20 janvier 2024

MARSHALL CHAPMAN : Goodbye, little rock and roller


Acquis au Secours Populaire à Reims le 4 novembre 2023
Réf : 0-312-31568-6 -- Édité par St. Martin's Press aux États-Unis en 2003
Support : 259 p. 24 cm
12 titres

C'était un samedi où je travaillais l'après-midi, ce qui me donnait une bonne occasion de faire des emplettes de disques à Reims le matin. Et ça tombait bien, puisqu'il y avait à la fois une petite bourse aux disques dans une brasserie et une braderie au Secours Populaire.
Il y avait assez peu de disques avec quasiment rien d'intéressant, mais comme j'étais là j'ai pris le temps de regarder le rayon livres. Rien dans les policiers, rien dans le rayon arts, où on retrouve généralement les livres sur la musique. J'ai eu un peu de mal à le trouver, mais avant de partir j'ai fini par dénicher le petit coin avec des livres en langue étrangère où ce livre de Marshall Chapman n'attendait que moi.
J'ai compris en l'examinant qu'il s'agissait des mémoires d'une chanteuse et autrice-compositrice au prénom surprenant (Marshall est son deuxième prénom, celui de son grand-père paternel; c'est celui que sa famille a utilisé dès sa naissance). Je ne connaissais rien d'elle, mais j'ai tout de suite voulu en savoir plus. Et ça, avant même de remarquer que la femme qui fait un doigt d'honneur au photographe sur la couverture est en train de prendre un bain de soleil complètement nue.

C'est quand même le principal attrait du marché de l'occasion : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et même après tant d'années, les modalités de circulation des biens culturels à travers le monde ne laissent pas de m'étonner. Quelle était la probabilité de tomber dans le gourbi du Secours Populaire sur un livre édité aux États-Unis écrit par une artiste dont aucun disque n'a jamais été édité par chez nous ? A peu près nulle, nous sommes bien d'accord. Et je me demande bien quel rémois s'intéressant à ce type de musique a bien pu le donner à l'association.

Je ne pense que, même chez elle, Marshall Chapman n'a jamais eu un très grand succès populaire sous son nom, mais elle est loin d'être une inconnue. Née en 1949, elle a sorti quatorze albums et a écrit ou co-écrit des dizaines de chansons, dont certaines ont été interprétées par Jimmy Buffett, Emmylou Harris, John Hiatt, Tanya Tucker, Irma Thomas, Joe Cocker ou même Dion.

Marshall Chapman a eu la bonne idée de raconter sa vie à travers ses chansons. Chacun des douze chapitres est consacré à l'une d'elles et elle explique comment elle a été amenée à l'écrire et les événements qu'elle vivait à cette époque. Et la boucle se referme puisque, comme elle l'explique, même si elles ne sont pas strictement autobiographiques, ses chansons retracent quand même aussi l'histoire de sa vie.

Le titre du livre l'indique, Marshall Chapman se situe dans le monde du rock and roll, à commencer en 1956, quand elle avait 7 ans, par un concert d'Elvis Presley où une domestique noire de sa maison l'avait emmenée. Plusieurs des chansons sélectionnées, comme Rode hard and put up wet, Running out in the night ou Betty's bein' bad, sont effectivement tout à fait dans le style musicalement, mais Chapman est du Sud des États-Unis, elle a des attaches à Nashville, et son monde c'est tout autant celui de la country. Elle s'est d'ailleurs produite au Grand Ole Opry.

Parmi toutes les personnes qu'on croise au cours du livre, dont beaucoup que je ne connais pas du tout, il y a des gens qui comptent pour moi : John Prine, Jack Clement, Shel Silverstein (avec qui elle a failli collaborer, jusqu'il se mette à jouer au professeur et à faire la critique de sa chanson The perfect partner qu'elle venait de lui chanter) et son ami Doc Pomus,  avec qui elle a effectivement co-écrit en 1985 Don't go messin' with a country boy pour le lutteur Hillbilly Jim !

J'ai lu ce livre avec grand plaisir et je suis bien content de l'avoir trouvé. Seul souci : j'ai du mal à accrocher aux chansons de Marshall Chapman ! Dans un registre proche, j'aime beaucoup Lucinda Williams, mais pour Chapman la production est trop propre et lisse pour moi et les chansons me touchent peu. Mais parmi les douze du livres, que je vous propose de découvrir, j'ai quand même des préférées : Goodbye, little rock and roller et Somewhere South of Macon.

Marshall Chapman, Goodbye, little rock and roller, en 2021 en direct dans l'émission Songs at the Center.


Marshall Chapman, Call the lamas !, en 2010 pendant l'Americana Music Festival and Conference à Nashville.

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