07 mars 2023

DUPONT ET PONDU : Chauffe Marcel


Acquis chez Récup'R à Dizy le 28 janvier 2023
Réf : FX 1515 M -- Édité par Festival en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Chauffe Marcel -- Le professeur qu'on nous a donné -/- J'voudrais être un beatnik -- Alléluia

J'avais prévu de chroniquer ce disque avant son décès le 13 février à 91 ans, mais du coup cette chronique est l'occasion de rendre hommage à Alain Goraguer, crédité ici aux arrangements et à la direction d'orchestre. L'an dernier, on s'était bien amusé avec son Orgogoriental.

Un lot de 45 tours était arrivé ce jour-là à la ressourcerie et j'en ai acheté plus de 25. Quand j'ai vu celui-ci, j'ai cru qu'il s'agissait d'un autre disque de l'accordéoniste Dupont, dont je venais de mettre un 45 tours sur ma pile, mais non, le duo comique Dupont et Pondu n'a rien à voir avec lui.
Je ne les connaissais pas du tout, mais il n'y avait aucune chance que je laisse passer un 45 tours en parfait état à 10 centimes dont l'un des titres est J'voudrais être un beatnik !!!

C'était aussi étonnant de tomber sur ce Chauffe Marcel le lendemain même du jour où j'avais discuté avec Alig et Philippe R. du Vesoul de Jacques Brel, l'occasion d'en découvrir une excellente version en public à la télévision en décembre 1968.

L'expression "Chauffe Marcel", on la connaît surtout en musique comme le sous-titre du premier 45 tours des Charlots, Je dis n'importe quoi et je fais tout ce qu'on me dit (1966), et donc comme l'encouragement de Brel à Marcel Azzola dans Vesoul (1968).
Mais il s'avère que ceux qui ont popularisé cette expression dans des cabarets parisiens et lors d'une apparition télévisée, ce sont bel et bien Dupont et Pondu.
Pour replacer les choses dans leur contexte, et Luis Rego l'explique très bien dans le numéro de février 2023 de Rock & Folk, les Problèmes/Charlots n'ont jamais eu l'intention de bâtir une carrière à partir de ce titre. Tout est parti d'une émission radio d'Europe 1, pour laquelle ils ont parodié Je dis ce que je pense et je vis comme je veux d'Antoine, et c'est bien là effectivement que Gérard Rinaldi a pompé l'expression de Dupont et Pondu. Mais c'était normalement un truc sans lendemain. Sauf que la chanson a plu au producteur Christian Fechner, qui l'a incluse sur une compilation Vogue. Elle a eu du succès, et pof !, le groupe rock Les Problèmes s'est transformé en groupe parodique Les Charlots.
Alors, en 1967, Dupont et Pondu ont décidé de répliquer et ont sorti leur propre Chauffe Marcel.
Sur un ton pécore, qui fait penser dernièrement aux Frères Goyette, il est clair que les paroles s'adressent aux Charlots et à Fechner :
"On est des artistes rurals et quand on souffle dans notre biniou
On pourrait faire danser des chevals, même qu'à Paris ils sont jaloux
Y a un directeur artistique qui nous a dit qu' c'était très bien
Il a écouté notr' musique, il nous a fauché notre refrain
Oh ben faut rien laisser traîner, hein
Chauffe Marcel, chauffe mon gars, yé yé yé
A Paris, sont point gênés, y s' contentent plus d' croquer nos pommes
Maintenant v'là qu'y croquent nos idées, on n'en a pourtant pas des tonnes
J'ai entendu dans la radio cinq gars qui faisaient un trio
Ça m'avait l'air pas mal du tout, ils chantaient les mêmes trucs que nous
"
Sur l'autre face, J'voudrais être un beatnik poursuit dans la même veine. On est loin du freakbeat, mais on apprécie d'entendre une guitare saturée sur ces deux titres.

Le professeur qu'on nous a donné, avec des enfants qui chantent le refrain, raconte l'histoire d'un repris de justice qui se retrouve enseignant. On est dans une ambiance à la Pierre Perret.

Quant à Alléluia, il s'agit tout simplement d'une reprise d'un titre alors récent de Jean Ferrat, sorti en 45 tours et interprété à la télévision. C'est l'histoire assez classique d'un enterrement suivi au bistrot plutôt qu'à l'église. Avec le même arrangeur et le même orchestre, cette version est assez fidèle à l'originale, avec la présence remarquée de l'orgue. Après A Santiago, cela fait deux fois que je surprends Ferrat à faire dans la chanson plutôt légère, et c'est très bien ainsi !

J'ai très rarement voire jamais vu des disques de ce duo et je suis bien content de cette première bonne trouvaille de l'année.

Aucun commentaire: