03 août 2013

THE MUTHA OF CREATION


Acquis probablement chez Guerlin-Martin à Reims en février 1994 avec le numéro du New Musical Express daté du 12 février 1994
Réf : NME CRE 10 -- Edité par NME/IPC Magazines en Angleterre en 1994
Support : Cassette
5 titres

Avant de faire sa connaissance à Reims, où il s'est installé il y a quelques années, je connaissais Fred Voisin pour son travail sur des pochettes de disques (de reggae ou pour On-U-Sound, entre autres) et la rétrospective des Transmusicales de Rennes, et je savais aussi en tant que lecteur qu'il avait publié de nombreuses illustrations dans le NME dans les années 1980 et 1990. Cependant, c'est presque par hasard que j'ai découvert qu'il avait illustré la pochette de cette compilation d'un label auquel je suis particulièrement attaché, Creation.
C'est bien sûr via le NME que le lien s'est fait puisqu'Albert Tupelo et Neil Burnett, qui ont réalisé la pochette de The mutha of Creation, ont sélectionné une gravure de Fred comme illustration principale, sur laquelle ils ont ajouté le logo du NME, celui de Creation et le titre général. Le style primitif de la gravure est peut-être censé faire référence à la déesse-mère du titre...


Frédéric Voisin, And the Gods made love, gravure sur bois tirée sur papier indien, 1994.
C'est la partie centrale de ce triptyque qu'il a utilisée pour Mutha of Creation.


Cette cassette de cinq titres inédits a été diffusée aux lecteurs du NME dans le cadre d'une grosse opération marquant les dix ans de Creation (pour les vingt ans, de mon côté, j'ai publié une compilation virtuelle, I believe in rock 'n' roll). Il y a eu aussi la compilation CD The patron saints of teenage, que ces mêmes lecteurs du NME pouvaient se procurer contre 2,99 £ et quatre des six coupons imprimés sur une période d'un mois et demi, plus bien sûr cette une à la gloire du label, avec en plus de cette illustration une galerie de portraits en double-page centrale façon pochette de Sergeant Pepper's, et plus de trois pages d'article retraçant la première partie de la saga du label d'Alan McGee, qui devait être complétée la semaine suivante.
Tout ça, mais cependant, absolument aucune information sur la cassette et son contenu dans le magazine lui-même. Heureusement que les crédits sont bien détaillés au dos de la pochette.
Il manque certes Primal Scream et My Bloody Valentine, mais on a ici quatre des piliers du label à cette époque.
The Boo Radleys ouvrent le bal avec un titre en studio, Blues for George Michael, dont ils enregistreront une deuxième version qui sera en 1995 l'une des nombreuses faces B du tube Wake up Boo !.
Teenage Fan Club est présent ici avec Goody goody gumdrops, reprise d'un groupe sixties bubblegum à tous les sens du terme, The 1910 Fruitgum Company, enregistrée à l'origine pour une session d'une émission de radio de la BBC.
Le titre de Sugar, JC auto, est une très bonne version live d'une très bonne chanson qu'on trouvait sur Beaster. C'est mon titre préféré du lot (il est possible que ce soit cette version qui s'est retrouvée ensuite sur la compilation Besides).
A l'inverse, la version en concert par Ride du I don't want to be a soldier de John Lennon (sur l'album Imagine) est une interprétation sans intérêt d'une chanson qui n'est peut-être pas géniale au départ. Le fait qu'elle a été enregistrée au Festival de Reading en 1992 est une indication qu'en moins de dix ans le label avait connu un succès certain. Ce qu'on ne savait pas, c'est que son apogée artistico-commerciale avait été atteinte en 1990-1993 avec une série de disques marquants et reconnus comme tels par le public et la presse.
Commercialement, Creation allait faire beaucoup mieux ensuite, avec les petits nouveaux présents sur cette cassette, les grandes gueules scouses d'Oasis dont c'est ici, sauf erreur de ma part, la toute première parution officielle. Cigarettes and alcohol, ici en version démo, allait se retrouver quelques mois plus tard sur le premier album Definitely maybe. Ce n'est pas ce qu'ils ont fait de mieux, mais leur style est déjà là, et le succès qu'allait remporter le groupe allait faire basculer Creation dans un autre monde, où je ne risquais plus guère de trouver mon bonheur, sauf dans les parutions décalées que le succès d'Oasis allait permettre de continuer à financer.

Frédéric Voisin expose en ce moment à Paris (Halle Saint-Pierre) et à Clairvaux (Hostellerie des Dames).
Il vient d'éditer un premier volume rétrospectif (1981-2013) de ses linogravures, avec notamment un poster et une version en couleur d'un superbe "ugly monster", Henriette Souslesbra. Un deuxième volume va suivre, avant le lancement d'un graphzine.



Le documentaire Upside down : The Creation Records story est toujours disponible en DVD (en anglais avec souvent un fort accent écossais, sous-titré en anglais).