26 juin 2016

NUMBER ONE AMERICAN HIT PARADE


Acquis sur le vide-grenier de Chouilly le 19 juin 2016
Réf : 62754 -- Édité par CBS en France en 1966
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Ça faisait quelques années que je tendais le dos en me disant que ça allait arriver, et cette fois-ci je crois bien qu'on y est : un quart de siècle environ après l'arrêt de la production de masse des vinyls, ça devient vraiment difficile de faire des trouvailles sur les vide-greniers. Pas seulement des disques pas chers, mais aussi des trucs un peu excitants, curieux, surprenants. On est à la moitié de l'année, et c'est seulement le quatrième disque trouvé en vide-grenier que je chronique et, même si la météo n'était pas de la partie ces derniers mois, je pense que c'est une tendance lourde et, visiblement, les CD ne compensent qu'en très faible partie l'épuisement du filon de vinyls.
Donc, en 2016, j'en viens à me féliciter d'avoir pu acheter 2 € ce 33 tours en bon état, une compilation-catalogue en mono du label CBS en 1966.
Pas vraiment de raretés là-dedans, et je pense qu'il y a quelques années je ne m'y serais pas intéressé, mais j'ai appris que cette compilation en elle-même est assez rare car elle n'a été éditée qu'en France et en Israël. La photo de pochette de M.-C. Moreau, une photographe dont je n'ai pas retrouvé la trace, donne bien le ton de la mode de l'époque. Cette photo est récemment redevenue d'actualité, puisqu'elle a été utilisée fin 2015 pour illustrer l'insert du double-CD The Bootleg Series Vol. 12 - Bob Dylan 1965-1966 The Best Of The Cutting Edge.
Justement, alors qu'on vient de marquer les cinquante ans de Like a rolling stone et Blonde on blonde en rééditant à qui mieux mieux jusqu'à l'intégralité des sessions de l'époque de Bob Dylan (rien qu'à lire la liste des titres du coffret le plus complet, je commence à attraper la nausée avant même la fin du premier CD tant il y a de prises d'une même chanson !), je suis quand même bien content d'avoir trouvé cet objet d'époque, qui contient un peu plus de 40% de Dylan et 80% de folk-rock, la saveur musicale du moment pour laquelle CBS était à la pointe.
L'album s'ouvre avec Rainy day women # 12 & 35. Un titre enregistré tout à la fin des sessions de Blonde on blonde, le 10 mars 1966, et qui a été le premier à être publié, à peine un mois plus tard. Comme il n'y aucune mention sur cette compilation de Blonde on blonde, on peut avancer qu'elle est sortie entre la publication du 45 tours en avril et celle de l'album vers le mois de juin. La version 45 tours qu'on trouve ici a été considérablement raccourcie par rapport à celle de l'album : deux minutes ont été coupées, soit un couplet et une section instrumentale.
J'aime beaucoup l'atmosphère de fanfare et de fête de cette chanson et jeu de mots facile du refrain sur le sens de "stoned", qu'il est impossible de traduire uniquement par "Tout le monde doit doit être lapidé" !
Les trois autres chansons de Dylan de ce disque sont extraites de l'album Highway 61 revisited, avec le morceau-titre, Tombstone blues, rapide et électrique et le classique des classiques, Like a rolling stone.
Il y a au moins un livre entier, de Greil Marcus, dédié à la seule chanson Like a rolling stone et je ne vais pas en rajouter dans l'exégèse. Contrairement à de nombreuses autres chansons de Dylan, le propos est clair et, ce qui surprend toujours, c'est la quantité de bile qu'il déverse dans cette chanson (quantité qu'il n'a égalée, de ce que je connais, qu'avec Idiot wind). La fille dont il est question est à terre, à la rue, mais il lui assène coup sur coup ("Tu es invisible maintenant"). Le "Bien fait pour toi" de La cigale et la fourmi est élevé ici à la puissance 10.
S'il y a un peu plus de 40 % de Dylan sur ce disque, c'est parce qu'on y trouve aussi sa chanson Mr. Tambourine man, enregistrée par Les Byrds le 20 janvier 1965, cinq jours après la version de Dylan, qui n'était pas encore publiée. Mais Dylan avait déjà enregistré des versions non publiées et les deux étaient sur le même label, ça aide... Cette excellente version est l'acte fondateur du folk-rock. On trouve ici également un autre excellent tube des Byrds de 1965, Turn ! Turn ! Turn ! (To everything there is a reason),
J'ai été surpris en écoutant la version de The sound of silence qu'on trouve ici. Je connais bien cette chanson, mais je ne souvenais pas qu'on y entendait une basse aussi marquée et un accompagnement électrique. C'est parce que la version que je connais est une version acoustique, pas celle produite pour un 45 tours par Tom Wilson, sans l'accord du duo, avec les mêmes musiciens que pour les sessions de Like a rolling stone et en s'inspirant du son de Turn ! Turn ! Turn ! des Byrds. Idem pour I am a rock, une chanson que je connaissais beaucoup moins, qu'on trouve ici dans sa version single de 1966, présente aussi sur l'album Sounds of silence, comme pour l'autre titre.
Tout ça donne une unité très forte à ce disque, inhabituelle pour une compilation-catalogue. Les seuls à détoner un peu sont Paul Revere and the Raiders, un groupe que je connais de réputation mais dont je n'avais aucun titre nulle part jusque-là. On trouve ici l'un de leurs plus grands succès, Kicks, et sa face B, Shake it up, que je préfère, largement instrumentale, parfaite pour illustrer une scène de danse dans des films ou des séries d'époque.
Voilà, ce n'est quand même pas si mal, mais j'espère quand même trouver plus et mieux en chinant cet été. Sauf que je suis encore rentré bredouille ce matin... Mais il ne pleut pas (encore), alors je vais ressortir pour tenter ma chance ailleurs...




5 commentaires:

Charlie Dontsurf a dit…

Très belle pioche ! J'adore ce genre de disque. Rare ou pas, et même il y a quelques années, j'aurais plongé les yeux fermés (j'ai toujours eu horreur de plonger :-))

debout a dit…

En bordure de cadre, sur la droite de la pochette ("pas mal la pochette, d'ailleurs !"), le gus en chemise rayée lie de vin versus volets de résidence secondaire bretonne pourrait doubler Pete Townshend que l'on y verrait que du feu !

https://www.youtube.com/watch?v=dUJldt4hZzg

(par contre, ci-dessus, le feu est particulièrement trop présent tendance envahissant... bon sang, dans le genre lourdaud, il fait fort ici, le Pete, plutôt pas vraiment pète-sec mais pesamment chaussé de bottes d'égoutier !)

Pol Dodu a dit…

Je ne connaissais pas ou j'avais oublié le lien entre "Fire" d'Arthur Brown et Pete Townsend, qui en est le producteur associé. En tout cas, cette version est effectivement insupportable. Comme quoi il ne suffit pas de péter le feu...

Anonyme a dit…

pete c'est sûr, mais celui de gauche c'est le clone des jesus scream et velvet réunis, une traversée de l'histoire du rock à lui tout seul. Pour une fois le père dodu la joue petit: comment laisser passer une telle pépite même 5 ans plutôt? Moi je prends tout de suite le coeur battant, je n'ai jamais vu ce EP à l'époque et je pleure encore de ne pas pu acheter le single des who soutien aux rolling stones en vitrine chez Dormeval, electro menager et disques rue du college à soissons,sachant que c'était l'objet rare dès sa parution...excusez mon émotion, de nos jours les petits plaisirs ne courent pas les rues ou oserai je dire ne sont plus accessibles à mes bourses. Non je ne le dis pas. Félicitation mon Dodu et garde la ligne
PS non définitivement je ne suis pas un robot.ph

debout a dit…

Et si l'on ajoute que la jeune femme rayée façon "Maya-l'Abeille-Sous-Acide, jouxtant la doublure casquette de Pete, affiche la moue de Vanessa Paradis, on peut prétendre sans vraiment mentir que cette pochette de disque à 2 balles affiche à elle seule, en un clin d’œil, la totalité des éditos de ces 25 dernières années et des Inrocks et de Mojo... sacrément précurseur le disque à 3 francs 6 sous !