15 décembre 2019

PHILADELPHIA INTERNATIONAL ALL STARS / MFSB : Let's clean up the ghetto


Acquis neuf à Châlons-sur-Marne en 1977
Réf : 5451 -- Édité par Philadelphia International en France en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : PHILADELPHIA INTERNATIONAL ALL STARS : Let's clean up the ghetto (Vocal) -/- MFSB : Let's clean up the ghetto (Instrumental)

J'ai publié plus de 1500 chroniques ici en 14 ans et je n'ai jamais chroniqué deux fois le même disque. Certes, je me suis souvent intéressé à des éditions différentes d'un même disque (avec notamment une série sur Power, corruption & lies), mais dans l'idée, je n'ai l'intention de chroniquer un disque qu'une seule fois, même si ça m'est déjà arrivé, des années plus tard, de relire une chronique et d'avoir envie de la modifier ou la compléter.
Ce qui m'est arrivé plusieurs fois aussi, c'est d'avoir l'idée de chroniquer un disque et de me rendre compte que j'ai déjà fait cette chronique. C'est assez logique, car quand un disque m'intéresse suffisamment pour que je passe du temps à le chroniquer, les raisons qui ont suscité cet intérêt peuvent rester valables des années plus tard. Mais ça confirme que, sur certains aspects, j'ai des trous de mémoire impressionnants.
En général, une rapide recherche sur le blog me confirme qu'un disque est déjà chroniqué ou non quand j'ai un doute, mais les choses ne sont jamais allées aussi loin qu'hier : j'ai passé sûrement deux bonnes heures entre vendredi et samedi à faire des recherches d'information et à préparer un billet pour le 45 tours Girlfriend is better de Talking heads. J'ai commencé à préparer le billet, à y intégrer les images et les vidéos... Ce n'est que quand j'ai entamé la rédaction et que j'ai voulu vérifier toutes mes chroniques étiquetées Talking Heads que je me suis rendu compte avec horreur que cette chronique était déjà en ligne depuis mai 2013 ! Je m'étais demandé pourquoi j'avais bien pu acheter isolément ce disque sur Ebay. La réponse était simple : c'était pour le chroniquer !
La seule chose rassurante dans cette histoire, c'est que quasiment tout ce que je comptais dire hier à propos de Speaking in tongues et Stop making sense, je l'avais déjà exprimé tel quel en 2013. Au moins, sur ce point, je suis consistant avec moi-même !
Comment je me suis retrouvé dans cette situation ? Tout a commencé mardi. Comme je passais quelques jours à Paris, l'ami Philippe D. m'a invité à une projection de Stop making sense, un événement organisé à l'occasion de la sortie en Blu-ray d'une énième version remasterisée de cet excellent film de concert de 1984 réalisé par Jonathan Demme.
Déjà, je croyais avoir revu le film assez récemment en DVD, mais je me trompais : j'ai juste écouté cette année une réédition CD de l'album que je venais d'acheter pas chère en Angleterre, qui a l'avantage par rapport au 33 tours 9 titres original de contenir les 16  titres qu'on entend dans le film.
En sortant de la salle, je me suis fait trois remarques :
1) Purée, la qualité des chansons de Talking Heads est quand même excellente;
2) J'ai vraiment sous-estimé Speaking in tongues à sa sortie. Certes, ce n'est pas un classique comme Remain in light, mais les six titres de l'album interprétés dans le film (le tournage s'est fait à la fin de la tournée Speaking in tongues, le groupe n'a plus jamais tourné ensuite) sont quand même très bonnes, avec une parenté marquée avec Tom Tom Club ;
3) le costume extra-large de David Byrne joue un rôle beaucoup moins important dans le film que dans mon souvenir. Il ne le porte que pendant une ou deux chansons avant d'enlever la veste et, non, il ne se "gonfle" pas pour devenir de plus en plus gros comme je croyais m'en souvenir !
Toujours en sortant, je me disais que j'espérais ne pas avoir déjà chroniqué mon double maxi-45 tours avec This must be the place et Slippery people car ça me permettrait de parler ici de Speaking in tongues.
J'ai vérifié, et je n'avais pas chroniqué ce double maxi, mais au bout du compte (c'est ce qui avait déjà dû se passer en 2013), j'ai préféré envisager de chroniquer Girlfriend is better, car c'est un 45 tours avec la version Stop making sense de cette chanson de Speaking in tongues.
Bon,la chose positive dans tout ça c'est que, en re-préparant ce billet déjà publié, j'ai eu l'idée d'une autre chronique pour ce week-end, celle du tube Let's clean up the ghetto.
Là encore, ça montre que je n'étais pas au meilleur de ma forme en cette fin de semaine. J'étais donc en train d'écouter des singles de Talking Heads en vue de ma chronique tout en m'affairant dans mon bureau. A un moment, je me remets à l'ordinateur après avoir lancé un disque et je dresse l'oreille. "Tiens, elle n'est pas mal cette intro, c'est quoi cette face B de Talking Heads ?", me suis-je dit. Oups, en quelques secondes, j'avais oublié que j'avais fini d'écouter les Talking heads et que je venais de lancer Let's clean up the ghetto. Mais l'enchaînement était parfait et confirme que, au-delà de Take me to the river, la soul-disco a été l'une de leurs influences.
Mais pourquoi est-ce que ce 45 tours des Philadephia International All Stars s'était retrouvé sur ma pile de disques à écouter ? Tout simplement parce que, deux jours plus tôt, chez Gilda à Paris, j'avais acheté le 45 tours TSOP de MFSB. Je pensais l'avoir déjà avec une autre pochette, mais non, je confondais avec Let's clean up the ghetto.
Je pense que l'exemplaire du disque que je chronique aujourd'hui est bien celui que, à l'époque de sa sortie, ma famille avait acheté. Je ne pense pas que mes parents s'y soient intéressés suffisamment pour décider de l'achat. Cela veut dire que, avec mon frère et ma sœur, on avait dû être accrochés à cette chanson au point de tanner les parents pour qu'ils achètent le disque, mais je ne me souviens pas comment il avait pu autant nous marquer. Certes, ce 45 tours a dû avoir beaucoup de succès et il passait beaucoup en radio, mais il y en avait plein d'autres cette année-là, de Rockcollection à Daddy cool, et je suis étonné que celui-ci fasse partie des quelques disques familiaux achetés cette année-là.
En tout cas, plus que le refrain, je sais ce qui a dû nous accrocher dans cette chanson : sa ligne de basse, six notes si je compte bien, énorme. Pas étonnant qu'elle ait été aussitôt reprise en reggae par Johnny Clarke ou qu'elle ait été samplée plusieurs fois.
Let's clean up the ghetto, c'est un projet de Philadelphia International Records, le label de Gamble et Huff. Il y a eu un album, avec des titres inédits des principales vedettes du label, qui sont réunies pour la chanson-titre de plus de huit minutes (divisée en deux faces sur le 45 tours), accompagnées par MFSB, le groupe maison qu'on entend sur la plupart des productions du label.
Quand on a acheté ce disque, je n'ai prêté aucune attention aux stars mentionnées au recto de la pochette (Lou Rawls, Billy Paul, Archie Bell, Teddy Pendergrass, O'Jays et Dee Dee Sharp Gamble), tout simplement parce que je ne connaissais aucun de ces noms.
Ce qui est rare dans ce type de chanson qui réunit plusieurs artistes pour une bonne cause, c'est qu'on n'a pas du tout l'impression à l'écoute d'avoir juste des gens qui se succèdent chacun leur tour au micro pour dire quelques lignes. Même si dans les faits c'est ce qu'il se passe, on arrive ici à quelque chose de parfaitement réussi et homogène.
En pleine période disco, la chanson est certes dansante, mais conserve des racines rhythm and blues fortement marquées. Côté paroles, on est dans le "socialement conscient", proche dans l'esprit de certaines chansons de Curtis Mayfield. Inspirées par la vision d'horreur de New York à l'époque d'une grande grève des éboueurs, elles appellent les habitants des ghettos à se prendre en main pour gérer leur quartier, sans compter sur les autorités. Fort logiquement, les bénéfices de ce projet sont allés au soutien d'actions communautaires dans les quartiers de Philadelphie.
Dans l'esprit, une chanson comme celle-ci annonce le rap. On n'est après tout en 1977 que cinq ans avant la publication de The message.
La face B du 45 tours est intéressante car il me semble qu'elle est différente de la deuxième partie, largement instrumentale, de la version album de la chanson.
Je n'aurai donc pas chroniqué un disque de plus de Talking Heads ce week-end, mais je suis bien content d'avoir eu l'occasion de danser en écoutant Let's clean up the ghetto !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Pol,

et puisque tu évoques finalement beaucoup Talking Heads et David Byrne dans cette chronique, je signale la parution récente de son intéressant livre :
https://librairie.philharmoniedeparis.fr/ecrits/est-que-musique

Et comme M. Byrne est toujours très actif, prestation live intéressante récente lors d'un célèbre talk shown new yorkais :
https://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/david-byrne-et-sa-fanfare-livrent-une-performance-tres-chouette-chez-jimmy-fallon/

Philippe C.

Pol Dodu a dit…

Salut Philippe,
Je serais d'accord pour dire que, d'une manière générale, tout ce que fait David Byrne est intéressant.
Pour l'heure, je n'ai lu que son "Journal à bicyclette", mais je guetterai ce nouveau livre. Et j'aimerais bien le voir un jour sur scène un de ces jours...

debout a dit…

Euh, la fanfare, comment dire sans faire l'éléphant dans le magasin de porcelaines... c'est tout de même un peu neuneu, non ?! Une "relecture newyorkaise et post-tout" des batucadas mit majorettes... mais pas loin du dimanche après-midi télévisuel avec Drucker, non ?!