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27 octobre 2007

FELT : A declaration


Acquis par correspondance en Angleterre en 2003
Réf : CRDVD25 -- Edité par Cherry Red en Angleterre en 2003
Support : dvd 12 cm
10 titres

Ce DVD a une grande qualité : c'est un document d'archive à peu près unique, parait-il le seul concert de Felt entièrement filmé dont un enregistrement ait survécu.
Malheureusement, il a aussi les défauts de certains documents anciens, le son est saturé et l'image pas très bonne. Cela n'est probablement pas dû à une mauvaise conservation du film original, mais plutôt au fait qu'au départ toute l'affaire a dû se monter sans aucun budget, probablement en vue de fabriquer le clip de Stained glass window in the sky fourni ici en bonus.
Donc, si la pochette du DVD est assez réussie, dans la lignée de celle de Poem of the river, le son n'est vraiment pas génial (je doute qu'il y ait eu un gros travail de remastérisation) et le tout n'est filmé qu'avec une seule caméra, qui du coup bouge beaucoup et zoome souvent d'avant en arrière. En plus, pendant une grande partie du concert, un mec en casquette, avec une caméra Super 8 n'arrête pas de venir sur la scène ou de la traverser, et c'est assez pénible (en voyant le bonus, on comprend qu'il tourne des images complémentaires pour le clip).
Du coup, on ne rentre vraiment dans le concert que quand le gars se calme et que Felt se lance dans la longue partie instrumentale de Riding on the equator.
Ce court concert est annoncé comme complet, avec seulement neuf titres, mais on se doute bien que, si Lawrence rejoint le groupe à la fin du dernier morceau, et unique rappel, c'est bien pour en jouer au moins un autre. En tout cas, ce rappel, une version instrumentale d'Ame câline de Polnareff, popularisée dans les pays anglo-saxons en 1968 dans une version easy listening due à Raymond Lefèvre et son Orchestre sous le titre Soul coaxing, et l'excellent When the dawn starts creeping in, prévu à l'origine pour figurer sur Poem of the river, sont deux titres que Felt n'a sorti sur aucun disque et qui ajoutent de la valeur à ce film.
Ce concert a été enregistré à l'University of London Union en février 1987. C'était probablement un concert en tête d'affiche, dans une salle relativement grande pour Felt. One st loin de leurs concerts dans des pubs ou des petits clubs, mais l'effet sonore et visuel n'a rien à voir avec la claque que je devais prendre quelques jours plus tard lors du concert de Felt à l'Ancienne Belgique de Bruxelles. Quand même, ce DVD immortalise une période intéressante de Felt en live, quand ils utilisaient les diapos à huile psychédéliques de Roger Cowell et les photos de Sandy Fleming, et surtout il permet de se souvenir de ou de découvrir Felt sur scène. Autrement dit, une musique très belle et très élaborée, fabriquée sans frime, et un groupe qui communique peu avec le public : Gary Ainge ne regarde que sa batterie, Marco Thomas laisse sa guitare prendre le peu de lumière qui lui est accordé, Martin Duffy a gardé son manteau de cuir, comme s'il était pressé de partir après le concert. Seuls Phil King et Lawrence bougent un peu. Phil King, avec sa basse, ses cheveux longs et son pantalon de cuir, a une aura de star. Lawrence, en chemisette, se cache derrière sa frange et mâche son chewing-gum en ne donnant pas vraiment l'impression d'avoir envie d'être là...

Je savais que j'avais vu Felt en concert à Londres dans un bâtiment universitaire. Avant de savoir que le DVD datait de février j'étais tout de suite allé vérifier si c'était à l'ULU que je les avais vus. Non, en fait, c'est à peine deux mois plus tard et dans des conditions très similaires, que j'avais vu Felt au King's College, le 24 avril 1987.
La veille, avec Philippe R., nous avions choisi d'aller voir Julian Cope plutôt que Felt, qui se produisait sous le nom des Scarlet Servants dans un pub pour un concert d'échauffement, avec Momus en première partie.
Dans l'après-midi, dans une scène qui aurait pu nous faire croire que Londres est une toute petite ville, nous étions montés avec Philippe au deuxième étage du Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate, l'étage des collectors. Il n'y avait qu'un seul client dans la boutique à notre arrivée, Lawrence (!), dans une superbe chemise colorée, plongé dans le rayon des disques années 60 de Françoise Hardy...! Le lendemain, nous devions tomber sur Dan Treacy, attablé dans un pub de Dalston pour voir le groupe qui faisait la première partie des Jasmine Minks !
Le soir du 24, toute la bande des copains de Creation était présente, dans les coulisses ou dans le public, pour ce grand concert avec trois groupes dans une grande salle londonienne.
Le premier groupe était complètement inconnu. Ils n'ont guère joué plus d'une quinzaine de minutes mais ils m'ont complètement scotché, grâce notamment à leurs trois guitares qui s'entremêlaient. Quelques jours plus tard, Philippe et moi quittions Londres avec chacun un exemplaire du premier maxi de ce groupe, sur le point de sortir chez Creation. Le dique s'appelait Shine on et le groupe The House of Love...
Les Wishing Stones leur ont succédé sur scène. Le groupe de Bill Prince poursuivait dans la lignée de The Loft, avec cependant des compositions moins fortes que celles de Peter Astor. Je crois que c'est cette fois-là aussi que suis reparti de Londres avec leur maxi New ways, offert par Jeff Barrett.
J'ai un meilleur souvenir du concert de Felt ce 24 avril que ce que je vois dans A declaration, même si mon souvenir le plus fort reste le concert de Bruxelles. Globalement, ça a dû être très proche de ce que l'on voit sur le DVD, mais avec un bien meilleur son, une meilleure image, et un choix de titres un peu différent. Il y a même eu un moment magique pendant Primitive painters, leur chef d'oeuvre hypnotique qui a clôt leur concert ce soir-là. Je m'étais un peu déplacé sur le côté de la scène, près d'une grande verrière et à un moment j'ai tourné la tête pour découvrir une lune énorme qui éclairait la City : la ville à l'extérieur semblait comme en communion avec Felt et son light-show à l'intérieur. Ou, pour citer Primitive painters, à ce moment précis la vie pouvait sembler aussi étrange qu'un complot...

A lire, Felt, beautiful losers, un historique du groupe récent, très complet et en français.

26 octobre 2007

THE FLYING WIZARDS MOVE TO PARIS


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 24 octobre 2007
Réf : BNE020 -- Edité par Bonne Nouvelle Edition en France en 2006 -- Echantillon promotionnel interdit à la vente
Support : CD 12 cm
6 titres

Depuis quelques années, Magic, la revue pop moderne, a eu la bonne idée d'habiller les compilations incluses dans son magazine d'une pochette qui parodie/pastiche une pochette de disque existante.
La première fois que je suis tombé sur une de ces compilations, quand on pouvait encore les voir à travers le plastique chez le marchand de journaux, ils s'étaient attaqués au troisième album de Magazine, The correct use of soap, avec une pochette tranformée qui affichait un titre qui conviendrait bien au projet dans son ensemble : MAGICRPM -- The correct use of covers. Evidemment, je n'avais pas pu laisser passer ça !
L'effet de ces pochettes détournées est très fort et souligne bien la puissance des codes graphiques mis en jeu. A condition toutefois que l'oeil ait eu au préalable l'occasion de mémoriser la pochette originale !
En fouinant chez Gilda, je suis tombé par exemple sur une parodie de la pochette du premier album d'Elastica, pas de problème, mais aussi sur une pochette parodiée dont je ne connaissais pas du tout l'originale : ce n'est qu'en trouvant la mention "Magic" quelque part que j'ai pu en déduire qu'il s'agissait d'une pochette détournée.
Pour celle-ci, fournie à l'origine avec le n° 104 de Magic en octobre 2006, pas de problème pour moi : j'ai sauté dessus dès que je l'ai aperçue. Par contre, je pense que la grande majorité des lecteurs de Magic n'a jamais eu l'occasion de voir la pochette originale du 45 tours des Flying Lizards Move on up, un disque qui a moyennement marché et qui n'a jamais été édité en France.
On l'a compris, j'ai acheté ce disque pour sa pochette. Musicalement, malheureusement, pas de grande découverte. Le titre d'Herman Düne extrait de Giant est très bon, mais j'ai déjà l'album. CSS, quand j'avais lu que c'était l'album préféré des journalistes de Libération l'an dernier, j'avais jeté une oreille dessus, sans accrocher, même pas à ce Let's make love et listen to Death From Above. The Rapture et Ratatat c'est pas vraiment mon truc. Je n'avais encore jamais eu l'occasion d'écouter un titre de l'album du retour d'Elli Medeiros, enregistré avec Daho, a un son assez électrique, mais je trouve Soulève-moi pas très renversant.
Seul titre qui me donne envie d'en découvrir un peu plus, le Monsieux X de Bless, qui clôt le disque. Je note d'ores et déjà que, sur l'album, co-réalisé par Mr. Neveux, Eric Deleporte de Perio joue de la guitare.

25 octobre 2007

FRANK ZAPPA / MOTHERS : Roxy & elsewhere


Acquis au Carrefour de Châlons-sur-Marne en 1978 ou 1979
Réf : 69201 -- Edité par DiscReet en France en 1974
Support : 2 x 33 tours 30 cm
10 titres

J'ai eu la chance de ne pas être confronté à la mort pendant toute mon enfance : aucun des membres de ma famille proche n'est mort pendant cette période, pareil pour mes amis, et je n'ai assisté à aucun drame.
Ça m'est tombé dessus au lycée, vers quinze ans. Je suis arrivé un matin en cours, et toute la classe était en ordre dispersé dans le couloir, certains des élèves pleuraient. J'ai demandé ce qui se passait et Christine m'a répondu que Bruno était mort dans un accident de voiture.
J'en ai vite su un peu plus sur les circonstances de l'accident. Ça c'est passé un soir, il y avait du brouillard et il faisait très froid. La voiture dans laquelle il circulait a raté le virage avant le pont qui mène à Sarry en venant de Sogny-aux Moulins et est tombée dans le canal, dont la surface était en grande partie gelée à cette époque de l'année. Seul un des trois passagers a pu sortir de la voiture et remonter sur la berge. Bruno et un de ses meilleurs copains sont morts dans l'accident.
J'avais fait la connaissance de Bruno au moment de notre entrée en seconde. Il avait deux ans de plus que moi, mais aussi des grands frères et pas mal de copains dans les classes au-dessus. Il avait le contact facile et son côté dégourdi et débrouillard me fascinait un peu. Sans devenir particulièrement proches, nous avons commencé à faire pas mal de choses ensemble, avec notamment mes premières sorties de lycéen (concerts, théâtre) et les premières soirées.
A sa mort, je m'étais promis de ne pas l'oublier, et notamment d'avoir une pensée pour lui chaque année à la date de son décès. Force est de constater que, moins de trente ans plus tard, cette date je l'ai oubliée. J'avais gardé en tête un jour en décembre 1977. En y repensant récemment, je m'étonnais même d'avoir fait connaissance aussi vite avec Bruno entre la rentrée de septembre en seconde et sa mort.
Et puis, je suis tombé sur cette photo de classe de l'année 1978-1979 en première. La première fois que je l'ai regardée, je n'ai pas fait particulièrement attention. Je me suis juste étonné qu'il y ait une bonne moitié des visages de ces gens avec qui j'ai passé des dizaines d'heures en cours pendant plusieurs années sur lesquels je ne suis plus capable de mettre un prénom et un nom. La deuxième fois, ça m'a sauté aux yeux : ce gars que je n'avais pas reconnu la fois d'avant, qui réussit à ne pas être ridicule dans cet exercice imposé, ce gars avec son air à la Mick Jagger jeune, sur cette photo probablement prise à l'automne 1978, c'est bien Bruno, sans aucun doute.
Je n'ai aucune autre photo ni aucun document de cette époque au lycée. Je n'ai pas retrouvé chez moi l'avis de décès ni l'article de journal racontant l'accident et lorsque j'ai consulté les archives du journal local aux dates que je pensais être celles de l'accident, je n'ai rien trouvé.
Donc, cette date, non seulement je ne sais plus où elle se situe précisément dans l'année, mais je ne sais même plus quelle année c'était : pas en 1977, donc, alors sûrement en 1978, ou alors en 1979...
De toute façon, cette date n'est pas très importante, sauf pour l'idée que je me fais de la qualité de mes neurones et de mes repères temporels. En tout cas, je n'ai pas oublié Bruno, et je me souviens surtout de la fois où je suis allé chez lui après les cours. Nous avions passé un bon moment à écouter des disques, notamment des EP des Rolling Stones, qu'il tenait d'un de ses frères, et des albums de Zappa, Apostrophe, Bongo fury, l'album en collaboration avec Captain Beefheart, et ce double album live.
A la suite de cette séance d'écoute, avant ou après le décès de Bruno, et en fonction de mes disponibilités d'argent de poche, j'ai acheté deux disques à Carrefour. D'abord l'album (Got live) If you want it des Rolling Stones dans l'édition en collection Age d'or des Rolling Stones, même si la version de Lady Jane qu'on y trouve, avec les cris hystériques du public bien mixés en avant, a peu de choses à voir avec la broderie qu'est la version studio que j'avais écoutée ce jour-là. Et aussi, ce double live de Frank Zappa, Roxy & elsewhere, qui avait un avantage au niveau qualité-prix car il était à "Deux disques pour le prix d'un".
J'ai réécouté ce disque aujourd'hui pour la première fois depuis qinze ou vingt ans. Inutile de préciser que cette musique à mi-chemin entre le jazz-rock et le progressif, avec des musiciens comme George Duke, n'est pas vraiment ma tasse de thé. Ce que je peux vraiment aimer chez Zappa aujourd'hui est à chercher dans les tous premiers Mothers of Invention, particulièrement l'album parodie-hommage au doo-wop Cruising with Ruben & The Jets.
En fait, et ça risque de faire hurler tous mes copains fans de Zappa, la seule chose que j'apprécie vraiment à l'écoute de ce disque, c'est quand Frank Zappa parle, particulièrement sur la première face, qui est celle que j'ai dû le plus écouter : contrairement à l'époque, je comprends l'intégralité du tout premier préambule, j'aime beaucoup quand Zappa lance le premier titre en disant "She's just like a penguin in bondage boy, oh yeah, oh yeah, oh" (mais ça se gâte aussitôt après quand la musique démarre), Pigmy twylyte est sûrement mon morceau de musique préféré du disque et surtout Zappa enchaîne sur les cinq minutes de sketch de Dummy up, où il est notamment question de fumer un diplôme avec une vieille chaussette dedans ! "Smoke that ?!"
A part le préambule avant Cheepnis, il n'y a vraiment rien d'autre pour moi dans ce double album mais, vous l'aurez compris, ce disque a au moins une grande qualité, celle d'être rattaché à des souvenirs qui, grâce à sa présence, ne se sont pas effacés de ma mémoire. Quand j'entends Zappa dire "What is that ? I know what that is", je suis instantanément ramené à cette après-midi dans une chambre de lycéen où il avait peut-être bien fallu que Bruno m'explique ce dont il était question quand Zappa parlait de joint et d'en fumer...!


Ce billet est évidemment dédié à Bruno Fosset.

23 octobre 2007

PATRIK FITZGERALD AND ATTILA THE STOCKBROKER : Spirit of revolution


Offert par Crispin Glover Records par correspondance en octobre 2007
Réf : BACH1/BEAG1CGR004 -- Edité par Crispin Glover en Norvège en 2007
Support : 45 tours 17 cm
Titres : ATTILA THE STOCKBROKER : Comandante Joe -- Lybian students from hell -- Spirit of the age -/- PATRIK FITZGERALD : The next revolution -- Tired

Lorsque j'ai publié début 2005 All the years of trying, une compilation virtuelle de Patrik Ftizgerald, je manquais vraiment d'informations récentes sur lui. Un seul CD était disponible, Safety pin stuck in my heart, le best-of de ses premières années sorti chez Anagram/Cherry Red, et ses deux disques les plus récents étaient Room service, un CD-R édité à 200 exemplaires en 2001, et Pillow tension, un album studio édité en Grèce en 1995 !
Depuis, Patrik, un anglais installé en Nouvelle-Zélande depuis neuf ans, s'est mis sur MySpace, a lancé un site officiel, et surtout il est revenu en Europe pendant l'été 2006 pour une tournée en Angleterre et en Scandinavie. A cette occasion, il a sorti deux CDs, Floating population et The dark side of the room (ce dernier partagé avec le groupe Pog, qui les édite sur son label Beat Bedsit).
Ce 45 tours est l'une des conséquences directes de cette tournée. Il a été presqu'entièrement enregistré live au Credo à Trondheim, en Norvège et édité, j'imagine, par le label de fans qui avaient organisé cette tournée scandinave (et Torgeir de Crispin Glover Records a eu la gentillesse de m'en offrir un exemplaire, quasiment accompagné d'une pochette surprise de cartes postales, d'un CD promo et même d'un badge de Patrik Fitzgerald).
Attila the Stockbroker et Patrik Fitzgerald ont tous les deux débuté comme "poètes punks" à la fin des années 1970, avec quelques autres comme John Cooper Clarke.
J'ai suivi de près l'évolution musicale de Patrik Fitzgerald depuis, mais je connais très peu le parcours d'Attila the Stockbroker. De lui, je n'avais juste qu'à présent qu'un seul titre, A bang and a wimpy, sur la fameuse compilation Pillows and prayers de Cherry Red. Ses trois titres sont live à Trondheim (l'intégralité de son concert a été éditée en CD par Crispin Glover). Il s'accompagne à la mandoline électrique sur ses deux premiers titres, un hommage à Joe Strummer et une chanson anti-xénophobie et termine son concert et la face de ce 45 tours en vinyl rouge par un rap a cappella pour expliquer justement d'être blanc et vieux (50 ans) ne l'empêchera jamais de continuer à "rapper" ses poèmes comme il le fait depuis des années.
Le premier titre de Patrik Fitzgerald est lui aussi enregistré live à Trondheim. Il est dans la veine acoustique de ses débuts avec juste sa voix et sa guitare. Le second titre, Tired, a une histoire un peu plus compliquée. Patrik a enregistré en Nouvelle-Zélande le chant, les guitares et un poème de Jessica Dentont qui passe à l'envers, tandis que des musiciens norvégiens ont complété chez eux l'enregistrement en y ajoutant de la contrebasse, du violoncelle, de la flute, du cor et des sons d'ambiance. Du coup, le résultat est plus proche dans l'ambiance des disques sortis par Patrik accompagné de son Patrik Fitzgerald Group.
Patrik Fitzgerald ne joue quand même pas souvent en concert ces temps-ci, mais il sera justement demain 24 octobre, chez lui à Auckland en Nouvelle-Zélande, en première partie de Robyn Hitchcock. On pourra penser à lui en lisant cette interview inté-récente publiée sur le
fanzine d'Auckland 84 Tigers
.

22 octobre 2007

TRACEY THORN : Plain sailing


Acquis probablement à Paris ou à Londres vers 1983
Réf : cherry 53 -- Edité par Cherry Red en Angleterre en 1982
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Plain sailing -/- Goodbye Joe

Je n'ai pas acheté ce 45 tours à cause de la photo de Doisneau sur la pochette.
Je ne l'ai pas acheté à cause de sa face A, une chanson acoustique plutôt réussie, avec juste Tracey Thorn et sa guitare, extraite de son premier mini-album solo A distant shore. Et pour cause, j'avais déjà Plain sailing sur la compilation Pillows and prayers !
Non, j'ai acheté ce disque pour une seule et unique raison : j'étais fan du Monochrome Set et j'étais très curieux d'écouter la reprise de la chanson Goodbye Joe qui se trouve sur la face B de ce disque.
A l'origine, Goodbye Joe est sorti en 1980 sur le premier album Stange boutique de Monochrome Set. C'est une ballade, avec une guitare électrique pleine de vibrato sur cette version, mais, comme la plupart des chansons du groupe, très mystérieuse et à peu près incompréhensible pour moi à l'époque. Je comprenais quelques bribes de paroles, comme "Kissing him in your dreams" et "He looks so good in technicolour", mais c'est à peu près tout et je ne savais pas, et je n'en ai toujours aucune idée, qui pouvait bien être ce mystérieux Joe !
En tout cas, il est visiblement question de filles éprises de vedettes de cinéma, ce qui donne un relief particulier à la chanson quand elle est chantée par une femme. A part ça et le passage de la guitare électrique à l'acoustique, la reprise de Tracey Thorn est assez fidèle à l'original. Par rapport à la face A du single, la production est un tout petit peu plus élaborée, avec jusqu'à trois pistes de guitare sur le second refrain ! Notons qu'elle modifie très légèrement les paroles : les Greta Garbo deviennent des Judy Garland, mais, chose très bizarre, sur la version du CD de Monochrome Set What a whopper !, sorti dans les années 90 mais censément enregistré au milieu des années 80, Bid chante aussi la version Judy Garland des paroles !
Cherry Red a réussi l'exploit de rééditer en CD Plain sailing, soit 8 titres en 25 minutes à tout casser, sans y inclure Goodbye Joe en bonus. Sauf erreur, on ne trouve cette chanson en CD que sur les compilations Our brilliant careers - 1981-1983 (Cherry Red) et Psychedelic (El).

21 octobre 2007

PASCAL COMELADE : Mètode de rocanrol


Offert par Because Music par correspondance en octobre 2007
Réf : Because0172 -- Edité par Because Music en France en 2007 -- Promo use only -- Not for sale
Support : CD + DVD
14 + 1 titres audio + interview filmée

Ce n'est pas complètement un hasard si je parle de ce disque juste après celui de Georges Jouvin. Certes, je n'avais absolument pas prévu de recevoir le Jouvin cette semaine, mais j'avais fait dès 2004 un lien entre les deux en intitulant la conclusion de Tu m'as trompette mon amour Pascal Comelade et le trompettiste. J'y évoquais notamment un concert de Pascal Comelade à Nantes où il était accompagné par le trompettiste Roy Paci. Dans l'excellente interview filmée qui figure dans l'édition illustrée promo jointe à cet album (interview visible également en ligne sur Dailymotion), Comelade, après avoir écarté tout un lot d'hypothèses quant à son éventuelle filiation musicale, finit par conclure : "Je suis quelque chose comme le fils maudit et imprésentable des grands orchestres des années 60 comme Caravelli, Paul Mauriat, Georges Jouvin, qui produisaient énormément d'albums, qui sortaient les grands succès de l'année avec cent mille violons, avec la trompette d'or etc.". En fait, musicalement, Pascal Comelade me semble plus proche d'Emil Stern et son Piano Magique !
J'attends de pied ferme le premier qui chroniquera ce disque (qui sort le 5 novembre) en claironnant le retour de Pascal Comelade cinq ans après son précédent album studio Psicotic music'hall. Certes, depuis la fin de son contrat avec Delabel, c'est le premier de ses disques à être largement distribué sur le territoire français, à l'exception quand même notable de la bande originale du film Espace détente, la version cinéma de Caméra café, et, vu su son succès, ce film a dû contribuer à populariser sa musique dans de nombreux foyers, prenant ainsi le relais des nombreux documentaires et autres émissions télé qui utilisent ses disques comme habillage sonore (pendant des années, l'agenda des manifestations de France 3 Champagne-Ardenne nous faisait écouter chaque jour en fond sa reprise d'Egyptian reggae de Jonathan Richman), mais pour moi qui me suis lancé dans l'aventure impossible de compiler au fil du temps une discographie de Pascal Comelade depuis 2000, j'en arrive à la conclusion que Mètode de rocanrol est le seizième disque qu'il édite depuis Psicotic music'hall !
Dans le lot, il y a des albums, courts (Musica pop) ou longs (Espontex sinfonia), des compilations, des bandes de films, un livre-cd-catalogue d'exposition, des CDs fournis avec des magazines, un coffret des disques en collaboration (Enric Cassassès, Luis Llach, Alex Barbier), des éditions hyper limitées liées à des manifestations,...
Avec tout ça, il n'est pas étonnant que cet album, quelques mois après la publication de Monofonicorama, une compilation des années 1995-2002, permette lui aussi aux français de tenter de rattraper le temps perdu. Ainsi, la superbe photo de pochette de 1968, The static electric effect of Minnie Mouse on Mickey Mouse balloons, offerte par son auteur Les Krims, est déjà apparue dans le livret de La filosofia del plat combinat en 2004 et au dos de la pochette de Stranger in paradigm, un 25 cm en édition limitée édité par le Festival Musique Action de Vandoeuvre en 2006. Le titre de ce 25 cm est également attribué au morceau, précédemment inédit, qui ouvre cet album.
On trouve également dans Mètode de rocanrol une nouvelle version de Il luna-park galactico, un titre qui figurait sur l'édition espagnole de Psicotic music'hall ainsi qu'une sélection de trois des moments forts d'Espontex sinfonia, l'album sorti en 2006 en Espagne. Si mon oreille ne me trompe pas (cette édition promo ne comprend pas de livret), les versions de ces trois titres très différents l'un de l'autre sont les mêmes : l'excellent Barman de Satan, avec Pep Pascual aux instruments inventifs et à vent, Com un rossinyol amb mal de queixal (Comme un rossignol qui aurait mal aux dents, une instruction de jeu d'Erik Satie pour un titre composé pour Psitt !! Psitt !!, un spectacle chorégraphique de Cesc Gelabert) et The halucinogenic espontex sinfonia, une sorte de boléro interprétée par la Cobla Mil-Lenària, une cobla étant un orchestre d'harmonie catalan (on ne peut souhaiter à Comelade que d'avoir avec ce titre ne serait-ce qu'1% du succès de Ravel avec son boléro !).
Les dix titres entièrement nouveaux sont représentatifs de l'éventail des ambiances musicales travaillées par Pascal Comelade au fil des années : musiques populaires, rock'n'roll, flonflons de fête populaire déjantés, musiques de film (la matrice étant peut-être la musique de Franck Barcellini pour Mon oncle de Jacques Tati).
Parmi ceux-ci, après les premières écoutes, mes préférés sont Jopo de pojo not dead (probablement en référence au héros de BD de Joost Swarte), The indian of the group (probablement en référence au membre des Mothers of Invention Jimmy Carl Black), sauf que j'ai l'impression que la mélodie de cette chanson m'en rappelle une autre et ça m'énerve de ne pas réussir à l'identifier, Elvis loved dogs, le titre au son le plus proche de Psicotic music'hall, qui cite le riff de You really got me à la fin et le très beau Noia de porcellana.
En plus de sortir des disques à tout va, Pascal Comelade participe à des projets divers et variés, de chaque côté des Pyrénées : musiques de spectacles, concerts sur des places de village, vernissages d'exposition, concerts hommages à un autre musicien, collaborations aussi variées que ponctuelles... Même en suivant de près l'actualité, même avec des alertes sur les sites de presse français et espagnols, Pascal Comelade reste la plupart du temps quasiment insaisissable. Par exemple, en septembre 2006, il accompagnait au piano une chorale d'enfant qui interprétait Els segadors, l'hymne catalan, pour une cérémonie officielle nationale. Apparemment, il aurait décidé de jouer tous les hymnes nationaux de tous les pays chaque jour de fête nationale en direct et en public accompagné chaque fois par une chorale en costume ! Personnellement, je ferai tout pour être présent dans la capitale du pays le jour où il interprétera en direct l'hymne national de la Syldavie, un pays méconnu auquel il a consacré en 1993 un album entier, Danses et chants de Syldavie.

20 octobre 2007

GEORGES JOUVIN : Les années Georges Jouvin


Offert par les Retrouvailles Pertuisiennes par correspondance en octobre 2007
Réf : 131007/1 -- Edité par les Retrouvailles Pertuisiennes en France en 2007 -- Tirage limité -- Vente interdite au public
Support : CD 12 cm
29 titres

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce qui compte pour un disque ce n'est pas simplement la musique qu'il contient. C'est aussi, souvent, les petites histoires et les rencontres qui s'y rattachent. C'est d'ailleurs la raison d'être de Blogonzeureux!...
Ainsi, on trouve sur ce disque des choses qui me plaisent, notamment Histoire d'un amour, l'un de mes enregistrements préférés de Jouvin, et aussi When (succès des Kalin Twins, intitulé Viens dans sa version française par Richard Anthony) et des trucs un peu latinos comme Sucu sucu, Pepito et Zou bisou bisou, mais ce qui compte, c'est le concours de circonstance par lequel je me retrouve en possession de ce disque.
En 2004, j'ai publié sur Vivonzeureux! Tu m'as trompette mon amour, un travail à partir des pochettes de disque et des titres de morceaux interprétés par Georges Jouvin. Pendant que j'y étais, j'ai édité fin 2005 une compilation virtuelle de Jouvin, Georges, viens souffler le rock.
A la fin de l'an dernier, j'ai été contacté par l'association Retrouvailles Pertuisiennes 1944-45 qui regroupe 150 adhérents nés à Pertuis en Vaucluse en 1944-45. Ils se souvenaient des soirées dansantes animées à Pertuis par Georges Jouvin et son orchestre à sept reprises entre 1957 et 1971 et souhaitaient le contacter. Je n'ai jamais été en contact avec M. Jouvin, mais j'ai fourni ce dont je disposais, c'est à dire deux adresses possibles pour le contacter.



Georges Jouvin et son orchestre avec Dominique
sur le char du corso fleuri de Pertuis le 9 juin 1963


En 2007, les Retrouvailles Pertuisiennes n'ont pas été autorisées par la mairie à constuire un char pour le corso fleuri, mais les contacts avec Georges Jouvin ont été fructueux et, lorsqu'il est apparu que l'homme à la trompette d'or risquait fort d'accepter d'être l'invité d'honneur de l'une des soirées de retrouvailles de l'association pour le cinquantenaire de sa première prestation à Pertuis, le président de celle-ci m'a contacté à nouveau pour savoir si je pouvais fournir des élements pour la décoration de la salle. Là encore, j'ai fait avec ce dont je disposais, c'est à dire que j'ai envoyé les fichiers des 120 reproductions de pochettes de disque dont je disposais, scannées pour Tu m'as trompette mon amour ou glanées sur internet.
Ensuite, plus de nouvelles jusqu'à cette semaine, quand Michel Seignon, le président des Retrouvailles, m'a à nouveau écrit pour me dire que la soirée avait eu lieu samedi dernier et qu'elle s'était très bien passée. Il avait joint à son messages plusieurs photos, où l'on voyait notamment les nombreux panneaux de décoration fleuris réalisés avec les reproductions de pochettes de disque, et me demandait mon adresse pour offrir au nom de l'association et en remerciement le CD commémoratif édité spécialement pour l'occasion, avec l'autorisation de M. Jouvin, et distribué grâcieusement à tous les participants de la soirée.


Quelques-unes des 120 reproductions de pochettes de disque ayant servi
à la décoration de la salle à Pertuis le 13 octobre 2007


Georges Jouvin interprétant "Trumpet voluntary" à Pertuis le 13 octobre 2007

Gilles Pellegrini, Georges Jouvin et Jacques Bessot dit Kako à Pertuis le 13 octobre 2007

Le CD est arrivé très vite. Il était accompagné du programme de la soirée et, très bonne surprise, d'un livret compilant quelques souvenirs de Georges Jouvin, l'homme à la trompette d'or, l'homme aux 5200 concerts, galas dansants et émissions de télévision, aux 270 albums et 125 45 tours (du coup, l'interprète le plus représenté dans ma discothèque !) et aux 25 millions de disques vendus.
Avec un parcours comme ça, on se doute qu'il a une foule d'anecdotes à raconter. J'en partage une avec vous ci-dessous (On peut voir Georges Jouvin en raconter une autre dans une interview vidéo sur le site de la SACEM)et je me réjouis de faire très régulièrement, grâce à Vivonzeureux! et Blogonzeureux!, des rencontres à distance aussi sympathiques que celle-ci.



L'une des anecdotes racontées par Georges Jouvin dans le livret distribué aux participants de la soirée du 13 octobre 2007 (cliquer pour agrandir)

15 octobre 2007

THE 4 KNIGHTS : Sing


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 14 octobre 2007
Réf : EAP 1-414 -- Edité par Capitol / Pathé-Marconi en France vers 1953
Support : 45 tours 17 cm
Titres : (It's no sin) -- Charmaine -/- Cry -- The glory of love

Dans mon coin, le vide-grenier de Magenta est l'un des plus grands et des plus sympas de l'arrière-saison. Alors en plus, quand il fait un grand beau temps...
Tout près du fameux camion qui vend du boudin chaud, cette dame avait quelques 45 tours sur une table. J'ai d'abord été attiré par un EP des Platters en bon état, avec Only you bien sûr, mais surtout The great pretender, une chanson à laquelle il suffit que je pense, même plus besoin de l'écouter, pour l'avoir en tête toute la journée.
On m'a annoncé le prix à 50 centimes et j'ai donc entamé le passage en revue de la vingtaine de disques avec d'autant plus de conviction. Et là, le genre de découverte qu'on ne fait malheureusement pas toutes les semaines : des EPs d'une cinquantaine d'années, comme neufs, pour la plupart en pressage américain. La plupart étaient des hits populaires des années 50 (2 volumes de Hits of 54 chez Capitol) et j'en ai extrait deux superbes disques de Les Paul et Mary Ford, un 45 tours sans pochette de Red Foley (très bonne version de Peace in the valley) et ce disque des 4 Knights, dont j'ai tout de suite su que ce serait le plus intéressant du lot pour moi : vu le nom du groupe et la photo de pochette, je me suis dit qu'au pire c'était du gospel et au mieux du doo-wop !
J'ai essayé d'en savoir un peu plus sur ces disques et la propriétaire du stand m'a dit qu'elle les tenait de son arrière-grand-mère, qui les a gardés précieusement des années avant de décider de s'en débarrasser. Elle parlait de son arrière-grand-mère au présent, et, vu son âge, si la brave dame est effectivement toujours des nôtres aujourd'hui elle doit bien être centenaire !
En tout cas, l'arrière-mamie avait une sacrée collection de disques, puisqu'il y avait aussi deux classeurs qui contenaient une des 45 tours sans pochette, certains en vinyl rouge, dont plusieurs d'Edith Piaf. Sans parler de la caisse d'albums que l'arrière-petite-fille a vendu 50 € lors d'un précédent vide-grenier...
Ça se pratiquait à l'époque : la pochette est visiblement la pochette américaine, avec de la publicité en anglais au dos pour toute une série de EPs, de Stan Kenton à Skeets McDonald, en passant par Tennessee Ernie et les Four Freshmen, et seule une étiquette de code-prix "M" sur la pochette et une toute petite mention "Manufactured in France by Pathe-Marconi" sur la rondelle identifient ce disque comme un pressage français. C'est pareil pour les Les Paul & Mary Ford, également édités chez Capitol.
Dès les premières secondes de (It's no) Sin, j'ai su que je ne m'étais pas trompé. Je pense que les quatre chanteurs et la guitare électrique qu'on voit sur la pochette sont les seuls ingrédients musicaux utilisés pour cette reprise d'un tube de 1951 des Four Aces composé par George Hoven, et c'est le dépouillement des arrangements et la pureté de l'interprétation du quatuor vocal qui font de cette version d'une chanson d'amour assez commune un moment magique, un peu comme quand, sur scène, Jonathan Richman interprète en solo en dernier rappel Coin de rue ou Que reste-t-il de nos amours ?. Ce moment magique est prolongé sur la fin quand le dernier refrain est repris par un sifflement très réussi.
La production est la même sur les trois autres titres, mais ils ne me font pas tout à fait le même effet. Charmaine a un petit côté jazzy, Cry souffre un peu d'avoir la plus haute des quatre en solo mais The glory of love, reprise d'un tube écrit par Billy Hill, une autre chanson lente avec du sifflement, est ma préférée après (It's no) Sin.
C'est sur All Music que j'ai trouvé la biographie la plus détaillée des Four Knights. Ils ont effectivement commencé en chantant du gospel dans les années 40 et se sont produits jusque dans les années 60, mais avec pas mal de changements de personnel après le milieu des années 50. Chez Capitol, ils ont sorti plus de quarante singles et deux albums et c'est là qu'ils ont eu le plus de succès avec leurs ballades pop très douces. Ils ont également accompagné Nat King Cole.
Il existe plusieurs compilations des Four Knights en CD, notamment Jivin' and smoothin' et Oh baby ! : Best of, vol. 1 sur lesquelles on retrouve la plupart des titres de ce 45 tours.

14 octobre 2007

THE TRUFFAUTS : French songs


Offert par Ronald Chateauroux par correspondance en octobre 2007
Réf : [sans] -- Edité par The Truffauts en Allemagne en 2007 -- Non commercialisé
Support : CD 12 cm
11 titres

C'est par Jean-Pierre Moya de RockoMondo que j'ai entendu parler des Truffauts pour la première fois, il y a moins d'un an. J'avais tellement apprécié leur Histoire des moutons, proposée en téléchargement dans le billet, que je l'avais programmée sur mon radio-blog, en précisant que j'ai une affinité particulière pour les chansons en français chantées par des non-francophones.
Et c'est vrai que j'ai remarqué au fil du temps que j'aime bien entendre des "étrangers" chanter en français : Kevin Ayers avec Puis-je ?, Julian Cope avec Traison, Jonathan Richman reprenant Aznavour ou Chevalier, Dogbowl qui a carrément traduit et interprété toutes ses chansons en français pour un concert à Bruxelles et plein d'autres. Outre l'accent exotique, je crois que ce qui me plait c'est qu'il y a souvent dans ces interprétations une façon d'utiliser le vocabulaire et de torturer la grammaire qui accentue la poésie de la langue et la rend mieux adaptée au rock. Ça produit souvent des phrases qui passent très bien dans les chansons, mais qu'aucun français ne se serait jamais risqué à chanter.
[Petit aparté : on pourrait peut-être conseiller à tous les groupes français qui n'imaginent pas chanter autrement qu'en anglais de faire traduire leurs paroles anglaises en français par un non-francophone...]
Alors, quand Ronald des Truffauts m'a contacté pour me proposer de m'envoyer une compilation maison de leurs chansons en français, j'ai tout de suite dit oui, en demandant juste, après avoir regardé leur discographie, s'il pouvait y ajouter leur reprise du Pablo Picasso des Modern Lovers.
Les Truffauts ont sorti leur premier album en 1987. Le neuvième, Tous les dimanches, date de 2006. Ils jouent une pop-rock qui peut parfois faire penser, dans le domaine français, à Louise Attaque, à Cyclope ou à Noir Désir. Les références qu'ils ont égrenées au fil des années sur leurs disques peuvent également donner une idée de leur style : outre les Modern Lovers (leur version de Pablo Picasso est très bonne), ils ont repris le Velvet Underground (Venus in furs). Dans leurs titres de chansons, on trouve des références aux Smiths (Girlfriend in a coma), aux Troggs (I can't control myself), à Doris Day et à une certaine Polly Jean...
Du nom de groupe au pseudo de ses membres, leur francophilie est évidente, et en plus elle s'est donc traduite très régulièrement sur quasiment tous leurs disques par l'enregistrement de chansons originales en français, que Ronald a donc compilées pour moi sur ce disque.
L'histoire des moutons, une ballade acoustique aux paroles très réussies ("Quand on s'est connus, on avait des boutons et on croyait qu'on en aurait pour la vie, c'est l'histoire des moutons, c'est ce jour là qu'elle commence, c'est l'histoire des moutons, qu'est-ce qu'on était cons, c'est l'histoire des moutons, c'est notre déclaration", sauf erreur de ma part) reste une de mes chansons préférées du disque, mais j'aime aussi beaucoup les deux version de Fanny, dont la première figurait sur leur premier album en 1987, les deux également d'A la terrasse d'un café (une électrique, ma préférée, et une plus franchouillarde à l'accordéon). Eteins la lumière n'est pas une reprise d'Axel Bauer, mais est bien (voire mieux) quand même. Tous les dimanches me ferait presque penser au Biff, Bang, Pow ! de The girl who runs the beat hotel et se termine évidemment par le refrain "Vivement dimanche !".
En vingt ans de carrière, les Truffauts ont joué en Allemagne et aux Pays-Bas mais, malgré leur nom, ils désespèrent encore de donner leur premier concert en France. Alors, si vous programmez des concerts ou si vous organisez un festival, n'hésitez pas à faire appel à eux, ils seront très contents de se déplacer.



08 octobre 2007

JAN ROHDE & THE WILD ONES : Letkiss = Jenka


Acquis sur le vide-grenier de Val-de-Vesle le 16 septembre 2007
Réf : EGF 780 -- Edité par La Voix De Son Maître en France en 1965
Support : 45 tours 17 cm
Titres : At the Jenka show -- The cuckoo Jenka -/- Letkajenka -- Doin' the Jenka

Moins d'une minute après le Gabilou, je suis tombé sur ce disque et j'ai tout de suite décidé de l'acheter, sans aucune hésitation, car le titre de cet EP me donnait, sous la forme d'une équation, la réponse à une question que je me posais régulièrement depuis quelques mois sans avoir pris la peine de chercher à y répondre.
En effet, j'ai acheté il y a environ deux ans un excellent 45 tours de Johnny and Charley, La Yenka, un pressage ibérique d'un disque chanté en espagnol par deux européens du nord. Ce disque a eu un certain succès en Europe et il n'est donc pas rare. Comme il est bon, en plus, surtout les deux titres La Yenka et Baïlar la Yenka, il fait depuis longtemps le bonheur de passeurs de disques tels que ceux de l'Opération Kangourou et il a même eu l'insigne honneur de figurer il y quelques semaines dans la série en cours des 365 days publiée sur le blog de WFMU.
Et donc, je n'avais jamais pris le temps de le vérifier, mais j'étais à peu près certain que cette danse, la Yenka, c'était tout à fait la même qu'une autre danse à la mode des années 60 originaire de Scandinavie, le Letkiss. Pourquoi ça ? Parce qu'à l'oreille, en fonction de mes souvenirs, je trouvais que les deux se ressemblaient beaucoup, et puis parce que, le nom finlandais du Letkiss semblait être Letka jenkka, ce qui quand même est très proche de Yenka.
C'est donc probablement pour éviter toute confusion que le titre français de ce disque donne l'emblée la solution : Letkiss = Jenka (= Yenka pendant qu'on y est). En Scandinavie, ce disque s'intitulait tout simplement 4 x Jenka...
Avec un nom de groupe comme Les Sauvages, j'avais un peu espéré être tombé sur une version rock'n'roll, voire même garage, du Letkiss, mais non, grosse déception. Les Wild Ones jouent plutôt acoustique et très sagement, avec au mieux une légère tonalité Shadows dans le son acoustique. Et double déception avec Jan Rohde qui, même s'il a un look à faire peur jusque et y compris sur son mémorial en ligne (il est mort en 2005 ; ici, J.R. a quand même une tête beaucoup plus avenante !), chante plutôt doucement sur deux titres, plus comme un crooner que comme un rocker, autrement dit plus comme Elvis en 65 que comme Elvis en 55.
En 1980, Jan Rohde interprétait encore, avec les Cool Cats, une version très fidèle de At the Jenka show, même s'il avait un peu de mal à danser et chanter en même temps.
En tou cas, plutôt que de rechercher ce disque, je vous conseillerais de télécharger La Yenka de Jonny and Charley chez WFMU, bien plus drôle avec son mélodica, sa basse et son espagnol massacré !

06 octobre 2007

IF I COULD WRITE POETRY - A TRIBUTE TO TELEVISION PERSONALITIES


Offert par Wally S. par correspondance en août 2007
Réf : BEAUTY 005 -- Edité par The Beautiful Music au Canada en 2005
Support : 2 x CD 12 cm
32 titres

On sait que les Television Personalities sont un groupe qui, depuis des années, suscite autour de lui un culte de la part de ses fans complètement disproportionné par rapport à son succès public (mais peut-être pas par rapport au nombre d'excellents disques qu'ils ont édités).
On sait aussi que les albums hommage à des artistes réputés, qu'ils soient pilotés par un label ou des fans, sont souvent un peu décevants et, au mieux, suscitent l'envie de retourner écouter les version originales. Parmi les rares exemples d'albums hommage réussis, je pourrais citer le I'm your fan des Inrockuptibles, The bridge en hommage à Neil Young avec notamment le Winterlong des Pixies, This is where I belong en hommage aux Kinks et bien sûr les deux volumes de Can you talk to the dude ? d'Alienor Records consacrés à Jonathan Richman dans les années 1990.
Ceci étant posé, l'expérience prouve que bien souvent la principale qualité des albums hommage c'est de donner envie de retourner écouter les versions originales !
Avec cet hommage aux Television Personalities, The Beautiful Music a vu les choses en grand. En très grand, même. Non contents d'éditer un CD 20 titres avec un CD collector bonus de 12 titres en édition limitée, ils ont annoncé d'emblée qu'il s'agissait du premier volume d'une série qui doit en compter dix ! Dix, on ne sait pas pourquoi, mais le second volume, I would write a thousand words est paru début 2007 et la préparation du troisième est déjà bien avancée (S'ils continuent à suivre le refrain de la chanson If I could write poetry des TVPs, il devrait s'intituler To tell the world that I love you !).
La grande qualité de cette série est que ses concepteurs ne se sont pas contentés de faire appel à des groupes contemporains pour enregistrer ces reprises. Ils ont eu la bonne idée de solliciter également des gens qui, dans le passé, ont eu l'occasion de côtoyer les Television Personalities et ils ont en plus pris le parti de puiser dans le stock de reprises de Television Personalities déjà publiées au fil de ces presque trente dernières années.
Ça nous donne donc un disque assez varié, avec des notes de pochette signées Nikki Sudden, qui propose également une reprise du titre If I could write poetry commencée en 1986 et terminée en 2004, et des citations en exergue d'Ed Ball (The Times et surtout ex-membre des TVP's), Alistair Fitchett et Alan McGee, dont on trouve ici la reprise de Someone to share my life with qu'on trouvait à l'origine sur l'album Songs for the sad-eyed girl de Biff, Bang, Pow ! en 1990. On a également fait appel à Colin Swan, des Direct Hits, auteur en 1984 d'un premier hommage à Dan Treacy sous le pseudonyme de The Open Door, dont une nouvelle reprise de A picture of Dorian Gray figure sur le CD bonus.
Je n'aime évidemment pas tout sur ce disque. Les titres qui ont tendance à me plaîre le plus sont ceux qui sont assez pop et rapides, qui conservent bien la mélodie originale. Il y en a de longues séries enchaînées sur chacun des deux disques, des Baskervilles qui reprennent La grande illusion à Sixtynine And The Continuous People, un groupe italien qui anime l'un des sites consacrés aux TVPs et qui reprend excellemment le très beau The girl who had everything, en passant par le World of Pauline Lewis des Thanes, remix d'un single sorti en France dans les années 90 ou le This angry silence des Two Angry Men.
J'aime également beaucoup la séquence qui propose Stop & smell the roses par Darrell Whitbeck, Diary of a young man par Nick Danger & The DCR (un groupe canadien qui a sorti plusieurs disques chez The Beautiful Music), The dream inspires par The Happy Couple et In a perfumed garden par The Void.
Au bout du compte, on une preuve de la qualité de cette compilation quand on finit par se dire que le titre qui clôt le disque bonus, une version live de Silly girl par les Television Personalities eux-mêmes enregistrée dans les années 90, ne figure pas parmi les meilleurs titres du disque !

If I could write poetry est en vente ici.