21 octobre 2023

JAMES BROWN : Sweet little baby boy


Acquis chez Récup'R à Dizy le 22 juillet 2023
Réf : 27 794 -- Édité par Polydor International Production en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Sweet little baby boy (Part 1) -- Sweet little baby boy (Part 2) -/- The Christmas song -- Don't be a drop out

Depuis 2008, quand je chronique un "disque de Noël" (, , ou encore ), j'ai pris l'habitude de le faire le 25 juin, jour de l'année le plus éloigné de l'omniprésente fête. Mais là, j'ai trouvé ce disque en juillet et je n'ai pas envie d'attendre juin 2024 pour en parler, d'autant que rien dans la pochette, à part la chanson intitulée The Christmas song, n'indique que trois des titres sont des chansons liées à Noël.

Je trouve régulièrement des disques intéressants à la ressourcerie Récup'R, près de chez moi. La preuve, depuis l'ouverture en 2016 celui-ci est le 21e disque chroniqué qui en provient, et carrément le 7e cette année. Mais en règle générale, ce ne sont pas à proprement parler des collectors que les requins du disque s'arrachent que j'y trouve, même s'il y a des exceptions, comme l'an dernier un EP de Dani de 1966 qui se vend plusieurs dizaines d'euros, mais qui ne m'a pas suffisamment intéressé musicalement pour que je le chronique, même si je suis bien content de l'avoir eu à 10 centimes !
De toute façon les EP des années 1960 rock ou rhythm and blues ne font pas long feu dans les Emmaüs ou les ressourceries, c'est pourquoi j'ai été surpris et bien content de tomber, entre deux disques de variété sans intérêt, sur ce 45 tours de James Brown en bon état, avec languette, que je ne connaissais pas du tout qui plus est, alors qu'avec le temps j'ai maintenant une bonne quinzaine de singles du Parrain de la Soul.

Pour faire des EP quatre titres, les labels français étaient amenés à compiler des 45 tours deux titres américains ou à ajouter des pistes d'album. Là, c'est le grand luxe, puisqu'on a droit à pas moins de trois faces A de singles sortis aux États-Unis en 1966 :

Ces disques sont tous les trois crédités à l'origine à James Brown & the Famous Flames. Les références catalogue indiquent qu'ils ont été sortis coup sur coup. Dont be a drop-out a été repris en 1967 sur l'album James Brown sings raw soul. Les deux autres ont été inclus sur James Brown sings Christmas songs, un album sorti en novembre 1966, à temps pour les fêtes de fin d'année. Et Polydor n'a pas tardé pour éditer ce 45 tours en France, puisque mon exemplaire comporte au dos un mot manuscrit "de la part de Michel" souhaitant "une bonne année 67. Avec mes baisers.".

Je n'attendais rien de particulier des chansons de Noël de ce disque, mais dans le genre elles se sont révélées tout à fait "supportables".

Sweet little baby boy est une chanson originale co-écrite avec le chef d'orchestre des Famous Flames Nat Jones. Sans trop de surprise, c'est une ballade avec cordes et piano mais l'arrangement reste sobre et ce type de chanson convient parfaitement vocalement à James Brown. Sur le 45 tours américain, la chanson était coupée en deux parties sur les faces A et B. Elles sont enchaînées ici, comme sur l'album.

The Christmas song
est une reprise d'une chanson co-écrite en 1944 par Mel Tormé et créée par le Nat King Cole Trio. Son sous-titre est Des châtaignes qui grillent dans l'âtre, mais l'adaptation française s'intitule plus prosaïquement Joyeux Noël !.
Là encore, le rythme est lent, avec, des cordes en intro. Je pensais logiquement que le label français nous avait mis la version 1 de cette chanson, mais non, c'est la 2. Et c'est un très bon choix : sur cette version 2, le chant de James Brown est plus énergique, plus soul, mais surtout, contrairement à la 1, il y a ici des cuivres bien présents, qui se mélangent aux cordes.

La très bonne surprise de ce disque, c'est le dernier titre, Don't be a drop out, lui aussi co-signé avec Nat Jones. Oubliée l'ambiance de Noël, on est ici dans le pur rhythm and blues, avec un son tendu à la Stax et même un chant dans la pure ligne d'Otis Redding. La rythmique basse/batterie/guitares n'est pas encore tout à fait funk, mais on s'en rapproche. Ajoutez à ça une section de huit cuivres, dont Nat Jones lui-même et Pee Wee Ellis, et des chœurs qui font "What he said" sur le refrain et hop, c'est parti, vous êtes déjà sur la piste de danse.
Un titre classique, mais réjouissant, qui est apparemment aussi l'une des premières chansons engagées de James Brown, contre le décrochage scolaire.
James Brown prend les choses à cœur dans ses paroles ("Without an education you might as well be dead"). Et il a joint les actes aux paroles, puisqu'il a participé à une campagne Stay At School, ce qui l'a amené à rencontrer le vice-président Hubert Humphrey. Il aurait aussi fait don de ses droits d'auteur pour cette chanson à des associations. Don't Be A Drop-Out, c'était aussi le nom de son fan club dans les années 1960.

Un 45 tours rare et intéressant, donc, comme on n'en trouve malheureusement pas toutes les semaines...!


Une publicité pour Don't be a drop-out parue dans la presse.


James Brown, Don't be a drop out, dans l'émission Where the action is enregistrée le 14 octobre 1966.

2 commentaires:

Charlie Dontsurf a dit…

Très belle pioche ...

Pol Dodu a dit…

C'est seulement aujourd'hui en lisant Mojo que j'apprends que, dans le cadre de la campagne menée par le vice-président Humphrey, Stax a sorti en 1967 un album promotionnel intitulé Stay in school : Don't be a drop-out, avec la participation des grandes vedettes du label, dont Otis Redding, qui interprète une chanson inédite par ailleurs, Stay in school.