
Acquis chez Récup'R à Dizy le XX janvier 2025
Réf : IVO CD 003 -- Édité par Ivoir' en France en 1998
Support : CD 12 cm
14 titres
Ça s'est passé un peu comme avec Daouda : On allume la télé restée réglée sur Melody d'Afrique et on tombe au milieu d'une émission compilant des passages télé d'un chanteur. C'était très bien, mais le nom de l'artiste n'a pas été rappelé à la fin. Il a donc fallu que j'enquête pour le trouver.
La page Facebook de la chaîne n'est pas mise à jour depuis quelques temps, mais comme cette chaîne a tendance à multi-diffuser les mêmes programmes, j'y ai très vite trouvé la trace d'un précédent passage de cette émission et j'ai appris que la gars que je venais de voir était Ernesto Djédjé.
Le nom m'était a priori inconnu, mais j'ai été intrigué de noter que j'avais précédemment visité sa page sur Discogs. En fait, pile une semaine plus tôt, j'avais acheté une poignée de CD à la ressourcerie (un événement ces temps-ci : c'est la seule fois depuis le début de l'année qu'il y a eu un arrivage), parmi lesquels cette compilation de musique ivoirienne. Je ne l'avais même pas encore écoutée, mais j'avais creusé un peu les infos sur Discogs. A cette occasion, je m'étais rendu compte que, contrairement à ce que je pensais, on ne trouvait pas sur le CD uniquement des titres de la fin des années 1990, mais aussi quelques autres "vieilleries" des années 1970 et 1980, dont le succès Ziboté sur lequel je venais de m'éclater en faisant des chœurs phonétiquement pour accompagner Ernesto à la télé, sans me douter un seul instant que ce titre venait précisément d'intégrer ma discothèque !
Mon CD est le troisième volume d'une série d'au moins dix Ivoir' compil. Le choix des titres est explicité dans le livret par Raymond Akishi : "Ivoir Compil contribue non seulement au lancement des artistes et des nouveaux talents, mais accorde une place aux titres ivoiriens qui, tubes à une certaine période, n'ont pas profité de l'avènement du disque laser.". Au dos du livret, Henri Kattié, qui est à l'origine du projet, se met paradoxalement en lumière avec une grande photo couleur et une auto-citation : "Le succès d'un artiste dépend du savoir faire des travailleurs de l'ombre".
Dans l'ensemble, j'ai une préférence pour les "anciens" de la compilation, à commencer donc par l'excellent Ziboté, de 1977. Ernesto Déjdjé est mort à 35 ans en 1983, d'empoisonnement, dans des circonstances non élucidées. Il était notamment connu comme "Le Roi du ziglibithy".
J'aime aussi beaucoup les contributions de deux empereurs,
Okoi Seta Athanase, l'empereur du Kete rock, avec Atto è kokoin manh, également de 1977, et Digbo Daloh, l'empereur d'Aloukou, avec Bahizrehikou et ses percussions avec tambours et bouteille.
Les sons de synthé sont un peu envahissants et surtout superflus, mais Exode rural de Djinns Music est une belle ballade. Elle est tirée de leur unique album, que j'ai également dans mes étagères.
D'une manière générale, les chansons récentes au moment de la sortie du disque en 1998 sont celles qui réussissent le mieux l'amalgame entre sons "modernes" (synthé, boite à rythmes) et instruments plus traditionnels (percussions, guitares, cuivres).
La palme pour moi revient à Marc Lenoir & Aboutou Roots avec Hip hop youssoumba, qui démarre justement comme une chanson traditionnelle, avec peut-être une rythmique un peu synthétique, jusqu'à ce qu'Aboutou Roots intervienne avec son rap tranquille en français, qui célèbre même la valeur travail dans sa première intervention.
Parmi mes autres titres préférés, il y a la séquence Abidjan dja d'Antoinette Konan, avec sa rythmique façon séquenceur, l'ambiance reggae de Deni d'Hamed Farras et Awhona gnou de Luckson Padaud, et aussi Mlen ginnie d'Ade Liz, une chanson de 1985.
Ce disque ne payait pas de mine avec sa pochette façon couverture de magazine, et en d'autres temps je l'aurais peut-être ignoré. Mais en cette période de disette, je ne regrette pas du tout les 50 centimes que j'ai investis. Il m'aurait fallu beaucoup plus pour me procurer les vinyls des titres les plus intéressants.
La compilation est intégralement en écoute sur YouTube.
Ernesto Déjdjé, Ziboté. C'est l'extrait que j'ai vu sur Melody d'Afrique.
Ernesto Déjdjé, Ziboté, au sommet CEAO à Yamoussoukro, en 1982.
Wedji Ped de Djinn's Music, Exode rural, en 1979.

