06 septembre 2014

GLORIA JONES : Tainted love


Acquis je ne sais fichtre où mais sûrement dans la Marne à un moment quelconque entre 1985 et 2005
Réf : 2C 008-07.599 -- Edité par EMI en France en 1982
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Tainted love -/- Go now

L'effet recherché est assez réussi. Le dessin au trait avec son cadre hachuré, le fond pastel (bleu ici, jaune voire beaucoup plus rarement rose sinon), l'ovale qui indique "version originale" plutôt que "n° 1 en Angleterre". D'ici peu, je pense, je saurai si le J.C. Houdry qui est l'auteur de ce dessin est le Jean-Claude Houdry qui se trouve être un presque voisin de Reims....
Oui, c'est réussi. Sans même lire le titre Tainted love, on ne peut en voyant ce disque que penser à celui de Soft Cell, l'un des grands succès de l'année 1981. Succès tel que, en 1982, les gens d'EMI se sont réveillés et se sont rendus compte qu'ils avaient dans leur catalogue un enregistrement par Gloria Jones de ce tube.
Petit souci. Pour l'édition maxi correspondante, la mention sur la pochette est précise et exacte : "par Gloria Jones interprète de la version originale". Exact, mais ni sexy ni vendeur, et ça prend de la place sur la pochette d'un petit 45 tours. Va donc pour "version originale", sauf que du coup c'est faux : la version originale de Tainted love par Gloria Jones date de 1965, tandis que celle qu'on trouve ici est une deuxième version, de 1976.
Bon, il faut dire que c'est le genre de chanson qui a eu un parcours chaotique. Écrite pour Jones par son producteur Ed Cobb, la version originale n'est, en 1965, que la face B du 45 tours My bad boy's comin' home. Un titre assez obscur, donc, mais qui est redécouvert dans les années 1970 par le DJ anglais Richard Searling, qui en fait un titre phare de la Northern soul. D'où, sûrement, les deux premières reprises en 1975 par Ruth Swann et The Jezebelles.
Entre-temps, Gloria Jones a joué dans la version de Hair de Los Angeles, été embauché par Motown comme auteur-compositeur (usant au départ du pseudonyme LaVerne Ware) avant de faire des choeurs pour T. Rex, entre autres. C'est avec son compagnon Marc Bolan qu'elle a co-produit en 1976 son album solo Vixen., qui contient des compositions originales, mais aussi des reprises, dont une de Get it on. Plusieurs singles ont été tirés de cet album à l'époque en Angleterre, mais aucun ne contenait la seconde version de Tainted love enregistrée par Gloria Jones qui était sur l'album.
Malheureusement, outre Tainted love, Gloria Jones reste surtout réputée pour être la conductrice qui a eu un accident de voiture le 16 septembre 1977. Elle a été grièvement blessée et son passager Marc Bolan est mort.
Prise isolément, cette version de 1976 est tout à fait correcte, mais elle pâlit quand on la compare à la version de 1965, qui est visiblement celle qui a directement inspiré Soft Cell pour sa reprise (même si on imagine bien que les gars de Soft Cell étaient aussi fans de Bolan).
En face B, on trouve Go now, une reprise d'un titre de Bessie Banks produit par Leiber et Stoller en 1964, surtout renommé pour sa version par The Moody Blues la même année. C'est un slow, une ballade soul pas mauvaise du tout, mais c'est pas trop mon truc quand même. Elle a eu droit à une face A de single en 1977, d'où le passage télé ci-dessous, sûrement.
Il est à noter que, dès 1981, Vogue, qui distribuait en France le Tainted love de Soft Cell, avait réédité en 45 tours et maxi la vraie version originale de Tainted love. Sauf que, il y a là encore un hic : il s'agissait d'un "nouveau mixage U.S.", présenté comme ceci : "La présente version de 'Tainted Love' a été enregistrée dans les années 60 par Gloria Jones. Cette même chanteuse la réenregistra dans les années 70, produite par Marc Bolan, son mari et leader de T. Rex. Dix ans après le groupe anglais 'Soft Cell' en fait un numéro 1 mondial, c'est pourquoi les producteurs de la première version ont décidé, par une modification d'arrangement et un habile mixage, de vous donner la possibilité de la découvrir ou de la redécouvrir sous l'appellation 'New U.S. Remix'." Je n'ai pas trouvé ce remix à écouter en ligne, mais s'il s'agissait de faire sonner la version originale comme du Soft Cell, c'était sûrement casse-gueule !



3 commentaires:

debout a dit…

https://www.youtube.com/watch?v=YaGoc3E9zFQ

En tous les cas, merci pour votre billet qui eut le mérite de me faire découvrir, via les méandres de la toile, cette impayable version de "tainted love"... enfin, disons magnifiquement portée par sa drolatique vidéo..!

Pol Dodu a dit…

Effectivement, c'est quelque chose !
Je connaissais l'existence d'une version de "Tainted love" par Marilyn Manson, mais je ne savais qu'elle avait été faite pour la bande originale d'un film qui parodie les films d'ados. Une BO qui contient surtout des reprises de titres des années 1908, d'ailleurs...

Pol Dodu a dit…

Comme je l'avais supputé, l'auteur du dessin de la pochette est bien Jean-Claude Houdry, artiste installé à Reims.
Merci à lui d'avoir accepté de nous donner son témoignage de première main sur cette pochette :
"Je me souviens : Lorsque je suis arrivé chez EMI, le Directeur Artistique de l'époque m'a présenté la pochette du 45T Vogue de de Soft Cell, Tainted Love... Visiblement fumasse et excités qu'il étaient chez EMI de posséder la version originale (en fait une version des années 70...) et de voir Soft-Cell sortir leur version... Donc mon boulot était clairement de faire une créa inspirée de la pochette de Soft Cell, couleur et graphisme (pour pas cher, évidemment) et ainsi pensaient-ils récupérer un peu des éclaboussures des ventes... La demande, évidemment n'était pas formulée ainsi mais il s'agissait bien de réaliser une pâle copie de la pochette de Soft Cell. Le but étant bien sûr, de mettre la confusion dans les bacs des disquaires... Je crois que ce fut un flop... En tous les cas, pas un succès pour moi... et c'est tant mieux car ça m'aurait fait mal de faire une carrière sur un truc aussi pitoyable. Mais bon, il faut bien vivre...
Ce boulot fait partie des fonds de tiroirs dont on est pas toujours fier (merci à vous de l'avoir sorti de la poussière - sympa ! ).
Voilà la petite histoire."