31 juillet 2008
SUPERFLU : La chance
Acquis chez Leclerc à Dizy le 5 juillet 2008
Réf : TOP005 -- Edité par Top 5 en Belgique en 2007
Support : CD 12 cm
12 titres
Ah, Superflu. Avec vous, excellent groupe français en activité, je commence presque à regretter de faire de bonnes affaires.
J'ai fait votre connaissance sur la compilation Une rentrée 1998 des Inrockuptibles, un excellent cru où votre Vingt-cinq ans, que j'ai tout de suite adoré et qui figure dans mon panthéon de la hip-pop optimiste, clôturait brillamment une séquence comprenant Goddess on a highway de Mercury Rev, Waltz #2 d'Elliott Smith et You turn the screws de Cake, excusez du peu !
Par la suite, j'ai emprunté vos deux premiers albums à la médiathèque, puis au fil du temps j'ai trouvé à les acheter, le premier en exemplaire promo avec une pochette cartonnée à 1 € chez Stan' Troc à Nancy, le second sauvé du pilon contre 1 £ dans un Record & tape Exchange à Londres, l'un des nombreux disques français égarés dans ces caves que j'ai recueillis et réimportés en France.
Là où j'ai déconné, c'est avec ce troisième album La chance. J'avais écouté une démo de Le monde entier dès 2004 sur la compilation Les banlieusards de Sorry But Home Recording, et ensuite j'ai suivi pendant de longs mois sur le blog dédié la longue gestation de l'album, depuis les préparatifs jusqu'aux différentes séances d'enregistrement et de mixage à partir de 2005, en passant par la recherche d'un label et les préparatifs de la sortie. Et c'est à ce moment que j'aurais dû acheter le disque, plutôt que d'attendre quelques mois et de le trouver au Leclerc du coin en faisant mes courses du samedi matin, à 2 € (en un seul exemplaire ; il y avait de nombreux exemplaires au même prix de l'album d'Arnold Turboust, mais avec ses collaborations avec Daho et son 45 tours Adélaïde, je pense avoir suffisamment de ses disques...).
Sur sa page MySpace, Superflu se définit comme faisant "de la pop folk en français depuis 1997". Une définition pas plus mauvaise qu'une autre, mais ce que je sais c'est que les membres du groupe ont sûrement des goûts musicaux très proches des miens et, c'est ce qui compte, qu'ils produisent un nombre impressionnant d'excellentes chansons. Pour les points de repère, je citerais pour ce troisième album, Lambchop pour les tempos lents, les Triffids de Calenture ou The black swan pour la luxuriance des arrangements, et toujours Melon Galia pour la proximité géographique, le duo de voix masculine-féminine et les paroles sur les relations hommes-femmes.
Côté paroles, Nicolas Falez continue comme à l'époque de Vingt-cinq ans à s'interroger sur le temps qui passe et le vieillissement : La chance du titre, c'est que "le gras du bide ne te dégoûte pas, une chance que le dessin des rides devienne doux sous tes doigts". Quant à Je vais plutôt bien, l'expression est aussitôt suivie de "Je pense toujours à la mort, je bois moins, je t'aime fort".
Outre les deux que je viens de citer, le nombre de chansons très fortes de ce disque est assez impressionnant, de Le vide est de retour à Une lumière neuve (pour cette vieille nuit) (avec son chant qui me fait un peu penser à Daniel Darc),en passant par La femme qui cache la forêt, le single Quand homme blanc coupe du bois (pré-publié dans le livre-disque Mon pique-nique de Benjamin Demyere), Chamaloc (paroles et chant de Sonia Bricout sur une musique de Frédéric Fortuny), Appelle-ça sommeil si tu veux et Le monde entier.
Alors, Superflu, c'est promis, dès que je peux je vais voir l'un de vos rares concerts (le 3 août à Chalon-sur-Saône c'est un peu loin pour moi) et, même si les deux démos inédites par ailleurs sont en ligne sur votre site, si je tombe un jour dessus j'achèterai, même cher, votre premier EP 4 titres titré à 500 exemplaires : non seulement Vingt-cinq ans est dessus, mais en plus c'est le seul disque où l'on trouve le presque aussi bon Mékita !
30 juillet 2008
SOFT DRINKS : Pop stars in their pyjamas
Acquis probablement dans l'un des Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres en 1984
Réf : OH 004 -- Edité par Outer Himmilayan en Angleterre en 1982
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Pop stars in their pyjamas -/- Cinzano wet dream
Quand j'ai ressorti ce disque pour l'écouter et éventuellement en parler ici, je me souvenais l'avoir acheté, à 10 pence dans une cave comme d'hab, sur la foi de la pochette, du nom du groupe et surtout du titre assez rigolo de la face A. Je savais aussi que je n'avais pas dû écouter ce disque plus d'une ou deux fois en vingt ans.
Là où je me trompais, par contre, c'est que je pensais avoir à faire, avec un nom de groupe pareil, à un groupe genre C-86 post-Pastels, typiquement twee, genre The Softies, ce groupe américain des années 90. Mais à l'écoute, avant toute recherche d'information et alors qu'aucune année n'est indiquée sur le disque, j'ai su qu'il datait plutôt du début des années 80 et je me suis fait la remarque que le batteur, avec son jeu à la Pete de Freitas sur Zimbo/All my colours ou à la Stephen Morris sur Atrocity exhibition, touchait sa cannette.
Et là, j'avais raison. Vérification faite, notamment dans la Bible (The international dictionary of the new wave de B George et Martha DeFoe) et sur internet, Soft Drinks est un trio qui a sorti ce 45 tours et des titres sur deux compilations, composé de Drooper au chant, de Lee Greville au synthé et de Jon Greville à la batterie. C'est ce dernier qui fait qu'on parle encore un peu de ce groupe de-ci de-là car il est par ailleurs le batteur de Rudimentary Peni, un groupe punk anglais un temps associé à Crass, formé en 1980 et toujours en activité.
Musicalement, donc, la tonalité a la sombreur de l'époque. Sur la face A, le chanteur est énergique et pas très bon. Je ne saisis pas toutes les paroles, mais je ne pense pas qu'elles soient aussi humoristiques que le titre donne à le croire. J'aime beaucoup mieux la face B, la voix est mieux dosée et l'ensemble atteint un bon équilibre, avec cette formation bizarre où la batterie fait toute la rythmique et le synthé toute la mélodie.
Contrairement à l'exemplaire présenté par Blank Dogs ici, le mien ne contient ni livret ni auto-collant, juste une pub pour la compilation The thing from the crypt, de 1981, sur laquelle on trouve deux titres des Soft Drinks désignant effectivement des boissons sans alcool, Squash et Pepsi Cola. Chez Blank Dogs, vous pouvez télécharger les deux titres de ce 45 tours (en tout cas, aujourd'hui ça marche encore).
28 juillet 2008
RICHARD JESSUP : Chanteur de choc
Acquis sur le vide-grenier d'Avenay-Val d'Or le 29 juin 2008
Réf : Série Noire 487 -- Edité par Librairie Gallimard en France en 1959
Support : 185 p. 17 cm
6 titres
Encore et toujours sur le vide-grenier d'Avenay cette année... Quand je suis arrivé sur le stand où j'ai acheté ce livre, un petit vieux était en train de faire l'affaire de sa vie : une caisse à vendanges entièrement pleine de Séries Noires, la plupart cartonnées, la plupart avec leur jaquette, et le tout à cinquante centimes pièce ! C'est un peu l'équivalent de trouver une caisse entière de EPs années 60 de groupes rock en parfait état à ce prix-là, ce qui n'arrive (plus) jamais (encore que, j'ai bien récupéré un EP dans une poubelle...mais un seul !).
Le papy a acheté 60 livres qu'il a négociés à 25 € et, dans ce qu'il avait laissé, j'en ai trouvé cinq à acheter pour moi. Même si j'étais passé avant lui, je n'en aurais pas acheté autant : j'achète et je lis beaucoup de Séries Noires, mais j'ai mes auteurs (les différents pseudos de Westlake, Charles Williams, Jean Amila, Chester Himes, E.V. Cunningham alias Howard Fast et pas mal d'autres) ou je me fie au résumé au dos pour acheter ceux d'auteurs que je ne connais pas. Mais ce livre de Richard Jessup, j'ai été bien content de le trouver dans le lot car ça fait plusieurs mois que je le cherchais. Depuis septembre 2007 en fait, depuis que j'ai vu cette photo de Pascal Comelade prise par Claude Gassian pour la promo de son album Mètode de rocanrol :
Sur le coup, j'ai noté la référence à la Série Noire, sans être surpris qu'elle intéresse Comelade. C'est quand j'ai fait attention au titre que j'ai saisi tout l'humour de la pose : associer Comelade à un Chanteur de choc c'est comme tenter de marier l'eau et le feu : impossible ! Lors de son dernier et excellent concert en date à Reims, le 29 février à La Cartonnerie, il s'est approché par deux fois du micro posé sur un pied pas très loin de ses pianos. La première fois, vers la fin du concert avant le rappel, il a remercié le public avant de balbutier "Excusez-moi, parler je sais pas faire". La seconde fois, tout à la fin, il n'a pas ouvert la bouche et a juste écarté les bras dans un geste d'impuissance !
Bon, mais si je parle ici de Chanteur de choc, c'est bien parce que tout le roman se situe dans le monde de la musique, qu'il dépeint au vitriol.
Richard Jessup, dont je ne sais pas grand chose si ce n'est qu'il est né en 1925 et mort en 1982, a publié plus d'une trentaine de romans, dont quelques-uns sous le pseudonyme de Richard Telfair, dont aussi quatre ou cinq en Série Noire. Le plus connu de ces romans, c'est sûrement Le kid de Cincinnati, mais surtout à cause du film avec Steve McQueen qui en a été tiré en 1965.
Le livre, qui n'a absolument rien d'un polar à part sa couverture de Série Noire, raconte le parcours de Walker Alise, un chanteur doué mais inconnu, un parmi les centaines qui, en cette fin des années 50, rôdent en quête de gloire autour du Brill Building, le centre névralgique du show-business new-yorkais. Les cent premières pages du livre racontent comment, à force de culot et de duplicité, Alise réussit en quelques semaines à monter suffisamment de coups médiatiques et financiers, en arnaquant ceux qui lui avaient d'abord fait confiance, pour devenir une vedette nationale.
Jessup consacre ensuite une petite quinzaine de pages pour raconter en style presque télégraphique la gloire et la déchéance du chanteur vedette, les palaces, l'argent, les femmes, les drogues.
La dernière partie du livre raconte comment, à trente-trois ans, un Alise déjà complètement usé, encore connu mais qui a tout perdu, tente un come-back désespéré sous la coupe d'un manager revanchard.
La même histoire aurait pu être raconté dans le milieu de la country (comme l'a fait par exemple Donald Westlake avec Moi, mentir ?), dans le milieu du cinéma à Hollywood (Westlake encore avec Sacred monster, parmi des milliers d'autres exemples), dans celui de la mode ou, si on reste dans la musique, il aurait pu être situé à n'importe quelle époque et dans n'importe quel genre, du rock au grunge en passant par la variété et la télé-réalité. L'intérêt de Chanteur de choc, un roman de qualité sans être un chef d'oeuvre, c'est que, dans les années 50, les romans sur ce sujet n'étaient pas encore très courants et celui-ci lève le voile de façon détaillée et féroce sur les arrières-cuisines peu ragoutantes de l'industrie musicale.
27 juillet 2008
D. HOOK & THE MEDICINE SHOW : La madre de Silvia
Acquis sur le vide-grenier d'Avenay-Val d'Or le 29 juin 2008
Réf : CBS 7929 -- Edité par CBS en Espagne en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : La madre de Silvia (Sylvia's mother) -/- Haciendolo natural (Makin' it natural)
Toujours sur le vide-grenier d'Avenay, le gars demandait 1 € pour ses 45 tours. J'étais prêt à payer ce prix pour ce disque de Dr. Hook & the Medicine Show mais je n'avais pas l'appoint, et puis surtout il était en pleine discussion avec un pote alors il a préféré se contenter de la pièce de 50 centimes que j'avais plutôt que de me faire de la monnaie sur un billet de cinq.
Si j'en crois les inscriptions au feutre rouge au dos, ce disque a été acheté à l'origine à Sitges en Espagne le 22 août 1972 par Jeannot, également dit Nono.
Etant donné que sur le recto de la pochette et partout sur le disque la traduction espagnole du titre des chansons est mise en avant, j'ai espéré jusqu'au retour à la maison avoir à faire à une version chantée en espagnol de ces deux extraits du premier album du groupe. Ce n'est pas le cas, c'est juste qu'apparemment il devait y avoir une règle en Espagne à l'époque qui imposait de traduire les titres sur les pochettes. Il s'agit donc bien des versions habituelles de ces deux titres mais il n'y a absolument pas de quoi être déçu car a) ces deux chansons sont très bonnes et b) la photo de pochette est différente de celle utilisée ailleurs en Europe ou aux Etats-Unis.
Je connais cette version de Sylvia's mother grâce au best-of de Shel Silverstein. Suivant les sources, elle a été n°5 aux Etats-Unis (classement Billboard je suppose) ou n°1 au Cashbox, ce qu'affirme cette pochette avec une reproduction du classement au dos. La chanson a bien marché aussi en Europe et en Australie. Je préfère de beaucoup cette version à celle de Bobby Bare enregistrée l'année suivante. C'est censé être une parodie des chansons d'amour pour ados aux coeurs brisés, l'histoire d'un gars qui essaie d'avoir au téléphone une nana qui l'intéresse, avec d'un coté la mère qui fait barrage, en lui expliquant que sa fille est en train de faire ses bagages pour aller se marier et qu'il ne faut pas qu'il gâche tout, et de l'autre l'opérateur qui lui demande régulièrement de remettre 40 cents dans l'appareil pour continuer sa conversation trois minutes de plus. Personnellement, je ne ressens aucune ironie à l'écoute de cette chanson chantée avec beaucoup d'émotion par Dennis Locorriere. Au contraire, j'ai tendance à la prendre strictement au premier degré, au contraire de la majorité des chansons de Shel Silverstein.
Ce qui me surprend le plus avec ce disque, c'est de savoir qu'il a été diffusé en Espagne en 1972, alors que le pays était encore sous le régime franquiste. Certes, ce régime était finissant, et certes, Sitges est le Saint Tropez espagnol, mais ce disque a dû être en vente partout en Espagne, avec ses hippies à faire peur sur la pochette (Ça doit dater d'un peu plus tard, mais pour vous faire peur, regardez Dr. Hook & the Medicine Show interpréter l'excellent Everybody's makin' it big but me pour le Old Grey Whistle Test de la BBC) et les paroles de la face B, Hacindolo natural, que le bureau de censure n'a pas dû traduire au-delà du titre. Il y est question, dans le plus pur style d'humour de Shel Silverstein, de faire l'amour au naturel, et donc de se débarrasser de toutes ses drogues. Le narrateur prévient ses potes que c'est le moment où jamais de venir récupérer son herbe qu'il va revendre pas cher pour acheter une alliance à sa nana, sauf qu'il a déjà des regrets et pense remettre ça à demain car il prendrait bien une taffe tout de suite. Dans l'esprit, on n'est pas loin bien sûr du I got stoned and I missed it de Shel Silverstein lui-même ou du Juarez blues de Juan & Maria.
19 juillet 2008
ARTHUR (GUITAR BOOGIE) SMITH : Guitar boogie
Acquis sur le vide-grenier des bords de Marne à Epernay le 14 juillet 2008
Réf : MGM EPF 4 -- Edité par Metro Goldwin Mayer en France vers 1958
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Guitar boogie -- Banjo rag -/- Careless hands -- Cracker boogie
J'ai longtemps associé Guitar boogie à du rock sixties instrumental façon Shadows ou Spotnicks. J'ai une bonne excuse pour ça : dans les années 70, l'album intitulé Guitar boogie que j'ai vu le plus souvent parmi les disques de mes copains ou dans les magasins, c'est celui-ci :
Autrement dit, effectivement un album de rock principalement instrumental, la réédition en 1973 dans la série pas chère Music For Pleasure d'EMI d'un album du groupe The Jokers, l'équivalent belge des Shadows, sorti à l'origine en 1964 sous le titre Beat guitars ! Il est à noter cependant que cet album ne contient pas de morceau intitulé Guitar boogie...
A l'époque, j'ai aussi souvent vu cet album d'Arthur Smith, dont le design de pochette est tout à fait dans le style de son époque folk-rock, puisqu'il est sorti en 1968 :
Je n'ai pas dû écouter cet album à l'époque, ou alors d'une oreille distraite, sinon j'aurais su plus tôt qu'Arthur Smith avait peu à voir avec les Shadows, ou alors en tant que précurseur car, si ce disque est effectivement instrumental avec la guitare qui domine, il s'agit en fait de country folk acoustique, principalement enregistré dans les années 40 (les huit titres précédemment parus en album sous le titre Fingers on fire) à l'exception du dernier titre de chacune des faces (il s'agit des deux titres d'un 45 tours de 1961), dont Hard boiled boogie, qui pour le coup est bien électrique.
Quand on voit ces deux pochettes d'éditions années 60 du 45 tours Guitar boogie, on comprend que l'arme du design était bien utilisée pour associer Guitar boogie à la guitare électrique :
Ce n'est qu'il y a quelques années, lorsque j'ai fini par acheter l'album Guitar boogie ci-dessus, que je me suis renseigné et que j'ai eu la grande surprise de découvrir que ce classique d'Arthur Smith avait en fait été enregistré en 1948 ! Guitariste, violoniste, banjoïste à la très longue carrière, Arthur Smith est surtout connu pour ce fait d'arme, mais on apprend en lisant la page Wikipedia qui lui est dédiée qu'il a aussi composé en 1955 avec Don Reno un instrumental nommé Feudin' banjos qui, une fois retitré Duelin' banjos, est devenu la célèbre bande originale du film Performance. Sauf qu'il a fallu que ses auteurs portent plainte pour obtenir le crédit et la rémunération qui leur étaient dus pour ce titre...
Le vide-grenier des bords de Marne a lieu à Epernay plusieurs fois par an, généralement lors de périodes peu propices à l'organisation de véritables vide-greniers, comme en ce jour de Fête nationale. Quelques professionnels bougons s'y rassemblent et, sauf exception, on n'y fait pas de bonne affaire.
Ça a bien failli encore être le cas lundi dernier, puisque ce n'est qu'au tout dernier stand que je suis tombé sur deux cartons de disques intéressants. J'avais bien failli ne même pas pousser jusque là car je voyais bien de loin que ce stand de bradeux vendait surtout du neuf, de la bimbeloterie et des tee-shirts. D'ailleurs, le marchand était déjà en train de s'énerver, alors qu'il n'avait même pas fini de déballer, parce qu'un client avait osé insinuer que ses maillots de foot étaient peut-être des contrefaçons. En tout cas, il y a avait pas mal de disques intéressants dans ces caisses à 1 €, dont des EPs de Jacques Brel, mais au bout du compte je n'ai pris que celui-ci.
Comme le chante si bien Didier Wampas, "Je sais j’ai beaucoup changé, j’écoute du country en Croatie, mais il y a une chose qui ne changera jamais, for ever and ever je déteste Genesis". Moi aussi j'ai beaucoup changé. Il y a encore quinze ans, je n'aurais jamais prêté attention à un disque avec un tel péquenot en pochette, le gars en chemise et en chapeau de cow-boy, avec un foulard ridicule, qui tient un violon alors qu'il interprète Guitar boogie et Banjo rag. La honte, quoi ! Ces deux titres de la face A se retrouvent sur l'album. Pas ceux de la face B. L'échevelé et ébouriffant (c'est sûrement pas contradictoire) Cracker boogie est dans la même veine que les deux autres : de l'instrumental acoustique avec plein de solos de guitare. Je crois que je préfère ce titre à Guitar boogie. Careless hands est beaucoup plus surprenant car il s'agit d'une version chantée du tube de Mel Tormé de 1949. C'est même un duo masculin-féminin, agrémenté de guitare steel, avec un solo grave de ce qui ressemble à un harmonium ou à un orgue suivi d'un autre solo de guitare. Une très bonne surprise.
L'autre bonne nouvelle c'est que, une soixantaine d'années après ces enregistrements et une cinquantaine d'années après la parution de cette édition française en 45 tours 4 titres, on est heureux d'apprendre qu'Arthur Smith est toujours parmi nous. Il a même un site officiel, malheureusement en construction.
Ajout du 14 août 2012
Allez, comme je viens d'acquérir (pour 20 centimes chez Emmaüs) la version la plus courante en France de Guitar boogie, celle en 45 tours deux titres des années 1960 avec une pochette quasi-identique à la la première des deux que j'ai mises plus haut, je suis allé faire un tout sur YouTube et j'y ai trouvé trois versions de Guitar boogie par Arthur Smith, que voici par ordre chronologique, la première à la télé à la fin des années 1970 ou au début des années 1980, la seconde en public en 1995 et la dernière, aussi en public, en 1999, en duo avec Tommy Emmanuel avec une présentation par Chet Atkins !
14 juillet 2008
GUILLOTINE (30 cm)
Acquis sur le marché de l'avenue Jean Jaurès à Reims probablement le 18 octobre 1987
Réf : 2473 745 -- Edité par Virgin en France en 1978
Support : 33 tours 30 cm
13 titres
(D'un seul coup je me rends compte que je parle du pressage français de Guillotine un 14 juillet. Ça aurait été une bonne idée si je l'avais fait exprès, mais c'est un pur hasard ! De toutes façons, je n'ai jamais saisi la raison spécifique pour laquelle cette compilation a été titrée comme ça)
J'ai dû apprendre l'existence de ce pressage français de la compilation Guillotine en lisant cette chronique dans Rock & Folk :
Chronique du disque par Jacques Colin dans Rock & Folk (juin 1978). Cliquer pour agrandir
Que j'ai lu cette chronique avant d'acheter Guillotine en pressage anglais (ce qui est le plus probable) ou après n'a aucune importance : je n'ai jamais eu à choisir entre acheter l'une ou l'autre des éditions car je n'ai JAMAIS vu la version française de Guillotine en vente chez un disquaire, ni au moment de sa sortie ni plus tard. J'ai même longtemps pensé que finalement ce disque n'avait pas été édité (il est arrivé que R&F dégaine trop vite sa chronique) ou que c'était un promo hors-commerce.
Cet album doit de toutes façons être rare puisque la seule mention que j'en trouve aujourd'hui sur internet correspond à cette excellente discographie d'XTC et... c'est moi-même qui ait fourni les informations et la photo de pochette pour la renseigner !
Alors, que nous apprend cette chronique de Rock & Folk, outre le fait que Jacques Colin n'aimait pas le reggae ? Que Polydor, qui distribuait Virgin en France à l'époque, a jugé cette compilation suffisamment intéressante pour décider de la presser en France. Pourtant, il y a un paquet de bons disques Virgin parmi l'énorme quantité sortie par le label dans ces années-là qui n'ont jamais eu droit à un pressage français. L'autre info, c'est que les usines de pressage de Polydor n'étaient plus alors équipées pour presser des 25 cm, d'où la promotion de ce petit disque 8 titres au rang d'un 33 tours 30 cm 13 titres. C'est Jacques Barsamian, "plus ancien journaliste rock en activité" en France mais pas particulièrement spécialiste de new wave, qui s'est chargé de compléter la sélection de titres de Laurie Dunn.
Un peu comme pour le Heartland du Band of Blacky Ranchette, cette édition française de Guillotine a longtemps figuré parmi les disques que j'espérais un jour acquérir. Je ne l'ai donc jamais vu dans aucun magasin, puis un matin, à cent mètres de chez moi, alors que j'allais faire mon marché du dimanche, je suis tombé dessus. Ce marché dominical rémois n'a rien d'un vide-grenier, mais à l'époque (je ne sais pas si c'est toujours le cas), il y avait toujours deux-trois brocanteurs qui déballaient au niveau de L'Echiquier et de la bibliothèque Holden. C'est là, dans une caisse de disques assez chers (30 F. je crois me souvenir), que j'ai trouvé ce disque, dans un lot qui venait visiblement de la discothèque d'une radio rémoise (je ne sais plus laquelle car tous les disques n'étaient pas tamponnés, mais je crois bien que c'était Champagne FM). Je crois que ce jour-là j'ai aussi acheté le premier album de Yello, avec le 45 tours en bonus.
En toute logique, l'équation aurait dû être toute simple pour cette édition rallongée de la compilation : 8 + 5 = 13 titres. Ce que je n'ai jamais compris, c'est quand fait on a eu droit à quelque chose d'un tout petit peu compliqué : (8 - 1) + 6 = 13 titres.
Il n'y aurait pas grand chose à redire si le seul titre du 25 cm qui n'est pas repris sur ce 30 cm c'est le seul titre complètement inédit par ailleurs du disque original, Traffic light rock de XTC !! Certes, ce titre est remplacé par deux autres de XTC, plutôt bien choisis car inédits en France à l'époque, mon titre préféré du 3-D EP Danceband et la face B de Statue of liberty, Hang on to the night, mais je n'ai jamais compris pourquoi cette rareté avait été écartée.
Parmi les autres titres, il y a un autre excellent choix, My mind ain't so open, la face B du premier single de Magazine, également inédit en France à l'époque.
Pour compléter le lot, on a un second titre des Motors, Phoney heaven, extrait de leur premier album. Comme pour You beat the hell outta me, pas grand chose de punk ou new wave, juste du rock'n'roll presque boogie avec un gros son.
Il y a aussi Roogalator, un groupe pub-rock qui n'a sorti qu'un album et trois 45 tours, dont un chez Stiff (que j'ai sur une autre compilation) et ce Love and the single girl chez Virgin, complètement indigeste, avec un vague rythme reggae et un chant pas bon du tout !
Par contre, n'en déplaise à Jacques Colin, j'aime beaucoup le Pocket money des Gladiators, à l'origine une face B de maxi reprise depuis dans plusieurs compilations du groupe. Il y a une très bonne ligne de basse et les vocaux de ce trio sont excellents.
Au bout du compte, même s'il manque Traffic light rock, je suis content d'être tombé sur cet objet, où en outre on a eu la bonne idée de substituer aux notes de pochette sans intérêt de Richard Branson une version monochrome du poster illustrant les 8 titres originaux, distribué à l'origine avec certains exemplaires anglais de Guillotine.
13 juillet 2008
GUILLOTINE (25 cm)
Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne vers 1979
Réf : VCL 5001 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1978
Support : 33 tours 25 cm
8 titres
Il s'agit très probablement de la toute première compilation que j'ai achetée. La première d'une très longue série, d'ailleurs elle n'est jamais restée isolée puisqu'en fait je suis rentré du magasin avec deux 25 cm, Virgin ayant décidé quelques mois après leur sortie de re-commercialiser Guillotine et Short circuit live at the Electric Circus (enregistré à Manchester pour la fermeture de cette salle, avec les débuts discographiques de The Fall et Joy Division, rien que ça) emballés ensemble avec un autocollant "Featuring Joy Division".
Contrairement au live Short circuit, Guillotine est une traditionnelle compilation de catalogue de label, reprenant des parutions récentes et un inédit. Il s'agissait de mettre en avant les toutes nouvelles recrues de Virgin, qui venait de laissait tomber son fonds de commerce initial baba-progressif pour tourner new wave. Une new wave vraiment débutante puisque le disque est sorti en février 1978 et qu'une bonne partie des titres ont initialement été publiés en 1977.
Ce disque a la particularité d'avoir des notes de pochette signées par le patron de Virgin Richard Branson. Elles sont sans intérêt, puisqu'au lieu de nous expliquer pourquoi d'un seul coup il édite des disques des Sex Pistols et de XTC au lieu de ses habituels Tangerine Dream et Mike Oldfield, il se contente de prétendre marchander avec lui-même sur la somme qu'il va se payer pour écrire ces notes de pochette avant de balancer une petite fiction sans intérêt.
J'aime bien le format 25cm, notamment pour son aspect compact. C'est un de mes formats de disque préférés avec le 45 tours EP 4 titres et le double 45 tours. Little Hits aime beaucoup ce format aussi, qui a entamé une série de billets chroniquant des 25 cm, dont Guillotine bien sûr.
J'ai toujours beaucoup moins aimé la face A (à télécharger intégralement chez Little Hits) que la face B de ce disque.
You beat the hell outta me, une face B de single des Motors, qui l'ouvre est tout à fait honnête, mais on est loin de leur tube Airport et de la new wave, avec une chanson qui a encore deux pieds dans le pub rock (les Motors sont des ex-Ducks DeLuxe) et un petit côté punky, qui aurait tout à fait eu sa place chez Stiff Records.
Le titre de Penetration qui suit est faible et ne s'améliore qu'un petit peu pour le refrain. On a l'impression d'entendre du X Ray Spex sans relief ni personnalité.
Les deux autres titres de la face sont dus à des groupes restés inconnus par la suite. Le meilleur des deux, c'est Do the standing still par The Table, un groupe qui a sorti deux singles en tout. Cette chanson a un petit côté Wire, mais on ne qualifiera pas The Table de suiveurs quand on saura que leur disque est sorti à l'origine dès avril 1977. L'autre groupe, Avant Gardener, n'a sorti en tout et pour tout qu'un seul EP, fin 1977.
La face B de Guillotine, c'est autre chose.
Déjà, elle commence par Traffic light rock, un titre écarté des sessions de White music, le premier album d'XTC et le seul inédit de cette compilation. C'est effectivement un titre rapide, plutôt rock, moins biscornu que la plupart des compositions du groupe à l'époque mais il y a quand même ce petit côté "stop and go" dans la musique, pas seulement dû aux feux de circulation. Cette chanson n'aurait absolument pas déparé sur l'album ou en face B de l'un des singles du groupe.
Bermuda, de Roky Erickson, est le seul titre plutôt faible de la face. Enfin, ce qui compte c'est que, miracle de la vie, l'ex-leader des 13th Floor Elevators est suffisamment en forme en 2008 pour donner des concerts !
Ensuite, on trouve All wi doin' is defendin' de Poet and the Roots, autrement dit le premier titre que j'ai eu en disque de Linton Kwesi Johnson, extrait de son premier album Dread beat and blood. C'est excellent et ça n'a pas pris une ride, LKJ récitant ses paroles sur un excellent dub.
Le disque se termine par ce qui est probablement, son meilleur titre, le seul de l'album à avoir été un (petit) tube. Il s'agit de Oh bondage up yours ! de X Ray Spex, une chanson à la croisée du punk et de la new wave, avec le chant de Poly Styrene et le gros son de saxo de Lora Logic, qui surprend toujours quand le solo démarre !
Au bout du compte, on a là un document historique intéressant, mais les titres de X Ray Spex, LKJ et XTC (sur la dernière réédition en date de White music) étant facilement disponibles et ceux de The Table et des Motors étant téléchargeables sur Little Hits, il n'y a pas non plus de quoi se mettre en chasse et vider son portefeuille pour se le procurer.
06 juillet 2008
LOOK DE BOUK : Bec et ongles
Acquis probablement chez AYAA à Reims en 1992
Réf : T.I.C.0890 -- Edité par AYAA en France fin 1991 ou début 1992
Support : CD 12 cm
24 titres
J'ai eu la chance, par l'intermédiaire de Dorian Feller, de faire la connaissance d'Etienne Himalaya et Kwettap Ieuw, les fondateurs de Look De Bouk, dès 1982, alors que Germain Hubert Alès, le groupe d'Etienne et Dorian, existait encore. J'ai ainsi pu suivre les projets de l'association A l'Automne Alité (Festival des Musiques de Traverses, journal Notes, compilation Douze pour un) et passer d'agréables soirées rue de Courlancy à Reims, à découvrir des musiques nouvelles avec à mes pieds la chienne Truffe, à qui le titre Grasse bailleuse de cet album est dédié.
Quand A.A.A. a changé de statut pour devenir la SARL AYAA et que cette société a eu besoin de fonds propres, j'ai fait l'acquisition d'une action, à 300 ou 500 francs. C'est la première et probablement la dernière fois que je me suis retrouvé actionnaire d'une entreprise ! L'unique action ne m'a jamais rien rapporté, mais je ne regrette pas mon investissement pour autant !
Pour une raison ou pour une autre, probablement parce que j'étais plus occupé avec l'Angleterre et Creation qu'avec ce qui se passait à Reims, j'ai raté le premier album de Look De Bouk, Lacrimae rerum, en 1985. Je l'ai écouté, à la radio et chez Dorian Feller, mais je ne l'ai pas acheté. Par contre, je n'ai pas raté ce deuxième album à sa sortie, vers 1992, pas seulement parce que j'en ai vendu quelques exemplaires que nous avions en dépôt à la Petite Boutique Primitive.
Ce qui me plait dans ce disque, et qui m'a toujours un peu surpris, connaissant les projets précédents d'Etienne comme Germain Hubert Alès ou Noces d'Or, c'est que les morceaux de ce disque sont quasiment intégralement au format chanson, avec le chant et les paroles mis en avant, y compris un nombre énorme de jeux de mots, à commencer par les titres, de Bises cornues à La castratrice chauve.
Ceci étant posé, et n'étant pas à un paradoxe près, je ne crains pas de souligner que mon titre préféré du disque était à l'époque de la sortie et demeure aujourd'hui Inte quanta, un instrumental et qui plus est la seule reprise du disque ! Il s'agit d'un titre solo de Lars Hollmer, du groupe Samla Mammas Manna, sorti à l'origine en 1983 sur l'album Från natt idag. AAA avait notamment organisé une tournée de Von Zamla dans la Marne et les Ardennes au début des années 80, avant qu'AYAA édite en 1993 l'album Vandelmassa d'Hollmer.
Inte quanta a fait récemment l'objet d'un nouvel arrangement pour fanfare pour l'album Karussel Musik de la Fanfare Pourpour et de Lars Hollmer. Quel que soit la qualité de cet arrangement, il ne peut pas être aussi délirant et enthousiasmant que celui qu'en propose Look De Bouk : un assaut de kazoos joue la mélodie principale, la basse semble être un "pom pompom" vocal samplé et retravaillé et le solo est joué sur une tonalité aigüe, un son produit par un instrument inconnu, mais qui est peut-être bien aussi une voix très trafiquée. Je crois que ce titre fut un temps utilisé comme indicatif d'une émission de France Culture.
Sur tout le reste du disque, les arrangements très travaillés et les sonorités biscornues sont associés au chant tenu tour à tour par les trois membres du groupe, Etienne Himalaya, Kwettap Ieuw et Denis Tagu, ainsi que par leurs invités, dont Dorian Feller pour une devinette sur Perle des varinettes.
Je l'ai dit, les paroles associent jeux de mots et détournement de proverbes ou de comptines. Au "J'aimerais mieux être un animal" de Gratter pour casser la croute répond la complainte hilarante du cheval dans Le retour du fils de c'ui d'en-haut : "Fils du jockey, sale gosse, le vache me traite de rosse, me méprise et m'éperonne quand sous son cul j'm'époumonne, mais je pars au galop, lui botte le derrière et envoie ce salaud les quatre fers en l'air".
Des vingt-quatre titres, trois seulement dépassent les trois minutes. Le plus long, Les vrais méchants ne meurent jamais, n'est pas le plus mauvais et les six secondes du plus court, Sur un air Galbon Varan, suffisent pour rendre ce titre mémorable.
Je ne vais pas citer tous mes titres préférés, mais La couverture du rat en fait assurément partie, tout comme Surf sur duvet d'oie, avec son chant à l'orientale, Le petit pâtissier, le quasi-rock Carottes et gruyère et Massacre en latinie.
Il s'était passé sept ans entre la parution des deux premiers albums de Look De Bouk. Il a fallu en attendre trois de plus pour les voir jouer des titres de ce disque sur scène à Reims. Ça s'est passé le 17 février 1995 à la Girafe Bleue. Je n'ai pas conservé le détail de la programmation de la soirée, mais je sais qu'il y avait notamment de la musique acousmatique, puisque c'était la première fois que j'entendais cette expression, et je crois bien que Bernard Odot d'A Gethsemani accompagnait Look de Bouk ce soir-là. Quant au troisième album de Look de Bouk, Le monde entier moins le monde entier sans vous, il a été enregistré d'août 1995 à... décembre 2002 et est sorti en 2003 sur InPolysons, le label de Denis Tagu.
InPolysons a également réédité Bec et ongles, mais malheureusement cette réédition est elle-même épuisée mais, sans chercher longtemps on trouve encore facilement des exemplaires de ce disque à bon prix. Et, en attendant de recevoir son exemplaire, on peut se délecter avec le clip de La couverture du rat, fourni à l'origine en bonus du troisième album.
05 juillet 2008
EMILE VOLEL : Jeanine
Acquis sur le vide-grenier d'Avenay-Val d'Or le 29 juin 2008
Réf : RC 73 -- Edité par Aux Ondes/Disques Célini en France au début des années 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Jeanine - Ti yass -/- Regret -- Rappelle-moi
Depuis la bonne surprise des Maxel's, je suis très attentif aux disques Célini qui me passent dans les mains. J'ai d'abord acheté un 45 tours deux titres des Guitars Boys avec une très belle pochette et une excellente face B soul, At the bay. Un bon disque, mais moins surprenant que celui des Maxel's.
Dimanche dernier, j'ai acheté des disques sur cinq ou six stands différents de l'excellent vide-grenier d'Avenay, qui était encore mieux cette année puisqu'il y avait le beau temps et plus d'exposants que d'habitude, principalement des particuliers, chez qui on fait les meilleures affaires, surtout quand ils sont sympathiques. Le tout premier achat du jour, c'est ce 45 tours d'Emile Volel, le crooner haïtien un temps installé en Guadeloupe qui figurait sur la face B du 45 tours des Maxel's.
Ce disque a dû sortir en plein dans sa période guadeloupéenne puisque les références 72 à 75 du label Aux Ondes sont toutes signées Emile Volel, qui est accompagné sur ce disque par ce qui devait être l'orchestre-maison du studio, les Amis des Ondes.
Voici encore un excellent disque, très différent de celui des Maxel's. Là encore, en fonction de ce que je connais et que j'apprécie, la musique des trois premiers titres, avec l'accordéon en instrument solo, la guitare et la basse électriques, la batterie et les percussions, me fait plus penser à de la musique africaine, plus précisément le disque de Lizzy Mercier Descloux enregistré en Afrique du Sud ou le single Maïta.
Les deux titres de la face A sont censés être sur un rythme de contredance, Regret est lui un compas, célèbre danse haïtienne. Très honnêtement, je suis incapable de faire la différence entre ces deux structures rythmiques, mais ce qui compte c'est que j'aime beaucoup ces trois titres enlevés, surtout les deux plus rapides du lot, Jeanine (la contredance n° 16, comme le précise Emile Volel en cours de chanson) et Regret.
Par contre, il se confirme que j'aime moins Emile Volel dans le rôle du crooner, ce qui je présume doit pourtant être sa spécialité. Rappelle-moi est un slow-rock des plus classiques, qui m'enthousiasme beaucoup moins.
Emile Volel a dû connaître un grand succès aux Antilles pendant de nombreuses années, puisque au moins cinq CDs ont été édités sous son nom dans les années 1990, dont l'un titré Rappelle-moi comporte une version de ce titre dans un pot-pourri.
On peut trouver Regret dans une version datée de 1972, probablement celle de ce 45 tours donc, sur un CD paru en 2005 intitulé Nostalgie Caraïbes : les années Raymond Célini vol. 1.
04 juillet 2008
THE RUMOUR : Emotional traffic
Acquis probablement chez Emmaüs à Tours-sur-Marne au début des années 2000
Réf : BUY 45 -- Edité par Stiff en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Emotional traffic -/- Hard enough to show
On annonce pour la fin de l'année la sortie d'un livre consacré au graphiste Barney Bubbles (Reasons to be cheerful: The life & work of Barney Bubbles par Paul Gorman). C'est un billet-rétrospective du blogueur John Coulthart qui est peut-être en partie à l'origine de cette publication, comme il l'explique lui-même.
Avant de se supprimer en 1983, Barney Bubles était un type tellement effacé qu'il ne créditait pas ses travaux graphiques. Ce qui fait que je ne suis même pas sûr que je connaissais son nom avant de lire l'annonce de sa mort dans le NME en 1983. Pourtant, je connaissais et j'appréciais son travail surtout pour les pochettes des disques d'Elvis Costello, et plus généralement pour les labels Stiff, Radar et F-Beat. On lui doit notamment l'idée folle de la pochette du 45 tours Accidents will happen collée à l'envers, comme par accident, les énigmatiques pochettes intérieures de This year's model et Armed forces et le graphisme rétro de Get happy !!. Si le titre du livre, Reasons to be cheerful, vient d'une chanson de Ian Dury, l'illustration de la couverture vient de la pochette du 45 tours de Nick Lowe Cracking up.
Ce que j'ai appris alors, en tout cas, c'est que, avant Stiff, Barney Bubbles avait déjà une longue histoire de collaboration graphique avec Hawkwind.
Ce 45 tours de The Rumour, le groupe de vétérans du pub-rock qui a longtemps accompagné Graham Parker, est l'exemple typique du disque dont la fabrication et l'impression de la pochette ont dû couter plus cher que ce que les ventes pouvaient jamais espérer rapporter.
Partant de la métaphore filée dans les paroles de la chanson Emotional traffic ("Garde-toi à l'écart de la circulation émotionnelle"), Bubbles a exprimé ça par un feu de circulation stylisé, avec ses ronds vert orange et rouge, un signe égal et un coeur rouge. Il aurait pu s'arrêter là, mais ça aurait été trop simple, et les vinyls colorés étaient assez à la mode à l'époque. Le rond rouge du feu a donc été évidé chez l'imprimeur pour laisser apparaître le vinyl du disque rangé en dessous qui lui, bien sûr, a été pressé en trois couleurs, vert, orange et rouge ! (le mien est en vinyl orange, même si le scan lui a plutôt donné une apparence rouge)
La face A n'est pas mauvaise du tout, juste pas très originale pour l'époque. On pense énormément à Nick Lowe et à Elvis Costello, dont le Armed forces en début d'année avait failli s'appeler Emotional fascism. On trouvait ce titre à l'origine sur le deuxième album de The Rumour, l'europhile Frogs sprouts clogs and krauts.
Quand j'ai vu le nom du producteur de la face B, Robert John Lange, connu surtout pour son travail avec AC/DC, et aussi chez moi pour avoir produit un single de XTC, je me suis dit que Stiff avait décidément mis le paquet pour le budget de ce disque. Mais en fait, cette chanson vaguement reggae pop figurait à l'origine en 1977 sur Max, le premier album de The Rumour, et c'est donc Vertigo, leur label de l'époque, qui en avait supporté les coûts d'enregistrement.
Les deux faces de ce single sont actuellement disponibles sur la compilation Not so much a rumour, more a way of life.
01 juillet 2008
RIP RIG + PANIC : You're my kind of climate
Acquis neuf à Paris ou à Londres en 1982
Réf : VS 507 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1982
Support : 45 tours 17 cm
Titres : You're my kind of climate -/- She gets so hungry at night she eats her jewellery
Jeudi 20 mai 1982. C'était le premier jour du 3e Festival des Musiques de Traverses de Reims, qui se déroulait traditionnellement sur les quatre jours du long week-end de l'Ascension. C'était aussi le premier jour du premier festival rock auquel j'ai assisté. Certes, cette manifestation dans des salles avec fauteuils avait peu à voir avec les grands festivals rock estivaux en plein-air, mais l'ambiance y était quand même, avec une foire aux disques, du public venu de toute l'Europe et plein de musique bizarre.
La première leçon que j'ai apprise ce jour-là, c'est que dans les festivals on attend. La programmation a pris un grand retard dès le premier concert de l'après-midi, le seul auquel j'ai assisté. Du coup, le pianiste italien Massimo Giuntoli, prévu pour jouer le soir, a joué en premier. Je l'ai trouvé plutôt prétentieux.
Pour ce premier jour, je n'ai d'ailleurs pas eu trop de chance au niveau de la programmation, puisqu'ensuite se produisait le Quartet d'Henri Texier, avec notamment Louis Sclavis. Du jazz, excellent et à l'excellente réputation justifiée, mais le jazz c'est pas trop mon truc.
Ce qui a sauvé mon après-midi, c'est le concert de Rip Rig + Panic. Je présume que c'est à cause d'eux qu'il y avait du retard car ils sont arrivés sur scène alors que le public était déjà depuis longtemps à attendre dans la salle... et ils ont commencé à faire une balance qui m'a paru interminable. Il faut dire qu'avec six ou sept ou huit musiciens sur scène (je ne sais plus), un piano, des cuivres, des percussions, ça demande un minimum de réglages techniques.
C'était très long, mais je ne m'ennuyais pas. Je n'étais pas affalé dans un fauteuil mais accoudé à la scène, et je ne perdais pas des yeux la chanteuse du groupe, en robe africaine, qui ne tenait pas en place et qui passait son temps à virevolter d'un bout à l'autre de la scène. Cette chanteuse, c'était Neneh Cherry.
Pas étonnant que, avec une chanteuse aussi fascinante, j'ai trouvé le concert super, très entraînant. J'étais même tellement pris par l'ambiance que j'ai apparemment beaucoup dansé...
J'ai quand même quitté Neneh des yeux suffisamment longtemps pour remarquer le grand sec qui dansait et jouait de la clarinette. Ce grand sec, c'était très certainement Gareth Sager, qui plus tard a fondé le groupe Head.
Le vendredi, j'ai fait l'impasse sur le festival, mais le samedi j'ai eu droit à un festin de roi avec les concerts d'Etron Fou Leloublanc, This heat, Kas Product, les Raincoats et Tuxedo Moon (excusez du peu !) et le dimanche a commencé par le concert surprise de Fall of Saigon !
Dans la foulée de ce concert, j'ai fait l'acquisition quelques temps plus tard de ce 45 tours, le seul disque de Rip Rig + Panic que je possède. Ils 'agit de l'un des deux singles sortis entre leurs deux albums studio, un objet assez arty avec des photos de Cocteau en pochette.
Le côté africain du concert y est moins marqué, mais on retrouve leurs principales qualités sur la face A : un titre rapide avec des aspects funky et jazz et un refrain très accrocheur, que j'avais dû entendre à la radio avant ma décision d'achat. Par contre, le chant de Neneh Cherry sur les couplets m'a toujours semblé un peu forcé, comme sur certains de ses tubes.
La face B est quasiment un solo de piano de Mark Springer, agrémenté de quelques interjections vocales, sans grand intérêt même si le titre est intrigant (ils s'en étaient fait une spécialité, visiblement...).
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