15 septembre 2013
GORDON KEEN AND HIS BMX BANDITS : Gordon Keen and his BMX Bandits
Acquis au Cash Converters du boulevard des Batignolles à Paris dans la seconde moitié des années 1990
Réf : SUN 006 -- Edité par Sunflower en Ecosse en 1992
Support : CD tours 12 cm
7 titres
Je n'ai pas du tout suivi BMX Bandits à leurs débuts, comme je n'ai pas suivi la plupart des groupes de la vague noisy pop en-dehors de ceux directement liés à Creation. En plus, ces idiots avaient justement choisi d'appeler leur premier album C86, en 1990, au moment où ce style et cette posture commençaient à lasser. Par la suite, quand le groupe a signé chez Creation, justement, j'ai reçu certains de leurs disques, dont Serious drugs, et ils ont fortement monté dans mon estime quand ils ont repris That Summer feeling de Jonathan Richman. Ce n'est pas un titre facile à reprendre et leur version n'était pas particulièrement renversante, mais la choisir était déjà une preuve de bon goût !
Juste avant d'aller chez Creation, le groupe a sorti ce CD au statut un peu bizarre, que j'ai trouvé pour rien quelques années plus tard à Paris (avec les disques des Moonflowers et de Collapsed Lung, entre autres). Bizarre ? Sans explications, le disque est crédité non pas au seul groupe, mais à Gordon Keen (le guitariste) and his BMX Bandits. Ensuite, si le vinyl était un maxi 45 tours 5 titres, avec 7 titres et 18'30, cette version CD hésite entre le mini-album et l'EP à rallonge sauce américaine. Et puis, si l'on en croit la mention "Skeletons in the cupboard" à l'intérieur du livret ("Des squelettes dans le placard"), il semble bien que ce disque ne soit pas une entrée à part entière dans leur discographie, mais plutôt une compilation de raretés ou de titres inédits enregistrés à droite et à gauche.
La vraie raison pour laquelle j'ai acheté ce disque, c'est qu'il y au dos un titre crédité à D. Treacy, Girl at the bus-stop. C'est une chanson que je ne connaissais pas, et pour cause, étant donné que les Television Personalities ne l'avaient pas publiée sur disque (une démo de 1987 a été incluse en 2005 sur la compilation And they all lived happily ever after). On en a droit ici à deux versions, une démo à la guitare acoustique enregistrée à la maison (avec une deuxième voix), et une en groupe avec basse, batterie et guitare électrique. La chanson est excellente, l'histoire éternelle d'un amoureux transi caricaturalement empoté qui, pour faire la connaissance de la fille à l'arrêt de bus, qui en plus d'être belle est toujours ponctuelle (elle est toujours là à huit heures), n'est capable ni d'engager la conversation ni de changer son itinéraire, à moins qu'elle lui dise d'abord bonjour.
Avec le titre d'ouverture du disque, Your class, Duglas Stewart, le membre principal et permanent des BMX Bandits, montre qu'il est capable de faire aussi bien que le maître Dan Treacy dans la confection pop haute qualité mais basse fidélité. Il vise même haut car avec la batterie et le violon, on a l'impression qu'il se mesure carrément à Phil Spector, avec des paroles du même tonneau : "If I can't be with the girl I love, should I love the girl I'm with ?" et "What you do is breaking my heart in two and I'll never get too tired of you. Don't say we're through 'cos that could not be true". Cette chanson figurait déjà sur C86 mais je ne sais pas s'il s'agit de deux versions différentes. La connexion avec les TVP's était suffisamment forte pour que les deux groupes participent en 1991 à l'excellent singles club du label Clawfist, dont le principe était que deux groupes s'entre-reprennent. Les Bandits avaient choisi Someone to share my life with tandis que les TVP's s'étaient justement attaqué à Your class.
TVP's, BMX Bandits, Pastels, avec tous ces groupes il ne faut pas s'attendre à un chant techniquement parfait ni même toujours juste. Ici, le chant est aussi dans la norme que la photo de pochette est de qualité professionnelle ! Stewart coupe l'herbe sous le pied de ses éventuels détracteurs en démarrant Hot bandito No. 1 par "I wanna be a better singer but I can't". Ce titre-là est par ailleurs sûrement celui que j'aime le moins sur ce disque. King of the fools n'est pas non plus une chanson parfaite, mais elle réussit presque à recréer en Ecosse et en pseudo-gospel l'ambiance de Party in the woods tonight de Jonathan Richman & the Modern Lovers. Pas trop étonnant quand on lit chez Popsided dans une longue interview de 2009 de Duglas Stewart par Spaz que Rock 'n' roll with The Modern Lovers est un disque qui l'a énormément marqué.
On a ensuite une version en public de Kylie's got a crush on us, une excellente pochade écrite par Gerard Love de Teenage Fan Club pour l'un de ses nombreux groupes, The Clydesmen. Une version studio sera enregistrée pour Creation et sortie en single en 1993, mais elle est plutôt moins convaincante et moins sympa que celle-ci.
Le disque se termine avec Come and get it, une chanson signée Paul McCartney. Contrairement à ce que j'avais imaginé, il ne s'agit pas d'une reprise des Beatles ou de Wings, mais d'un titre enregistré par Badfinger en 1969.
Duglas Stewart tourne toujours et enregistre avec ses BMX Bandits. Jim Burns lui a dédié en 2011 un documentaire, Serious Drugs - Duglas and the Music of BMX Bandits, projeté en festivals mais qui n'a pas encore fait l'objet d'une édition en DVD.
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