09 octobre 2010

MARCEL BIANCHI : Joue avec Marcel Bianchi


Acquis chez Gibert Joseph à Lyon le 5 octobre 2010
Réf : FDLP 1041 -- Edité par La Voix De Son Maître en France vers 1955
Support : 33 tours 25 cm
10 titres

D'habitude, quand j'ai l'occasion de passer chez Gibert Joseph à Lyon, c'est à dire à peu près une fois par an, j'y trouve généralement des CD soldés ou d'occasion, comme le Laura Veirs l'an dernier ou le Grandaddy en 2005.
Cette fois-ci, je n'ai ramené qu'un seul CD, un maxi des Delgados, mais il faut dire que j'ai passé la majeure partie de mon temps à fouiller le gros stock de vinyls d'occasion (33 tours et 45 tours) que j'ai eu la surprise de trouver là.
J'y ai fait une bonne moisson, de la new wave (Gary Numan) au rock indépendant (Les Invendables) en passant par des chants et danses d'Indonésie et de Chine et deux 25 cm de M. Trumpet Cha Cha, un pseudonyme derrière se cache, il me semble, Georges Jouvin.
La trouvaille la plus intéressante c'est sans contexte ce 25 cm de Marcel Bianchi, qui trainait là depuis la mi-mai. Oh certes, mon exemplaire a souffert et la pochette n'est pas dans l'état de l'illustration ci-dessus : elle a pris l'humidité et sa moitié inférieure est très abimée, l'illustration du recto est très abimée et le texte au verso a des manques. Mais bon, à 1 € je ne vais pas me plaindre, d'autant plus que, depuis quelques années que je collectionne les disques de Marcel Bianchi je n'avais jamais vu celui-ci, qui se trouve avoir une particularité intéressante. En effet, Jacques Sclingand l'explique au dos dans ses notes, ce disque a été réalisé avec la technique du re-recording, ce qui était novateur à l'époque :

"«Re-recording» ou re-enregistrement signifie dans ce disque six enregistrements pour un seul morceau, ils sont superposés et répartis ainsi :
1° enregistrement contrebasse et batterie;
2° enregistrement guitare 1ère partie ligne de chant;
3° enregistrement guitare 2e partie;
4° enregistrement guitare 4e partie;
5° enregistrement guitare variations;
6° enregistrement guitare variations.

Ce microsillon de «re-recording» à la guitare est le premier réalisé en France, il a demandé une centaine d'heures de travail en studio. Outre les difficultés de mise au point en ce qui concerne le son, les procédés qui régissent l'élaboration d'un tel disque imposent à l'artiste un rigoureux contrôle de soi-même, mais la technique instrumentale de Marcel Bianchi est éblouissante. Fait assez rare, c'est aussi un guitariste complet et les qualités musicales de cet enregistrement nous le prouvent.

Ecoutez la vigueur des lignes mélodiques (le mediato est incisif), elles bondissent, se sauvent et vous ne les attraperez jamais; les accords se cabrent ou s'évanouissent car les doigts exécutent de fréquents glissandos; votre esprit sera en éveil dans ce charmant «All the things you are» où vous relèverez des effets de fugue et de contrepoint; avez-vous déjà entendu swinguer à la guitare hawaïenne comme dans «Bianchi's boogie» ? Et si vous n'êtes pas persuadés des ressources polyphoniques de l'instrument, écoutez les basses de «Fantasia boogie», tout cela est surprenant.

CINQ GUITARES POUR UN SEUL HOMME !
Cinq fois consécutives Marcel Bianchi a joué avec lui-même.
On n'est jamais si bien servi... que par soi-même."

Je connaissais le rôle pionnier de Marcel Bianchi pour l'utilisation de la guitare slide en Europe mais, n'ayant encore jamais acheté de disques de lui utilisant cette technique, je n'avais pas noté que la bio par Phil Dubois sur le site Guitares et Batteries mentionne effectivement que Marcel Bianchi a été un pionnier en France pour le re-recording, à la suite des travaux de Les Paul en collaboration avec la société Ampex.
Le résultat est effectivement intéressant, loin des enregistrements très purs de Bianchi seul avec sa guitare ou de sa musique hawaïenne.
La première face, ma préférée, est dédiée au mambo. On a des percussions plus que de la batterie et toutes les parties de guitare annoncées, dont certaines, dans le haut de la gamme, mettent particulièrement en valeur la dextérité de Marcel, au point qu'elles semblent accélérées (ce qui semble effectivement être le cas, selon cette chronique du CD The exciting electric guitar of Marcel Bianchi, qui contient d'autres enregistrements en re-recording). J'aime les cinq titres mais mes deux préférés sont Hola que tal, sur lequel il y a une bonne piste de guitare hawaïenne, et l'excellent Quien serà. J'ai su tout de suite que je connaissais ce dernier titre, que j'ai reconnu tout de suite. Il m'a fallu quelques instants de recherche pour apprendre qu'il s'agit du titre original de la chanson de 1953 popularisée en 1954 par Dean Martin sous le titre Sway. Je ne connais pas tant la version chantée de Dean lui-même que la reprise instrumentale qu'en ont fait les Friends of Dean Martin en 1995, par exemple lors de ce concert de Giant Sand en Allemagne.
La face B commence avec trois originaux de Marcel Bianchi suivis de deux reprises de chansons composées pour des comédies musicales de Broadway d'Oscar Hammenstein, Lover come back to me et All the things you are. Là, l'ambiance est jazz, du jeu de batterie au style de guitare. Ça me plait forcément moins, même s'il y a des passages qui m'accrochent l'oreille, notamment le très blues Bianchi's boogie.
Il y a eu un 45 tours édité en France avec Quien serà ? et Hola que tal, et aussi un EP (réf. EGF 158) avec quatre des titres de la face B. Sans surprise, en Espagne ce sont quatre titres de la face A qui ont été sélectionnés.
Sinon, il est amusant de noter que, à plus de cinquante ans de distance, j'ai trouvé la pochette de ce disque très près de son lieu de production : elle a été imprimée par Carron & Fils à  Lyon !


Le EP espagnol avec quatre titres de la face A de cet album.
"Cinco quitarras en un solo hombre !"

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