31 mai 2014

LES JEUNES LOUPS


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 30 mai 2014
Réf : 231.317 -- Edité par Riviera en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm
Titres : NICOLE CROISILLE (TUESDAY JACKSON) : I'll never leave you -- Dawn comes alone -/- THE T AND B : This world -- THE KREW : Mary, Mary

C'est pénible : le retour des 45 tours au prix raisonnable de 50 centimes chez Emmaüs près de chez moi n'aura duré que le temps d'une de mes visites. Hier, ils étaient de nouveau à 1 €. Mais ce qui est plus important, c'est qu'ils en avaient reçu des nouveaux. Je me suis donc concentré sur la qualité : là où j'aurais pu acheter une douzaine de disques à 50 centimes, dont des doubles pour les copains ou des tentatives risquées, j'en suis revenu avec juste trois 45 tours (et aussi le CD du premier album des Tindersticks, que je n'avais pas, à 1 € seulement. Comme quoi...).
Comme pour le Johnny Horton ramené la dernière fois, c'est une musique de film que j'ai choisi de vous présenter. En d'autres temps, je ne me serais pas particulièrement intéressé à ce disque, mais rien que ces dernières semaines, Philippe R. m'a offert un 45 tours sixties de Nicole Croisille en me le recommandant chaudement et il a visionné le film Les tricheurs de Marcel Carné et nous en avons discuté.
Les jeunes loups, c'est, comme Les tricheurs, un film sur la jeunesse. La musique tient un rôle important dans les deux : le jazz en 1958 et de la pop dix ans plus tard.
L'histoire de ce film est captivante. Marcel Carné l'a renié car des scènes ont été coupées pour cause de censure. Il est sorti le 3 avril 1968 et la jeunesse, pendant ces semaines là, était plus dans les rues que dans les salles de cinéma. Il a donc été très peu diffusé en salles, n'est apparemment jamais passé à la télévision et n'a été édité ni en cassette vidéo ni en DVD (il a néanmoins été projeté ponctuellement en 2012 et 2013 à la Cinémathèque et à Deauville). L'histoire de sa bande originale est elle aussi très intéressante et pleine de rebondissements mais, plutôt que de le paraphraser, je vais tout de suite vous envoyer consulter l'excellent et copieux dossier consacré à ce film par le magazine Je Chante, particulièrement l'article sur l'histoire du film et l'entretien avec le compositeur Jack Arel. Au passage, j'ai appris que l'expression "jeunes loups", qui est entrée dans le langage courant, a été créée par Jean-Claude Annoux en 1965 avec sa chanson Aux jeunes loups.
(pause le temps que vous preniez connaissance de ce dossier)
Les jeunes loups fait donc partie de ces films dont la musique est plus connue et mieux diffusée que le film lui-même. Cela est surtout due à la chanson principale du film, I'll never leave you, un slow interprété par Nicole Croisille, abritée mais non dissimulée derrière le pseudonyme Tuesday Jackson car initialement Carné voulait des musiciens américains ou anglais. Dans le genre, c'est réussi : outre la prestation vocale de Nicole Croisille, les choeurs, la basse, les cuivres et le solo d'orgue d'Eddy Louiss remplissent parfaitement leur rôle.
On reste dans les mêmes ambiances avec Dawn comes alone, une ballade avec choeurs et, à nouveau, la basse bien en avant.
Je n'ai trouvé aucune information concernant la composition du groupe The T and B. Il est probable que ce groupe existe autant que Tuesday Jackson et je pense qu'il s'agit des mêmes choristes et chanteurs que pour la face A. En tout cas, leur This world est une petite confection pop très légèrement psyché, tout à fait dans le ton de l'époque.
On en sait un peu plus par contre sur The Krew, un groupe de baroudeurs du rock, composé principalement d'anglais qui ont joué dans de nombreuses formations, chez eux, en Allemagne ou en France. Ils n'ont sorti qu'un seul 45 tours sous leur nom (Everything is alright, en 1966, également chez Riviera, qui doit être très recherché) mais ils ont accompagné la fine fleur de la variété française, notamment Dick Rivers et Sylvie Vartan. Sauf erreur de ma part, le chanteur du groupe en 1968 était Owen Gray et on comptait parmi ses membres Howie Casey au saxophone, Tommy Murray à la guitare, Alan Reeves à l'orgue, Eddie Sparrow à la batterie et Archie Leggett à la basse. Et là, je sais que comme moi certains auront tiqué puisque les deux derniers nommés constituaient la section rythmique à l'oeuvre en 1973 sur l'excellent album Bananamour de Kevin Ayers !
Son compositeur Jack Arel décrit Mary Mary comme un jerk. C'est comme ça qu'on appelait les titres rapides en France à l'époque. Disons que c'est un titre mod/rhythm and blues très rapide, où la guitare est relativement discrète (mais Sparrow tape fort sur ses fûts !). I'll never leave you est la chanson du film qui eu le plus de succès mais Mary Mary a aussi été très remarquée. Frank Alamo en a sorti une adaption en français sous le titre C'est ça la vie.
Un album de la bande originale du film a été édité à l'époque (et jamais réédité depuis). Rien que pour l'autre titre de The Krew, Tell me what's wrong, ça vaudrait le coup de le dénicher. Mais dans la bande annonce ci-dessous, qui contient les seuls extraits à peu près accessibles du film, il y a à 3'30 un autre groupe qui interprète un titre particulièrement sauvage. Je n'ai pas réussi à l'identifier formellement mais s'il s'agit du titre Wasting time attribué à Folk Group qui est sur l'album, alors oui, il me le faut vraiment !




3 commentaires:

Anonyme a dit…

2 observations: 1)Nicole Croisille avait plus de 30 ans qd elle a enregistré ce tube et elle avait une vraie carrière derrière elle, très connue dans le milieu musical à Paris elle l'était moins du grand public (qui connaissait sa voix avec "un homme et une femme" mais son nom, non), le R'n'B', la pop, c'était absolument pas son truc. Le succès a été énorme.2)je note qu'on retrouve le label"la compagnie" à la production du 45t.
Très bon disque, chronique et merci pour le lien ph

debout a dit…

Aïe, la bande annonce fait assez mal, on avait oublié qu'un certain cinéma de ces années là annonçait le pire du télé-film : décors et costumes pisseux, acteurs pathétiques (la palme revenant à cette jeune actrice au jeu aussi prenant qu'une partie de "des chiffres et des lettres") et réalisation en deçà de celle de "l'île aux enfants" (pour prendre une référence audiovisuelle contemporaine à cette œuvre d'un petit Marcel relativement désincarné).
Quant à la scie beuglée par Nicole Croisille, c'est bien simple, le jour où je deviens Maître du Monde, j'en interdis l'usage aussi bien public que domestique (après perquisition dans les locaux de Radio Nostalgie), ça plus "il est mort le soleil" de Nicoletta, l'intégrale Joe Dassin et Serge Lama, etc...

Anonyme a dit…

en 68 la chanson populaire est comme le reste de la société française:coupée en 2. les grands du vieux style et les nouveaux comme dutronc, polna,hardy considérés comme des plaisantins. Tout l'intérêt de cette chanson c'est qu'elle a réunit tt le monde, il y avait quelque chose des standards américains blancs et noirs (en plus d'être un slow torride)NC apparaissait comme la chanteuse de taille internationale, NC beugle? Non, elle m'émeut!ph