11 février 2023
YANKEE HORSE : Vénus
Acquis chez Damien R. à Avenay Val d'Or le 22 novembre 2022
Réf : 640 001 -- Édité par Young Blood en France en 1969
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Vénus -/- Who needs love
Dans la pile de disques que vendait Damien, outre le Souchon, je ne pouvais pas laisser passer celui-là. Il nous donne l'occasion de revenir une fois de plus sur l'histoire du tube Venus.
La première version, un succès énorme, a été enregistrée en anglais par des hollandais, c'est Venus de Shocking Blue, publiée en juillet 1969.
On sait désormais que cette première version n'est pas complètement "originale" puisque, outre le riff d'intro qui rappelle Pinball wizard de The Who, l'ensemble de la chanson s'inspire très largement de The Banjo Song, un titre publié en 1963 par The Big Three, un groupe qui comprenait notamment Mama Cass et Tim Rose, et une chanson qui est elle-même une version d'une chanson du 19e siècle, Oh ! Susanna de Stephen Foster (oui, je sais, faut suivre...!).
Il y a quelques années, j'ai déjà eu l'occasion de chroniquer le disque ci-dessus, Venus de The Blocking Shoes, un très bel exemple de parasitage commercial, avec "Venus" en gros, la statue de la Vénus de Milo, et surtout un inventif nom de groupe contrepétant Shocking Blue !
Le disque qui nous intéresse aujourd'hui est exactement dans la même veine et c'est un nouvel exemple très réussi de sortie de disque dont la seule justification est de piéger le gogo et de capter une partie des ventes d'une chanson à succès.
Comme souvent, puisque c'est ce qui attire l’œil chez le disquaire, la contrefaçon commence par la pochette.
Ici, nous avons un fond bleu, comme pour le disque de Shocking Blue, "Vénus" écrit en bien gros et bien lisible, et une statue d'une figure féminine debout positionnée sur le côté gauche de la pochette.
Mais là, il y a une petite originalité : la statue n'est pas la Vénus de Milo, comme pour Shocking Blue et The Blocking Shoes, mais la déesse Niké, avec la statue connue comme la Victoire de Samothrace, conservée au Musée du Louvre.
La pochette porte également la mention "Version originale anglaise". Cela n'a aucun sens et là encore le seul but est de tromper le client. La seule version originale est en anglais par des hollandais. Ici, on a peut-être affaire à la première reprise de la chanson par un groupe anglais (rien n'est moins sûr, évidemment), mais certainement pas à une version "originale".
D'ailleurs, si on s'intéresse au disque lui-même, on n'est pas surpris que la version de Vénus par Yankee Horse soit une copie très proche de la version de Shocking Blue, puisque c'est là tout le but de l'exercice !
Notons que cette version étant chantée par un homme, les paroles du refrain subissent une très légère modification ("I'm yours Venus" au lieu de "I'm your Venus").
Je trouve que ce qui fait l'intérêt de cette version, c'est l'orgue qui est un peu plus en avant et les congas, qui donnent à l'ensemble un son un peu garage.
En face B, Who needs love est une création pour le coup. Avec son rythme, le chant et ses chœurs, je lui trouve une forte influence Bo Diddley, en version pop.
C'est le crédit "D. Stephenson" de cette face B qui m'a permis d'identifier le groupe qui se cache derrière l'intitulé assez incongru Yankee Horse. Il s'agit de Dave Stephenson, qui était à l'époque membre de The Perishers.
La biographie de The Perishers chez 45cat donne des détails sur les circonstances de l'enregistrement de cette reprise de Venus : elle a été enregistrée alors que leur bassiste en titre était parti faire carrière aux États-Unis. A son retour, quand il a retrouvé ses collègues de The Perishers qui s'étaient séparés entre-temps, ils ont fondé Worth.
Le filon n'est peut-être pas inépuisable, mais on ne sait jamais : rendez-vous ici dès que je trouve une autre reprise opportuniste de Venus !
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1 commentaire:
En quelque sorte les ceusses qui ont pyé pour ce truc ont acheté qu'un vénus de milo! A part ça on voit encore une fois que l'industrie du disque est bien un digne rejeton du capitalisme: faut faire feu de tout bois pour vendre.Ph
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