10 février 2024

JONATHAN PERKINS AND THE FLAME : A little hate (makes love much better)


Acquis par correspondance via Ebay en janvier 2024
Réf : ZD44178 -- Édité par Anxious en Europe en 1991
Support : 45 tours 17 cm
Titres : A little hate (makes love much better) (7" version) -- The hangman -- When Christina sleeps -- A little hate (makes love much better) (The big noise remade)

Les interviews de musicien ce n'est pas trop mon truc. On se retrouve la plupart du temps à tourner autour des mêmes sujets (comment s'est passé l'enregistrement, les sources d'inspiration, la tournée actuelle, les projets...) dans une situation artificielle qui débouche rarement sur quelque chose d'intéressant.
Cela fait bien longtemps que j'ai cessé de me plier à cet exercice. Quand j'ai l'occasion de rencontrer un artiste, je le salue, je papote un peu avec lui et, si j'ai une question qui me trotte la tête, je la pose si l'occasion se présente.

Comme je l'ai raconté il y a plus de quinze ans quand j'ai chroniqué le premier album d'Eurythmics, j'ai été amené à la fin des années 1980 et au début des années 1990 à conduire pas mal d'interviews pour Radio Primitive, dans le cadre de nos échanges de bons procédés avec les maisons de disques et en bonne partie parce que j'étais l'un des rares de la bande à parler anglais. La plupart du temps c'était quand même intéressant, même quand ce n'était pas des gens que je suivais de près. J'ai comme ça passé à la question Brenda Kahn, Blur, Keziah Jones, The Opposition par téléphone (ce qui m'a valu un 45 tours promo autographié en cadeau de remerciement).
Mon plus gros plantage, c'est lors de la venue de Moe Tucker à L'Usine à Reims en 1992. L'entretien s'est très bien passé, mais une fois revenus au studio on s'est rendu compte que l'enregistrement était inexploitable car les piles du magnéto étaient à plat !
Pour Jonathan Perkins, objectivement tout s'est bien passé, mais j'ai rarement été aussi mal à l'aise. Ça me dérange déjà si je suis au téléphone et que quelqu'un d'autre est là dans la pièce qui peut m'entendre. Mais là, on s'est retrouvé à interviewer Jonathan Perkins dans une loge avec Dave Stewart affalé par terre à moins de deux mètres. Dave Stewart qui était à la fois une très grosse vedette, le patron sur la tournée de Jonathan Perkins (qui était présent à Reims en tant que membre des Spiritual Cowboys), l'un des producteurs de l'album de Perkins qui venait de sortir et aussi le patron de sa maison de disques ! Ça fait beaucoup et je me suis senti mal pour Perkins quand, au détour d'une des questions (impossible de me souvenir laquelle), Dave Stewart a dressé l'oreille, s'est relevé et rapproché et a fini par se mêler à la conversation. Ça s'est fait naturellement, en tant que passionné de musique qui se prend au jeu, et il est clair qu'il ne voulait pas voler la vedette à qui que ce soit, mais je me sentais gêné pour le gars Perkins car c'est bien avec lui que l'entretien était programmé. D'un autre côté, je me suis félicité que cet entretien a priori banal ait été suffisamment intéressant pour que Dave Stewart se pique d'y participer.

Jonathan Perkins a un parcours impressionnant. On le voit surtout mentionné dans les histoires du rock comme étant le premier clavier d'XTC. Il a rejoint le groupe en 1974 et les a quittés de son propre chef fin 1976, avant qu'ils aient sorti leur premier disque. Il leur a préféré un groupe nommé Stadium Dogs, qui avait de bonnes perspectives de signer avec un gros label. Je ne suis pas sûr qu'il ait fait le bon choix. On le voit avec XTC sur cette photo (à un moment où le groupe s'est très brièvement nommé The Snakes) et c'est lui qui est aux claviers pour cette version de Science friction filmée en avril 1976.
Jonathan Perkins a également été membre à part entière des Original Mirrors le temps que le groupe a duré, de 1979 à 1982. Je ne le savais pas au moment de l'interview car j'ai deux disques d'eux et le nom des membres du groupe n’apparaît ni sur le premier album, ni au verso du pressage français du premier 45 tours Could this be heaven ?, contrairement à l'édition originale anglaise.

Jonathan Perkins rejoint la bande d'Anxious en 1989. Outre les Spiritual Cowboys, il va participer à plein de projets associés au label, comme Shakespear's Sister, JC-001, Terry Hall & Dave Stewart, Siobhan Fahey.
En 1989, il sort son premier album sous le nom de The Flame, qu'il co-produit avec Manu Guiot. Je pense que cet album est passé complètement inaperçu.
En 1990, un nouvel album sort, Snake talk. Cette fois-ci, il est crédité à Jonathan Perkins and the Flame. On y retrouve huit des titres de l'album The flame de 1989, et je suppose que ce sont exactement les mêmes enregistrements. Parmi les quatre nouveaux titres, les deux qui seront extraits en single, I can't say no et A little hate (makes love much better) sont produits par Dave Stewart.

J'aime bien A little hate (makes love much better). S'il y a un point de référence qui me vient à l'esprit, c'est l'Iggy Pop en solo avec Bowie de 1977. En plus sage. Le remix de 7 minutes par BBG est sans intérêt.
Jonathan Perkins a réédité une version "complète" de 21 titres des sessions de Snake talk et je me suis initialement étonné qu'on n'y trouve pas les deux faces B hors album de ce single. C'est parce que Perkins les associe à un autre projet, Anxious High, dont il a publié Alumni. Grosso modo, il s'agit de la bande d'Anxious, dont Chris Sheehan de The Starlings, qui se réunissait, souvent la nuit, pour enregistrer des chansons, des démos, des ébauches. Parmi celles-ci, The hangman, avec Martin Chambers des Pretenders à la batterie, est dans la veine d'A little hate, avec un chant sur les couplets qui est sur le même rythme. Pour When Christina sleeps, on ressent le côté démo, tout ne semble pas en place. On n'est pas très loin des Stranglers époque La féline.

Juste après The Flame, Jonathan Perkins a notamment monté le groupe Miss World (un album en 1992) et il a participé à de nombreux autres projets depuis. De mon côté, comme je le disais, je ne pratique plus l'art de l'interview. Ça m'évitera de me retrouver involontairement à interroger une grande vedette !



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