15 septembre 2019
JHO ARCHER : Voodou time
Offert par Christophe S. à Mareuil sur Ay le 10 août 2019
Réf : 3472 -- Édité par CBS en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ibo lele -/- Anita
Christophe avait trouvé ce disque sur une broc quelques temps plus tôt et il l'avait amené à la maison pour me le faire écouter. Quand il a vu ma réaction fortement enthousiaste, il a gentiment décidé de me l'offrir.
Je crois que je n'avais jamais vu passer avant le nom de Jho Archer. Il est né à Haïti et est mort à 62 ans à Paris en 2005. Danseur et même professeur de danse à New York, artiste de music-hall, il était aussi chanteur, avec une discographie conséquente, américaine et surtout française.
Chez Haïti Liberté, on trouve une bonne description de son style spécifique : "un vrai innovateur des classiques locaux ainsi que des pièces traditionnelles qu’il a épurées de leur folklorisme, en les imbibant de modernité sous sa signature. Spécialement accompagné de musiciens chevronnés, il a prouvé qu’il était le pourvoyeur d’un genre inexploré; pratiquant le métissage entre le jazz et les rythmes du vodou imprégnés de multiples fusions. Apportant dans la foulée une approche planétaire aux paramètres haïtiens; leur évitant toute extinction. Il s’est imposé en ce sens comme un super innovateur des traditions négligées du terroir natal. Cependant, au delà de tout, Archer était un superbe show-man, un monstre indomptable de la scène, un danseur extraordinaire, un chorégraphe qualifié."
Cette présentation s'applique parfaitement à mon 45 tours, un disque de 1968 extrait de son deuxième album, The many talents of Jho Archer. Sur cet album, la face B porte le titre générique Voodoo-Jazz suite, et on en retrouve deux des six titres sur ce 45 tours, qu'on a titré dans le même esprit Voodou time, avec un choix bizarre mélangeant l'orthographe anglaise et française de Vaudou.
Les deux titres sont crédités à Jho Archer, mais il est clair que ce sont des titres traditionnels d'Haiti. Dans les notes de pochette de l'album, Ibo lele est présenté comme une "Danse traditionnelle des guerriers, en l'honneur du dieu Ibo, le dieu du fer". On trouve par exemple une version d'Ibo lélé sur l'album
Voices of Haiti enregistré en 1953 par Maya Daren (la femme sur la pochette de Crystal crescent de Primal Scream) et, dans la discographie de Rodolphe Legros, on trouve Ibo lele ainsi qu'une chanson intitulée Anita.
La version d'Ibo lele de Jho Archer est excellente. Le rythme est très enlevé, la production de très bonen qualité. Sa voix assez "propre" rappelle un peu celle d'Harry Belafonte. Il y a à un moment un solo de saxophone (je crois) et je suppose qu'il est dû à Hubert Rostaing. En effet, cet enregistrement est une production française et c'est l'orchestre qu'il dirige qui officie ici.
Avec une tentative aussi réussie de "moderniser" et d'"électrifier" la musique traditionnelle d'Haïti, je ne pouvais que penser à Mélissa Laveaux, dont l'album Radyo siwèl est l'un de mes préférés de l'année 2018. Eh bien, j'ai dû voir juste puisque, dans un entretien en espagnol chez World Groove, à la question de savoir quels groupes haïtiens l'ont influencée, elle répond Martha Jean-Claude, Boukman Experyans et Jho Archer (ce qui me fait dire que je devrais essayer d'écouter des disques de Boukman Experyans !). Mélissa Laveaux et Jho Archer ont au moins un titre en commun dans leur répertoire, Nan fond bwa de Frantz Casséus.
Sur la face B, on trouve Anita, et c'est presque aussi bon qu'Ibo lele. Dans les notes de pochette de l'album, il est indiqué que "Anita, la fille du port dansera toute la nuit car les marins sont de retour". Ce n'est pas la même chanson, mais là je ne pouvais que penser à la Anita de l'Île Maurice de Ti Frère.
Après l'introduction au piano, qui joue un motif de quelques notes qui revient à plusieurs reprises, le rythme est à nouveau rapide, et les chœurs sont plus présents que sur la face A. Excellent.
Après avoir été marqué par ces deux excellentes chansons, j'ai essayé de voir si l'album The many talents of Jho Archer était entièrement de la même trempe. Ce n'est malheureusement pas le cas. Sur la face A, on trouve de la variété internationale de qualité (Ooh la la, avec des cordes), avec une version française de What a wonderful world et des reprises de Peanut vendor et de Le condamné de Bécaud.
Même la Voodoo-Jazz suite de la face B m'a un peu déçu. Il n'y a qu'un seul autre titre rapide, Sky boat song, mais il est en anglais pas aussi bon que les deux du 45 tours. Il y a de très bonnes choses parmi les titres lents de la face, notamment Mam'zelle Zizi et Monsieur Ministre, mais je me demande si, tout bonnement, on ne trouve pas sur ce 45 tours les deux meilleurs titres enregistrés par Jho Archer.
L'album The many talents of Jho Archer est intégralement en écoute sur YouTube.
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