07 octobre 2023

GEORGIUS : Ça... c'est de la bagnole


Acquis sur le vide-grenier du Jard à Épernay le 13 août 2023
Réf : PA 1474 -- Édité par Pathé en France en 1938
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Ça... c'est de la bagnole -/- Elle aime bien sa mère

Ainsi, en 2023, pas en 1973, on a un Président de la République qui déclare "On est attaché à la bagnole, on aime la bagnole. Et moi je l’adore". Tant qu'on en restera à ce genre de positionnement sur la question, on arrêtera de s'étonner, par exemple, qu'on autorise à la vente des véhicules lourds et énergivores roulant à plus de 200 km/h, alors que la vitesse sur nos routes est limitée depuis des années à 130.
Ce qui est sûr en tout cas, c'est que la voiture est au cœur de nos vies depuis plus d'un siècle. La chanson de Georgius qui nous intéresse aujourd'hui n'en est que l'une des multiples illustrations.

Georgius ("Chanteur, comédien, compositeur, scénariste, romancier, homme de théâtre, directeur de music-hall et parolier (plus de mille cinq cent chansons)") est certainement un peu oublié de nos jours. J'ai déjà eu l'occasion de chroniquer des interprétations de chansons qu'il a écrites par Robert Daron et Tramel le Bouif, mais je n'avais pas de disque de lui, jusqu'à ce que je tombe cet été sur celui-ci, sur le Jard à Épernay. Je n'ai pas acheté beaucoup de 78 tours cette année, mais le même jour j'ai aussi acheté un Maurice Chevalier sur un autre stand.


Les pochettes des 78 tours n'étaient pas illustrées, mais les partitions petit format l'étaient heureusement.

Ça... c'est de la bagnole, de 1938, c'est la complainte du pas riche qui se paie une auto d'occasion pour épater sa petite amie Mimi. Et évidemment c'est le début des mésaventures, contées entre deux couplets-refrains dans un assez long monologue, mais la chanson est entraînante et reste bien en tête.
Sur le sujet increvable des tacots dangereux, quelques générations plus tard, j'ai déjà évoqué Dear Dad de Chuck Berry et la
Dodge Veg-o-Matic de Jonathan Richman.

Je n'ai trouvé en ligne ni les paroles ni un enregistrement de cette chanson, mais en 1945, à une époque où Georgius a été interdit de scène pour un an en raison de ses activités pendant l'Occupation, il a abordé à nouveau ce thème de l'épave roulante en signant les paroles de Ça tourne pas rond, une chanson interprétée par André Dalt. En tout cas, ça semble clair au vu de l'illustration de la partition :



En face B, Elle aime bien sa mère est présentée comme une "chanson attendrissante". L'héroïne est une gourgandine, une crapule, une mégère et une catin, dangereuse et meurtrière, qui s'en sort dans la vie grâce à son amour pour sa mère et parce qu'elle pleure aux enterrements. Dans l'esprit, on est proche d'une autre chanson intitulée Ça tourne pas rond, créée dans les années 1950 sur des paroles de Francis Blanche.



L'excellent site Du Temps des Cerises aux Feuilles Mortes, qui a été ma principale source d'information pour cette chronique, mentionne donc 1500 chansons écrites par Georgius, mais il n'en a enregistré "que" 181.
Parmi celles qu'il a créées sans les enregistrer, il y a Le fils-père, où Georgius imagine en 1924 ce que ça donnerait si l'opprobre était le même pour les hommes qui "fautent" et enfantent hors mariage que pour les femmes. C'est un vrai mélo de chanson réaliste, avec le héros Jules qui se fait charcuter pour "faire passer" l'enfant et qui termine sur le trottoir. En bonus, voici un document inattendu de 1973, où l'on voit Marcel Duhamel, qui a publié dans la Série Noire sept romans écrits par Georgius sous le pseudonyme de Jo Barnais, chanter Le fils-père.


Georgius, à la télévision le 1er octobre 1966, probablement dans une émission de Jean-Christophe Averty, mime Ça... c'est de la bagnole sur l'enregistrement original de 1938.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Incontestablement un grand du music hall qui a eu un succès phénoménal, jusque dans les années 60 on entonnait ses tubes dans les crochets, réunions de famille et mariages populaires. Ses romans policiers ne sont pas mauvais même si de ci de là il y a des remarques réacs, mais bon chacun est assez grand pour les oublier. Je ne connaissais pas la strophe antisémite du lycée papillon, et pour cause, après guerre ça l'aurait fichu mal! La chanson est vraiment drôle, fallait oser et le speech du milieu c'est vraiment un truc de l'époque (ouvrard.par ex). Ceci dit ce genre de chanson est représentatif de son temps et je préfère écouter Chuck et son No particular place to go, là aussi les paroles sont drôles et un tantinet plus fines!Tout l'intérêt est d'avoir ça en 78 T Bonne pioche Monsieur