06 décembre 2013
THE TIMES : Manchester
Acquis au Record & Tape Exchange de Pembridge Road à Londres dans les années 1990
Réf : CRE SCD 71 -- Edité par Creation en Angleterre en 1990
Support : CD 12 cm
Titres : Manchester -- Manchester (George Best edit) -- Ulysses -- Shoom!
C'est assez particulier ce qui est arrivé à Ed Ball, le fondateur de The Times, et aussi l'un des membres fondateurs des Television Personalities. Pendant des années, il a perfectionné une pop artisanale à la saveur résolument rétro, une fixette sur les années 1960 et les styles mod et psychédélique, et paf, voilà qu'en 1988 lui tombe dessus le deuxième Summer of Love, une nouvelle vague psychédélique portée par la house music et l'ecstasy. Comme une bonne partie de la bande de Creation, Ed a plongé dans ce psychédélisme contemporain, et en 1989 il a enregistré deux albums simultanément, E for Edward (et non pas E for Ecstasy...) crédité à The Times et sorti fin 1989, et le premier disque house et synthétique de Love Corporation, Tones, sorti un peu plus tard, en 1990.
Ce single est le seul qui a été extrait d'E for Edward. Les deux pochettes du single et de l'album font clairement référence à Technique de New Order, sorti un an plus tôt. C'est surtout évident pour l'album, avec le fond rose et la photo d'une nana qui porte sur la tête le sac noir qui emballait le précédent album de The Times, Beat torture, afin de "ressembler" à la sculpture de la pochette de New Order. Mais c'est clair ici aussi avec la couleur de police, la minuscule en italique à l'initiale de Times et la mosaïque de photos en couleurs au dos, qui rappelle l'affiche promotionnelle de Technique. Cette fois-ci, la photo au recto est en plan large, et on dirait bien qu'Ed est en train de pisser dans un coin, au fond.
Cette référence à New Order s'explique naturellement par l'hymne à Manchester qui est le titre principal de ce single. Manchester, haut lieu de la house, la ville de l'Hacienda et des Happy Mondays, celle-là même où Alan McGee était allé s'installer.
Quelques années après avoir signé There's a cloud over Liverpool, pour cette nouvelle ode à la grande ville du Nord de l'Angleterre, à enchaîner avec le It's grim up North des Justified Ancients of Mu Mu, Ed Ball a conservé ses qualités de faiseur pop et son ironie et il réussit à citer les grandes figures de la ville (Peter Hook, les Happy Mondays, Tony Wilson, les Stone Roses) et à faire référence à New Order, avec une rythmique au séquenceur bien marquée, et même au football avec des choeurs sur la fin dans le style de ceux qu'on entend dans les tribunes d'un stade. Une excellente chanson, et ce qui est rare et agréable, c'est que le George Best edit qui est présenté ensuite est pour une fois une version allongée et remixée qui est plus dansante, certes, et plus proche du son de New Order, mais qui ne fait pas regretter la version de base.
Cerise sur le gâteau, les deux autres faces B, très différentes l'une de l'autre, sont d'excellente facture. L'intro d'Ulysses est du niveau des meilleures ballades de Paul McCartney, et la suite est une sorte de chanson de marin guillerette. Shoom! était l'un des clubs house les plus réputés, mais cet instrumental à la guitare de plus de sept minutes n'a rien à voir avec ce style de musique. Il semble plutôt faire le pont entre le son de Beat torture et celui de l'album Pure de 1991, un disque où Ed Ball rendra un nouvel hommage à New Order en reprenant Blue Monday.
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1 commentaire:
Dans le livret de la réédition de l'album chez Artpop!, Ed Ball explique, sans trop de surprise, que "Manchester" lui a été inspiré par une soirée passée dans la ville en décembre 1988 pour un concert de New Order au G-Mex suivi d'une fête à l'Hacienda.
Pour "Shoom!", il confesse que c'est un pompage de "Interstellar overdrive".
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