30 août 2024

OUI OUI : Formidable


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 9 août 2024
Réf : 593127 -- Édité par FNAC Music en France en 1992
Support : CD 12 cm
Titres : Formidable (Remix) -- Tornade blanche

Je ne vais plus souvent à l'Emmaüs près de chez moi : pas beaucoup de stock, des prix qui ont augmenté et la forte probabilité d'en repartir bredouille. Ce jour-là, j'en étais à me dire que ça ne valait pas la peine de prendre la voiture pour aller y faire un tour quand m'est venue l'idée, vue la météo clémente, d'en profiter pour y aller à vélo. J'étais au moins assuré d'une balade à vélo agréable d'une dizaine de kilomètres aller-retour le long du canal.
Une fois de plus, j'ai bien failli ne rien acheter. A 1,50 € le 45 tours, il faut que le disque soit vraiment intéressant et en bon état pour que je me lance. Là, j'ai bien vu un 45 tours de Van der Graaf (je crois que c'est la première fois), mais il était sans pochette, et un autre d'une chorale de jeunes chantant en créole, mais une des faces était labourée de rayures en travers des sillons.
Rien dans les quelques 33 tours non plus, et j'étais en train d'examiner la tranche des derniers CD stockés dans un petit meuble quand j'ai vu la mention " Oui Oui / Formidable" sur une boite fine comme celle d'un maxi-CD.
Je n'ai pas sauté de joie, mais presque, car j'ai su tout de suite que c'était un single extrait du deuxième album de Oui Oui, qui porte le même titre. Je n'ai pas acheté l'album à sa sortie (je l'avais emprunté à Radio Primitive), mais j'en ai toujours eu une copie (en cassette, CD-R puis MP3). Je n'ai toujours pas eu l'occasion de me procurer le disque original car celui-ci est assez recherché et, comme toute la discographie du groupe, il n'a jamais été réédité (La bio de Oui Oui précise : "Plusieurs projets de ressortie des disques de Oui Oui ont vu le jour, notamment celui de l’Anthologie Oui Oui are the World. Aucune n’a abouti pour le moment.". Rien que pour le titre, on se serait précipité sur cette anthologie !).

La pochette du single reprend exactement celle de l'album, avec son super-héros façon Le fantôme. C'est dommage qu'il n'y ait que deux titres et six minutes de musique sur ce CD.

Formidable est annoncé comme un remix. J'ai essayé de comparer avec la version de l'album et franchement, à part la fin shuntée quelques secondes plus tôt, je n'entends pas de différences.
Les odes à son chef ce n'est pas si courant. Je n'en ai qu'une autre en tête, tout aussi sarcastique, Merci Patron, un grand succès pour Les Charlots en 1971.
Pour Oui Oui aussi, le patron est "franc comme l'argent, droit et généreux". C'est un modèle pour tout le personnel, mais le voile se déchire vite : "Il nourrit mes cauchemars les plus formidables" et "Il est parfait, il me fait horreur".
Musicalement, l'ambiance est très New Wave, notamment dans les petites sections instrumentales.
Étienne Charry, chanteur et guitariste ici avec Oui Oui, s'est confronté à nouveau au monde du travail quelques années plus tard en se produisant avec la troupe Grand Magasin pour son spectacle 5e Forum du Cinéma d'Entreprise. On aurait presque pu retrouver Formidable dans les chansons de ce spectacle que j'ai eu la chance de voir à Lyon et à Reims.

Si on parle de Tornade blanche, toute une génération pense à Ajax et à son détergent. C'est bien à ce produit que fait référence la chanson de Oui Oui, où une "odeur de propre" et la cuisine qui étincelle "du sol au plafond" sont mentionnées en sus de la tornade. Et même, en écoutant bien les paroles je me suis rendu compte qu'elles font en fait référence en détails à l'un des spots publicitaires de la marque, probablement celui de 1986 ci-dessous.
La publicité ménagère avait déjà inspiré Oui Oui pour la pochette de Ma maison, qui ressemblait à un baril de lessive pop art.




Oui Oui s'est arrêté en 1992, peu de temps après la sortie de Formidable et la faillite de son label. Il y a eu quelques concerts ponctuels en 2011 et 2014. A moins que les élusives rééditions se matérialisent, il y a peu de chance qu'on entende à nouveau parler du groupe. J'espère quand même tomber un jour sur les deux disques qui me manquent, le deuxième album et le single La ville.
Mais, pour notre bonheur, Étienne Charry continue d'alimenter son Catalogue d'artistes inventés. Il y a désormais une centaine de références, dont certaines, comme le Protozoaires d'Ernie Motka, sont dans une veine très proche de Oui Oui.


Oui Oui, Formidable, dans l'émission Une pêche d'enfer de FR3 en décembre 1992. L'image est pourrie, mais c'est un document inestimable, ne serait-ce que parce qu'il préserve pour la postérité les chorégraphies du groupe.

24 août 2024

VIOLENT FEMMES : American music


Acquis par correspondance chez Momox en février 2024
Réf : 869 415-2 / LASCD 29 -- Édité par Slash / London en Europe en 1991
Support : CD 12 cm
Titres : American music -- American music (LP version) -- Promise (Live) -- Kiss off (Live)

Quand l'album des Violent Femmes Why do birds sing ? est sorti en 1991, j'ai dû l'emprunter à Radio Primitive, l'écouter une fois, et c'est leur reprise surprenante de Do you really want to hurt me ? de Culture Club que j'avais choisi de passer dans mon émission. J'étais passé à côté de l'excellente chanson d'ouverture, la première du disque à être sortie en single, et ce n'est que cet hiver que je me suis rattrapé lorsque, ça devient de plus en plus rare, j'ai fait de bonnes affaires chez Momox en commandant pour à peine plus de 17 € huit CD de Dick Annegarn, Buzzcocks, Pulp, Deus, Francis Bebey et donc Violent Femmes.

La photo de pochette est très sympa. Il n'y a aucun crédit la concernant, alors je suis parti à la pêche aux infos. Ça m'a pris du temps, mais j'ai fini par en retrouver la trace. Elle n'est pas tirée d'une comédie musicale comme je le pensais, mais elle a été prise par un photographe de studio professionnel, George Marks. Près de 10000 de ses photos sont commercialisées par l'agence Getty, et parmi elles on trouve celle d'un "jeune couple dansant dans une salle vide". Sur ma lancée, je me suis dit que George Marks était peut-être aussi l'auteur de la photo utilisée pour la pochette de Why do birds sing ?. C'est bien le cas, mais le "couple espiègle" de cette photo n'est pas comme je l'avais pensé le même que celui qui danse. On trouve quelques autres photos des deux couples dans le lot, je vous laisse vous amuser à les chercher.

L'album est produit par Michael Beinhorn, un ancien de Material. Les commentateurs semblent s'accorder sur le fait qu'il marque un retour salutaire au son épuré des débuts du groupe.
Le rythme d'American music est particulièrement entraînant. Je ne sais pas le reconnaître moi-même, mais sachez qu'il s'agit d'un shuffle.
Quelle surprise, cette chanson est un hommage à... la musique américaine ! Avec un certain recul par moments, qu'on ressent notamment à la façon dont le "Baby" est placé et prononcé dans les fins de vers.
Dans un entretien à Radio Milwaukee en 2021, le bassiste Brian Ritchie expliquait qu'ils se sont amusés à glisser dans la composition, les arrangements et la production des références/hommages à des figures telles que les Beach Boys et Phil Spector. Tout ne saute pas aux oreilles à l'écoute : par exemple, c'est Heroin du Velvet Underground qu'ils avaient en tête quand ils ont décidé d'accélérer le tempo à la fin.
Au moment du pont, les claquements de mains et la réponse des chœurs ("We like American music") sont très efficaces et facilitent la participation du public en concert.
Il y a quinze secondes et quelques bidouillages d'écart entre la version du single et la version de l'album. Il n'était peut-être pas nécessaire de mettre les deux sur ce CD. J'aurais préféré une face B supplémentaire.
Deux autres versions ont de la chanson ont été publiées depuis. Une Alternate sur l'édition des trente ans de l'album, un peu inférieure à l'originale, sans apporter grand chose de nouveau, et une Live sur l'album Viva Wisconsin.

J'ai bien l'impression que les Violent Femmes étaient particulièrement populaires en Australie au début des années 1990. Une compilation, Debacle : The first decade, n'est sortie que dans ce pays. Tout comme un troisième extrait de Why do birds sing ?, Used to be. Single qui a été ajouté en bonus à une édition de l'album avec une pochette spécifique. Et c'est justement en Australie que les deux faces B de ce single ont été enregistrées, en concert à Melbourne le 8 novembre 1990.
Ces deux chansons sont parues initialement sur le premier album du groupe. Il faudrait peut-être que je prenne le temps de réviser ce classique, car les titres que j'en retiens sont Blister in the sun, Gone Daddy gone, Good feeling ou Add it up, mais Promise et Kiss off sont deux excellentes chansons à rajouter à cette liste, où l'influence des Talking Heads des débuts se fait par moment sentir. Et ces chansons, le public les connaît parfaitement, lui. C'est impressionnant de l'entendre chanter tout au long des deux titres.

Les Violent Femmes sont actuellement toujours actifs. Une tournée est prévue cet automne, aux États-Unis et, tiens tiens, en Australie.




Violent Femmes, American music, en direct dans le Dennis Miller Show, en 1992.


Violent Femmes, American music, en direct pour la radio 92.5 The River, en 2018, dans une configuration particulière avec barbecue, banjo et saxophone. Suivi par Blister in the sun.


Violent Femmes, Promise, en direct dans l'émission de la TVE La Edad de Oro, à Madrid le 4 avril 1985.


Violent Femmes, Promise, en concert pour le YTV CAnada Day, à Barrie au Canada en 1991.


Violent Femmes, Kiss off, en concert à l'Hacienda à Manchester, en 1983.


Violent Femmes, Kiss off, en concert.


Violent Femmes, Kiss off, enregistré en direct pour l'émission 120 minutes diffusée le 5 décembre 1993.

16 août 2024

BACCARA : Parlez-vous français ?


Acquis chez O'Chineur à Warcq le 30 juillet 2024
Réf : PB 5777 -- Édité par RCA en Belgique en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Parlez-vous français ? -/- Amoureux

Dans ses fanzines Langue Pendue et Groupie, et actuellement dans le webzine Arrière Magasin, Renaud Sachet s'intéresse aux "artistes étrangers, qui, pour une raison ou une autre, s’emparent de notre langue exotique pour s’exprimer".
C'est un sujet qui me passionne également depuis un bon moment déjà, à tel point que j'ai concocté en 2011 une compilation pour mon label virtuel intitulée Une chanson French. Et du coup, j'ai été amené à contribué à l'Arrière Magasin, avec des textes sur Dogbowl, Laurie Anderson, The Truffauts, Walter Martin ou Anna Karina et Howe Gelb.
En introduction de cette dernière chronique, Renaud a expliqué qu'il dénommait désormais cette rubrique Parlez-vous français ?, en précisant bien que son titre est emprunté à "une chanson du groupe espagnol Baccara qui l’a présentée à l’Eurovision en 1978".
C'est une information que je me suis empressé d'oublier, ne connaissant pas cette chanson. En conséquence, j'ai été surpris et tout content de tomber sur ce 45 tours, un pressage belge qui a voyagé quelques kilomètres pour atterrir dans le chef-lieu des Ardennes. Je n'aurais jamais pensé qu'un disque de Baccara pourrait me faire un tel effet !
Cette chronique est bien entendue dédiée à Renaud.

Baccara est un duo composé des chanteuses-danseuses Mayte Mateos et María Mendiola qui s'est fait connaître en 1977 avec ses deux premiers 45 tours, Yes Sir, I can boogie et Sorry, I'm a Lady (notez le parallèle entre les deux titres...) qui ont été deux tubes coup sur coup. Je connais et j'apprécie le premier, je ne connais pas le second.
Je crois que Baccara n'a jamais eu autant de succès par la suite, mais en 1978 le groupe avait un gros potentiel commercial et cela explique sûrement pourquoi, dans les circonvolutions géopolitiques si particulières à ce concours, le Duché du Luxembourg a fait appel à un duo espagnol signé par un label allemand pour le représenter à l'Eurovision 1978. Il faut dire que, en 1965, choisir France de France leur avait permis de gagner avec Poupée de cire, poupée de son !

Parlez-vous français ?, dans sa version du concours, est bel et bien une chanson en français. Peut-être parce que c'est l'une des langues officielles du Luxembourg (mais ce n'était pas une obligation). Peut-être aussi parce que, la France ayant gagné l'année précédente avec Marie Myriam, le concours avait lieu à Paris et c'était un moyen d'espérer gagner des points supplémentaires. Baccara était donné comme l'un des favoris avant le concours, mais la tactique n'a pas fonctionné à plein, car Parlez-vous français ? n'a terminé qu'à la septième place d'un concours remporté par Israël avec A-ba-ni-bi par Izhar Cohen.
Mais cette chanson a été incluse sur le deuxième album de Baccara, Light my fire (allez, on ne recule devant rien, un lien vers leur version ibéro-disco du tube des Doors !!) et a eu un succès respectable dans de nombreux pays.

Sans surprise, les paroles de Parlez-vous français ? multiplient les clichés sur la France, les vacances et les difficultés de communication qui, au bout du compte, ne sont pas un obstacle aux amours d'été.
La musique, comme les autres tubes du groupe, est une sorte de disco-pop, assez dans la ligne d'autres succès récents de l'Eurovision comme ABBA, Teach-In ou Brotherhood of Man.
Si la chanson a été chantée en version française au concours, une deuxième version est sortie en 45 tours simultanément à la version originale. Il s'agit donc de Parlez-vous français ? en anglais !! Et bizarrement, le français des deux chanteuses étant tellement difficile à comprendre dans les couplets, cette version anglaise, qui garde deux expressions en français, le titre et "Voulez-vous danser ?", "fonctionne" mieux avec ces paroles anglaises.
La plage, le soleil, l'amour, le disco, l'année 1978, l'Eurovision avec le Luxembourg, au bout d'un moment je n'ai pu que penser à Sea, sex and sun de Gainsbourg. En-dehors de ces thématiques communes, les deux chansons ne se ressemblent pas vraiment, mais quand même, c'est à se demander si, quand il a composé cette chanson au tout dernier moment pour l'enregistrer à Londres du 22 au 24 mai 1978, le Serge n'a pas été inspiré par la prestation à l'Eurovision de Baccara à le 22 avril à Paris.

L'exercice de style se poursuit sur la face B puisque Amoureux est aussi une chanson en français. C'est tout à fait dans la même veine que la face A ("La vie en rose à deux"...). Peut-être que les deux chansons ont été enregistrées avant de décider laquelle présenter au concours. Et, oui, cette chanson a aussi eu droit à sa version anglaise, You and me.

María Mendiola est morte en 2021. Le duo original s'est séparé en 1981 et, depuis, une multitude de versions de Baccara a tourné et enregistré, avec l'une ou l'autre des membres originales, voire aucune, comme c'est le cas actuellement avec la formation officielle de Baccara qui détient les droits sur la marque.


Baccara, Parlez-vous français ?, en direct à l'Eurovision au Palais des Congrès à Paris le 22 avril 1978.


Baccara, Parlez-vous français ?, dans l'émission Der Musikladen le 1er juin 1978.


La pochette de l'édition française de Parlez-vous français ? en anglais !

11 août 2024

RACHID TAHA : Voilà, voilà que ça recommence


Acquis par correspondance via Ebay en juillet 2024
Réf : 861 850-2 -- Édité par Barclay en France en 1993
Support : CD 12 cm
Titres : Voilà, voilà que ça recommence -- Yamess

Voilà, voilà que ça recommence
est une chanson de plus de trente ans qui reste terriblement d'actualité :
"Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancent
La leçon n’a pas suffi
Faut dire qu’à la mémoire, on a choisi l’oubli
Partout, partout, les discours sont les mêmes
Étranger, tu es la cause de nos problèmes"
Je me garderais bien de tenter de répertorier les endroits du monde où la haine de l'étranger fait des ravages mais, si on s'en tient à la France, on a le Rassemblement National qui est passé d'1,5 million de voix et 8 députés aux législatives de 2017 à 3,5 millions de voix et 89 députés en 2017 pour atteindre 10 millions voix et 142 députés en 2022.
Parallèlement, Marine Le Pen à la présidentielle a obtenu 6 millions de voix en 2012 (éliminée au 1er tour), puis 10,5 millions en 2017 et 13 millions en 2022.
Après la délirante soirée de "victoire" au soir du deuxième tour, qui a complètement oblitéré le fait que le RN est actuellement, et de loin, le premier parti politique en France, on vit depuis plus d'un mois dans un entre-deux dangereux, sans gouvernement ni majorité parlementaire. Ça nous en promet d'ici à la présidentielle de 2027 et s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que chaque jour qui passe où le monde politique fait mine d'ignorer ou de minimiser le vote en faveur du RN, c'est des votes gagnés pour ce parti aux prochaines élections et un pas de plus vers l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir par chez nous.

Il y a une chose qui me surprend, c'est la suite du texte de Rachid Taha :
"Moi, je croyais qu’ c’était fini
Mais non, mais non, ce n’était qu’un répit"
Il me semble qu'il fait là un surprenant aveu de naïveté. On est toujours l'étranger de quelqu'un et je crains que les moments dans l'histoire où la fraternité l'emporte sur l'hostilité sont bien rares. Le problème n'est pas tant que ça recommence, mais plutôt que ça ne s'arrête jamais. Pour ce qui est de la France, je n'ai pas le sentiment qu'il y ait eu un "répit" dans les années précédant la sortie de la chanson en 1993, avec le mouvement SOS Racisme au milieu des années 1980 (s'il s'est développé, ce n'est pas sans raison), le duo Pasqua-Pandraud au gouvernement de 1986 à 1988 et la sortie sur "Le bruit et l'odeur" de Chirac en 1991.

Ce single est tiré du deuxième album, sans titre, de Rachid Taha, qui marque le début de sa fructueuse collaboration avec Steve Hillage. Je suis bien sûr qu'elle a été jouée lors du concert au Printemps de Bourges le 23 avril 1994 auquel j'ai assisté.
Musicalement, l'atmosphère est techno/dansante, très bien dosée. En écoutant, je me disais qu'on n'était pas loin de ce que faisait Jah Wobble à l'époque avec ses Invaders of the Heart. J'avais juste oublié que c'est justement lui qui tient la basse sur ce titre !
Sur les couplets, le chant-parlé de Rachid Taha m'a rappelé celui de Gainsbourg sur Bonnie and Clyde. Je ne sais pas qui fait la voix grave qui dit le texte en anglais dans la dernière partie de la chanson.
La chanson a été raccourcie d'une minute trente par rapport à la version de l'album. C'est la fin qui a été coupée; il ne manque rien d'essentiel.
La sortie de ce single a été accompagnée d'une série de remixes, principalement par Justin Robertson, notamment pour le marché anglais. La plupart du temps, les paroles y sont réduites au titre. C'est très techno pour le coup et globalement sans intérêt. Je ne vous mets même pas de liens, mais il y a une bonne présentation ici.

Vingt ans plus tard, Rachid Taha a enregistré une nouvelle version de Voilà voilà pour son album Zoom. Cette fois avec Brian Eno qui co-produit et joue plein de trucs et Mick Jones à la guitare et au chant. Cette version est plus électrique, mais je préfère l'originale. En tout cas, mieux vaut la version de l'album Zoom à celle de la vidéo avec plein de chanteurs invités, de  Rodolphe Burger à Eric Cantona, en passant par Oxmo Puccino et Camilia Jordana, ce qui rappelle les grands projets à but humanitaire façon Live aid ou Tam tam pour l'Ethiopie.

La face B, Yamess, est le titre qui ouvrait l'album. Apparemment, le titre signifie Hier en arabe. C'est une excellente chanson.

Rachid Taha est mort en 2018 à presque 60 ans. S'il avait vécu plus longtemps, il aurait malheureusement eu de nombreuses occasions de chanter ou de ré-enregistrer Voilà, voilà que ça recommence.




Rachid Taha, Voilà, voilà que ça recommence, une très bonne version en direct dans l'émission Le Cercle de Minuit sur France 2 le 29 novembre 1993.


Rachid Taha, Voilà, voilà que ça recommence, une des versions très techno, en concert le 11 mars 2001 à l'Ancienne Belgique de Bruxelles, extrait du CD/DVD Live.


Rachi Taha, Yamess, avec toute la première partie en solo par Hakim Hamadouche, en concert le 13 juillet 2016 au Métropolis de Montréal dans le cadre des 30 ans des Nuits d'Afrique.

07 août 2024

BOB MARLEY & THE WAILERS : Is this love


Acquis neuf à Châlons-sur-Marne en 1978
Réf : 6172 538 -- Édité par Island en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Is this love -/- Easy skanking

Je crois qu'il va falloir que je revois la chronologie de mon accoutumance au reggae. Dans mes souvenirs, tels que je les ai racontés en 1995 dans un article de mon fanzine Vivonzeureux!, il y a eu une écoute très décevante d'Exodus chez un copain probablement courant 1978, une autre tout aussi rebutante d'Egyptian reggae au Prisunic de Châlons, et il a fallu ensuite plusieurs années pour que je m'intéresse à la fois à la musique de Jonathan Richman (ça c'est vrai) et au reggae. Et ça c'est faux puisque j'ai acheté l'album Survival de Bob Marley dès sa sortie fin 1979. Et surtout, bien avant, au moment où il passait beaucoup à la radio, c'est à dire entre sa sortie début 1978 et l'été suivant, j'avais acheté ce 45 tours d'Is this love, probablement chez Carrefour, ce qui en fait un des tous premiers disques entrés dans ma collection, avec par exemple Moviestar d'Harpo ou I'm not in love de 10cc.

Je ne le savais pas jusqu'à aujourd'hui, mais Kaya a été enregistré pendant les mêmes sessions de 1977 qui ont donné l'album Exodus. Is this love a été un succès en France, probablement le plus grand de Marley de son vivant par chez nous avant le véritable tube qu'a été Could you be loved en 1980.
C'est une chanson pop toute simple très efficace. Les paroles sont hyper basiques, mais elles sont particulièrement accrocheuses, dès les couplets ("I wanna love you...", "We'll be together...", "We'll share the shelter...") et bien sûr pendant le refrain ("Is this love, is this love, is this love, is this love that I'm feeling ?" et "I wanna know, wanna know, wanna know now"). C'est bien sûr une chanson d'amour et France Inter nous explique que Bob Marley l'a écrite pour l'une de ses amoureuses, ce qui a donné une situation un peu particulière au moment de l'enregistrement, puisque parmi les trois choristes des I Threes qui font notamment des "Love" figurait l'épouse en titre du chanteur, Rita Marley.
La production n'est pas des plus roots, bien sûr, mais j'aime toujours cette chanson. Simplement, je me passerais vraiment bien de la guitare électrique et je donnerais cher pour que la section de cuivres soit mieux mise en valeur dans le mixage !
Fin 1978 est sorti le double album live Babylon by bus. Celui-là, jusqu'à preuve du contraire, il ne m'a jamais plu. On peut y entendre une version d'Is this love enregistrée en juin 1978 au Pavillon de Paris lors de la tournée Kaya.

En Angleterre et dans la plupart des autres territoires, la face B du single Is this love est une version instrumentale de Crisis, un autre titre de Kaya. Rien d'exceptionnel, mais au moins ça donnait une face B spécifique au consommateur, inédite par ailleurs.
En France, on ne saura sûrement jamais pourquoi, Phonogram a préféré mettre en face B une autre chanson de Kaya, Easy skanking, qui est du coup mentionnée au recto de la pochette, comme une double face A. C'est une chanson cool dont le message est des plus simples : "Take it easy". Là, il y a juste le saxo qui irrite un peu les oreilles. J'ai trouvé en ligne une version alternative qui résout ce problème, mais sans information sur sa provenance.

Je suis donc tout étonné de (re)découvrir que j'ai commencé à apprécier le reggae dès mes 15 ans. Trois ans plus tard, Stuart Moxham et The Gist allaient apporter l'une des réponses possibles à la question de Bob Marley.




Bob Marley & the Wailers, Is this love, en concert à Santa Barbara en 1979.


Bob Marley & the Wailers, Is this love, en concert à Dortmund le 13 juin 1980 lors de la tournée Uprising.