29 décembre 2023

ELVIS COSTELLO AND THE ATTRACTIONS : Watch your step


Acquis par correspondance via Ebay en octobre 2023
Réf : 11-60519 -- Édité par Columbia aux États-Unis en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Watch your step -/- Luxembourg

Le cinquième album d'Elvis Costello, Trust, est arrivé tout début 1981 après une série impressionnante et imparable de quatre albums publiés à raison d'un par an à partir de 1977 : My aim is true, This year's model, Armed forces et Get happy!!. Excusez du peu !
J'ai acheté l'album à sa sortie, en import, parce que j'étais pressé et sûrement parce que le pressage français n'est pas arrivé assez vite. Pour la première fois, j'ai trouvé quelques faiblesses à un album d'Elvis, une impression probablement renforcée par le choix des deux singles tirés de l'album en Angleterre, Clubland et From a whisper to a scream. Mais au fil des années, à chaque fois que j'y suis revenu je me suis dit qu'on comptait quand même un grand nombre d'excellentes chansons parmi les 14 titres : Lover's walk, Pretty words, Strict time, New lace sleeves, Different finger... Les autres, y compris les singles, ne sont pas mauvaises pour autant, juste un cran en-dessous.
Et puis il y a surtout la chanson parfaite pour moi. Rythme lent, chant posé, superbe ligne de basse, tout m'a toujours plu dans Watch your step.

Pour une fois, Columbia, le label américain de Costello, a eu plus de nez que les proches d'Elvis en Angleterre, puisque Watch your step a été le seul single extrait de l'album aux États-Unis. Depuis des années je louche sur ce 45 tours quand je "feuillette" Discogs. Évidemment, le port était assez cher, mais j'ai finalement décidé de me l'offrir quand je l'ai vu en vente à un prix correct, car ce genre d'occasion va être de plus en plus rare.
Pour la pochette, Columbia n'a pas eu à aller chercher très loin : ils ont utilisé les deux clichés qui illustrent la pochette intérieure de Trust, dont celui où Costello se prend pour un acteur de film noir des années 1940.

Alors, qu'est-ce qui me plaît tant dans Watch your step ?
Les paroles sont très bien, d'abord, et d'autant plus remarquables qu'elles ont pour la plupart été écrites quand Elvis avait vingt ans, vers 1974 donc. Attention, comme avec toutes ses paroles de l'époque, j'ai beau les avoir devant les yeux et les relire, je ne prétendrai pas comprendre de quoi il est précisément question, mais elles sonnent très bien.
Je ne dis pas ça seulement pour le "Watch" du titre, mais il y a un parallèle à faire avec Watching the detectives. Pour l'ambiance générale et parce que là aussi la basse est prédominante, sans être reggae. La principale différence, c'est une certaine sérénité qui se dégage de Watch your step, marquée notamment par le chant apaisé qui nous semble presque chuchoté à l'oreille. Ce style vocal peut s'expliquer de façon assez prosaïque puisque, au moment des sessions de l'album, Elvis avait la voix bousillée par les excès, sur scène et en-dehors.
Pour ce qui est de la sérénité et de la mélodie, on peut noter une parenté avec Secondary modern, l'une des chansons de Get happy!!, relevée dès 1981 par la chronique de l'album dans Melody Maker. Cette chronique d'Allan Jones contient un paragraphe détaillé analysant Watch your step avec lequel je suis entièrement d'accord.
C'est fugace, mais Costello lui-même le fait remarquer dans ses notes de pochette d'une réédition de l'album : l'instrument qu'on entend derrière le piano de Stevie Nieve dans la courte partie instrumentale est un mélodica, une idée empruntée aux disques de dub, et particulièrement à Augustus Pablo je suppose.
Mine de rien, le chemin n'a pas été direct pour arriver à cette version pour moi parfaite de Watch your step. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter les versions alternatives sorties en bonus des rééditions d'albums. Lors des sessions de Get happy!!, Watch your step était tout bonnement un ska ! Pareil lors des premières sessions de Trust, Watch your step n'était plus un ska, mais le tempo était tout aussi speedé.
Ces versions ne sont pas intrinsèquement mauvaises, mais dans ces habillages la chanson est vraiment quelconque et cette chronique n'aurait jamais eu lieu d'être sans la version retenue pour l'album.
Plus intéressante est une version enregistrée en concert le 7 septembre 1983 à Austin et publiée en bonus d'une réédition de Punch the clock. Là, l'arrangement fait la part belle aux cuivres de TKO et c'est très bien. Le mois suivant, j'étais à l'Hammersmith Palais pour voir Elvis Costello, les Attractions, les TKO Horns et les choristes d'Afrodiziak. Ils ont joué Watch your step ce soir-là, probablement dans une version proche de celle-ci.

En face B, on trouve Luxembourg, un autre extrait de l'album.
Cette chanson a aussi une histoire puisque, sous le titre Seven o'clock, Costello l'avait proposée à Dr. Feelgood, que Nick Lowe produisait également. Certes, c'était du rock, mais avec trop de paroles pour Lee Brillaux, comme Elvis l'a raconté, toujours dans ses notes de pochette : « the original, equally wordy text had been rejected by Dr. Feelgood's frontman, Lee Brilleaux, after one perusal, with the immortal line: "What's this then, fucking Shakespeare?" ». Il nous reste de cette version une démo datant des sessions de Get happy!!. Pour Trust, les paroles ont été largement revues et la chanson est devenue Luxembourg. J'aime bien quand Elvis fait du rock à l'ancienne, notamment Mystery dance, mais là c'est vraiment quelconque.

Watch your step reste pour moi l'une des réussites d'Elvis Costello. Même si elle n'est pas sortie partout en single, on la retrouve heureusement sur plusieurs de ses compilations.


Elvis Costello and the Attractions, Watch your step, en direct dans l'émission Tomorrow coast to coast en 1981. Un arrangement assez proche de celui de l'album.


Watch your step en illustration musicale dans l'épisode Lost verizon des Simpsons en 2008, un choix pointu !

1 commentaire:

Slapback Prod a dit…

Excellente chronique.Merci pour ce site et ces infos qui placent les chansons dans leur contexte historique et social.Bonnes fêtes !!!