14 mars 2010
FELT : Let the snakes crinkle their heads to death
Offert par Creation sûrement par correspondance en 1986
Réf : CRE LP 009 -- Edité par Creation en Angleterre en 1986
Support : 33 tours 30 cm
10 titres
Felt a publié beaucoup de titres instrumentaux, sur ses albums, en face B de singles et même sur deux disques entièrement instrumentaux, celui-ci et Train above the city. On se demandera toujours pourquoi Lawrence a choisi de sortir ces dix très courts titres ensemble, sur un album à peu près invendable, au moment où il venait d'enchaîner deux singles à peu près populaires, Primitive painters, surtout, et, dans une moindre mesure, Ballad of the band, sorti quelques semaines plus tôt sur son nouveau label, Creation. Le son n'étant pas incompatible, il aurait pu les glisser trois mois plus tard sur l'album suivant, Forever breathes the lonely word, et en face B des singles du moment, mais il a choisi de les sortir, fin juin-début juillet 1986, sur ce mini-album, qui fait la part belle au nouveau soliste du groupe, l'organiste Martin Duffy (Il est précisé sur la pochette "Lawrence's songs coloured in by Martin" alors que, en 1988 pour The pictorial Jackson review la mention deviendra "Songs coloured in by the band").
Je ne suis pas un immense fan des instrumentaux de Maurice Deebank en solo à la guitare, publiés dans les débuts du groupe, ni des instrumentaux solo au piano de Martin Duffy qu'on trouvait sur la face B du maxi Ballad of the band. Je ne parle même pas de l'album Train above the city, sur lequel ne jouent que Martin et Gary Ainge, carrément jazzy avec vibraphone et piano électrique : les descriptions que j'en avais lu m'ont fait tellement peur que j'ai attendu plus de vingt ans pour me décider à l'écouter tout récemment, par pur acquis de conscience. Je ne suis pas près de recommencer.
Par contre, j'ai toujours bien aimé Let the snakes crinkle their heads to death. Certes, ça restera toujours un album instrumental de Felt auquel la voix de Lawrence manque cruellement. Ça sera toujours aussi un album relativement mineur dans la discographie du groupe, mais au moins, même sans la voix, c'est du Felt, ça se reconnait dès qu'on écoute quelques notes, et cet album jamais chiant (Il ne s'en donne pas le temps avec dix titres en 19 minutes), fait même écho d'un titre à l'autre à l'ensemble du parcours de Felt, des tous débuts (la batterie de Nazca plain rappelle Crumbling the antiseptic beauty) aux maxis de la fin, Final resting of the ark (Viking dress) et Space blues (Voyage to illumination, une excellente composition signée Martin Duffy).
A d'autres moments, notamment sur la face A, on est proche de Poem of the river et de la face A de The pictorial Jackson review, mais aussi de The strange idols pattern and other short stories, les intitulés de certains morceaux (The palace, Indian scriptures, Ancient city where I lived, Nazca plain) pouvant renvoyer au titre de cet albums.Avec des sons d'ambiance maritime en intro et à la fin et sa partie de guitare centrale, Ancient city where I lived réussit d'ailleurs l'exploit d'être un morceau élaboré très bien construit qui ne dure que 88 secondes.
Il y a un style de musique auquel je n'aurais jamais pensé à associer Felt à l'époque de la sortie de ce disque, ne serait-ce que parce que je le connaissais alors très peu, c'est l'easy listening. Pourtant, Felt a dû en écouter, comme le montre la reprise de Soul coaxing, la version instrumentale bourrée de cordes d'Âme câline de Polnareff par Raymond Lefèvre et son grand orchestre, enregistrée sur scène en 1987, disponible sur le DVD A declaration.
Plus ou moins en référence à ce style, si le titre d'ouverture Song for William S Harvey, en hommage au graphiste des pochettes du label Elektra dans les années 1960 et 1970, est très réussi, j'ai du mal à supporter le piano électrique de Jewel sky. Mais le sommet du disque, avec un orgue très sixties, reste pour moi le tout dernier titre, Sapphire Mansions. Le rythme au début me rappelle un peu le Yellow ball de Revolving Paint Dream et le morceau aurait vraiment eu toute sa place sur The pictorial Jackson review. Ce n'est évidemment pas un hasard si, des dix titres de l'album, celui-ci est le seul que Felt ait joué sur scène, très régulièrement en plus. Avec des paroles de Lawrence, c'était un tube !
Lawrence a dû avoir des remords quant au choix de la photo de pochette, au demeurant pas géniale : peu de temps après sa sortie, le disque a été diffusé avec une nouvelle pochette, reprenant le gros plan sur le gilet, la ceinture et les mains gantées de Lawrence qu'on trouvait au départ au verso. Un cartouche a été rajouté avec le titre du disque. C'est un peu mieux réussi à mon sens, sauf que je n'aime pas du tout la police utilisée.
Une lettre promotionnelle envoyée à la presse au moment de la sortie du disque. Ou comment justifier l'incompréhensible : "As a career move for most bands it would be suicidal, for Felt it makes perfect sense".
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