13 avril 2008

PATTI SMITH : Hey Joe


Acquis probablement au Hifi-Club à Châlons-sur-Marne vers 1979
Réf : 2C052-60133z -- Edité par Arista en France en 1977
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Hey Joe -/- Radio Ethiopia (Live version)

Pendant un moment, les maxi-45 tours étaient vraiment rares et me fascinaient assez. Ils étaient chers, certes, mais ça c'est la seule raison d'être des maxis, vendre des grands 45 tours plus chers que des petits 45 tours, mais ils avaient l'avantage d'être rares (je l'ai déjà dit, je sais), différents et souvent de contenir de la musique inédite par ailleurs.
Par la suite, pendant toute la seconde partie des années 80, les singles sortaient systématiquement en 45 tours et en maxi (et aussi, suivant les époques, en cassette ou en CD), et alors j'ai souvent marché marché dans le système pour avoir un maximum de faces B inédites. Mais à l'époque où j'ai acheté ce disque, ou ceux de Ian Dury ou Laurent Voulzy, les maxis c'étaient vraiment des OVNI. Aujourd'hui, je préfère de loin les EP 4 titres bien compacts dans leur petite pochette à ces maxis grands et fragiles dans leur pochette souvent pas épaisse.
Celui-ci, c'est le deuxième disque que j'ai acheté de Patti Smith après le 45 tours Because the night. J'allais dire que c'était aussi le dernier, ce qui est vrai en quelque sorte : je n'ai pas acheté les disques suivants neufs au moment de leur sortie, mais au fil du temps j'ai récupéré les quatre albums de la première période et d'autres singles.
Avant que j'ai le budget pour investir dedans, j'ai longtemps lorgné sur ce disque chez le marchand. La pochette me plaisait bien avec son aspect bricolé au scotch et surtout cette photo de Patti Smith chevauchant ce qui semble bien être un antique cheval à bascule. Et puis, il n'y avait aucun moyen de trouver les deux titres du disque ailleurs : la face A est la réédition de celle du premier single de Patti Smith, sorti en 1974, et la face B est une version live inédite de Radio Ethiopia. Et ce disque n'a été édité qu'en France...
Au bout du compte, je ne regrette pas mon achat, et je ne suis pas près de me séparer de ce disque (pas la peine de me faire des offres...!), mais à l'écoute c'est quand même quelque peu décevant.
Patti étant une poétesse rock, Hey Joe commence par un poème, Sixty days, qui fait référence à Patty Hearst qui, au moment de l'enregistrement en juin 1974 venait de rejoindre l'Armée de Libération Symbionaise qui l'avait enlevée. Ensuite s'enchaîne la reprise effective de Hey Joe, une pâle version parmi toutes les reprises que je connais, de Jimi Hendrix et même jusqu'à Alain Bashung. Tom Verlaine est à la guitare solo, mais c'est surtout le piano de Richard Sohl qui est au premier plan, comme sur l'autre face du 45 tours, Piss factory, que j'ai sur un disque qui n'a rien à voir, la compilation New wave sortie par Vertigo en 1977.
Il se passe beaucoup de choses pendant le plus d'un quart d'heure que dure la version de Radio Ethiopia enregistrée au CBGB's de New-York le 5 juin 1977 (On peut d'ailleurs se demander si le Patti Smith Group a jamais enregistré une version studio de cette chanson car, sur l'album du même titre, Radio Ethiopia est aussi proposée dans une version live, du 9 août 1976), mais malheureusement elles ne sont pas toutes intéressantes, même si, globalement, je préfère cette version à celle de l'album.
Déjà, l'enregistrement commence trop tôt : on a droit à quelques mesures de la fin d'un morceau assez électrique, puis Patti annonce que le titre mettra en vedette un guitariste électrique comme un Jackson Pollock. Mmouais, s'agissant d'une chanson déjà dédiée à Arthur Rimbaud et Constantin Brancusi, on aura compris qu'on écoute de l'art en train de se faire. L'intro guitare/voix est d'ailleurs très bien, comme la harangue électrique à la Doors qui nous mène au milieu de la face. Après, au lieu de s'arrêter là, ça se gâte, avec coupures de rythme et une Smith qui parle, qui dit qu'elle se faisait appeler Smith Smith dans le passé (elle a lu aussi Tintin ou quoi, la Dupont Dupond ?), qui dit au public que s'ils écoutent ça, ils pourraient écouter n'importe quoi, puis elle menace de leur marcher sur la tête sauf que, ouf, "ils" ont installé une barrière magnétique autour de la scène parce qu'ils pensent qu'elle est cinglée ! Gloup, mais, sachant que sa fameuse chute de scène avait eu lieu quelques mois plus tôt seulement, il est possible qu'elle fasse obliquement référence à un corset qu'elle portait peut-être encore alors.
Heureusement, dans les six-sept minutes qui restent il y a les trois plus intéressantes de la face : une très bonne version de Rock'n'roll nigger, un titre alors inédit qu'on retrouverait l'année suivante sur Easter, dans un habillage sonore qui donne à penser qu'il s'agit aussi d'un enregistrement live même si ce n'est pas indiqué dans les crédits. Rock'n'roll nigger n'étant pas crédité sur la pochette, j'ai l'impression que la plupart des discographies omettent de signaler l'existence de cette version.
Aujourd'hui, loin d'être une "nègre du rock'n'roll" et "en-dehors de la société", Patti Smith est d'un âge suffisamment respecté pour avoir été intégrée en 2007 au Rock'n'roll Hall of Fame et être de fait muséifiée dans un temple de l'Art joaillier français, la Fondation Chaumet. Le temps a fait son oeuvre...

3 commentaires:

Pol Dodu a dit…

La photo de la pochette est reproduite page 53 du livre "Charleville" de Patti Smith (Actes SUd, 2008). Elle est légendée "At Coney Island, 1973", mais le photographe reste toujours inconnu. Peut-être Robert Mapplethorpe, peut-être pas...

Anonyme a dit…

te souviens tu de la vendeuse du hifi club qui avait monté un restau dans le 23 par la suite

Pol Dodu a dit…

Joe,
Je ne connaissais pas assez les vendeuses du Hifi Club pour savoir ce qu'elles sont devenues par la suite...
Par contre, en parlant de restaurant, sauf erreur de ma part c'est Michigan Burger qui a pris la place du dernier Hifi Club place Foch.