14 juillet 2015

THE AUTEURS : New wave


Acquis sur le vide-grenier de Damery le 16 juin 2013
Réf : CDHUT 7 / 263 306 -- Edité par Hut en Europe en 1993
Support : CD 12 cm
12 titres

Ce premier album de The Auteurs s'intitule New wave. On aurait pu s'attendre à ce qu'il ait une place de choix dans mon dernier livre, Discographie personnelle de la New Wave (disponible en téléchargement gratuit). Mais non, peu à voir ici musicalement avec l'effervescence provoquée par l'explosion punk, à part le titre, même si, au vu de la pochette arty et rétro, j'ai toujours pensé que la New Wave en question était la Nouvelle Vague du cinéma français. Je me trompais, on va le voir. De même que la photo n'est pas ancienne et ne représente pas Lawrence d'Arabie ou Rudolph Valentino, comme je l'ai longtemps pensé : c'est bel et bien une photo de Luke Haines, le fondateur du groupe.
Ce n'est qu'assez récemment que j'ai acheté ce disque, mais je le connais depuis l'époque de sa sortie. Un très bon album, à commencer par le single et premier titre Show girl, mais j'ai toujours eu du mal à pleinement l'apprécier. Pourquoi ? Parce que cette pop rock aux arrangements travaillés, associant souvent guitare électrique et violoncelle, plus la voix de Luke Haines et sa façon de la poser, tout ça a toujours eu tendance à ma faire penser à Paul Roland, surtout sur des titres comme Bailed out et Housebreaker. Il n'est aucunement question de plagiat là-dedans, mais le cousinage a toujours sonné suffisamment fort à mes oreilles pour perturber mon écoute de cet album. Sauf pour une chanson, qui était ma préférée à l'époque et qui le reste plus de vingt ans après, la très électrique Early years.



Si j'ai ressorti cet album, c'est parce que je viens de finir Bad vibes, un livre réjouissant de Luke Haines paru en 2009, dans lequel il retrace son parcours musical du milieu des années 1980 à 1997. Ces Mauvaises vibrations sont sous-titrées La Britpop et mon rôle dans sa chute et Haines relate comment il a tout fait pour se dissocier de ce mouvement lancé par la presse peu de temps après la sortie de New wave, alors que The Auteurs venaient de tourner avec Suede et que Blur et Oasis commençaient à dominer la scène.
En 2011, Perico a commenté ma chronique d'un disque de Brenda Kahn pour recommander la lecture ce ce livre, en précisant qu'il y avait un passage hilarant sur elle et que Haines n'avait pas l'air de l'apprécier. Tu m'étonnes ! Il l'a fait virer de la première partie d'une de ses tournées américaines...
C'est l'une des choses très réussies dans ce livre, Haines casse pas mal, mais il casse très bien, avec une plume acérée et un grand talent. Et, comme le livre commence avec la sortie de son premier enregistrement (il a accompagné son collègue des Servants David Westlake sur son mini-album solo paru en 1987 chez Creation), ça m'a fait bizarre de voir pas mal de bonnes connaissances (Alan McGee, Lawrence, Pete Astor, Bobby Gillespie...) se faire passer à la moulinette dans les premières pages. Mais rien de gratuit. Le ton est très acide, certes, mais c'est bien argumenté et je dois dire que, tout en appréciant les personnes concernées, je ne lui donne pas tort la plupart du temps. Sauf pour Felt, qu'il n'aime pas, tout en insistant plusieurs fois qu'il apprécie fort Denim, surtout le premier album Back in Denim.
A ce sujet, il y a un scoop au détour d'une note en bas de la page 38 : le titre de l'album New wave viendrait d'une conversation entendue dans une soirée au milieu des années 1980 entre Lawrence et Robert Forster des Go-Betweens. Forster se serait fait réprimandé par Lawrence parce qu'il portait un pantalon à patte d'éph violet. Ainsi, il faisait tort à son camp car le pantalon n'était "pas new wave" !
J'ai quelques disques de Luke Haines, mais j'ai découvert à la lecture du livre que son parcours est plus diversifié que je ne pensais. Je me souvenais des Servants et de The Auteurs, de Baader Meinhof aussi car j'ai l'album, mais j'avais complètement oublié Black Box Recorder, avec qui il a fait trois albums.
Bad vibes est vraiment un très bon livre. Dans le genre en pleine expansion des essais auto-biographiques musicaux, qu'on peut apprécier même sans connaître à fond la production musicale concernée, il vient rejoindre le groupe restreint des grandes réussites, avec Head-on et Repossessed de Julian Cope (et il y a pas mal de drogue aussi dans Bad vibes), Lost in music de Giles Smith (qui m'a chaudement été recommandé par Philippe D.), Bedsit disco queen de Tracey Thorn et 45 de Bill Drummond (mais celui-là est un peu à part. Normal, c'est Bill Drummond).
Et la bonne nouvelle, c'est que Luke Haines a publié en 2011 Post everything, la suite de ses aventures. Je ne tarderai pas à me la procurer...

2 commentaires:

Frédéric a dit…

Oh, j'adore ce disque. Mais j'avoue ne pas connaître Paul Roland, ton érudition dépasse largement la mienne. Ma préférée c'est Idiot brother je crois. A vrai dire, je pensais aussi que le titre et le nom du groupe étaient une référence explicite à la Nouvelle Vague et à la politique des auteurs, comme je l'avais dit ici : http://ladiscothequedelamateur.fr/?p=638 (mea culpa). Mais ça n'enlève rien à leur musique. Et je suis justement en train de préparer un billet sur le premier album de Black Box Recorder que je trouve excellent.

Pol Dodu a dit…

Bonjour Frédéric,
Je n'avais pas (re)lu ta chronique avant de faire celle-ci. Maintenant c'est fait !
Si tu lis l'anglais, ça vaut vraiment le coup de te procurer "Bad vibes". Ça m'étonnerait que ça soit traduit un jour...