05 octobre 2024

113 : Jackpotes 2000


Acquis par correspondance via Ebay en septembre 2024
Réf : CHR019/37000784002 2 -- Édité par Chronowax/Small en France en 2000
Support : 33 tours 30 cm
7 titres

Récemment, quelqu'un demandait sur Twitter, "Qui n'a pas encore fait son éloge du documentaire sur DJ Mehdi ?". Et ce matin-même, alors que je m'apprêtais à rejoindre le gros de la troupe avec cette chronique, Le Monde a publié un article entièrement dédié à l'analyse de la réaction des plus de 50 ans à ce documentaire ! Je me suis connu moins prévisible dans mes choix musicaux, mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de les assumer.

Je me souviens de l'annonce dans la presse de la mort de DJ Mehdi en 2011. Je m'étais fait la réflexion que je ne connaissais pas du tout ce producteur/metteur en sons qui venait de mourir accidentellement à 34 ans. Et les choses n'avaient pas évolué cet été quand est arrivée en ligne la série documentaire DJ Mehdi - Made in France. Ma première réaction quand j'ai fini par m'y intéresser, ce fut de m'étonner qu'on puisse remplir six épisodes sur le parcours de celui qui restait pour moi un inconnu. Et après chacun de ces épisodes, je me suis dit que je venais sûrement de voir la partie qui m'intéresserait le plus, mais à chaque fois la suivante réussissait à capter mon attention, avec de nouvelles collaborations, de nouvelles aventures, depuis les débuts à 12 ans à bricoler un sampler dans son HLM jusqu'au concert complet de son groupe Idéal J à l’Élysée Montmartre, puis le grand succès (double-disque de platine) avec l'album Les princes de la ville de 113 et les aventures électro avec la bande d'Ed Banger Records.

Quand j'ai commencé à chercher un disque lié à DJ Mehdi je me suis rendu compte que plein de gens étaient en train d'acheter ces disques après avoir vu le documentaire.
Et puis, il y a le cas particulier de l'album de 113. Autant j'ai suivi de très près par exemple IAM au moment de leur premier album, autant dix ans plus tard je m'intéressais tellement peu à l'actualité du hip hop français que je ne connaissais pas du tout ce groupe produit par DJ Mehdi qui, c'est l'un des grands moments du documentaire, a raflé deux Victoires de la Musique en 2000 (en partie grâce au vote du public), s'est pointé sur la scène du Zénith en Peugeot 504 et a fait se pincer le nez à une bonne partie du monde du spectacle présent dans la salle, qui a eu l'impression d'être envahi par la banlieue.
Je me serais bien acheté un CD de Les Princes de la Ville, qui contient deux chansons qui me plaisent énormément, Ouais gros (qui sample Kraftwerk, même si ce n'est pas aussi révolutionnaire que le docu le laisse entendre, puisque la fusion rap/Trans Europe Express ça remonte au moins à 1982 avec Planet rock d'Afrika Bambaattaa) et le tube Tonton du bled. Oui mais voilà, Tonton du bled contenait un sample non déclaré qui a valu au groupe un procès. C'est étonnant, mais ce n'était sûrement pas le seul échantillon non négocié sur l'album, ce qui explique pourquoi il n'a pas été réédité depuis. Et on se retrouve dans une situation paradoxale où un disque qui s'est vendu il y a 20 ans à 350 000 exemplaires vendus est devenu très rare et très cher sur le marché de l'occasion.
Pour ma part, comme à mon habitude, je me suis refusé à payer un prix "collector" et je ne suis pas mécontent d'avoir réussi à dénicher sur Ebay un exemplaire en état tout à fait correct de ce maxi extrait de l'album, pour la somme royale de 3,99 € port compris, alors qu'il m'en coûterait plus de 6 pour envoyer moi-même ce disque par la poste, et alors que ce disque s'est vendu quatre fois entre 44 et 59 € sur Discogs depuis la mi-septembre.

La chanson principale s'appelle Jackpotes 2000, parce qu'elle est parue à la veille de l'an 2000, et aussi sûrement pour la distinguer d'une première version, Jack-potes, sortie en 1998 sur le mini-album Ni barreaux ni barrières ni frontières. J'aime assez bien le sample principal d'un titre de Rene and Angela. La chanson raconte une soirée en boîte et en ça on ne peut que la rapprocher d'un immense tube, Je danse le mia.
Comme pour les maxis de rap américains, on a droit aussi à l'instrumental et à l'a'cappella.

Les deux titres de la face B ne figurent pas sur l'édition originale de l'album de 1999. Ils ont été ajoutés en bonus sur une deuxième édition parue en 2000.

Tonton d'Afrique vient compléter une série débutée sur l'album avec Tonton du bled et Tonton des îles. Ce n'est pas DJ Medhi qui a réalisé la piste instrumentale ni produit ce titre, mais Clément Chassaing/Curtis. Entre la basse, le sample de Sékouka Bambino Diabaté, le rap et les chœurs, c'est excellent.

Pour On l'a pas mérité, l'un des samples est de Bobbi Humphrey (connais pas, comme pour les précédents), mais les éléments les plus intéressants, dont la basse énorme, n'en proviennent pas. Les rappers de 113 y reviennent sur leur parcours. C'est peut-être bien mon titre préféré des trois.

Vous n'aviez sûrement pas besoin de moi pour vous décider, mais j'imagine que si ce n'était pas déjà fait vous allez peut-être maintenant aller voir DJ Mehdi - Made in France.



Le prince de la ville, le quatrième épisode de la série documentaire de Thibaut de Longeville DJ Mehdi - Made in France. Les six épisodes sont disponibles ici.