03 août 2007

YOUNG MARBLE GIANTS : Final day


Acquis probablement chez New Rose à Paris en 1980
Réf : RT 043 -- Edité par Rough Trade en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Final day -- Radio silents -/- Cakewalking -- [Colossal youth (démo)]

Une troisième réédition de Colossal youth en CD, qui présente cette fois-ci, pour l'édition limitée en 3 CD (!), quasiment l'intégrale des enregistrements des Young Marble Giants (ne manque, probablement pour des questions de droits, le disque ayant été édité récemment par Cherry Red, que le Live at The Hurrah!).
Une reformation accompagne cette sortie, suspecte comme toutes les reformations (27 ans après !, mais je doute que, dans leur cas, un pont d'or ait motivé la reformation ! Un concert est annoncé le dimanche 28 octobre au Festival BB Mix de Boulogne-Billancourt), mais sympathique quand même pour tous ceux sous le charme depuis si longtemps des deux classiques du groupe, leur album Colossal youth, donc, et ce 45 tours.
L'album, c'est sûr, je l'avais acheté à La Clé de Sol à Châlons. Le 45 tours aussi peut-être, mais je penche plutôt pour New Rose à Paris, car les 45 tours en import étaient vraiment chers à Châlons.
C'est vraiment un très bel artefact, ce disque, avec des titres inédits, pas des extraits de l'album, et une pochette très réussie, dont l'image au recto illustre très littéralement et le nom du groupe (Jeunes géants de marbre) et le titre de l'album (Jeune colossal ou Jeunesse colossale). Au dos, on a la légende de la photo, extraite de Kouroi, un livre de Gisela et Irma Richter de 1942 sur les jeunes grecs archaïques, avec une description de deux intuitions de l'art grec ("Vitalité tendue et structuration géométrique") qui pourrait bien s'appliquer à la musique de Young Marble Giants. Pour l'anecdote, Stuart Moxham expliquait récemment dans Mojo que la photo de pochette de Colossal youth avait été prise dans leur jardin, et qu'ils avaient juste cherché à imiter celle de With the Beatles !
Si on en croit les notes de pochette de Wanna buy a bridge ?, Final day a été enregistré en février 1980. Un des intérêts de ce disque est donc de nous proposer les trois seules chansons enregistrées par le groupe au complet après Colossal youth. Et comme, des trois, seule Radio silents figurait sur leur démo de 1979, on peut raisonnablement penser que nous avons ici avec Final day et Cakewalking les deux seules chansons écrites et publiées par le groupe après leur unique et classique album.
Et bon sang, elles ne sont pas gaies ces deux chansons ! En moins de deux minutes, Final day nous plonge dans l'ambiance d'apocalypse du déclenchement d'une guerre. C'est visiblement ce à quoi les paroles font référence (je n'en comprenais pas le dixième à l'époque). C'est aussi ce que rend très bien la musique : la note d'orgue aigue qui ouvre la chanson et dure jusqu'à la fin fait penser aux sirènes d'alerte annonçant un bombardment. Quant au motif d'orgue aux notes graves qui accompagne toute la chanson, il ne peut que rappeler le son des stations de radio brouillées pendant la seconde guerre mondiale.
Je ne sais pas d'où vient la photo des Young Marble Giants ci-dessous, (trouvée ici), mais elle aurait été faite pour illustrer Final day qu'elle ne pourrait pas être mieux réussie.
Moins politique, plus existentielle, Cakewalking n'est pas plus gaie : "Yesterday we were always laughing... Misery passes and so does crying, just look around when you feel like dying... You think you're alive but then you're just yawning". On a l'impression que cette chanson, comme d'autres classiques de la new wave, exprime le spleen d'une époque qui était peut-être plus sombre dans sa musique que dans la réalité.
Radio silents, avec ses alternances de boite à rythmes et de basse, est aussi très bien. Je ne l'ai pas précisé, mais aucune de ces chansons n'aurait déparé sur le chef d'oeuvre Colossal youth. Final day en aurait même été un des titres phares.
Un des intérêts de ce petit vinyl par rapport aux rééditions CD, c'est le quatrième et dernier titre, non listé sur la pochette. Il démarre juste après Cakewalking et il m'a très longtemps intrigué : le son est très sourd, lointain. On reconnait quand même la chanson Colossal youth de l'album, dans sa version démo, nous est-il précisé ici. Pendant longtemps, ce titre m'a vraiment intrigué, et je me suis raconté un tas d'histoires pour essayer d'expliquer sa présence : une erreur de gravure, un remords (une face B en plus enlevée au dernier moment),... Le son était tellement pourri que je ne pensais pas que ça pouvait être tout simplement ce qu'on appelle maintenant un bonus caché !!
Je crois avoir égaré la cassette que j'ai longtemps conservée de l'émission Feedback de Bernard Lenoir du 17 juin 1980, qui retransmettait en direct le concert des Young Marble Giants aux Bains-Douches, l'unique ou en tout cas l'un des très rares concerts du groupe en France à ce jour. Peut-être un signe pour que je pense à me libérer pour faire le voyage de Boulogne-Billancourt le 28 octobre prochain...?

5 commentaires:

Philippe L a dit…

http://novland.blogspot.com/2007/05/la-plus-belle-chanson-du-monde-4.html

Pol Dodu a dit…

Philippe,
Le "pire", c'est que j'ai bien sûr lu/écouté ton billet quand tu l'as publié il y a quelques semaines.
J'aurais fait un lien vers ce billet si je ne l'avais pas complètement oublié quand j'ai fait le mien...

Charlie Dontsurf a dit…

Une ancienne chronique mais il se trouve que les Young Marble Giants étaient hier soir en live à la Grande Halle de la Villette (Paris) (lieu et son magnifiques), entre Arto Lindsay et Owen Palett. Le trio d'origine, qui a remplacé sa boîte à rythme par un homme qui joue ... des drums machines, n'a rien perdu de son minimalisme. La voix d'Allison Statton n'a pas changé, Phil Moxham sort de sa basse des sons d'une rondeur à couper le souffle, vraiment impressionnant, et Stuart tripote un piano électrique ou sa guitare tranchante. Autant dire que cela a été une vraie merveille, 56 mn de joie électrique plus un rappel, une vraie et très agréable belle surprise.

Pol Dodu a dit…

Charlie,
Merci pour ce compte-rendu.
Rassure-moi, tu ne t'es quand même pas rendu à ce concert uniquement parce que Phil Moxham a eu l'occasion d'accompagner David Thomas en tant que membre des Pedestrians ?

Charlie Dontsurf a dit…

Non, je n'en suis pas (encore) là !
En fait, à l'origine, j'avais acheté le billet pour allez entendre et voir Owen Pallett. Ce faisant, j'ai appris que YMG serait de la partie. Super Bonus.
A sa sortie, j'ai été (trop) rapidement conquis par Heartland, le dernier album d'OP, artiste que je ne connaissais pas avant et j'avais donc acheté très vite le fameux billet. Une écoute plus poussée dudit album m'a laissé sur ma faim. Je trouvais la voix un peu terne, monotone voire plate. Du coup, j'avais mis l'album un peu de côté. Et suis allé au concert en traînant un peu les pieds. Enfin, pas trop parce qu'il pleuvait. Funeste erreur ? Sentiment aftershow mitigé. J'ai rapidement été emballé par ... la voix, cette fois en live. Elle peut être un peu dure mais est plutôt riche et, ma foi, j'écoute bien, et très souvent, celle de David Thomas. Je suis prêt à tout, donc ! La musique d'Owen, violoniste de son état, pop d'une extrême modernité, prenait une ampleur incroyable dans cette Grande Halle. Mais j'ai eu peur ! Owen Pallett est simplement accompagné sur scène par un guitariste/percussionniste. Autant dire que, pour interpréter les somptueux arrangements de cordes de son album, il utilise des boucles. Et là, dès le premier titre, le souvenir de l'ennuyeux concert à la Cigale de l'Horrible Andrew Bird a surgi ! Alors, rien de tel avec l'Owen, la musique est bonne, mais l'utilisation intensive des boucles est lassante. Le show devient un brin monotone, froid. On en vient à rêver la présence de vrais musiciens pour l'accompagner, plutôt que de machines. J'ai depuis mardi réécouté l'album, dont tout le monde dit le plus grand bien, y compris Stuart Moxham. La voix passe mieux, obligatoirement mais, pour le moment, je trouve le disque aussi un peu monotone. Finalement, les boucles n'y sont peut être pour rien ! Je vais me remettre à l'ouvrage parce qu'un type qui passe Surf's Up, des Beach Boys, dans la version épurée voix/piano, avant d'entrer sur scène est forcément un bon gars.