17 juillet 2016
PROCOL HARUM : A whiter shade of pale
Acquis d'occasion dans la Marne en deux exemplaires probablement dans les années 2000
Réf : 17.000 -- Édité par Deram en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : A whiter shade of pale -/- Lime Street blues
Pour parer les copies parasitaires du style de Venus par Blocking Shoes qui visaient à capter une partie du chiffre d'affaires d'un grand tube, les maisons de disques étaient bien souvent assez démunies. Visiblement, il y a eu peu de procès ou de saisies (en tout cas j'en entends rarement parler), sûrement parce que, dans ce genre de cas, tout allait très vite et, le temps d'aller en justice, le mal était fait et la période des bonnes ventes passée. Et puis, ces reprises qui sortaient très vite n'étaient pas obligatoirement illégales.
Bien souvent, le label original n'avait qu'une solution : préciser sur la pochette "Version originale", avec ses différentes variations, "Version originale anglaise", "Version originale chantée", ... Sachant que c'était une arme qui pouvait être détournée, puisque l'adaptation en français d'un tube international pouvait très bien se prévaloir d'un gros "Version originale française" sur la pochette.
Pour un tube mondial du calibre de A whiter shade of pale , la toute première parution de Procol Harum, les choses sont aussi allées très vite. Enregistrement fin mars 1967, parution en Angleterre le 12 mai, et sûrement au même moment en France. Pour ce faire, la maison de disques françaises a dû choisir une photo et composer une pochette, assez réussie car elle est tout à fait dans l'esprit de l'époque, car, comme souvent, l'édition originale anglaise n'en avait pas. Du coup, de façon assez surprenante, le verso de la pochette originale française a été laissé blanc. Ce qui a permis au deuxième propriétaire de mon exemplaire, à qui il a été "offert par Tonton Jeannot le 31-3-73", de donner libre cours à sa créativité :
Comme pour d'autres grands succès, les reprises de A whiter shade of pale ont vite dû fleurir en ce printemps 1967. Nous en avons chroniqué ici il y a quelques années un magnifique exemple avec le disque de Pro Cromagnum qui comportait en énorme sur la pochette la mention "N° 1 au hit-parade", ce qui n'était pas faux, mais très trompeur car la version n° 1 était bien entendu celle de Procol Harum.
La nature ayant décidément horreur du vide, Deram a très vite modifié le verso de la pochette du 45 tours et, dès juin 1967, on pouvait y lire :
Voilà qui était très clair, mais je ne suis pas certain que c'était efficace car il fallait tourner la pochette pour lire cet avertissement. Par la suite, un verso plus classique sera imprimé, avec les crédits de l'enregistrement et un rappel du catalogue.
Si on devait choisir un morceau pour expliquer à quelqu'un ce qu'est un slow, A whiter shade of pale ferait parfaitement l'affaire, tout comme When a man loves a woman de Percy Sledge, dont le titre de Procol Harum s'inspirerait en partie, ainsi que de Bach. Toutes les générations ont dû danser dessus depuis près de cinquante ans et cette chanson passe toujours en radio, mais je n'en suis pas complètement dégoûté. Le rythme est certes des plus bateaux, mais il ne donne pas le mal de mer et l'orgue et les paroles énigmatiques la rendent toujours attachante.
Si quatre minutes de A whiter shade of pale ne vous suffisent pas, vous pouvez toujours écouter quelques-unes des nombreuses reprises, comme celles de Percy Sledge, justement, des Box Tops ou de King Curtis en public au Fillmore West.
En face B, Lime Street blues n'est pas non plus. Pas très original, certes, mais plus rapide et agréable. Aucun de ces deux titres n'a été inclus sur l'édition originale du premier album de Procol Harum, sorti en septembre 1967.
Avec ses images de la guerre au Vietnam, la première vidéo de A whiter shade of pale (ci-dessus) ne passait pas à la télé. Un scopitone a donc été tourné (ci-dessous), mais entre-temps la formation du groupe avait déjà changé et on y voit Robin Trower et B. J. Wilson, qui n'ont pas participé à l'enregistrement.
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