07 septembre 2008

THE JESUS AND MARY CHAIN : Upside down


Offert par Alan McGee à Londres en février 1985
Réf : CRE 012T -- Edité par Mayking en Angleterre en 1984 -- [non commercialisé]
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Upside down -/- Vegetable man -- Upside down (Demo)

Je crois que, pendant un certain temps, j'ai raconté que j'avais vu le tout premier concert de The Jesus and Mary Chain. En fait, c'est faux : j'ai vu leur deuxième concert, qui a eu lieu le lendemain du premier. Il faut dire que de fausses informations circulent sur la date de ce premier concert. J'ai lu quelque part qu'Alan McGee le situait un jeudi. Ailleurs, notamment dans le livre The Jesus and Mary Chain : A musical biography de John Robertson et sur le site April Skies consacré à Mary Chain, la date donnée est celle du 9 juin, celle où j'étais présent, c'est la source de mon erreur. En fait, le premier concert a eu lieu le vendredi 8 juin au Living Room, au pub The Roebuck sur Tottenham Court Rd à Londres, en première partie de The Loft et Microdisney (on trouve un compte-rendu très détaillé de ce concert dans le chapitre 4 du livre très fouillé de David Cavanagh, The Creation Records story : My magpie eyes are hungry for the prize). Le second a eu lieu au même endroit le samedi 9 juin, en première partie de Khartomb et 1000 Mexicans.
A cette période, les concerts Living Room avaient lieu dans ce pub tous les vendredis et les samedis. En général, j'y allais au moins un de ces deux soirs chaque semaine mais rarement les deux, en fonction de la programmation mais aussi parce que je ne pouvais pas vraiment me payer le métro toutes les semaines depuis Harrow-on-the-Hill et je n'étais pas toujours disponible : en cette fin d'année scolaire passée à Londres, je commençais à avoir quelques connaissances et quelques activités extérieures, notamment le club de bridge à Brentwood, mais ça en général c'était le jeudi je crois, et le club de basket. C'est d'ailleurs cette activité qui m'occupait ce vendredi 8 juin 1984 : d'après mes notes je jouais un match (plus que probablement comme remplaçant) avec les Kingston Cobras contre les Pentax. Il est assez improbable que, d'assistant de langue vivante à Harrow je me sois retrouvé à jouer avec un club de Kingston, à l'opposé géographique du Grand Londres, mais je crois que c'est uniquement parce que Ray, si je me souviens bien de son prénom, rencontré à Harrow, me l'avait proposé.
Seul un tout petit détail a pu me faire penser que ce concert du 9 juin 1984 au Roebuck pourrait avoir quelque chose de particulier : quand je suis arrivé, j'ai remarqué sur une vitre du pub une affichette photocopiée A4 qui avait été collée dessus. Il y avait un nom de groupe, The Jesus and Mary Chain, la première fois que je l'ai vu écrit, évidemment, une illustration plus ou moins en forme de croix, il me semble me souvenir, et l'annonce de leur concert du soir. Ça m'a surpris car, jamais, sans autre exception, je n'ai vu d'affiche annonçant les concerts du Living Room. De tracts non plus d'ailleurs. Je me suis dit que ces gars devaient en vouloir, mais ça m'a plutôt laissé une impression négative car j'ai aussi pensé qu'ils devaient s'y croire un peu trop. Sans compter que je le nom du groupe n'était pas trop à mon goût.
Tous les récits du premier concert précisent bien que la majorité du public présent, membres des groupes, leur entourage et les rares spectateurs payants, est resté au rez-de-chaussée à boire des coups pendant que Mary Chain a donné sa prestation au premier devant grosso modo une quinzaine de personnes. Je peux confirmer que c'est exactement comme ça que ça s'est passé le lendemain, même si entre-temps la prestation du groupe avait déjà bien excité Alan McGee !
Comme à mon habitude, j'ai assisté intégralement à la prestation des trois groupes, dont celle de Mary Chain donc, pour laquelle nous n'étions pas vingt dans la salle.
Pour moi, j'ai assisté à un concert d'un groupe punk, impression caractérisée non pas tant par le look du groupe que par les deux seules cordes de la basse de Douglas Hart et par la distorsion de leur son de guitare. Je tiens à préciser que c'était bruyant et électrique, mais dans mon souvenir le feed-back qui a caractérisé leur son sur scène et sur disque à partir de l'automne 1984 n'était pas ou quasiment pas présent ce soir-là.
A la fin du set, j'ai discuté avec Alan, qui ne tenait pas en place. "C'est les nouveaux Sex Pistols", disait-il, "je vais les signer et enregistrer un album avec eux". Il faut savoir qu'à ce moment Creation n'avait sorti que six ou sept 45 tours, et un album compilation live... enregistré sur mini-cassette !! Ce que j'ai dit à Alan, c'est que c'était très punk, mais que ça m'avait plu parce qu'il y avait de bonnes chansons (je ne crois pas avoir reconnu Somebody to love et je ne connaissais pas alors Vegetable man, deux reprises qu'ils ont dû jouer ce soir-là).
En septembre 1984, en prévision du passage à Reims le 3 novembre 1984 de la tournée européenne Creation Package, avec The Jasmine Minks, Biff, Bang, Pow ! et The Jesus and Mary Chain, j'ai rédigé un long communiqué de presse.
Voici ci-dessous le paragraphe qui concerne Mary Chain. Sachant qu'à l'époque il n'y avait eu quasiment aucun article publié sur le groupe, on excusera les erreurs flagrantes de la première phrase sur le nom du groupe et leur nationalité galloise. Par contre, relire cet article m'a rappelé l'anecdote du batteur assis sur une chaise de jardin en plastique rouge :


(cliquer pour agrandir)


Il n'y a qu'un seul enregistrement de l'époque sur lequel j'ai eu l'impression de retrouver l'ambiance sonore de ce premier concert de Jesus and Mary Chain, avec beaucoup de distortion et peu de feed-back. Et... cet enregistrement n'a jamais été commercialisé !
Il s'agit de la démo d'Upside down, leur premier single, qu'ils ont dû enregistré chez eux sur cassette avec un Portastudio au printemps 1984.
Pour capitaliser sur le succès du 45 tours Upside down, sorti le 5 novembre 1984 mais qui est resté très haut dans les charts indépendants jusqu'au printemps 1985, Creation a eu dans l'idée début 1985 d'éditer ce single en maxi-45 tours, avec les deux titres du 45 tours et la version démo d'Upside down en face B bonus, comme on ne disait pas à l'époque. Comme pour beaucoup d'indépendants anglais, les disques Creation étaient pressés en France par MPO (dont les tarifs étaient apparemment imbattables), mais le label devait passer par l'intermédiaire d'un prestataire anglais, Mayking. Mayking a pressé le 13 février 1985 une douzaine d'exemplaires "test pressing" du maxi. A l'origine, l'étape du test pressing, comme le bon à tirer chez l'imprimeur, était purement technique. Un ou deux exemplaires d'un tel disque devraient donc suffire, mais au fil du temps les labels ont pris l'habitude de les utiliser aussi comme exemplaires promo, pour en faire parvenir très en avance à des journalistes sélectionnés (ici, une photo du test pressing du maxi précédent de Creation).
En février 85, j'avais trouvé un CDD de quelques mois en plus de mon inscription en fac. Comme Londres me manquait, j'ai posé trois jours de congé à la mi-février pour y passer un long week-end. Le voyage a été épique. Pas d'Eurostar à l'époque, mais un train de nuit qui passait par Calais ou Dunkerque, puis le ferry jusque Douvres. Sauf que la mer était sacrément secouée cette nuit-là et, comme presque tous les passagers, j'ai passé une bonne partie du trajet, qui a duré au moins le double de ce qui était prévu, à dégueuler sur le pont. Mais le pire ça a été au moment d'arriver au port de Douvres, dans le petit matin blême. Il y avait tellement de vagues que le ferry ne pouvait pas entrer dans le port sans risques. C'est alors que le capitaine nous a annoncé qu'il allait essayer l'autre port de Douvres, sinon il faudrait repartir d'où nous venions ! J'ai encore passé une heure horrible, malade et inquiet car si on repartait en France mon week-end était foutu. Finalement, on a pu accoster aux Eastern Docks de Douvres et j'ai poursuivi mon voyage jusque Londres, où j'étais attendu chez Alan chez lui à Beaconsfield Road, où il m'a hébergé une ou deux nuits au cours de mon séjour.
La première journée a d'ailleurs été d'anthologie, puisque j'ai suivi Alan dans ses activités de patron de label et de manager des Mary Chain, des bureaux de Rough Trade à ceux de Warner (où j'ai récupéré le maxi de Monochrome Set), en passant par la gare de Liverpool Street et le Wendy's Burger de Shaftesbury Avenue. Elle s'est terminée le soir par un concert de soutien aux mineurs en grève avec les Poison Girls et les Mekons (que j'ai ratés tous les deux), Microdisney, The Men They Could'nt Hang et les Waterboys, dont je n'ai vu que deux chansons.
Au cours de ce séjour, Alan m'a donné cet exemplaire du test-pressing d'Upside down, pour que je puisse l'avoir à mon retour en France et le passer dans mon émission radio.
Ce n'est qu'une fois rentré en France que j'ai appris qu'au bout du compte la sortie du maxi avait été annulée. Apparemment, Jim et William Reid n'avaient pas été mis au courant de ce projet et avaient mis leur véto. Ou bien ils ne souhaitaient pas sortir cette version démo d'Upside down. Ou bien encore Blanco Y Negro ne souhaitait pas que ce maxi fasse de l'ombre à la sortie du deuxième single de Mary Chain, Never understand. Ou plus sûrement un cocktail de ces raisons et d'autres.
Il n'existe donc qu'une douzaine d'exemplaires de ce disque, probablement en possession de proches de Creation, de Mary Chain ou de quelques journalistes.
Pourtant, il en circule d'autres, au point que le blog Worthless Trash l'a même chroniqué un l'an dernier et l'a proposé un temps en téléchargement (le MP3 n'est plus disponible mais on peut toujours y lire la lettre de Jim qui accompagnait l'envoi de la démo à l'origine). Mais ces autres exemplaires sont des "white labels", pas des test pressings et l'histoire, qui me parait véridique, racontée en commentaire du billet par un ancien vendeur de chez Rough Trade, est que, courant 1985, Alan aurait à plusieurs reprises livré des exemplaires de ce maxi à Rough Trade, et ils se vendaient très bien !
On le voit, j'ai un très grand nombre de souvenirs attachés à ce disque, mais le fait que ses sillons contiennent le son qui se rapproche le plus de leurs deux premiers concerts n'est pas le moindre de ses intérêts. Du coup, il est bien dommage que le coffret rétrospective The power of negative thinking qui va sortir à la fin de ce mois ne contienne pas cette version démo d'Upside down, même s'il y contiendra un extrait de ces premières démos, l'inédit Up too high.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Aah... upside down ! pour qui ne connaît que Diana Ross, quelle stupeur, car les JAMC nous ont mis cul par dessus tête de façon incroyable avec ce morceau, très punk encore (davantage que saturé de fuzz et larsens, même si on est quand même gratiné), avec déjà cette grâce d'une interprétation noire et cynique et néanmoins aérienne et romantique de magnifiques pop songs, si elles étaient interprétées par d'autres.

Upside down, donc. Aurais-je le 45 en rouge, bleu, noir, rose et jaune (ce qui est le cas), et la rééd. polychrome en 85, je serais quand même jaloux de ce que le Pol Docu reçu de première main.

Et pourtant, cette démo, j'aurais bien aimé l'écouter par le mp3 (dommage, disparu) du site en lien, pour vérifier si ma version demo sur le 45 Mouthcrazy édité en septembre 87 par Fast Merry Music (avec une très jolie pochette double face et un label sympa aussi) est aussi cette version d'origine.
Le chant y est plus haut que la version 45, et le son n'est pas beaucoup plus crade (il s'agit bien ici d'une appréciation du plaisir, non d'un regret d'un son pas propre, ce qui ne veut pas toujours dire grand chose pour les Reid).

Le Père Dodu saurait-il me répondre ? ^^

ovethet

Pol Dodu a dit…

Christophe,
Merci pour tes différents commentaires auxquels je réponds en une seule fois.
Des marnais qui s'intéressent à Marcel Bianchi et à Mary Chain, il ne doit pas y en avoir des tas. Bienvenue au club !, et félicitations pour Pop Hits, un site qu'il m'est arrivé de fréquenter et vers lequel j'ai déjà fait au moins un lien.
Je ne suis pas encore aussi atteint que vous car je n'ai jamais acheté de cartouches 8 pistes (même si j'ai déjà été tenté, mais je n'ai jamais eu de lecteur de toute façon) et par ailleurs je résiste encore à me lancer dans l'achat de 78 tours (pas de gramophone non plus d'ailleurs).
Chez Fierce, je n'ai pas le disque, mais j'aime tout particulièrement bien sûr "I know someone who knows someone who knows Alan McGee quite well" des Pooh Sticks.
Pour la démo d' "Upside down", écris-moi (pol.dodu wanadoo.fr) et on devrait pouvoir arranger quelque chose.