07 août 2019
PHILÉMON CIMON : Pays
Acquis par correspondance via Bandcamp en juillet 2019
Réf : RGCD001 -- Édité par Les Disques du Règne au Canada en 2019
Support : CD 12 cm
11 titres
Le projet de La Souterraine s'est développé de façon très intéressante depuis 2013. A l'origine, il y a les compilations dédiées à un seul artiste (les Mostla Tapes) et les compilations La Souterraine. Mais il y a aussi les productions propres du label associé Almost Musique, comme le récent album de Mohamed Lamouri, et toutes les productions indépendantes que La Souterraine sélectionne et met en valeur en les relayant sur son site Bandcamp (ou, au sens propre pour cette non-maison de disques, en les labellisant). Le point commun de toutes ces productions est qu'elles parlent français, un parti-pris que je soutiens, à l'heure où de nombreux artistes diminuent l'intérêt de leurs créations en choisissant de s'exprimer dans un anglais moutonnier.
J'essaie de suivre les parutions de La Souterraine. Ça peut aller vite parfois, car tout ne me plaît pas, loin de là, notamment les exercices les plus popeux, mais le rythme est soutenu et j'ai souvent du mal à le suivre.
Pour Pays de Philémon Cimon, ça c'est fait très vite aussi, mais pour une bonne raison. Le premier titre m'a accroché l'oreille, le deuxième encore plus. Alors, j'ai survolé le reste et, quelques minutes plus tard, le CD était commandé.
Philémon Cimon est québécois. Pays est son quatrième album, après Sessions cubaines (2011), L'été (2014) et Les femmes comme des montagnes (2015), enregistré à Cuba. Il est venu jouer en France au moins au moment de ce troisième album, ce qui lui a notamment valu les honneurs de Télérama et des Inrockuptibles.
Pays marque un tournant pour Philémon Cimon, stylistiquement et thématiquement. Le pays, c'est la région de Charlevoix, au nord-est de la ville de Québec, sur la rive nord du Saint-Laurent, d'où est originaire sa famille et où il a passé de nombreux étés. C'est là que le disque a principalement été enregistré, dans divers lieux et dans une relative basse-fidélité, sons d'ambiance inclus. Les thèmes abordés sont liés à son histoire familiale, notamment celle de sa grand-mère Lucile, à ses recherches sur la culture locale, au visionnage des films de Pierre Perrault,... On trouve de bonnes présentations de l'album dans des articles/entretiens dans Le Devoir, La Presse ou Hexagone.
Le premier titre, Charlevoix ventre infini, pose le cadre de l'album : rythme lent, guitare acoustique, chant apaisé avec chœurs, ambiance "folk" au sens large. Le suivant, Les pommiers envahis, précise l'un des enjeux du projet : "J'ai marché dans le champ de long en large pour me trouver. Changer de nom changer de naissance de lieu de maison de saison. Je cherche un pays à nommer. Je veux me nommer". C'est Ça va ça va qui m'a fourni un point de référence évident pour ce disque : un autre album bucolique, le Light green leaves de Little Wings.
Si la plupart des titres sont plutôt lents, et me plaisent très bien comme ça, les titres un peu plus enlevés sont parmi mes préférés : Jésus rouge Jésus noir, qui dans l'esprit m'a rappelé le Home d'Edward Sharpe and the Magnetic Zeros, La chanson de St-Joseph-de-la-Rive, version d'une chanson créée en 1968 par Louis Bergeron et ses amis de la boîte à chanson L'amarrée, et Latte Chumey, qu'on pourrait facilement enchaîner avec Big blonde d'Aidan Moffat.
L'album se conclut, plein d'émotion, avec Les éboulements, interprétée par Lucile Cimon, visiblement déjà très âgée (elle est décédée à 96 ans) : "Les éboulements... boum bou boum Sont amusants... boum bou boum Et c'est gaiement... boum bou boum Que l'on s'y rend... boum bou boum".
Pays est sans conteste mon plus gros coup de cœur pour une production québécoise depuis la découverte des Frères Goyette avec Rencontre du troisième âge il y a presque neuf ans déjà et c'est pour l'instant ma préférée des productions de l'année que j'ai écoutées.
On peut rêver de concerts en France pour faire la promotion de cet album et, dans l'attente, on peut se distraire avec Les Petits Chanteurs de St-Joseph-de-la-Rive, l'un des projets parallèles de Philémon Cimon. Leur chanson de promotion des productions locales Les Produits du terroir est un régal.
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2 commentaires:
belle surprise en effet , la plupart des titres sont très bons, et j'entends des réminiscences de malicorne, des rita M et d'autres encore et c'est très bien comme ça. ouais une tournée vivonzeureux ça serait pas mal.....même très pas mal ou plus que pas mal, au choix.
Je suis régulièrement les sorties chez La Souterraine, mais j'ai un peu décroché de la musique cet été et c'est donc chez toi que j'ai découvert Philémon Cimon.
J'aime beaucoup et ce sera au programme de "Joli Foutoir !" bientôt.
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