15 septembre 2012
PIERRE DIEUZEY ET SES CAPETIENS : N° 4
Acquis sur le vide-grenier d'Athis le 9 septembre 2012
Réf : 17 45.S.23 -- Edité par Teppaz en France probablement au début des années 1960 -- Disque d'essai à détruire après audition
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ol' man river -- Basin Street blues -/- Down in honky tonk town -- Apex blues
Dimanche dernier à Athis, la météo était idéale et l'ambiance sympathique avec principalement des exposants particuliers, mais malheureusement j'y ai trouvé peu de disques. J'en suis revenu avec quatre 45 tours achetés sur deux stands. Celui-ci, je l'ai trouvé sur la fin de mon parcours avec une autre curiosité, un EP Vogue de 1958 avec des reprises de Tequila et Lollipop, illustrées par une photo de carnaval brésilien alors que les enregistrements sont anglais et produits par Joe Meek au début de sa carrière !
Ce disque de Pierre Dieuzey, je l'ai pris avant tout parce que je trouve que c'est un très bel objet. Le recto de pochette est très réussi, le verso est très classique, le disque lui-même a une étiquette orange avec un centreur triangulaire, et le tout est publié par la célèbre firme Teppaz de Lyon, surtout connue pour sa production d'électrophones.
Je ne suis pas spécialiste du jazz Nouvelle-Orléans, mais au moins c'est un style de musique que j'aime bien. Je n'ai pas encore chroniqué de disque de Sidney Bechet ici, mais on a déjà parlé de Dave Bartholomew et Louis Armstrong.
Habituellement, quand on se spécialise dans une musique de genre comme ça, on prend un pseudo en rapport pour soi ou pour son disque, comme Le Sheriff "Dad" et ses Enfants de Saloon par exemple. Pierre Dieuzey a conservé son propre nom, et pour son groupe j'ai été surpris qu'il ait choisi un intitulé autant attaché à l'histoire de France que les Capétiens, alors que je me serais plutôt attendu à quelque chose comme Pierre Dieuzey et ses Alligators du Mississippi...
En tout cas, ce n'est pas le cas ici, mais la thématique des Capétiens a été initialement utilisée pour la promotion du groupe, sur l'affiche ci-dessous par exemple.
Ce n'est qu'une fois rentré à la maison que j'ai noté deux particularités de ce disque. D'abord, sur le rond central, il y a tamponné sur chaque face la mention "Disque d'essai à détruire après audition". Je ne sais pas trop à quoi ça correspond, mais ça semble avoir été une pratique relativement courante de la maison Teppaz puisqu'on trouve en ligne des traces de plusieurs autres disques portant ce tampon, comme celui des Blue-Jeans chez Amour du Rock 'n' Roll, et ce sont toujours des disques Teppaz. Je me dis que ces disques sont trop nombreux pour être de vrais "test-pressing", destinés à valider la qualité d'un disque avant de lancer le pressage à grande échelle. Peut-être bien que ces disques tamponnés étaient des échantillons envoyés aux vendeurs d'électrophones pour servir de démonstration de la qualité du son en magasin.
Et cette qualité de son, elle était importante pour Teppaz, puisque l'autre chose que j'ai remarquée, c'est la mention "Stéréo spatio dynamic" qu'on trouve sur la pochette. Ça m'a surpris car j'étais persuadé d'avoir affaire à un EP des années 50 alors que j'associe plutôt les disques stéréo aux années 60. Je ne me trompais peut-être pas de beaucoup, car j'ai découvert qu'en fait les quatre EP de jazz New Orleans de Pierre Dieuzey ont été édités une première fois avec des pochettes très Capétiennes et un son simplement "spatio dynamic", technique dont Teppaz faisait la promotion avant même la stéréo. Le disque que j'ai acheté ferait partie d'une réédition de cette série de quatre disques en gravure stéréo, avec des pochettes différentes. Cela signifie, au passage, que la prise de son originale avait dû être faite en stéréo. J'ai vérifié à l'écoute en faisant joujou avec le bouton de balance de mon ampli, et il s'agit bien d'un enregistrement en stéréo. Là où j'ai été surpris, c'est que la séparation des voies est subtile, alors que je m'attendais, comme souvent avec les premiers disques stéréo, à avoir les instruments cantonnés sur une seule voie.
A l'écoute, on découvre que, menés par le piano de Pierre Dieuzey, les Capétiens produisent un jazz Nouvelle-Orléans instrumentale d'excellente tenue, plutôt posé. Il faut dire que, du Vieux Colombier au Caveau de la Huchette, le groupe s'est produit sur de très nombreuses de la fin des années 50 à la fin des années 60.
J'ai découvert avec plaisir en consultant son site officiel que Pierre Dieuzey continue de pratiquer et de faire partager sa passion pour le jazz, en organisant concerts, expositions et concerts-conférences, notamment avec l'orchestre Jazztime et le Jazz Club de la Boucle.
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1 commentaire:
Bonjour Pol Dodu,
Le 45 tours que vous avez trouvé fait partie d'une série de 4 édités par Teppaz, début des années 60, lorsqu'ils ont pris mon orchestre sous contrat en exclusivité.
Ils m'ont alors demandé si j'avais dejà enregistré . Ma première réponse a été non, car nous n'avions pas publié de disque. Puis, je me suis rappelé que la maison Barclay était venue nous voir au Kentucky Club rue Valette où nous jouions régulièrement pour nous proposer une expérience : c'était les débuts de la stéréo et ils voulaient faire un essai d'enregistrement d'un orchestre de jazz en stéréo pour le diffuser dans une station de sport d' hiver (...?). Jeunes musiciens, nous avons été séduits par cette proposition et, dans l'inconscience de notre jeunesse, sans signer de contrat et sans préparation, nous avons enregistré une vingtaine de morceaux de notre répertoire à la suite en une après-midi ! Vous imaginez que la musique est loin d'être du meilleur niveau...
Je raconte cela à Teppaz qui se précipite pour racheter ces enregistrements chez Barclay. Je supplie Teppaz de ne pas les publier ; rien n'y fait... Je finis par accepter qu'ils publient un 45 tours avec les morceaux les moins défectueux que je leur ai choisi. C'est le "Jazz New Orleans n°1" qui s'est vendu à des dizaines de milliers d'exemplaires car l'orchestre tournait beaucoup à l'époque dans des grands bals avec des milliers de personnes, quelques émissions de radios et même des émissions de la chaine unique de télévision le samedi soir en prime time !
Teppaz a alors voulu publier le reste des enregistrements Barclay et ce n'est pas le meilleur de notre production discographique...
J'ajoute pour finir que Teppaz, avant de déposer son bilan, nous a enregistré deux 45 tours de qualité correcte : en prenant une journée entière pour graver quatre morceaux : l'un de charlestons, l'autre en hommage à Sidney Bechet.
Explication du titre de "Capétiens" qui nous a valu beaucoup d' interrogations de la part des journalistes : j'avais un trombone, étudiant aux Beaux-Arts et féru d'art médiéval, qui nous a fait cette affiche que vous avez publiée sur votre Blog. J'ai trouvé une explication à postériori : les jazzmen américains se paraient bien de titres de noblesse tel que King Oliver, Duke Ellington, Count Basie. Nous avons pris nous aussi un titre royal mais français !
Bien cordialement,
Pierre Dieuzeide (dit Pierre Dieuzey)
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