01 septembre 2018

SAODAJ' : Pokor lèr


Acquis au F'estival des Musiques d'Ici et d'Ailleurs à Châlons le 29 juillet 2018
Réf : [sans] -- Édité par Saodaj'/Kadakak en France en 2018
Support : CD 12 cm
6 titres

J'ai vu pas mal de concerts au F'estival Musiques d'Ici et d'Ailleurs cette année, mais je n'ai acheté que deux CD, celui de Madalitso Band et celui-ci, de Saodaj', un nom de groupe dérivé du mot portugais Saudade.
Le concert de Saodaj' était le tout dernier à l'issue d'un mois de festival, qui se concluait par le MIA3J, un festival dans le festival avec trois de jours de concerts au jard anglais, qui célébraient particulièrement le talent au féminin et ont bénéficié d'une météo idéale.
Saodaj' fait partie de ces groupes qui pourraient être emblématiques du projet du festival, une création contemporaine avec une base musicale traditionnelle, le maloya, à laquelle chacun des membres apporte son talent et son expérience, du chant lyrique au didgeridoo dans ce cas précis. Et, ça tombe bien, c'est un type de musique métissée que j'écoute de plus en plus.


Saodaj' au F'estival Musiques d'Ici et d'Ailleurs le 29 juillet 2018.





Saodaj' existe depuis 2012. Une première formation du groupe a sorti un disque en 2014. Pokor lèr est sorti plus tôt cette année et, bien sûr, la tournée de cet été lui faisait la part belle. Ils ont dû jouer les six titres du disque, ainsi que deux reprises de Danyèl Waro et Firmin Viry, et sûrement quelques autres en plus.
La chanson Pokor lèr, qui ouvre le disque, est une bonne carte de visite pour le groupe. Elle a aussi été choisie pour illustrer une campagne de promotion pour La Réunion, d'où ils sont originaires. C'est un peu la magie du créole : une fois que l'on sait que le sens en français est "Pas encore l'heure", il suffit de prononcer le titre à voix haute pour le comprendre et retrouver son étymologie.
Une de mes chansons préférées est Somin lamour, pour laquelle le groupe nous a demandé de l'accompagner lors du concert à Châlons. J'aime aussi beaucoup 5/8, qu'on peut comparer avec une autre version déjà présente sur le premier disque.
Ils arrivent, le dernier titre du disque, est à part et c'était particulièrement émouvant quand Marie Lanfroy l'a interprété seule a cappella lors du concert.
Créer une œuvre à partir d'un sujet actualité, la situation des réfugiés, c'est tout sauf simple, surtout si on veut pas se contenter d'un manifeste, d'une chanson à message. Ici, on est particulièrement touché quand la parole est donnée à l'un d'eux :

Je dors à même le sol
Dans le froid de Calais
Les miens sont tous ailleurs
Tous de l’autre côté
De la terre ou des cieux
Sans eux il ne bat plus, mon cœur
Peut- être qu’ils me rêvent
Ou bien suis-je oublié
(...)
La mort m’a poursuivie
De la mer au rivage
Mes enfants ont blotti
Contre moi leur visage
Et j’en entends qui râlent
Derrière leur écran
L’envahissement total
Ici et maintenant

Nicolas Bras, un musicien à l'origine du projet Musiques de nulle part (qui fait un pendant intéressant aux Musiques d'Ici et d'Ailleurs !) a participé à deux titres du disque. La collaboration se poursuit puisque, en août, Saodaj' et Nicolas Bras étaient en résidence de création, avant une nouvelle tournée annoncée en septembre-octobre. Ne les manquez pas s'ils s'approchent de chez vous !









2 commentaires:

Jean-Pierre Moya a dit…

Merci de me faire découvrir cette édition 2018 par procuration. C'était un excellent cru dirait-on... ça m'a manqué au point que lorsque je remonterai à Reims pour ma visite bisannuelle en 2019, ce ne sera pas en mai comme cette année mais en juillet pour coïncider avec le festival.

Pol Dodu a dit…

J'espère t'y croiser l'an prochain, Jean-Pierre.
Si la Marne devient plus attractive l'été que le Sud-Ouest grâce à un excellent festival, c'est pas moi qui m'en plaindrai !