assez synthétique, mais qui a la double qualité d'être pêchu (batterie et guitares, mêmes aux sons trafiqués, sont bien présentes) et, ceci expliquant peut-être cela, de ne pas sonner aseptisé. Et surtout, c'est un album qui comporte plein de bonnes chansons !
Parmi celles-ci, Snowball a toujours été l'une de mes préférées. Avec Don't you know, It's not right et Cold war, c'est l'une des excellentes "chansons d'amour" qui parsèment le disque, chose assez rare chez Devo. La référence n'est pas explicitement donnée, mais les paroles font un parallèle entre la relation amoureuse et le mythe de Sisyphe avec son rocher ! : le gars voit sa chérie remonter leur amour le long d'une colline comme une boule de neige, qui grossit au fur et à mesure, tellement qu'elle finit à chaque fois par lui échapper et retomber.
Pour cette sortie en single, le titre a été remixé. Heureusement, Ian Taylor, qui s'est attelé à la tâche, n'a pas bousillé la fragile alchimie de ce morceau, se contentant juste de mettre plus d'emphase sur le rythme. L'un des gimmicks les plus réussis de Snowball est d'ailleurs dû au batteur qui, sauf erreur de ma part (je n'y connais rien en solfège), joue le 4e temps de la mesure à contre-temps. Ce truc-à, ça m'accroche toujours très fort.
La chanson Freedom of choice sur l'autre face fait, elle, partie des chansons "politiques" de Devo. Là encore, ils montrent qu'ils ont des lettres en faisant référence à un poème latin, mais le truc le mieux vu, c'est à la fin, quand, en changeant un seul mot, ils modifient complètement le sens d'une expression : "Freedom of choice is what you got, Freedom from choice is what you want". Je suis incapble de donner l'équivalent français en si peu de mots, mais grosso modo ça donne "La liberté de choix, vous l'avez, la liberté de ne pas avoir à choisir, c'est ce que vous voulez vraiment".
Ce 45 tours n'est sorti qu'aux Etats-Unis, où il a succédé à Whip it, le plus grand "succès" de Devo dans les charts (14e), et il semble que Warner a vraiment eu du mal à exercer sa liberté de choix de la face A et la face B, à tel point que de nombreuses discographies listent ce titre comme la face A. Sur la pochette de cet exemplaire promo, des cases à cocher nous laisse le choix de décider quel titre est en face A ou B (même si le pliage de la pochette désigne clairement Snowball comme la face A), et le clip qui a été réalisé l'a été pour Freedom of choice (les photos de la pochette en sont tirées).
Les éditions Au diable vauvert ont choisi un moyen efficace de faire la promotion de l'édition française de Babylon's burning : du punk au grunge, le livre de Clinton Heylin qu'elles viennent de sortir : un blog qui proposera à terme 100 billets avec à chaque fois un court extrait du livre et une vidéo en lien avec l'extrait piochée chez YouTube.
Magazine, Wire, Costello, Talking Heads sont déjà au programme, et la semaine dernière Devo a également eu les honneurs de ce blog, avec un excellent choix de vidéo : la version live de Mongoloid interprétée au Théâtre de l'Empire à Paris par Devo pour l'émission Chorus en 1978, soit la première fois que j'ai vu Devo filmé sur scène.
02 février 2008
ALB : Mange-disque
Acquis au Hall du Livre à Nancy le 15 janvier 2008
Réf : RRCD02 -- Edité par Rise en France en 2007
Support : CD 12 cm
12 titres
La preuve que je suis relativement éloigné de Reims ces temps-ci : je n'ai jamais vu Alb en concert et il a fallu une chronique dans un numéro des Inrockuptibles feuilleté à la Médiathèque pour attirer mon attention sur la sortie du premier album de ce groupe rémois. Quelques minutes plus tard, la médiathèque m'ayant aussi donné l'occasion de tenir en main ce Mange-disque, j'avais décidé d'en acquérir un exemplaire !
Je voulais ainsi soutenir des presque voisins et aussi, sans même avoir écouté la musique, acquérir ce bel objet de collection : une boite en plastique moulé en forme de mange-disque , d'un orange très seventies, de laquelle émerge un CD aux apparences de mini-45 tours (noir, avec des sillons sur une face et une étiquette centrale), avec à l'intérieur des autocollants représentant une pochette potentielle pour chacun des titres de l'album. Voilà qui ne pouvait que plaire à un amateur de disques virtuels ! (Cliquez sur le mange-disque ci-dessus pour voir toutes les pochettes...)
Je n'ai donc pas encore vu Alb sur scène, mais j'ai vu un de ses membres, Alio, plusieurs fois en concert, puisqu'il compose avec Seb Adam le duo de ukulélistes Pauline Easy Project qui rend hommage sur scène depuis deux ans maintenant à la tahitienne Pauline Easy, dont j'ai justement édité un disque virtuel.
Musicalement, avant même de sortir le disque de sa boite, je savais à peu près à quoi m'attendre, sachant que Alb fait partie de la scène "elecktric" rémoise (Clément Daquin d'Alb est également membre de Klanguage, dont la chanteuse Marianne-Elise chante ici sur un titre) et au vu des chroniques citant Air et une électro-pop rétro-futuriste.
Ce n'est pas faux, mais j'ai quand même pris une claque en écoutant les premières secondes du disque : si la guitare en intro de Golden spell me fait penser à quelqu'un, c'est à Maurice Deebank de Felt, et c'est une comparaison que je ne m'attendais pas du tout à faire ! La basse et les percussions viennent vite rejoindre la guitare pour deux premières minutes d'exception. Malheureusement, mon excitation est un peu retombée quand le chant a débuté. Pas tellement qu'il soit techniquement mauvais, mais comme souvent, j'ai beaucoup de mal à apprécier du chant en anglais par des francophones qui n'en maîtrisent pas toujours la prononciation et le rythme.
A cette réserve près, j'apprécie beaucoup toute la première moitié du disque, notamment I*D*N*Y*, la chanson avec les amis invités. Dans la deuxième moitié, on trouve le titre qui est peut-être mon préféré du disque Sweet sensation, avec ses vocaux à l'effet vocoder produits par un Apple (c'est le titre qui me fait le plus penser à Air) et l'excellent Daveg, mais aussi les titres avec lesquels j'ai le plus de mal, comme 48" (Berck song) (encore une fois à cause de l'anglais qui m'écorche les oreilles, dommage) ou Walter Mouse (là, c'est leur intérêt pour les choeurs à la Queen qui transparait un peu trop à mon goût : ça fait bien longtemps que je me suis séparé de mon exemplaire de A night at the opera...).
Au bout du compte, je ne regrette pas du tout mon achat mais, de l'emballage à la musique, je qualifierais plutôt ce disque de rétro-rétro que de rétro-futuriste : le premier rétro pour les mélodies inspirées de la sunshine pop sixties californienne, le second rétro pour les sons électroniques, ni contemporains ni futuristes, qui font surtout référence aux disques et jeux vidéo des années 1970 et 1980 qui commencent à être assez loin derrière nous !
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