25 octobre 2009

MICKEY BAKER : Adagio d'Albinoni


Acquis sur le vide-grenier d'Ecriennes le 18 octobre 2009
Réf : EP 1090 -- Edité par Disc'AZ en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Adagio d'Albinoni -/- Love is strange -- Camp meeting

Un petit vide-grenier familial, dans le "parc du château" d'un village d'une campagne qui ne m'est pas trop familière, par un beau temps d'automne, frais, clair et sec. La ballade se suffirait à elle-même. Cerise sur le gâteau, j'en suis revenu avec quelques disques intéressants, dont un album de l'Orchestre Petiot de Tahiti de 1979 pas mauvais du tout et surtout ce 45 tours de Mickey Baker.
A 84 ans, il semble que Mickey Baker, né aux Etats-Unis, vit toujours dans la région toulousaine. Il s'est installé par chez nous au début des années soixante, où il a rejoint d'autres musiciens comme son ami Memphis Slim. C'est pour sa réputation de bluesman et jazzman que j'ai d'abord connu Mickey Baker. Il n'est d'ailleurs pas impossible que j'ai eu l'occasion de le voir en concert vers 1979 ou 1980, soit sous nom à la salle des fêtes de Châlons dans le cadre d'une de ces tournées "blues festival", soit avec Memphis Slim à Châlons ou à Reims.
Mais ce n'est là que l'un des aspects du très riche parcours musical de Mickey Baker, qui débute dans les années 40 comme guitariste de session et artiste solo, et pas de la petite bière puisque, ayant sorti son propre Guitar mambo dès 1952 et ayant joué sur la version originale de Shake, rattle and roll par Big Joe Turner, il est de fait un pionnier pas assez reconnu du rock and roll. Il a connu cependant une période de succès assez fort aux Etats-Unis dans la seconde moitié des années cinquante, grâce notamment au tube Love is strange du duo Mickey & Sylvia. Autre grand moment, le It's gonna work out fine d'Ike & Tina Turner, sur lequel Mickey Baker donne la réplique vocalement et tient tête à la tigresse.
Parmi les autres facettes de la carrière de Mickey Baker, il y a l'arrangeur, producteur et musicien de tout un pan des yé-yés français, après son arrivée en France en 1962 avec, de Ronnie Bird à Sylvie Vartan et des dizaines d'autres, de bonnes et de moins bonnes choses. Il y a aussi le pédagogue de la guitare, qui a produit des méthodes d'apprentissage dans différents genres, mais même la version allégée pour les lecteurs de Salut Les Copains n'a pas réussi à faire de moi un guitariste !
Avec tout ça, j'ai donc été bien content de tomber sur ce 45 tours à la superbe pochette, très rock'n'roll, avec cette photo noir et blanc pleine de mouvement et le lettrage "Mickey Baker" orange qui claque. L'excellent label de réédition Rev-Ola ne s'y est d'ailleurs pas trompé, qui a repompé cette pochette, en un peu moins réussie, pour sa compilation sûrement indispensable d'enregistrements années cinquante de Mickey Baker, Hit, git & split.
Malgré tout, et sans surprise, avec une version de L'adagio d'Albinoni, en fait une reprise de Remo Giazotto plutôt que de Tommy Albinoni, la face A de ce disque n'est pas très rock. En fait, c'est même carrément de la soupe, un slow baveux à la A whiter shade of pale, en moins bien, avec orgue pompeux façon église de rigueur en intro. Certes, le jeu de guitare, auquel répond le vibraphone, est sûrement excellent, mais dans le style naufrage d'un guitariste virtuose du rock, ça vaut bien le Love is blue de Jeff Beck.
Heureusement, la face B est d'un tout autre calibre et fait honneur à la pochette du disque.
Elle s'ouvre avec Love is strange. Il s'agit là au moins de la troisième version éditée par Mickey Baker. La première, celle de 1957 par Mickey & Sylvia, a une histoire compliquée. Elle était co-signée par Mickey, Sylvia et Ethel Smith pour la musique. Derrière le nom d'Ethel Smith se cachait en fait son mari Bo Diddley, sûrement pour des raisons contractuelles, mais le véritable créateur du riff si distinctif de cette chanson serait le guitariste de Bo, Jody Williams, qui a d'ailleurs porté plainte à ce sujet.
La deuxième version a été enregistrée en France et en français. Je donnerai bien quelques centimes d'euro pour avoir la chance d'écouter L'amour est étrange par Mickey et Monique, sorti sur disques Versailles en 1963 ! Je ne sais pas ce que Monique est devenu par la suite, mais Sylvia a eu elle un très beau parcours, avec une carrière solo sous le nom de Sylvia Robinson, qui lui a notamment donné le tube Pillow talk en 1973, amis surtout, en tant que co-fondatrice de Sugar Hill Records en 1979, elle est l'une des pionnières et un personnage clé de l'histoire du hip hop.
La version instrumentale de Love is strange proposée ici, dans laquelle j'ai du mal à reconnaître le riff original distinctif, débute avec un coup d'harmonica à la Antoine. Par la suite, l'association guitare-vibraphone-orgue rappelle certaines productions de Mickey Baker pour Ronnie Bird. Cette fois-ci, la guitare électrique a de l'attaque, et c'est encore plus vrai pour Camp meeting, un autre instrumental (sauf qu'on entend Mickey galvaniser ses musiciens de la voix) où la guitare perçante rivalise avec l'orgue Hammond (La boutique French Attack propose en écoute un extrait de Camp meeting suivi d'un bout de Love is strange).
En tout cas, autant la face A est molle, autant la face B chauffe et swingue. Je veux bien ramasser des rondelles comme ça dans les champs tous les dimanches à la campagne !

7 commentaires:

Anonyme a dit…

salut !
et savais-tu qu'il a aussi fait une autre adaptation de "Love is strange", pour Françoise Deldick ?
ça s'appelle "Hum Hum!" et fut réédité sur l'un des 2 vinyles des Swinging Mademoiselle. C'est une version ultra groovy qui doit dater de 1967, le 45t cote dans les 200 euros. mais on peut entendre le morceau sur youtube...

le vieux thorax

Pol Dodu a dit…

Yo Le Vieux !
Et non, je ne la connaissais pas celle-là. Merci pour l'info.
Elle est de 68. C'est chaud : si c'était un duo ça annoncerait presque "Je t'aime moi non plus"...
J'aimerais bien pouvoir comparer avec la version de Mickey et Monique...

Ginou a dit…

Bonjour !
Mickey Baker a maintenant un blog officiel (celui sur lequel vous renvoyez dans cet article, et qui se trouve sur myspace, a été créé par l'un de ses fans) :

http://theofficialmickeyguitarbaker.blogspot.com/

Ce blog n'est pas encore vraiment en fonction, mais on y trouve notamment une biographie (qui attend correction de sa part). Le but essentiel de ce blog sera de faire connaître les inédits de Mickey. Bientôt j'espère, on devrait pouvoir voir quelques minutes d'enregistrement tout récent, son épouse Marie l'ayant interviewé. Et il y en aura probablement d'autres !
Bien cordialement,
Ginou

Pol Dodu a dit…

Ginou,
Merci pour l'info.
J'ai modifié le lien dans le billet pour renvoyer vers le blog "officiel".
La vidéo de 1968 avec Memphis Slim qu'on y trouve est superbe !

Ginou a dit…

Merci pour la modif !
La vidéo avec Memphis Slim a été prise sur Youtube, comme les autres sur ce blog, et tout ce qu'on peut y voir est connu, plus ou moins. Pour les inédits, ça risque de prendre un peu de temps, et de ne pas venir très régulièrement, mais ça vaudra le coup de patienter !
Ginou

boogieman a dit…

Bonjour,
je me suis permis de reprendre les photos de pochette de ce 45T sur mon blog et de m'inspirer de tes commentaires tres documentés. J'ai mis un lien vers ce poste pour que les visiteurs puissent trouver l'original.
Cordialement,

http://theboogiemanwillgetya.blogspot.com/

Pol Dodu a dit…

Bonjour Boogieman,
Merci pour le lien, les sons sur ton blog et les infos complémentaires. Je n'avais pas pisté notamment que "Camp meeting" n'était pas de Baker et je ne savais pas que c'était l'indicatif de "Pour ceux qui aiment le jazz" sur Europe 1.