24 octobre 2015

CHUCK BERRY : Teenage wedding


Consulté la première fois sur YouTube le 18 octobre 2015
Réf : [sans] -- Diffusé par Soundcheck24 sur YouTube en 2014
Support : 1 fichier FLV
Titre : Teenage wedding (You never can tell) (C'est la vie)

Nous sommes le 24 mars 1972 à Brême en Allemagne. Chuck Berry est sur le plateau de l'émission de télé Beat-Club et s'apprête à jouer dans les conditions du direct. Pour l'occasion, il est accompagné par le groupe Rockin' Horse (Jimmy Campbell à la guitare acoustique et Billy Kinsley à la basse, deux ex-Merseybeats, ainsi que Mike Snow au piano et Dave Harrison à la batterie).
Quelques semaines plus tôt, le 3 février, Berry était à Coventry en Angleterre, pour un concert avec d'autres musiciens, enregistré par sa maison de disques. Quelques jours plus tard, à Londres, cinq titres ont été mis en boîte en cinq heures, pause déjeuner comprise. Le tout, sous la forme d'une face studio et d'une face concert, donnera en octobre 1972 l'album The London Chuck Berry sessions, précédé en juillet par le single My ding-a-ling, le plus grand et sûrement le plus inattendu succès commercial de Chuck Berry.
Mais pour l'heure, Chuck est sur scène, quelques secondes avant l'enregistrement. Il annonce le titre du morceau à venir, Teenage wedding. Il s'agit en fait de You never can tell, un titre qui, comme No particular place to go, Nadine, Tulane et Promised land, a été écrit pendant son séjour en prison en 1962-1963. Enregistré en janvier 1964, peu de temps après sa sortie, il a été édité en 45 tours. On le connaît aussi sous le titre C'est la vie, une expression française qui figure dans les paroles. C'est ce titre qu'Emmylou Harris a retenu en 1977 pour sa reprise.
Le groupe répète. C'est à dire que Chuck donne quelques instructions, à ses jeunes musiciens comme aux techniciens. Une voix annonce "We're rolling" et, quelques secondes plus tard, ça démarre. Tranquillement et de façon très sympathique d'abord, avec cette histoire d'un jeune couple qui vient de se marier à La Nouvelle Orléans, ce qui explique les bouts de paroles en français comme "Pierre", "Monsieur", "Madame", "Mademoiselle",...
La performance devient exceptionnelle et jubilatoire à partir du deuxième couplet, quand Chuck fait une première remarque sur les paroles en regardant son bassiste ("Elle ne savait pas cuisiner", pour expliquer que le "coolerator" était plein à craquer de plats préparés et de soda au gingembre). Le bassiste éclate de rire, Chuck est bien content de son coup, puis il joue un long solo de guitare tout en finesse et en retenue ("real cool", comme il disait en répétition).
Au moment où il est question du son de la chaîne hi-fi jouée à fond, Chuck en fait une imitation à la guitare, avant de faire un deuxième commentaire sur le fait que le tempo de la musique baissait le soir ("Pour diverses raisons").
Au cours du solo de guitare qui suit, avec Chuck se met à sautiller sur place de joie et d'excitation.
On voit qu'il a un temps d'attente avant le couplet suivant. C'est sûrement parce qu'il était en train de penser à modifier les paroles : la "souped-up jitney" des paroles originales (une vieille guimbarde au moteur gonflé) devient une Mercedes qui fait plus couleur locale.
Comme sur la version studio, il y a un solo de piano. Le musicien est encouragé par Chuck qui se penche sur le piano ouvert et félicite le musicien d'un "Beautiful" bien sonore.
La chanson se termine avec Chuck qui s'amuse en produisant des choses très musicales tout en tenant sa guitare à l'envers, avant visiblement d'exprimer sa satisfaction avec l'expression, mystérieuse pour moi, "Mama Zita".
Au total, près de sept minutes de bonheur musical avec Chuck Berry, qui viennent contredire la réputation bien tenace qu'il avait, comme quoi la seule chose qui l'intéressait était d'être payé en espèces pour ses prestations et que les musiciens qu'on lui fournissait sachent jouer ses plus grands tubes. Cette réputation est basée sur des faits, bien sûr, mais il faudrait aussi préciser que, même encore à cette époque, il avait du plaisir à jouer et à donner une bonne performance. Sans compter son immense talent de musicien, chanteur et parolier...

Je ne suis pas tombé tout seul sur cette vidéo. En fait, elle a suffisamment plu à Howe Gelb pour lui inspirer dimanche dernier un sermon publié sur sa page Facebook :

happy happy Sunday. ... this is beyond lovely. and it also stands as the most accurate sonic illustration of what...
Posté par Howe Gelb sur dimanche 18 octobre 2015


Dans son texte, Howe fait le parallèle avec Giant Sand : "C'est l'illustration sonique la plus précise de tout ce que Giant Sand a jamais essayé de faire dans un bon jour (sauf la garde-robe)". Et il explique qu'ils perdent souvent une partie de leur public en concert en faisant vivre leurs chansons de cette façon et en les présentant de façon unique. Ce n'est bien sûr possible que si on refuse de faire d'un concert la répétition fidèle de soir en soir d'une liste pré-établie. A ce moment, un échange est possible avec le public et alors le musicien "joue" sur scène, il ne travaille pas.
C'est vrai pour Howe, Chuck et tous ceux, à commencer par Jonathan Richman, qui ne décident ce qu'ils vont jouer qu'au tout dernier moment, sur scène.

Deux autres versions de la vidéo de Brême :


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