23 août 2013

DONNA HIGHTOWER : This world today is a mess


Acquis d'occasion dans la Marne vers la fin des années 2000
Réf : 84.115 -- Edité par Decca en France en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : This world today is a mess -/- Dreams like mine

Je me suis fais surprendre par cette chanson dimanche pour la deuxième fois, ce qui est rare et n'est pas près de se reproduire !
En effet, on entend This world today is a mess à un moment dans le film Palais royal de Valérie Lemercier et la chanson repasse pendant le générique de fin. Tout de suite, mon oreille a été accrochée et j'ai su que je connaissais et appréciais cette chanson, sans être capable de retrouver le titre ou l'interprète. Paulette a suggéré que ça pourrait bien être Gloria Gaynor, et pour la voix et le débit elle avait tout  à fait raison, mais la chanson elle-même n'était sûrement pas assez disco.
Evidemment, en quelques secondes à l'ordinateur j'ai retrouvé les références de ce disque, et c'est là que je me suis traité d'imbécile, puisqu'une scène similaire s'est déjà produite il y a quatre ou cinq ans : j'avais entendu à l'auto-radio une chanson qui m'avait plu et j'avais fait des recherches pour l'identifier. J'avais alors tout de suite reconnu la pochette du 45 tours : cette maquette sobre et assez classique, qui pourrait être celle d'un disque soul/rhythm and blues des années 1960, est en effet omniprésente dans les Emmaüs et les vide-greniers : impossible d'en fréquenter un sans tomber dessus ! Jusqu'alors je n'avais jamais acheté ce disque car la production était non pas américaine des années 1960 mais espagnole des années 1970, mais j'ai très vite réparé cette erreur et j'avais alors hésité à chroniquer ce disque ici.
Dimanche soir, la décision était prise et, c'est une malheureuse coïncidence, en préparant ce billet ce matin, j'ai appris, via la page espagnole de Wikipedia qui lui est dédiée, qu'elle est justement décédée ce lundi 19 août, à 86 ans (l'information a depuis été ajoutée sur l'ébauche de page française). On trouve des articles assez complets en anglais chez KVUE et en espagnol dans El Pais.
Donna Hightower est née dans le Missouri et a vécu plus tard à Chicago. Elle sort son premier disque, I ain't in the mood (Je ne suis pas d'humeur) dès 1951, déjà chez Decca. Elle tourne en Europe vers 1959-1960 et accompagne notamment Quincy Jones à l'Olympia. Elle reste en Europe et s'installe en Espagne à la fin des années 1960, où elle forme le duo Danny y Donna avec Danny Daniel. Ils connaissent un grand succès, ensemble ou individuellement, principalement avec This world today is a mess (paroles de Donna, musique de Danny), vendu à huit millions d'exemplaires en Europe, dont trois rien que pour la France ( ce qui explique que le disque court les rues encore aujourd'hui !). L'enregistrement a été produit en Espagne par Columbia, qui n'a pas souhaité l'éditer aux Etats-Unis, où du coup Donna Hightower est à peu près inconnue. Pareil en France, je suppose, puisque c'est Decca qui l'a sorti.
Le succès de This world today is a mess semble mérité  mérité car la chanson est une réussite, parfaitement de son époque, le début des années 1970, puisqu'elle se situe parfaitement dans une transition entre la soul des années 1960 et le disco, qui n'allait pas tarder à se développer. On ne s'en doute pas à l'écoute où quand on voit Donna Hightower l'interpréter, mais les paroles sont surprenantes. Elles sont particulièrement acerbes et, comme le titre l'annonce un peu, elles témoignent d'une vision des relations humaines particulièrement cynique et pessimiste ("Essaie de tendre une main secourable à quelqu'un, il prendra ta gentillesse pour un signe de faiblesse"...).
En face B, Dreams like mine est une ballade de facture très classique, mais de bonne tenue.
Ne payez surtout pas plus de 50 centimes ou 1 € pour un exemplaire en bon état, tellement ce disque est courant, mais, si vous ne l'avez pas, n'hésitez pas à prendre ce disque la prochaine fois que vous le verrez...

C'est une série involontaire mais, après Evelyn Freeman et Sylvia Robinson, je viens en une semaine de retracer le parcours remarquable de trois femmes dans le monde de la musique.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Un tube parfait et magistral faut bien reconnaître difficile à cantonner au seul disco (par ailleurs j'ai tjrs trouvé un lien entre ce morceau et le sweet dreams d'eurytmics). Bien vu de nous remettre ça sur la tapis il y a des évidences qu'on oublie.
Ph

Pol Dodu a dit…

Philippe,
Je suis allé réécouter le 'Sweet dreams' d'Eurythmics car je ne voyais pas du tout de rapport, a priori. Au bout du compte, je crois avoir saisi le lien que tu ressens : il ne serait pas tant dans la mélodie ou la musique elle-même, plutôt dans le ton et le débit vocal d'Annie Lennox dans les couplets, surtout au début...

Anonyme a dit…

c'est ça: le ton et le débit d'Annie
ph