30 mars 2024
GEORGES JOUVIN ET SA TROMPETTE D'OR : "Spécial" Jouvin
Acquis d'occasion dans la Marne vers 2000
Réf : EGF 744 -- Edité par La Voix De Son Maître en France en 1964
Support : 45 tours 17 cm
Titres : 4 garçons dans le vent -- Que c'est triste Venise -/- Générique du film télévisé "Les indiens" - Soleil couchant -- Générique du film "Échappement libre"
Dans mon souvenir, ça s'est passé en 1997 au King Irish Pub à Reims. Dans ce cas, selon mon agenda, c'était le 3 mai, à l'occasion d'un concert des Orvets. En tout cas, ce soir-là Le Colonel, des Combinaisons et de L'Opération Kangourou, passait des disques et à un moment une version instrumentale de A hard day's night m'a fait dresser l'oreille. Je suis allé lui demander ce que c'était et c'est là qu'il m'a sorti cette pochette de 45 tours de Jouvin. Funeste moment ! Jusque-là, j'avais laissé passer des milliers de disque de l'homme à la trompette d'or sur les brocantes et dans les Emmaüs. Après ça, je me suis mis à les examiner, jusqu'à ce que j'éprouve une sorte de fascination/répulsion pour certaines pochettes de la collection de 25 cm Musique pour garçonnière. Et là c'était foutu : je me suis mis à acheter des disques de Jouvin, ils ont envahi mes étagères (j'en ai des dizaines, plus que tout autre artiste dans ma collection, Costello compris) et tout ça a abouti en 2004 à la publication d'un excellent petit livre-hommage, Tu m'as trompette mon amour, disponible en téléchargement gratuit.
J'ai trouvé ce 45 tours en particulier assez vite (les 45 tours de Jouvin fin années 1950-début années 1960 sont tout sauf rares...!) et c'est un objet discographique intéressant en lui-même.
Déjà, cet EP est intitulé "Spécial" Jouvin. "Spécial", pourquoi, on se demande bien car ce n'est jamais précisé. En regardant la pochette, on peut comprendre, avec l'effet graphique de pellicule de film perforée et les petites images, qu'il s'agit d'un spécial musiques de film version trompette. Car effectivement, trois des quatre airs joués sont tirés de film, la seule exception étant la chanson d'Aznavour.
Mais ce qui me fascine et continue de m'interroger, c'est la photo choisie pour illustrer 4 garçons dans le vent, le premier film des Beatles :
Je n'ai pas complètement résolu l'énigme de cette photo, mais je suis certain que les coiffures ont été grossièrement retouchées et qu'elles ne représentent pas les Beatles ! J'aurais bien aimé retrouver la photo d'origine pour m'en assurer, mais j'ai toujours pensé qu'il s'agissait en fait de quatre des Rolling Stones (Jagger, Wyman, Watts et Richards de gauche à droite ?). Qui que ce soit, ça ne manque pas de sel, surtout quand on sait que Jouvin était signé sur La Voix de son Maître tandis que les disques des Beatles sortaient en France chez Odéon, les deux étant des labels de la même maison de disques, Les Industries Musicales et Électriques Pathé Marconi. S'il y a un endroit en France où on avait accès à des photos des Beatles en 1964, c'est bien chez Pathé ! Le comble, c'est que pour un 45 tours équivalent sur lequel John William interprète des chansons de film (dont deux en commun avec celui-ci), le label Polydor a réussi, lui, à reproduire au dos l'affiche du film des Beatles !
Au dos de la pochette, ce sont bien Georges Jouvin et Dominique qui sont en photo, tous joyeux. On a déjà présenté ici Jouvin reprenant les Stones avec Georges et Dominique sur la pochette, on va rétablir la balance avec ce disque.
Ce qui est étonnant encore avec cette pochette, c'est que la mention Beatles n’apparaît nulle part, il y a juste J. Lennon et P. Mac Cartney qui sont crédités sur la rondelle comme auteurs de la chanson. Ils étaient pourtant vendeurs, mais après tout, ils devaient être tellement présents partout à ce moment-là qu'il n'y avait même pas besoin de préciser qu'ils étaient la vedette du film 4 garçons dans le vent. D'ailleurs, il s'agit bien du titre français du film A hard day's night, mais, même sur les éditions françaises en album et en 45 tours des chansons du film, la chanson elle-même a toujours gardé son titre A hard day's night, qui n'est pourtant mentionné à aucun moment ici.
Une des choses bien avec cette version de Quatre garçons dans le vent, c'est que la trompette n'est pas le seul instrument principal. Elle est accompagnée tout du long par ce qui doit être un orgue Hammond, qui prend un solo à un moment. Il y a aussi une section de cuivres et un peu de chœurs féminins.
Que c'est triste Venise, est le titre le moins intéressant du lot pour loi, sûrement parce c'est aussi le seul qui est lent.
En face B, Soleil couchant est une composition d'Armand Migiani. Même sans connaître le titre du feuilleton Les indiens dont c'est le générique, on aurait pu deviner qu'il s'agit d'un western !
Je n'ai pas trouvé en ligne la version Jouvin du générique d'Échappement libre, réalisé par Jean Becker avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg en vedettes, mais elle est somme toute assez fidèle à la version originale par Martial Solal, qui est un jerk tout à fait sympatoche.
23 mars 2024
THE LEGEND! - THE PASTELS : Alive in the Living Room
Enregistré par JC Brouchard au Roebuck à Londres le 30 juin 1984
Réf : [sans]
Support : Cassette
Depuis quelques temps, Jerry Thackray, alias The Legend!, publie sur Facebook des vidéos où il chante et s'accompagne au piano pour des reprises de titres les plus variés, qui ont l'air en bonne partie improvisées. Il est parfois accompagné par un ami de passage et souvent par sa fille Lauren. Il en est à plus de 1200 interprétations. Par exemple, celle d'hier, c'était l'excellente Marlene de Kevin Coyne et aujourd'hui c'est Map Ref. 41°N 93°W de Wire.
En octobre dernier, Jerry a repris Main dans la main d'Elli et Jacno (un titre repris dès 1980 par André Verchuren, rappelons-le).
A la suite de ça, Renaud Sachet de Langue Pendue/Groupie/Arrière-Magasin est intervenu. Il s'intéresse aux interprétations en français par des non-francophones, notamment avec la série de chroniques Parlez-vous français ?, à laquelle j'ai eu l'occasion de participer.
Renaud a proposé à Jerry de reprendre une série de chansons françaises pour les éditer en cassette. Jerry a relevé le défi et Chante! est sorti il y a quelques jours. Je vous recommande chaudement ce mini-album. Outre Main dans la main, on y trouve des reprises de Stereolab, Gainsbourg et Bardot, Les Calamités. La seule chanson que je ne connaissais pas, c'est J'en ai marre d'Alizée, avec des paroles de Mylène Farmer, mais Jerry a triché en optant pour sa version anglaise, I'm fed up.
Pour l'heure, mes deux interprétations préférées sont Panik de Métal Urbain et Love me, please love me de Michel Polnareff :
The Legend! chante Panik et Love me please love me.
Je connais The Legend! depuis une quarantaine d'années maintenant puisque, lorsque j'ai mis les pieds pour la première fois le 9 décembre 1983 à un concert au Living Room, le club animé par la bande de Creation, c'est lui qui m'a aussitôt abordé pour me vendre un exemplaire du fanzine Communication blur.
C'est aussi lui était la plupart du temps aux entrées avec le Creation Cowboy (Alan McGee) et on le voyait souvent danser pendant les concerts (lors d'un concert mémorable des Membranes dans un autre club, il avait accompagné le groupe en tapant sur des tubes métalliques, jusqu'à se casser un doigt).
The Legend! a également le privilège d'avoir sorti la toute première référence Creation, le 45 tours 73 in 83. En 2003, pour les vingt ans de Creation, j'ai rendu hommage au label et à The Legend! en mettant à jour chronologiquement sa chanson pour la transformer en 83 in 2003. Et puis, preuve que décidément les chansons voyagent régulièrement d'un côté à l'autre de la Manche, je l'avais adaptée en français, ce qui a donné tout simplement 83 en 2003.
J'ai revu Jerry et toute la bande de Creation le 8 novembre 2018 à Londres pour une soirée-hommage à Dan Treacy, au cours de laquelle il était monté sur scène pour reprendre quelques titres de Television Personalities (Il a aussi publié deux reprises du groupe sur un 45 tours en 2005). Mais quand j'étais à Londres pendant l'année 1983/1984, je l'ai vu en concert trois fois au Living Room club :
- Le 7 avril 1984, entre The Loft et The Nightingales, il s'est produit avec ses Swinging Soul Sisters : Ils étaient trois, habillés façon Blues Brothers, à chanter a cappella des classiques de rhythm and blues. Il me semble qu'à un moment Jerry se roulait par terre. En tout cas c'était hilarant. Il reste un témoignage de ce concert avec Sweet soul music sur l'album Alive in the Living Room.
- Le 15 juin 1984, toujours avec les Swinging Soul Sisters, il a joué avant les Jasmine Minks, après qu'un groupe improvisé de Creation All Stars ait ouvert la soirée, suite à la défection de dernière minute d'un groupe.
- Le 30 juin 1984, j'ai noté le premier groupe comme étant Alison's Band. Je n'ai jamais su le vrai nom du groupe (pas d'affiches ni de tracts la plupart du temps au Living Room), mais je crois me souvenir qu'Alison était une habituée des lieux. Ensuite, The Legend! s'est produit avec son Jimi Hendrix Experience, puis j'ai assisté à mon premier concert des Pastels.
Ce concert a eu lieu au pub The Roebuck, là-même où j'avais vu trois semaines plus tôt le deuxième concert londonien de The Jesus and Mary Chain.
J'ai donc noté que ce soir-là Jerry était accompagné par son Jimi Hendrix Experience. Je ne pense pas avoir "inventé" ce nom de groupe pour l'occasion. Soit c'était vraiment le nom du groupe, sûrement rassemblé pour une seule et unique prestation, soit quelqu'un autour de moi a utilisé l'expression pour le décrire (Hendrix n'était pas assez présent dans mes références à l'époque pour que je sorte ça tout seul).
En tout cas, je n'ai pas de photo et aucun souvenir pour essayer de deviner qui accompagnait The Legend! ce soir-là. C'est visiblement une formation rock des plus basiques avec basse, guitare et batterie.
Je pense que j'ai la majorité du concert sur la bande, même s'il manque le début du dernier titre. En tout cas, j'ai cinq chansons, dont une seule que je reconnais, la troisième, une version du méga-tube de l'année, Relax de Frankie Goes To Hollywood. Il est fort possible que tout le répertoire soit constitué de reprises.
Je vous ai sélectionné pour écoute le titre d'ouverture du concert. Il y a quelque chose de The Fall dans cette chanson où j'ai l'impression d'entendre Jerry chanter "They keep barging in on me".
Les Pastels étaient descendus de Glasgow à Londres pour au moins une semaine. Je pense que le but principal était d'enregistrer leur second single Creation, Million tears, qui est sorti en septembre 1984. Lors d'une précédente visite à Londres, les Pastels avaient joué au Living Room le 8 octobre 1983, ce qui a donné lieu à la publication de la cassette Sleep in your arms tonight.
Leur semaine a été bien occupée car ils ont enregistré une session radio pour Kid Jensen et joué des concerts presque tous les soirs. Pour ma part, je les ai vus trois fois, au Living Room les 30 juin et 6 juillet et au Noise Above le 4 juillet, avec une affiche d'anthologie puisqu'il y avait aussi ce soir-là les June Brides et, pour la première fois pour moi, Biff, Bang, Pow !.
Le répertoire était à peu près le même tous les soirs. Le 30 juin, ils ont joué environ huit titres, plus Million tears répété en rappel, répartis entre ceux déjà sortis (I wonder why, Something going on), ceux à paraître (Million tears, Baby honey) et ceux qu'ils jouaient souvent mais qui je crois n'ont pas été enregistrés en studio (Tomorrow the sun will shine, She always cries on Sunday, Trains go down the track).
Et une reprise s'est glissée dans le lot, I don't care, une chanson de l'album Rocket to Russia des Ramones. Cerise sur la gâteau, et bouclage de la boucle, le 30 juin Stephen a dédié I don't care à Jerry...
On le voit sur la jaquette, j'ai aussi enregistré le concert des Pastels du 4 juillet. Pas d'enregistrement le 6 juillet, mais ce jour-là j'ai pris des photos un peu floues des Pastels. La version du 6 juillet d'I don't care a été publiée sur un 45 tours pirate.
En tout cas, quarante plus tard, c'est rafraîchissant de voir que Jerry continue d'approcher le répertoire musical avec une passion brute de décoffrage toujours intacte.
A écouter :
The Legend! and his Jimi Hendrix Experience : Titre 1
The Pastels : I don't care
The Legend ! danse dans le public lors d'un concert au Living Room. Je ne reconnais pas le chanteur à l'arrière-plan, mais j'ai le vague souvenir que c'était peut-être le soir où Vee V V et Spit Like Paint ont joué, le 20 juillet 1984. Rien de sûr.
Photo : JC Brouchard.
15 mars 2024
AMÉDÉE PIERRE : Scandale dans la famille
Offert par Philippe R. à Saint-Nazaire le 5 mars 2023
Réf : 424.658 BE -- Édité par Philips en France vers 1965
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Scandale dans la famille -- Sédé-sédé -/- Bli pjera -- R.D.A. martyr
Voici le troisième des quatre disques issus de sa collection que Philippe R. m'a offerts il y a un an, après le Yin Dikan et l'Afro-Succès. On reste en Afrique avec Amédée Pierre et un bel EP en bon état, avec sa photo de pochette lumineuse, musicale et familiale, sans qu'il y ait l'ombre d'un scandale, a priori. Et justement, j'ai choisi ce disque en partie parce que son titre principal est Scandale dans la famille, une excellente chanson sur laquelle je m'étais penché à l'été 2022.
Je ne connaissais pas du tout Amédée Pierre (1937 ou 1931-2011), un musicien de Côte d'Ivoire qui a pourtant une discographie conséquente, avec une cinquantaine de 45 tours et quelques albums, son parcours ayant débuté en 1959 avec la création de l'Orchestre Ivoiro Star. Il était surnommé le Dopé National, "dopé" signifiant "rossignol" dans sa langue maternelle, le bété.
La version de Scandale dans la famille est de très bonne tenue. Elle est chantée en français à la façon de celle de Sacha Distel, ce qui permet de la dater à peu près de l'année 1965. Le plus intéressant, c'est l'intervention de l'instrument à vent (une clarinette ?) qui ponctue le chant à partir du premier refrain.
Les trois autres titres sont des originaux signés Amédée Pierre. Et plus on avance dans le disque, meilleur c'est.
Sédé-sédé est typiquement de la musique afro-cubaine. le titre est annoncé au dos de la pochette comme étant dans le style sabrosso. Je n'en ai pas trouvé trace nulle part, mais "Sabroso" signifie délicieux en espagnol et, des années plus tard, une chanson de Compay Segundo portera ce titre. La guitare électrique solo est ce qu'il y a de plus remarquable dans cette chanson.
Sur la face B, Bli pjera est très bien, avec un jeu de basse particulier, qui me rappelle le babatone mono-corde de Madalitso Band.
Mon titre préféré du disque, c'est R.D.A. martyr, qui est présenté lui comme étant du cara-cara, un autre style musical complètement inconnu pour moi. Pour un français de ma génération, l'acronyme R.D.A. évoque instantanément la République Démocratique Allemande. Dans le contexte, je pense que la chanson fait plutôt référence au Rassemblement Démocratique Africain, au sein duquel des personnalités ivoiriennes ont joué un rôle éminent.
Percussions, guitare, cuivres, c'est excellent. A l'écoute, j'ai repensé à un autre excellent disque qu'on m'a offert, celui de Mamadou Doumbia. En revérifiant, il se trouve que Mamadou Doumbia est lui aussi de Côte d'Ivoire et ses disques sont produits, comme celui-ci, par Safie Deen.
Avec Amédée Pierre, comme avec Mamadou Doumbia, il y a tout un monde d'excellentes chansons à découvrir. Amédée Pierre était une figure importante de la musique ivoirienne, et pourtant, aucune réédition ou compilation officielle de sa production n'est disponible par chez nous.
René Babi a publié en 2010 un livre qui revient sur le parcours d'Amédée Pierre, Amédée Pierre, le Dopé National, grand maître de la parole.
Amédée Pierre interprète une chanson en direct dans l'émission Le grand plateau. Prestation rediffusée dans le cadre d'un hommage par la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne.
09 mars 2024
THE CURE : Just like heaven
Acquis d'occasion dans la Marne vers la fin des années 2000
Réf : 887-104-7 -- Édité par Fiction en France en 1987
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Just like heaven -/- Snow in Summer
J'ai repensé à ce disque après avoir vu un échange sur Twitter où un anglophone s'étonnait qu'une émission française ait utilisé Just like heaven comme générique. Ce que cette personne ne savait pas, mais ce que savent tous les fans français de rock qui étaient en âge de regarder la télé en 1986, c'est que cette composition de The Cure a d'abord été le générique de Les enfants du rock à partir de septembre 1986, avant que l'enregistrement instrumental soit complété et la chanson terminée pour être incluse en 1987 sur l'album Kiss me, kiss me, kiss me. Elle sera aussi le troisième titre à être extrait de l'album en single.
Cette "exclusivité" s'explique sûrement par le fait que la bande des Enfants du rock soutenait The Cure depuis ses débuts et que le groupe avait un vrai succès populaire en France depuis The head on the door. Et en plus, The Cure enregistrait à ce moment-là son album dans le sud de la France.
Pour ma part, j'ai arrêté d'acheter les disques de The Cure au moment de leur sortie après The walk en 1983, avec juste une exception en 1984 pour la cassette de l'album Concert et surtout sa face B de raretés Curiosity. Mais ça ne m'a pas empêché d'apprécier quand ils sont sortis les excellents singles qu'étaient The caterpillar, In between days et Close to me, et depuis je me suis rattrapé en achetant quasiment tous les albums qui me manquaient.
Assez logiquement, la maison de disques a ajouté sur la pochette de cette édition un autocollant pour préciser qu'il s'agit de la musique du générique des Enfants du rock. Sur mon exemplaire, le fond de l'illustration est bleu. Il existe avec la même référence catalogue une pochette sur fond noir, avec une face B différente, Breathe.
La version du single de Just like heaven est remixée par Bob Clearmountain, un ingénieur du son américain très réputé. A part 10 secondes de plus, j'ai du mal à repérer des différences avec la version de l'album, et c'est tant mieux. La chanson déroule une très belle mélodie, ce qui je dirais la situe dans la lignée de Boys don't cry et In between days. La plupart des éléments musicaux étaient déjà présents dans la démo de début 1986. La mélodie principale a visiblement été composée au piano.
La version "acoustique" de Just like heaven enregistrée en 2001 pour le disque bonus de Greatest hits est d'excellente tenue. Elle a même l'avantage par rapport à l'originale d'être débarrassée des nappes de synthé qui l'encombraient.
Pour les paroles, les deux premiers couplets et le refrains sont lumineux, légers et même sensuels. Mais c'est Robert Smith, et au dernier couplet il s'avère qu'il rêvait, peut-être même depuis des jours, et il se réveille seul, perdu comme comme il l'était dans le cauchemar où il errait dans une forêt quelques années plus tôt.
Outre le générique télé, Just like heaven a acquis son statut de classique dès 1989, quand Dinosaur Jr a sorti en single sa version, plus bruyante, presque grunge avant l'heure, mais aussi très fidèle à l'original.
La face B, Snow in Summer, est une vraie chanson, probablement issue des sessions de l'album. C'est une face B tout à fait honorable, parfaitement dans le style du groupe à cette époque.
Cela fait des années maintenant que Robert Smith annonce qu'un nouvel album de The Cure est prêt à sortir. On ne l'a toujours pas vu venir, et je ne peux pas dire que je trépigne d'impatience. En tout cas, ça n'a pas empêché le groupe de faire une grande tournée en 2022-2023.
The Cure, Just like heaven, filmé en France en 1987 pour Rockline dans Les Enfants du rock. L'émission complète est ici.
02 mars 2024
CASTELHEMIS : Roger (Cha cha cha)
Acquis chez Récup'R à Dizy le 18 septembre 2021
Réf : COB 47010 -- Édité par Cobra en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Roger (Cha cha cha) -/- La favella de Levallois (Tchik y tchik)
J'ai un peu hésité à prendre ce 45 tours à la ressourcerie, parce que la pochette et le disque ne sont pas en très bon état, et surtout parce que j'ai longtemps associé Castelhemis à ces chanteurs français contestataires ou non des années 1970 qui appartenaient à la génération baba d'avant moi. Pourtant, au tournant des années 1970-1980, j'ai vu Béranger, Mama Béa et Thiéfaine en concert. Mais, quand j'ai commencé à me forger mes goûts avec la new wave, j'ai eu tendance à rejeter toute cette génération, même s'il y a eu une exception pour Higelin et Lavilliers, en mettant dans ce sac des artistes que j'apprécie maintenant, comme Colette Magny et Brigitte Fontaine.
En fait, jusqu'à ce que je récupère et apprécie son premier album Armes inégales 1977, je n'avais jamais écouté Castelhemis. Et loin d'être un contestataire barbant, je le rapprocherais plutôt de Louis Chédid ou de Vassiliu, avec qui il partage un goût pour la musique brésilienne.
Un peu comme Blondie avec Debbie Harry, Castelhemis est plutôt le nom d'une formation que celui d'un artiste. L'auteur-compositeur-chanteur c'est Philippe Laboudigue. Très tôt surnommé Castel quand il était membre d'une troupe d'animation médiévale, il a d'abord fait partie du duo Castel & Vendôme (deux 45 tours en 1969 et 1970), avant de fonder un autre duo avec le chanteur d'Arthemis, tout naturellement baptisé Castelhemis, un nom que Laboudigue conservera par la suite, et sous lequel il donnera des concerts pendant plusieurs années, notamment dans le réseau des MJC, avant d'envisager de sortir un disque.
Je ne regrette pas mon achat de ce 45 tours, qui est sorti entre les deux premiers albums, et dont la face A n'a jamais été publiée ailleurs.
Cette face A, Roger, est un portrait de vacancier, en cha cha cha bien sûr, mais aussi avec un intermède disco de fièvre du mardi soir (on est en 1978...). Les paroles pourraient être un résumé anticipé du film Camping, et nous montrent Roger le roi des galets (ça ne peut pas être un hasard) pendant sa parenthèse de vacances, avant qu'il ne retrouve sa solitude.
La face B La favella de Levallois (Tchik y tchik) était, avec un titre inversé (Tchik y tchik (La favella de Levallois)), la chanson d'ouverture de l'album Armes inégales. En tant que tel, elle avait été repérée et a contribué au succès de cet album qui, même des années plus tard, se vendait encore à 1200 exemplaires par mois (information tirée de l'entretien avec Jacques Vassal paru dans Paroles & Musiques en 1986). En toute logique, le label aurait dû sortir Tchik y tchik en face A de 45 tours au moment du succès de l'album, avant d'enchaîner avec Roger. C'est un peu du gâchis, mais là on a du coup deux excellentes chansons sur ce disque.
Cette fois, la chanson est une chronique de banlieue, même si la commune de Levallois elle-même n'est pas réputée je crois pour ses grands ensembles. Le rythme est enlevé, l'ambiance a l'air assez joyeuse, malgré les Ayayaï et les Ouyouyouy, mais le dernier couplet nous montre que tout n'est pas vraiment gai : "Car j’ai oublié de vous dire que l’enfant au lieu de sourire, danser le faisait pleurer, pauvre enfant dans la cité".
Castelhemis a sorti six albums jusqu'en 1988, avant de se lancer dans de nouvelles aventures, notamment dans la restauration. Philippe Laboudigue est mort en 2013 à 64 ans. L'association Castelhemis & Co lui rend régulièrement hommage. Elle a notamment porté le projet de la compilation 78-88 parue en 2002 et a organisé une soirée-hommage en ligne pour commémorer les dix ans de sa mort.
Cette chronique est évidemment tout spécialement dédiée à Philippe R.
Inscription à :
Articles (Atom)