05 novembre 2023

THE B-52'S : Rock lobster


Acquis chez Damien R. à Avenay Val d'Or le 11 juillet 2023
Réf : WIP 6506 -- Édité par Island en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Rock lobster -/- Running around

J'ai acheté ce disque à l'ami Damien le même jour que le Bee Gees et le La's. Quelques mois plus tôt, à la Bourse BD-Disques d’Épernay, j'avais racheté à l'ami Séb le 45 tours Planet Claire qu'il avait trouvé à la ressourcerie quelques jours plus tôt. J'adore Planet Claire, avec sa basse à la Peter Gunn, et j'aime beaucoup aussi la reprise de Petula Clark Downtown en face B. Mais Rock lobster est encore plus original et marquant et je suis très content d'avoir ce disque même si, de fait, le 45 tours Rock lobster dont je rêve, ce n'est pas celui-ci, mais celui-là :


La pochette du single original, chez DB Recs.

Il s'agit du tout premier disque des B-52's, sorti en 1978 sur le label indépendant DB Recs. On connaît ses deux chansons, Rock Lobster et 52 girls, mais l'intérêt, outre une pochette très réussie, est qu'il s'agit d'enregistrements différents de ceux du premier album. Cette version de Rock lobster est notamment plus rapide, même si par ailleurs elle n'est pas fondamentalement différente de la seconde version.
Je n'ai découvert l'existence de ce single que des années plus tard, dans la deuxième moitié des années 1980 : les amis Raoul Ketchup et Jean-Pierre Moya de Radio Primitive en avaient chacun un exemplaire, il me semble. J'en avais fait une copie sur cassette et, si je m'étais mis en tête d'acheter ce disque à l'époque, je l'aurais sûrement trouvé à un prix encore correct. Mais cela ne fait que quelques années que je cherche à l'acheter pour le chroniquer ici et j'ai découvert qu'il avait entre-temps atteint un prix excessif (40 € minimum grosso modo pour un exemplaire avec pochette).

On se contentera donc de cette édition Island parue l'année suivante, qui est très bien déjà, avec une pochette qui reproduit celle de l'album. J'ai acheté cet album à la sortie et pour une fois je n'étais pas le seul parmi mes copains : on a dansé à en perdre haleine dans nos soirées lycéennes sur Rock Lobster, Planet Claire, Dance this mess around et Downtown. Je viens juste de me souvenir qu'il y avait même quelque part en ville un graffiti "B-52's" sur un mur. Et mon frère m'avait décontenancé un jour en faisant référence au groupe en prononçant, fort logiquement, son nom à la française, "B Cinquante-Deux S".

Sur la face A de ce 45 tours, c'est donc la version de l'album de Rock lobster qu'on trouve, à ceci près qu'un coup de ciseau a réduit de deux minutes la durée de cette chanson, effectivement assez longue (6'50 sur l'album). Il faut avouer que c'est très bien fait, et ça pourrait passer inaperçu lors d'une écoute inattentive. C'est dans le "ventre creux" de la chanson que l'ablation a été faite, entre 2'45 et 4'45.
A l'époque on parlait de new wave, mais j'ai réécouté Rock lobster plein de fois pour préparer cette chronique et il n'y a pas à tortiller, c'est un grand classique du rock, point. Chaque membre du groupe apporte une pierre essentielle à l'édifice, la répartition des rôles est parfaite, signe qu'on a affaire à un grand groupe, original de surcroît.
Au niveau instrumental, c'est énorme, depuis le riff de guitare surf qui tient tout le morceau (joué en deux parties sur quatre cordes, les deux graves et les deux aiguës) jusqu'aux séquences d'orgue garage, en passant par une cloche, qui tient un rôle inhabituellement proéminent.
Et puis il y a les paroles, bien délirantes. Le titre déjà est à double sens, puisqu'il peut désigner aussi bien une langouste que "le rock du homard". Et dès le début, ça vrille : "On était à une fête, son lobe d'oreille est tombé au fond, quelqu'un a plongé son bras pour le ramasser, c'était une langouste".
Fred Schneider, qui a écrit les paroles, est le chanteur principal sur ce titre. Il est magnifiquement accompagné par Cindy Wilson et Kate Pierson, qui ne se contentent pas d'assurer magistralement des chœurs, mais qui donnent en plus une véritable performance vocale quand il s'agit de faire des sons et cris en réponse à la liste d'animaux aquatiques déroulée par Fred, qui culmine avec une "baleine en bikini".
Il se trouve que, justement cette semaine, j'ai regardé la vidéo de la rencontre en 1972 en direct à la télévision de John Lennon et Chuck Berry, un moment de télévision particulier puisque, en cours de performance, les micros utilisés par Yoko Ono sont mystérieusement coupés. En écoutant Rock lobster, je me suis dit à un moment que les cris de Cindy et Kate rappelaient ceux de Yoko. Eh bien, il parait que John Lennon s'était fait la même remarque, et que ce rapprochement était volontaire, les chanteuses ayant voulu lui rendre hommage. Yoko a d'ailleurs rejoint les B-52's sur scène pour cette chanson le 4 février 2002, lors du concert anniversaire des 25 ans du groupe.

L'intérêt de ce 45 tours, c'est que sa face B, Running around, n'est sortie sur aucun autre disque. Non pas que le groupe n'ait pas fait bon usage de cet excellent instrumental, qui annonce ce qu'allait faire Wall of Voodoo. Simplement, lorsqu'on a retrouvé Runnin' around sur l'album Wild planet l'année suivante, c'était exactement la même piste instrumentale, mais cette version est chantée. Cela confirme ce que le groupe a eu l'occasion d'expliquer : comme Devo à la même époque, au moment d'enregistrer le premier album ils avaient largement de quoi en remplir deux, et ils en avaient volontairement mis de côté certains pour la suite. Là, on se rend compte que, non seulement le titre était composé et joué sur scène, mais il a même été enregistré lors des sessions du premier album.

Les B-52's ont bouclé en début d'année leur "ultime tournée d'adieu". Ils ne sont pas pour autant séparés puisque, puisqu'ils jouent sur les mots : ils ne tournent plus, mais font des résidences à Las Vegas. Ça commence à ressembler à un naufrage. Mais on peut toujours danser sur leurs disques, qui eux n'ont pas pris une ride !


The B-52's, Rock Lobster, en concert au Downtown Cafe à Atlanta en 1978.


The B-52's, Rock Lobster, une vidéo officielle, mais avec un son live, pas le son du disque.


The B-52's, Rock Lobster, en concert au Capitol Theatre à Passaic le 7 novembre 1980.


The B-52's, Rock Lobster, un passage télé avec le son du single.


The B-52's, Runnin' around, en concert au Downtown Cafe à Atlanta en 1978.


The B-52's, Runnin' around, en concert  au Capitol Theatre à Passaic le 7 novembre 1980.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

bien d'accord c'est un classique du rock avec un son minimaliste comme il sied même si les gimmicks et variations sont multiples. Les voix, les idées, sont ttes très bonnes et originales. Un classique qu'yvousdit le Pol, homard qui s'en dédit. Dommage pour ta pochette mais bon on ne peut pas tout avoir hein? c'est même la clé du moteur de tte collection! Ph

Anonyme a dit…

Merci Pol d'évoquer ce "grand" (originalité, influence, qualité des "compos"...) "petit" (discographie finalement assez courte mais c'est peut-être mieux ainsi) groupe. Et merci pour cette vidéo live aux couleurs somptueuses et qui semble donner un bon aperçu de ce que pouvait être le groupe en concert dans ses premières années. Très beau document ! J'aime bien aussi le mini-lp party mix !

L'autre Philippe...

Pol Dodu a dit…

J'aime beaucoup aussi "Party mix", avec là encore une pochette très colorée. Comme je n'avais pas acheté "Wild planet" à sa sortie, c'est avec ce disque que j'ai vraiment découvert les deux perles que sont "Private Idaho" et "Give me back my man",