25 mars 2017

DISCO MEETS OLDIES


Acquis dans un dépôt-vente de la Marne vers la fin des années 1990
Réf : 200 854 -- Édité par Ariola en Allemagne en 1979
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Ben voilà. A force de parler de The Creation et de Television Personalities, j'ai ressorti cette compilation disco allemande de mes étagères. Vous y avez échappé plusieurs fois ces onze dernières années, quand j'ai hésité à la chroniquer, mais j'allais bien finir par craquer...
Je n'avais pas démarré ce blog quand j'ai acheté ce disque, 10 francs neuf dans un dépôt-vente il me semble, mais c'est bien pour son côté kitsch que je l'ai pris, avec sa photo de pochette complètement années 1970 et sa sélection de reprises à la sauce disco.
Quand on lit le titre Disco meets oldies, il faut comprendre Disco meets sixties, car c'est uniquement dans la décennie précédente que les producteurs de ces titres ont pioché pour trouver de la matière pour ces versions disco datant pour la plupart de 1978. Il faut dire qu'il y a de la matière dans les sixties question bonnes chansons immortelles résistant à tous les traitements, et les punks ne s'y sont pas trompés, qui en ont beaucoup repris aussi, comme toutes les générations dans tous les styles musicaux depuis.
Comme de bien entendu, l'album s'ouvre avec les deux plus gros tubes du lot. Painter man, la reprise par Boney M du titre de The Creation, donc, également interprété en 1982 par Television Personalities. On trouve cet enregistrement sur le troisième album du groupe, Nightflight to Venus et en face B du 45 tours Rasputin dans certains pays. En Angleterre, ce titre a été édité en face A de 45 tours et a atteint la dixième place des ventes. Pas aussi bien que Rasputin (n° 2), mais à n'en pas douter cette reprise a dû rapporter plus à Eddie Phillips et Kenny Pickett que leur version originale.
C'est sûrement le cas également pour le second titre, Knock on wood par Amii Stewart. La chanson d'Eddie Floyd de 1966 a souvent été reprise, par Otis Redding et Carla Thomas ou David Bowie, notamment, mais c'est cette version qui a eu le plus de succès. C'est bien sûr celle qui m'a fait découvrir cette chanson quand je l'écoutais à la radio en 1978. Sur son premier album, Amii s'attaquait également à Light my fire, et ce fut aussi un tube.
On se rend compte à cette occasion qu'après Kraftwerk et bien avant les groupes New Wave ou plus tard New Order, les producteurs disco faisaient un sacré bon usage des séquenceurs.
Après cette première salve parfaite, il y a à boire et à manger dans le reste du disque. Tout dépend du degré d'amour qu'on a pour la chanson originale ou du traitement qui lui est infligé.
Quelques noms connus émergent dans le lot, quand même, à commencer par Trini Lopez, un peu égaré ici car lui est une vraie star des années soixante, mais il est présent car, comme tout le monde à l'époque, il s'est plus ou moins mis au disco, mais avec une reprise d'un titre sixties qui n'est pas de lui, Elenore des Turtles, sorti en France en face B d'une version de son plus grand succès If I had a hammer (je le sais, j'ai ce disque !).
Sinon, vous ne le saviez peut-être pas, mais l'assemblage disco-rock a existé, bien avant I was made for lovin' you de Kiss (attention, j'ai le maxi en vinyl rouge !). La preuve ici avec les bien-nommés sud-africains Disco Rock Machine, qui s'attaquent à You really got me des Kinks, avec John Ireland qui s'en prend lui à Sunshine of your love de Cream, et avec Rockets, groupe français de space rock, plus connu, qui fait On the road again de Canned Heat. Comme Daft Punk, ils adoraient le Vocoder mais, plutôt que d'un casque intégral, ils se couvraient le visage de peinture grise pailletée.
Bon, vous voyez rien que du bon. Pour un peu, je passerais tous les titres en revue un par un. Mais je vais me contenter d'en mentionner seulement deux autres. Suspicious minds par Judy Cheeks, la preuve éternelle qu'il est impossible d'enregistrer une mauvaise version de cette chanson d'Elvis Presley, et Wooly bully par Hit & Run. Non pas que cette version soit exceptionnelle, mais parce que dans ce groupe anglais de reprises disco, on trouve le guitariste Paul Fox et le batteur Dave Ruffy, par ailleurs membres de The Ruts ! Comme quoi, je peux peut-être espérer tomber un jour sur une compilation Disco meets Punk !


Boney M, Painter Man, en concert à Dublin en 1978, avec Sly Stone à la guitare.


Knock on wood par une Amii Stewart renversante dans le Sacha Distel Show, probablement en 1979.


Judy Cheeks ne manque pas de culot mais est prise au piège avec son interprétation de Suspicious minds dans une émission de télévision espagnole.


Rockets On the road again à la recherche du Vocoder perdu.


Gilla fait preuve de souplesse pour interpréter Bend me, shape me.

18 mars 2017

TELEVISION PERSONALITIES : Three wishes


Acquis probablement chez Rough Trade à Londres en juin 1982
Réf : WHAAM 4 -- Édité par Whaam ! en Angleterre en 1982
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Three wishes -/- Geoffrey Ingram -- And don't the kids just love it !

Donc, mon livre Television Personalities : Journal d'un fan de chambre, est disponible et peut même être téléchargé gratuitement.
Pour fêter ça, j'ai ressorti cet excellent 45 tours Whaam!, l'un des premiers disques du groupe que j'ai acheté et toujours l'un de mes préférés. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la compilation virtuelle Diary of a young fan, présentée dans le livre et (non) disponible sur Vivonzeureux! Records, commence et finit avec la chanson Three wishes, dont j'ai toujours apprécié le refrain des plus simples, "Si j'avais trois voeux à faire, j'en demanderais trois de plus".
J'ai découvert Television Personalities avec trois compilations Rough Trade, Wanna buy a bridge ?, sur laquelle il y avait Part time punks, et Best / Rough Trade et NME / Rough Trade C81, où on trouvait Magnificent dreams.
Le premier disque que j'ai acheté, c'est le deuxième album Mummy your not watching me début 1982. Quand je suis parti en vacances à Londres pour la deuxième fois en juin 1982, j'avais reçu pour mission de la part de Philippe R. et François B. de leur ramener respectivement pour 200 F. et 100 F. de disques pas cher, surtout de chez Rough Trade. Ils ont eu droit, entre autres, à ...And don't the kids just love it pour le premier et I know where Syd Barrett lives pour le second (un très bon rapport qualité-prix et un très bon investissement si on regarde la cote actuelle...). Pour ma pomme, j'ai acheté une nouveauté, ce 45 tours Three wishes qui venait de sortir, présenté dans une pochette minimale, une feuille A4 noir et blanc photocopiée et pliée.
J'étais jeune et je manquais de certaines références culturelles : j'avais dû voir passer le nom d'Andy Warhol quelque part, mais je n'avais aucun moyen de douter qu'il soit l'auteur des trois chansons du disque, comme indiqué sur l'étiquette, ni qu'il ait co-produit la face B, avec Timothy Leary s'il vous plaît. C'était bien sûr de bonnes grosses blagues. Je ne captais pas non plus à l'époque les références à Roy Lichtentstein du nom du label et de l'illustration sur les rondelles.



On dispose de peu d'informations précises sur le parcours de Television Personalities. Pour la rédaction du livre, le site televisionpersonalities.co.uk m'a été d'une aide précieuse. Je suis sûr que c'est là que j'ai trouvé les deux parties de The true story, un texte de Dan Treacy publié en 1985 dans le Television Personalities Fan Club ‘zine. En tout cas, heureusement que j'ai téléchargé et sauvegardé ces textes car aujourd'hui je suis incapable de les trouver en ligne.
Voilà ce qu'écrit Dan sur l'époque de la publication de ce disque :
"At the start of 1982 we started a new label, Whaam! Ed had left the TVPs now and changed his bands name to THE TIMES. I did not want anyone to replace Eddie and I decided to start anew with a new name… THE GIFTED CHILDREN (a name Joe had previously thought of). The first two releases were THE TIMES ‘RED WITH PURPLE FLASHES’ and GIFTED CHILDREN’S ‘PAINTING BY NUMBERS’. The new bassist for the ‘CHILDREN’ was a chap called Bernie Cooper who was a friend of Mark. Again I received a surprise phone call with an offer of more German dates for the TVPs.
Actually there were only two dates but the fact that one of them was supporting the legendary NICO of the Velvet Underground was the only excuse I needed to ‘reform’ the TVPs. As nobody knew we had ‘split up’ it made no difference. (...) But what happened to Bernie the new bass player?… you tell me!… he just vanished without trace.
Before leaving for Germany, myself, Mark and Bernie had recorded some more tracks for a proposed GIFTED CHILDREN LP. On return though I decided the TVPs had to storm back with some great records so the plan was for a TVPs LP. Eddie had some time free and he joined me and Mark and we recorded some more songs and I put these together with the previously recorded tracks and this was ‘MUMMY YOUR NOT WATCHING ME’ LP. (...)
I released the next TVPs single ‘THREE WISHES’ soon after. It was an unreleased track from the sessions with Mark and Bernie. The b-side was the title track of the first lp ‘And Don’t The Kids Just Love It!’ which did not appear on the lp strangely… and the different and original version of GEOFFREY INGRAM complete with primitive CLAPTRAP EFFECTS. Rough Trade preferred the version without hence it being omitted."
Donc, on apprend que c'est quand Ed Ball a quitté les TVPs pour se concentrer sur son groupe The Times que Dan a décidé de créer The Gifted Children, qui ont sorti un 45 tours qui est la première référence de leur label Whaam!. D'autres titres ont été enregistrés en vue d'un album par une formation comprenant Dan, le batteur du premier album Mark Sheppard et Bernie Cooper à la basse (soit dit en passant, une des choses que j'ai découvertes en écrivant le livre c'est que Mark Sheppard, qui avait à peine quinze ans lors de ses débuts avec TVPs, est devenu acteur par la suite et mène une carrière internationale à la télévision et au cinéma).
Alléché par la possibilité d'ouvrir pour Nico en Allemagne, Dan a reformé Television Personalities, puis Bernie Cooper a disparu et Dan, Mark et Ed Ball ont enregistré d'autres titres. Ces deux sessions ont fourni la matière pour Mummy you're not watching me. Three wishes date de la première de ces sessions, prévue pour The Gifted Children.
Cette version 45 tours de Three wishes me plaît toujours autant, même 35 ans plus tard, avec l'intro à la basse de Bernie, la batterie au son sec de Mark et l'orgue/synthé de Dan. Une autre version de Three wishes, plus longue et un peu plus électrique, a été publiée un peu plus tard en 1982 sur l'album They could have been bigger than The Beatles, qui regroupait des enregistrements rares ou inédits de la période 1977-1981. A l'époque, j'avais été très déçu par cette version. Aujourd'hui, je dois bien admettre qu'elle est tout aussi bonne que l'originale, mais celle-ci, la première que j'ai connue, gardera toujours ma préférence.
L'autre version de Three wishes qu'on trouve sur la compilation virtuelle, c'est celle extraite de la compilation Alive in the Living Room, enregistrée le 10 février 1984 et interrompue par la police. J'étais présent, assis aux pieds de Dan après avoir présenté le groupe au micro en début de concert.
Si on lit bien Dan, on comprend que les deux titres de la face B datent des sessions de l'album ...And don't the kids just love it, paru en janvier 1981. La version de Geoffrey Ingram qu'on trouve ici est la version originale, avec du piano et des effets sonores d'appludissement à la fin qui ne plaisaient pas trop à Rough Trade. La version retenue pour l'album est sans piano, avec plus de guitare et de choeurs. Toutes les deux sont excellentes !
Je n'arrive pas à trouver en ligne la chanson And don't the kids just love it, qui a pourtant été reprise en 1995 sur la compilation Yes darling, but is it art ?. Croyez-moi sur parole, c'est ce qui se rapproche le plus chez TVPs d'un titre funky ! Elle fait partie du club bizarrement pas si restreint des chansons qui ont donné leur titre à un album sans y figurer. Comme Psychocandy de The Jesus and Mary Chain, en face B de Some candy talking, ou Almost blue d'Elvis Costello, mise sur l'album suivant Imperial bedroom, tandis que la chanson Imperial bedroom a échoué en face B des singles Man out of time et Party party.

12 mars 2017

THE CREATION : Creation by Creation for Creation


Acquis par correspondance via Discogs en février 2017
Réf : CRESCD 200P -- Édité par Creation en Angleterre en 1994 -- Promotional copy only
Support : CD 12 cm
Titres : Creation -- Shock horror -- PowerSurge

Visiblement, ils se sont bien amusés les amis de Creation quand il s'est agi de marquer le coup pour la 200e sortie de single du label, guère plus de dix ans après la première, 73 in 83 par The Legend !.
Pour l'occasion, il a été fait appel à Joe Foster, le producteur attitré des premiers disques, ex-membre de Television Personalities et à ce titre préfacier de mon tout récent livre Journal d'un fan de chambre. Joe avait entre-temps lancé son label de réédition Rev-Ola et c'est sans doute lui qui avait les contacts nécessaires pour retrouver les membres d'époque du groupe sixties The Creation et produire avec eux un nouveau disque. Ça m'a longtemps paru un exploit car je croyais que The Creation était un groupe américain. Mais je me trompais, ils étaient anglais, ce qui a dû faciliter les choses, et ils n'étaient sûrement pas si difficiles à retrouver car une version du groupe tournait régulièrement depuis le milieu des années 1980.
The Creation, c'est bien sûr le groupe psychédélique qui a inspiré le nom du label Creation Records.
Pour ma part, les premiers contacts avec ce groupe se sont faits par l'intermédiaire des reproductions de pochette ou de disque en pochette intérieure de All mod cons de The Jam et en recto de pochette de And don't the kids just love it de Television Personalities. Puis, il y a eu en 1982 les reprises de Painter man et Making time sur le troisième album de ces mêmes Television Personalities, They could have been bigger than The Beatles. Ce n'est que des années plus tard que j'ai appris que Boney M avait aussi repris Painter man, dès 1978 sur l'album Nightflight to Venus.
Ensuite, bien sûr, j'ai eu mes aventures avec Biff, Bang, Pow !, le groupe d'Alan McGee nommé d'après une chanson de The Creation, et à cette époque Luke Hayes, de Chromatone Design et The Revolving Paint Dream, m'a même offert son exemplaire du 33 tours compilation chez Edsel How does it feel to feel.
Donc, pour leur 200e single, les gars de Creation Records se sont dit qu'ils allaient sortir un disque de The Creation. Et, pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, il y en a un dans la bande, soit du label soit du groupe, qui s'est dit que ce serait drôle d'appeler le titre principal Creation !
Voilà comment on se retrouve avec ce Creation by Creation for Creation, qui rendait bien sur les pubs dans la presse, qui a donné aussi un peu de quoi causer, même si au bout du compte le disque n'a pas eu un très grand impact.
Et, pour faire référence à leurs débuts, les rigolos du label ne se sont pas arrêtés là. L'édition limitée en 45 tours était affublée du pochette en papier pliée en deux, glissée dans un sac plastique, tout comme les vingt premiers 45 tours édités par le label. Sauf que, contrairement à ce qui se passait dix ans plus tôt, je suis bien sûr qu'Alan n'a pas passé des nuits entières chez lui dans son minuscule salon à plier les pochettes pour pouvoir mettre les disques en vente !
Une bonne idée, donc, ce disque, malheureusement, à l'écoute, sans être mauvais, ce n'est pas renversant.
Tout d'abord, quasiment plus rien de psychédélique dans le son, c'est du rock électrique, comme en produisaient beaucoup de groupes Creation à l'époque, d'ailleurs. Et la voix de Kenny Pickett est assez haut perchée, ce qui fait qu'à mon sens on n'est parfois pas très loin du hard rock.
Creation a un refrain assez efficace et est ma préférée du lot, Shock horror est assez quelconque, mais j'aime mieux PowerSurge.
Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais il a fallu attendre 1996 pour que Creation sorte Power surge (avec un espace), un album de douze titres, dont les trois de ce maxi.
Kenny Pickett est mort en 1997. Une version de The Creation tourne encore actuellement, avec comme seul membre de la formation originale, le fameux guitariste Eddie Philipps.

Le label Edsel, qui avait sorti en 1982 How does it feel to feel, une compilation marquante de The Creation, vient d'éditer un coffret 4 CD-1 DVD, Creation theory, qui contient notamment les douze titres de Power surge.


The Creation en concert au Mean Fiddler à Harlesden le 22 août 1995.

10 mars 2017

JC BROUCHARD : Television Personalities : Journal d'un fan de chambre


Acquis par correspondance chez The Book Edition à Lille en mars 2017
Réf : 978-2-9536575-7-9 -- Edité par Vivonzeureux en France en 2017
Support : 123 p. 20 cm
7 titres

Mon nouveau livre, Television Personalities : Journal d'un fan de chambre, vient de paraître, sous mon pseudonyme de JC Brouchard. Si on compte ceux sortis sous le nom de Pol Dodu, c'est le septième depuis 2010.
Ce journal, récemment redécouvert, couvre les années 1981 à 1984. Il retrace mon parcours de lycéen de province, de ma chambre d'étudiant chez mes grands-parents aux concerts Living Room organisés par Creation Records à Londres.
Il me donne surtout l'occasion de rendre hommage à Television Personalities, le groupe de Dan Treacy.
Ce livre bénéficie de deux préfaces, par Joe Foster, ancien membre de Television Personalities, producteur émérite et patron de label (actuellement, Poppydisc), et Jean-Daniel Beauvallet, rédacteur en chef aux Inrockuptibles, l'un des organisateurs en 1985 du premier concert de Television Personalities en France.

Le livre numérique est disponible en téléchargement gratuit (format pdf). Seul le livre imprimé est payant (9 € port compris).

Étant donné que Television Personalities est un groupe culte qui a des fans dans le monde  entier, le livre sort simultanément dans une traduction anglaise sous le titre Television Personalities : Diary of a young fan.

Plus d'infos et liens pour télécharger gratuitement le livre numérique ou acheter le livre imprimé chez Vivonzeureux!

05 mars 2017

LA FANFARE DES SAINTS-PÈRES DES BEAUX-ARTS : Un tout petit pantin


Acquis chez Récup'R à Dizy le 17 février 2017
Réf : EPL 8 553 -- Édité par Vogue en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Un tout petit pantin (Puppet on a string) -- Sur les hauteurs de l'Himalaya -/- Non pas ce soir (No milk today) -- Je chante pour moi

Je passe régulièrement à la ressourcerie près de chez moi mais, depuis le lot de 33 tours Vogue que j'y avais acheté en septembre dernier, je n'avais pas eu l'occasion d'y faire d'autres trouvailles discographiques.
Sauf l'autre jour où, en prenant la peine de parcourir tous les 45 tours dans les quelques boîtes à chaussures disponibles, j'ai fini par dégoter tout au fond deux disques intéressants, Don't let me be misunderstood, un deux titres en bon état de Nina Simone que je n'avais pas, et cet EP. C'est un hasard que ce soit aussi un disque Vogue car je suis bien sûr qu'il ne vient pas du même lot que les autres.
Initialement, je me suis dit "Bof, encore une fanfare, je ne vais peut-être pas prendre ça". Puis j'ai vu que le premier titre indiqué était Un tout petit pantin, le tube Puppet on a string de Sandie Shaw. J'ai retourné la pochette et j'ai vu qu'il y avait des notes du célèbre producteur Christian Fechner, indiquant clairement qu'il s'agissait d'une fanfare de joyeux drilles. Quand j'ai vu qu'il y avait dans le lot une version de No milk today et une reprise de Sullivan, je n'ai plus hésité une seconde.
La production des EP Vogue de 1954 à 1970 est vraiment exceptionnelle et impressionnante. Une liste sur Rate Your Music en recense environ 1700, du jazz à la chanson en passant par tous les genres musicaux possibles. Rien que pour l'année 1967, celle de la sortie de ce disque, il y en a 95, soit quasiment 8 par mois !
J'ai eu l'occasion de connaître et d'apprécier des fanfares étudiantes, mais je n'étais pas familier avec le concept de Fanfare des Beaux-Arts. Celle des Saints-Pères en est l'un des nombreux exemples. Je ne sais pas combien de temps elle a existé, mais celui-ci est le seul disque qu'elle a enregistré, si j'en crois la discographie présente sur El cybodega des fanfares.
La Fanfare des Saints Pères a beau réunir des joyeux drilles fanfarons, pris en photo sûrement dans le Studio Sidney Bechet de Villetaneuse, les arrangements du directeur artistique Gérard Perrier et l'interprétation me semblent d'une très bonne tenue.
Puppet on a string de Sandie Shaw venait de remporter le grand prix de l'Eurovision. Sandie avait aussi interprété cette chansons en français et son label Pye était distribué par Vogue. Pas étonnant donc que le disque s'ouvre avec une version de ce grand succès.
On note d'ailleurs que la référence suivante chez Vogue correspond également à une version de Un tout petit pantin par une fanfare. Mais au vu de la pochette, on peut être sûr que la Fanfare Perce-Oreille était un ensemble bien plus traditionnel que la Fanfare des Saints-Pères. Le but étant bien sûr de couvrir les différentes niches du marché du disque.
Je n'ai pas trouvé d'autre trace de la composition Sur les hauteurs de l'Himalaya de Ph. Baticle. Il est possible que ce soit un original.
En face B, on a une version d'un autre tube, No milk today de Herman's Hermits. Sauf erreur de ma part, la première version en français sous le titre Non pas ce soir a été sortie sur Trianon en 1966 par Les Diamants. L'adaptation des paroles dans un style juridique sans aucun rapport avec l’œuvre originale est due à Jacques Lanzmann.
Il y a au moins une autre version chantée de Non pas ce soir, en français mais avec l'accent italien, par Elsa Martinelli  chez Disc'AZ en 1967, accompagnée par Michel Colombier et son Orchestre. La version fanfare rend bien justice à cette excellente chanson pop. Elle est en écoute ci-dessous.
Je ne pense pas que le premier EP de Sullivan a été un énorme succès en 1967. Mais il était sorti chez Vogue et c'était une raison suffisante pour reprendre Je chante pour moi, pourtant seulement l'une des faces B. Mais en version marche avec basse cuivrée énorme, ça sonne très bien.

Ajout du 31 mai 2021 :
Merci à Calo qui, dans un commentaire aujourd'hui sur cette chronique, pointe vers un article très détaillé qu'il a écrit sur la Fanfare des Saints-Pères des Beaux-Arts. On y découvre notamment la liste complète des membres de la Fanfare et il y a un lien pour télécharger les quatre titres du 45 tours.
J'y ai appris qu'en fait la Fanfare est présente sur la version originale de Je chante pour moi, sur le disque de Sullivan. Certes, elle n'est pas créditée, mais j'aurais dû à l'époque réécouter ce titre et m'en rendre compte par moi-même.
Du coup, en cherchant la version Sullivan, qui n'est pas sur YouTube, je suis tombé sur mieux : un document de faible qualité technique mais très intéressant "historiquement", mis en ligne il y a quelques semaines : Sullivan à la télévision en 1967, dans une émission présentée (déjà !) par Michel Drucker, qui interprète Je chante pour moi accompagné par la Fanfare ! (la bande sonore doit être celle du disque, ce n'est pas du direct...) :



A écouter : La fanfare des Saints-Pères des Beaux-Arts : Non pas ce soir (No milk today).