05 août 2023

JIMMY CASTOR : It's just begun


Acquis chez Récup'R à Dizy le 10 juin 2023
Réf : 817 738-1 -- Édité par Salsoul / Polydor en France en 1983
Support : 45 tours 30 cm
Titres : It's just begun -/- E. man boogie '83

J'ai trouvé ce disque le même jour que l'exceptionnel Segas antillaises. Une journée fructueuse à la ressourcerie !
J'étais bien content de tomber sur un single relativement tardif de Jimmy Castor, mais surtout le lien avec le film Flashdance va me permettre de raconter mes souvenirs d'ancien non-combattant !

Je ne le savais pas du tout au moment où j'ai acheté ce disque, mais le premier album du Jimmy Castor Bunch, It's just begun, sorti en 1972, est un disque important dans l'histoire du rap/hip hop. C'est assez logique quand on se remet dans le contexte : dans les fêtes de quartier où le rap est né, il fallait bien que les DJs aient des disques à passer puis à scratcher pour accompagner les rappeurs. Et ces disques, c'étaient le plus souvent du funk, du rhythm and blues ou de la soul. On mentionne souvent James Brown parmi les artistes les plus samplés, mais Castor n'est pas loin derrière. Sa page Wikipedia cite, sans donner de référence, Afrika Bambataa, qui aurait dit que It's just begun était très populaire dans le South Bronx dans les années 1970. Au bout du compte, la chanson It's just begun, dans sa version originale de 1972, a été samplée au moins 150 fois ! (Et au passage, on apprend que It's just begun a "emprunté" un riff de sax à Give it up, un titre de 1969 de Kool and the Gang !).
Connaissant leur popularité au moment de la première explosion du rap, on n'est pas surpris que Jimmy Castor ait choisi en 1983 pour son album The return of Leroy de réenregistrer certains de ses anciens titres, à commencer par It's just begun.

La face B de mon maxi, E-man boogie '83, ne figure pas sur The return of Leroy, mais c'est bel et bien un remix ou un nouvel enregistrement d'E-man boogie, chanson parue initialement en 1974 sur album Butt of course.
Quelle que soit la version, je n'aime pas trop E-man boogie. Et elle a beau être remixée par le célèbre DJ du Paradise Garage Larry Levan, je dois bien dire que je n'accroche pas trop non plus à la version de mon maxi d'It's just begun. Par contre, j'aime bien la version originale par The Jimmy Castor Bunch d'It's just begun, parue en 1972 sur l'album du même titre, particulièrement la dernière partie après le break avec la guitare électrique.

C'est écrit en très gros sur la pochette, It's just begun serait extrait du film Flashdance, un très gros succès de l'année 1983. Jimmy Castor, malheureusement pour lui, est pourtant absent de l'album de la bande originale du film, qui s'est vendu à pas moins de 20 millions d'exemplaires dans le monde...! Mais, comme le confirme IMDB, on entend bien It's just begun dans le film.
En fait, assez logiquement quand on connaît l'histoire de la chanson, on en entend un peu plus d'une minute pendant une scène de breakdance dans la rue par des membres de The Rock Steady Crew.
C'est la version originale de 1972 qui est utilisée dans le film, pas celle du maxi, et sur l'extrait YouTube que j'ai trouvé, elle est accélérée :



Ce n'était pas du tout mon choix, mais figurez-vous que j'ai eu l'occasion de voir Flashdance dans son intégralité, "grâce" à l'armée française, qui me l'a imposé pendant les deux jours que j'ai passés sous ses ordres.
A l'été 1984, je venais de rentrer d'Angleterre, où j'avais passé l'année scolaire précédente, je m'apprêtais à entamer un D.E.U.G. d'anglais, je cherchais un travail car je ne pouvais pas toucher de bourse pendant deux ans, j'allais lancer sur RFM 93 Buffet froid, ma première émission de radio en solo, et, avec les amis de l'association Un Autre Emoi, on préparait le concert du Creation Package à la MJ.C. Claudel de Reims le 3 novembre.
Bref, j'avais bien mieux à faire que d'aller passer un an à l'armée. De toute façon, j'étais fermement décidé à ne pas "payer" cet impôt démesuré sur mon temps de vie, un impôt sexiste qui plus est, puisqu'il ne touchait que les hommes. J'avais envisagé un temps de demander le statut d'objecteur de conscience, mais la principale conséquence de ce statut c'était d'augmenter l'impôt-temps de 50%. Alors, non.

La journée du 24 août 1984 n'a pas été bonne pour moi. Je venais pourtant de passer deux très bonne semaines de vacances dans la vallée de la Roya, mais j'ai été malade et j'ai dû vomir pendant une bonne partie du trajet retour en train de nuit. Arrivé à la gare de Châlons, j'ai dû faire les 30-40 minutes de marches jusqu'à chez mes grands-parents, où j'habitais, à pied avec mes sacs sous une pluie battante. Et le pompon, dans le courrier qui m'attentait à la maison, il y avait une convocation au centre de sélection de Nancy pour y subir les examens d'aptitude au service national.

Je me suis donc docilement rendu à Nancy le 18 septembre, où les tests ont débuté le jour même. C'est le soir, dans le réfectoire, que nous avons eu droit comme "activité" à la projection de Flashdance, avant d'aller passer la nuit dans un dortoir aux lits superposés. J'ai eu le temps de finir ma mise en condition et d'assurer ma détermination.
Le lendemain, alors que j'étais déclaré apte médicalement à l'issue des derniers tests, j'ai demandé à voir le psychiatre, à qui j'ai expliqué que je n'étais pas fait pour l'armée et que l'armée n'était pas faite pour moi. J'ai dû être convaincant car je suis ressorti de là en début d'après-midi du 19 avec une proposition d'exemption.

Quitte à faire le voyage à Nancy, j'avais pris avec moi l'adresse de Punk Records, disquaire qui aux dernières nouvelles était toujours 27 rue des Maréchaux. Je sais que je n'y ai rien acheté, mais je me souviens toujours des productions du label Punk Records qui étaient présentées en vitrine, avec notamment les deux 45 tours de Kas Product (que j'avais copiés sur cassette car un copain de l'université les avait) et celui avec la pochette triangulaire de Matrix, 1947. J'ai toujours regretté de ne pas en avoir acheté au moins un. Soit c'étaient juste des échantillons qui n'étaient pas en vente, soit ils étaient trop chers pour moi.

En tout cas, depuis cette date, il ne faut plus me parler de Flashdance !

PS : Par coïncidence, l'ami Dorian Feller m'a justement donné cette semaine un autre 45 tours de Jimmy Castor, Don't cry out loud, en pressage allemand, sur lequel on retrouve en face B et en version courte le remix par Larry Levan d'It's just begun.


Le film documentaire de 2002 The freshest kids : A history of the B-Boy. On entend It's just begun à 1h29'29", sur le générique.

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