03 février 2019

THE HILLS : Juanita Banana - THE IN-BETWEENS : Take a heart


Acquis chez La Ressourcerie de l'Île à Rezé le 26 janvier 2019
Réf : 70 987 -- Édité par Barclay en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : THE HILLS : Juanita Banana -- Fun -/- THE IN-BETWEENS : Take a heart -- Little nightingale

Dans une ville comme Nantes, on ne s'attend pas de nos jours à trouver des disques années soixante intéressants dans la grande ressourcerie de la ville. Celui-ci, acquis originellement le 14 juin 1966 si j'en crois l'inscription à la Dymo collée au dos, a attiré mon regard car je me suis dit que j'avais peut-être affaire à la version originale de Juanita banana, popularisée chez nous par Henri Salvador. Et puis, cet autre groupe sur la face B, The In-Betweens, pouvait réserver une bonne surprise.
Bon, pas de mystère en tout cas, si ce disque était encore là, c'est que la face A est en grande partie hachée de rayures très marquées. Et puis, bien sûr, je n'ai que le disque, pas le porte-clés : "Ce disque est accompagné d'un porte-clés offert par le Comité inter-professionnel de la Banane 123 rue de Lille, Paris. Réclamez-le à votre disquaire qui se fera un plaisir de vous le remettre."
Le porte-clés n'était donc pas à l'origine attaché petit trou fait dans la pochette du disque, ce qui n'est pas très pratique de toute façon. J'ai quand même trouvé un exemple, sans doute assez rare, des deux ensembles :



Notons au passage que, la pochette plus le porte-clés constituent ensemble une œuvre pop-art par excellence. Je ne serai pas surpris que, au détour d'un séjour à Paris en 1966, elle ait influencé Andy Warhol pour la création de la pochette de The Velvet Underground & Nico...
Il s'est avéré très vite que cette version de Juanita Banana par The Hills n'est pas la version originale. Celle-ci est due à un groupe de studio nommé The Peels, subtile différence, ce qui nous confirme instantanément que cet EP édité par Barclay n'est ni plus ni moins que ce que j'appelle un disque parasite, dont la seule raison d'être est d'aspirer une partie des bénéfices générés par le succès d'un titre. Bien tenté ! Dans le même genre, il y a eu en France un 45 tours Panorama crédité à The Reels ! Tout cela a incité le label original, Karate, à réimprimer la pochette du 45 tours de The Peels en y ajoutant la mention "La véritable "Juanita Banana"", parade classique mais sûrement pas suffisante pour limiter le siphonnement des ventes.
Par souci de justice, et parce que les vidéos valent le coup, je ne résiste pas au plaisir de vous proposer un passage à la télé française de The Peels et le Scopitone d'anthologie d'un Henri Salvador en grande forme :


The Peels, Juanita banana, en public pour la télévision française, le 5 mai 1966.


Henri Salvador, Juanita banana, Scopitone de 1966.

Avant de publier, cet EP, Barclay avait édité l'enregistrement de The Hills sous forme d'un 45 tours deux titres, avec une pochette choc ! Celui-là, je ne le laisserai pas passer si je tombe un jour dessus :



Notons que, pour que la contrefaçon soit parfaite, on a choisi de repomper l'intégralité du 45 tours, puisque Fun, l'instrumental sympathique de la face B, est une reprise/copie de la face B du  45 tours de The Peels !
Bien malin qui pourrait dire qui se cache derrière ce nom de groupe The Hills. Ce disque n'est sorti qu'en France, mais l'accent anglais étant parfait, je pense qu'il ne s'agit pas de français. En tout cas, leur version de Juanita Banana se tient parfaitement.
Si vous voulez en savoir plus sur le phénomène Juanita Banana, qui a surtout sévi en-dehors des États-Unis, je vous conseille d'aller faire un tour chez PopArchives et chez Probe is turning-on the people !, où vous pouvez télécharger plein de versions de Juanita Banana, jusqu'à l'indigestion !
Ce n'est qu'après la publication du 45 tours que le partenariat avec le Comité Inter-Professionnel de la Banane a dû émerger avec l'idée du porte-clés. Du coup, on a dû décider chez Barclay de sortir un EP quatre titres, qui se vendait plus cher et rapportait plus. Mais, ne disposant sûrement que de deux titres par The Hills, le label a été piocher dans son catalogue deux titres d'un groupe inconnu, The In-Betweens, parmi les quatre de son seul EP, Feel so fine.
Quand on a écouté Take a heart par The In-Betweens avec l'ami Philippe R., on a été agréablement surpris. Dans le style rock de l'époque, ce n'est pas mal du tout, avec même un peu de chœurs à la fin, et, même si on l'espère toujours, on ne s'attendait pas vraiment à trouver quelque chose de cette qualité en face B du 45 tours au porte-clés à la banane ! Le deuxième titre, Little nightingale, est dans la même veine, mais je préfère le premier.
En cherchant un peu, j'ai vite découvert que ces deux titres sont des reprises, de The Sorrows et The Mindbenders respectivement.
Et surtout, en creusant encore un peu, j'ai vite compris que The In-Betweens étaient en fait The 'N-Betweens, et que ces deux titres font tout simplement partie des premiers enregistrements du groupe qui allait devenir Slade !
Je n'ai pas trouvé d'explications détaillées à ce mystère, mais c'est un fait que les seuls enregistrements publiés par la première version de The 'N-Betweens, réalisés en 1965 avec John Howells au chant, n'ont été diffusés qu'en France sur le EP Barclay. Après l'arrivée en 1966 de Noddy Holder, The 'N-Betweens ont sorti quatre autres titres, sur un 45 tours commercialisé en Angleterre et sur un 45 tours promo aux États-Unis. Ensuite, le groupe est devenu Ambrose Slade, puis tout simplement Slade. On retrouve tous les enregistrements parus des 'N-Betweens plus des inédits sur la compilation The genesis of Slade, parue initialement en Autriche en 1996.
En tout cas, à partir d'une reprise-contrefaçon d'une chanson rigolote, même sans porte-clés, je ne pensais pas voyager si loin et me retrouver avec deux titres rares d'un groupe anglais à succès.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

épatant l'ami! J'en profite pour dire que j'ai eu l'occasion de voir Slade au début de leur succès, enregistrement de pop2 (72?) , taverne de l'olympia et tu le sais père Dodu c'était un brin condescendant de ma part que d'y aller. J'ai été absolument emballé me demandant par quel mystère ces types inconnus quelques mois auparavant tenait si bien la scène: pêche et sympathie. En fait ils jouaient depuis longtemps dejà sous d'autres noms. Depuis ce jour Slade reste un groupe sous estimé pour moi, très authentique, sans grosse tête et drôle, des creedence prolos qui savaient tourner des chansons pop en rafale comme d'autres étalent du beurre sur la tartine. Quant à warhol père Dodu excellent début de fiction.Ph

Pol Dodu a dit…

Un bon début, oui, mais il faudrait voir où ce début pourrait bien me mener...

Anonyme a dit…

Bonjour, Scène magique dans "Le goût des autres" quand Jean-Pierre Bacri confond Caro Nome et Juanita Banana devant les bourgeois offusqués.

Sinon l'intro de "Baisse un peu la radio/Nessuno mi può giudicare" par Dalida en fait référence également. Phil II

Pol Dodu a dit…

Je n'ai pas eu l'occasion de voir "Le goût des autres", mais j'arrive très bien à imaginer ce que cette scène avec Bacri doit donner...!

Anonyme a dit…

"Juanita Banana, un four à l'opéra". Michel Delpech, Inventaire 66. Phil II

Pol Dodu a dit…

Désolé, le dernier commentaire "J'oubliais cette rareté", avec un lien YouTube, a disparu avant que je le publie...

Anonyme a dit…

Pas de problème! Jean-Paul Sévres-J'ai perdu mon guimique (1966), dans la lignée d'Antoine, Nino et Jacques.
http://youtu.be/GVVX-MwAMCI

Pol Dodu a dit…

Je ne connaissais pas du tout ce Jean-Paul Sèvres...