29 mai 2016

THE SMITHS : This charming man


Acquis probablement chez A la Clé de Sol à Reims en 1985
Réf : 80 074 -- Édité par Rough Trade / Virgin en France en 1984
Support : 45 tours 30 cm
Titres : This charming man -- Accept yourself -/- Wonderful woman -- This charming man (US remixed)

Je viens de lire le livre de Neil Taylor de 2010 Document and eyewitness : An intimate history of Rough Trade. Après celui de Rob young en 2006, Rough Trade : Labels unlimited, c'est au moins le deuxième livre à paraître sur l'histoire de cette entreprise anglaise essentielle. Une lecture passionnante pour moi, qui me suis notamment intéressé à cette histoire en publiant en 1996 dans mon fanzine un article et une discographie pour marquer les vingt ans de Rough Trade.
Le livre de Neil Taylor est loin d'être parfait (il y a notamment des passages entiers répétés presque mot pour mot à quelques pages d'écart) mais, sur 400 pages, il y en a 250 qui couvrent la période jusqu'en 1983, celle qui m'intéresse le plus. Et, comme le titre emprunté à Wire l'indique, c'est bourré de témoignages de première main.
Ce que j'en retiens grosso modo, c'est que, ce qui a toujours intéressé le fondateur Geoff Travis, c'est de découvrir de nouvelles musiques et de nouveaux talents et de faire partager ses découvertes. A partir de là, Rough Trade s'est développé autour de trois activités, disquaire, label et distributeur, qui ont parfois grandi trop vite, ont connu de graves crises financières, se sont fait la guerre et ont mené depuis quarante ans un parcours varié sous cette image de marque unique, alors même que les sociétés évoluaient/changeaient de propriétaire. Par exemple, les boutiques sont une entité indépendante du label depuis 1982.
Pour ce qui est de la maison de disques Rough Trade, le label essentiel de la New Wave pour ce qui me concerne, qui m'a fait découvrir à l'adolescence un nombre impressionnant de groupes et de grands disques, elle a donc connu sa première grande crise en 1982 mais a rebondi assez vite avec la signature des Smiths en 1983.
Les Smiths avaient un énorme potentiel, et l'erreur commise par Rough Trade a peut-être été de vouloir les conserver à tout prix alors qu'ils n'avaient pas la structure pour gérer longtemps un succès de cette taille. A posteriori, je pense que Rough Trade aurait dû se contenter de garder les Smiths une grosse année, jusque fin 1984, de Hand in glove à Hatful of hollow, le temps de tirer le meilleur jus du groupe, avec une série impressionnante de singles, un premier album pas parfait et une compilation qui l'est.
Rough Trade s'est battu en justice avec les Smiths pour qu'ils sortent leur troisième album, The Queen is dead, chez eux, conformément à leur contrat. Mais s'ils avaient été sur une major dès Meat is murder, cela aurait donné au groupe un peu de temps pour souffler et préparer ce deuxième album et ça n'aurait pas forcé la grenouille Rough Trade a tenté de se faire plus grosse que le bœuf en commençant à embaucher des cadres administratifs et financiers pour gérer une boîte qui, jusque là, était une quasi-coopérative où tout le monde avait le même salaire. D'un autre côté, c'est bien le chiffre d'affaires généré par The Smiths ou la distribution des succès de New Order ou Depeche Mode qui a permis pendant des années à Rough Trade de rendre possible financièrement et logistiquement le développement de tout un pan du rock indépendant, à commencer par Creation.
Pour ce qui est des Smiths, d'être passé à côté d'eux reste mon grand regret de l'année 1983/1984 que j'ai passé à Londres. Par là, j'entends que je n'ai acheté aucun de leurs disques et que je n'ai pas cherché à les voir en concert. Par contre, je connaissais bien sûr leurs tubes, et c'est justement la vision de Morrissey à Top of the Pops chantant This Charming man avec ses glaïeuls qui m'a hérissé et m'a fait bêtement rejeté ce groupe, alors que j'ai quand même beaucoup apprécié What difference does it make et Heaven knows I'm miserable now.
Je n'ai donc aucun de ces superbes 45 tours anglais des Smiths, qui étaient en vente neufs partout pour une bouchée de pain, mais une fois rentré en France, j'ai quand même acheté le premier album, Hatful of hollow et ce maxi de This charming man.
Si j'ai fini par acheter ce disque emblématique, avec Jean Marais dans Orphée sur la pochette, c'est parce qu'il n'était pas très cher, et aussi parce que j'avais entendu dire que le remix de This charming man qu'on y trouve n'avait pas plu au groupe et qu'il avait été retiré du commerce.
Sur ce point, j'ai tendance à croire Geoff Travis quand il explique qu'il avait trouvé ce remix de François Kevorkian sorti chez Megadisc aux Pays-Bas assez réussi et que, bien sûr, il n'aurait pas pu l'éditer sans l'aval de Morrissey. Mais celui-ci a changé d'avis par la suite et la version anglaise du maxi avec le remix dit New York a très vite été retirée du commerce.
L'intérêt de ce pressage français du maxi, c'est de combiner les deux maxis anglais, avec la version single (Manchester) de This charming man, les deux faces B Accept yourself et Wonderful woman, plus la version remixée New York qui remplace la version Peel London, disponible par ailleurs sur Hatful of hollow.
This charming man est un classique. L'une des fois où la musique de Johnny Marr et les paroles et le chant de Morrissey se marient parfaitement, ce qui est bien sûr la formule de la potion magique des Smiths.
Comme dans les années 1960 pour les Beatles ou les Stones, ou dans les années 1970 pour les Buzzcocks ou Joy Division, j'apprécie particulièrement la vitesse à laquelle les choses s'enchaînaient pour les Smiths en 1983-1984. Une session Peel de prévue ? Allez, Marr compose trois nouveaux titres en un week-end. L'un de ces titres est l'excellent  This charming man ? Allez, comme j'ai déjà eu l'occasion de le raconter, le single prévu avec Reel around the fountain est modifié au dernier moment.
Et ainsi de suite, avec les faces B notamment.
Sur le petit 45 tours, il y avait l'excellente Jeane, qui n'est pas reprise ici tellement il y a de matière. A la place, on a droit à la tout aussi excellente Accept yourself ("Everyday, you must say, oh how do I feel about my life" et "Time is against me now and there's no one left to blame", qui deviennent ensuite "Everyday, you must say, oh how do I feel about my shoes" et "Time is against me now and there's no one but yourself to blame") et Wonderful woman, qui n'est pas mal du tout non plus, un peu dans la lignée de Back to the old house, avec Johnny Marr à l'harmonica, comme avec The The.
Quant au remix New York de This charming man, on a connu bien plus destructeur, mais il est évidemment superfétatoire.

Il y a tout plein de compilations des Smiths, mais il n'y a guère que sur la version double-CD de The Sound of The Smiths (2008), qu'on retrouvera à la fois This charming man, son remix par François Kevorkian, Wonderful woman et même Jeane. Ne manque à l'appel que Accept Yourself, facilement disponible depuis 1984, dans une version différente, sur Hatful of hollow. Pour la version originale, je crois qu'il faut se tourner vers un maxi d'époque, ou le coffret Singles box de 2009.






1 commentaire:

Anonyme a dit…

des smiths ce que j'aime le plus c'est le jeu de gt de marr, parce que la voix du chanteur bof (avec en plus tout le cirque qu'il a entretenu) , ce qui m'étonne c'est que personne ne commente sur une chronique des smiths, j'aurais cru qu'il y avait tjrs des inconditionnels intarissables sur le sujet. Pour moi les smiths c'est hand in glove, excellent morceau, qui me les a fait découvrir en partant de la version avec sandie shaw.
Ph