14 août 2021

MARSEL HURTEN : Les chinois


Acquis sur le vide-grenier d'Oger le 1er août 2021
Réf : 26 215 -- Édité par DMF en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Les chinois -- Ça prendra toujours -/- C'est normal... C'est normand -- Pi Oméga 16

La disette est telle pour ce qui est des vide-greniers ces derniers temps que la fréquentation pour celui-ci a battu tous les records, alors qu'habituellement il est de taille moyenne en plein creux de l'été d'habitude,.
Cela ne m'a pas empêché d'y trouver en fin de matinée un CD d'Herman Düne que je n'avais pas et deux EP du label DMF.
Dans les années 1960, Cléon était plus réputée pour son usine Renault que pour sa maison de disques ! Pour ma part, je ne connaissais pas du tout DMF, mais les disques en bon état étaient à 1 € et je me félicite dans les deux cas d'avoir eu du nez.

Pour l'autre disque, la toute première parution de Jean-Allain Hoareau, ce qui m'a fait m'y intéresser c'est ce nom Hoareau, car je sais par ailleurs que, pour l'état civil, Danyèl Waro se nomme Daniel Hoareau. La Normandie, c'est loin de La Réunion, mais le lien existe bien et la première chanson du disque y fait référence ("Pays joli, pays chéri qui m'a vu naître, par mes chansons j'aimerais bien vous faire connaître et vous dire dans mon patois si doux si doux, mi aime à vous, mon cœur l'est resté près de vous"). Mais j'ai presque trop bien réussi mon coup car, musicalement, ce tout premier disque de Jean-Alain Hoareau reste dans un style de chanson française très sage, qui le rapproche de Jean-Claude Rémy. Après une longue escale aux Antilles, il s'est installé à La Réunion en 1980 et a repris sa carrière discographique en enregistrant notamment des ségas, qui m'auraient sûrement plus intéressé.

Marsel Hurten, avec son prénom bizarrement orthographié, je ne le connaissais pas du tout non plus. Si j'ai pris ce disque, c'est pour deux raisons assez rigolotes qu'on trouve au verso de la pochette : la photo des membres du groupes accrochés à un mur (qui fait pendant au dessin du recto) et le nom de ce groupe, Les Croqueniols, assez pécore pour me rappeler les Solistes Campagnards de Monsieur Dupont ou Émile Doryphore et sa Coopérative Agricole.

Vous non plus vous ne connaissez probablement pas Marcel Hurstemans (son nom de naissance, apparemment), qui ces derniers temps a publié des disques en tant que BDB. Et pourtant, il a droit à son strapontin dans l'histoire de la chanson française puisque, en 1965, il a co-signé avec Hervé Vilard la musique de Capri, c'est fini (Sur le site du Musée SACEM, Hervé Vilard explique qu'il a composé la chanson sur son orgue, puis collaboré avec le guitariste Marcel Hurten pour la mettre en place et l'arranger, d'où la décision de co-signer avec lui). Je ne sais pas quelle part de droits est revenue à Hurten, mais ça a dû mettre du beurre dans les épinards !

Les chinois est le deuxième EP de Marsel Hurten, après La chaise d'église en 1965. Par la suite, il a sorti deux autres 45 tours chez Disc'AZ en 1967 et 1968, Fatalité et Cette musique là.

Comme on pouvait l'espérer à partir de la pochette et du nom du groupe, les chansons de mon disque sont dans une veine légère et humoristique qui, de la même époque, peut évoquer Vassiliu ou Ricet-Barrier.
Les chinois a un refrain efficace et des arrangements assez minimalistes qui me plaisent bien, avec la basse et l'orgue qui dominent. Si j'en crois les explications données pour décrypter les références catalogue de DMF, ce disque daterait de février 1966, avant donc Et moi, et moi, et moi de Dutronc, qui serait sorti en juin. Je me suis posé la question à cause des chinois, bien sûr, mais aussi à cause du "Et moi et bing et bong et bong" qu'on entend ici.
Pour Ça prendra toujours ("les serments d'amour..."), avec la présence de cuivres et le style de chant c'est plutôt à Nino Ferrer qu'on pense. Même remarque pour le dernier titre du disque, Pi Oméga 16, qui a également des attributs rhythm and blues.
Pour C'est normal... C'est normand, on donne plutôt dans le tango, sauf erreur de ma part.

Dans l'ensemble, je suis bien content de ma trouvaille, surtout pour sa face A. Pour ce qui est de DMF (a priori à l'origine pour ses fondateurs Desmarets, Marie, et Ferrant, avant que la société ne devienne Disque Microsillon Français), j'aurais dû me souvenir que j'avais déjà entendu parler de cette maison de disques puisque, en 2017, l'excellent label de réédition Caméleon a sorti Thésaurus Volume 1 : Label France D.M.F., un double-album compilation piochant dans la partie rock du catalogue du label. Pour l'occasion, une véritable enquête archivistique a été menée et on trouve plein de documents sur DMF sur le site de Caméléon. Marsel Hurten ne faisait pas exactement du rock, mais il aurait peut-être quand même mérité de figurer dans cette sélection.

A écouter chez Daniel Narezo :
Face A (Les chinois - Ça prendra toujours)
Face B (C'est normal... C'est normand - Pi Omega 16)


Aucun commentaire: