11 février 2018

YOUNG MARBLE GIANTS : Live at Western Front


Visionné la première fois sur vimeo.com en mai 2017
Réf : [sans] -- Diffusé par Western Front Archive en 2016
Support : 1 fichier flv
15 titres

La collection 33 1/3, ce sont des petits livres dédiés à un album important (j'ai chroniqué ici le volume sur 69 love songs).
Parmi les disques qui méritent un tel traitement, Colossal youth de Young Marble Giants a bien sûr toute sa place. C'est un grand disque, d'une extrême originalité, et pendant longtemps on a su finalement peu de choses sur les conditions de création de cet unique album du groupe.
Je n'ai pas (encore) acheté, et donc pas lu ce livre. Mais, à l'occasion de sa publication, l'éditeur a publié en mai dernier sur le blog de la collection cinq chroniques autour du groupe, et la dernière de ces chroniques présentait un document inestimable, la vidéo intégrale d'un concert de Young Marble Giants à Western Front à Vancouver, le 6 novembre 1980.
Si on met de côté la reformation des années 2000, Young Marble Giants sur scène c'est une petite quarantaine de concerts en 1979-1980, surtout au Royaume-Uni, avec à l'automne une tournée aux États-Unis après laquelle le groupe s'est séparé.
Pour les français, il y a eu un concert unique, le 17 juin 1980 aux Bains-Douches. La petite salle était sûrement pleine à craquer, mais ce concert a eu des milliers d'auditeurs supplémentaires puisqu'il a été retransmis en direct dans l'émission Feedback de Bernard Lenoir. J'avais enregistré l'émission sur une cassette Agfa orange, que j'ai toujours quelque part au grenier, et j'avais notamment découvert avec ce concert une chanson du groupe que je ne connaissais pas, Ode to Booker T., que j'ai mis des années à pister. Elle est incluse dans la dernière réédition en date de l'album chez Domino, mais je m'en veux encore de ne pas avoir acheté quand je l'ai eue en main dans la cave du Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate la compilation Is the war over ? sur laquelle elle a initialement été publiée, avec Searching for Mr. Right. Aujourd'hui, plutôt que d'aller farfouiller au grenier, on peut télécharger ce concert chez Die or DIY ?.
Par la suite, une vidéo a été publiée, qui documente les deux ultimes concerts du groupe au Hurrah! de New York, les 21 et 22 novembre 1980. Cette vidéo a été rééditée en 2004 par Cherry Red, en DVD mais aussi en disque.
C'est un document intéressant, mais c'est un concert "normal" : le son n'est pas génial, l'image plutôt floue il y a des jeux de lumières, le public est bien là et se fait entendre.
C'est très différent de la vidéo tournée deux semaines plus tôt à Vancouver. L'image est en noir et blanc, tournée par une seule caméra. On est dans un centre d'art : pas de scène, pas de jeux de lumières. Le public est là (assis ou debout, on ne le saura jamais car on ne le voit pas) mais il est très discret.
Ambiance intimiste, donc, et conditions parfaites pour une expérience improbable.
Pourquoi ? Parce que, si nous sommes nombreux à penser que Colossal youth est un album très fort et très original, on sait très bien que ce qui produit ce genre de disque est le résultat d'une alchimie très particulière, fragile et mystérieuse (sinon, elle pourrait facilement se reproduire). La musique de Young Marble Giants aurait pu muter en rock and roll (il suffit d'écouter Brand-new-life pour s'en convaincre) ou devenir de la muzak ordinaire (voir le Testcard E.P.). Colossal youth (et aussi le 45 tours Final day), c'est comme une barbe à papa géante achetée sur une fête foraine : elle est superbe, volumineuse et aérienne, mais elle est fragile et il suffirait de quelques gouttes d'une averse d'été pour qu'elle disparaisse et qu'il n'en reste plus qu'un peu de sirop de sucre sur la bâton. Heureusement, il n'a pas dû pleuvoir lorsqu'ils ont fait l'album, et à Vancouver non plus. Car ce qui est magique avec ce concert à Western Front, c'est qu'on a l'impression de revivre en direct la création de Colossal youth au studio Foel au fin fond du Pays de Galles, un enregistrement qui a duré cinq jours, dont vingt minutes en moyenne pour mixer chaque titre.
Là, avec un minimum d'ingrédients (des bières, des cigarettes, des manteaux qu'on enlève au bout de quelques chansons, la voix d'Alison Statton et plus rarement celle de Stuart Moxham, la boîte à rythmes pré-enregistrée manipulée par Philip Moxham, quelques mots échangés avec le public - des remerciements et des titres de chansons, surtout, mais on apprend que Choci loni a été inspirée par un cow-boy fictif - et deux instruments pris au choix parmi les trois que sont la basse, la guitare et l'orgue, Final day étant la seule chanson sans basse), le groupe réussit à conserver sur scène tout ce qui fait la qualité de Colossal youth, en interprétant onze des quinze titres de l'album, plus les trois de Final day et Ode to Booker T..
Je n'ai pas eu l'occasion de voir Young Marble Giants sur scène, mais après avoir vu ce document, je n'ai plus de regrets à avoir car c'est probablement uniquement ce soir de novembre 1980 à Vancouver que toutes les meilleures conditions étaient réunies pour voir le groupe sur scène.

La liste des titres joués :
  • N.I.T.A.
  • Eating Noddemix
  • Choci Loni
  • Radio Silents
  • Music for Evenings
  • Colossal Youth
  • Salad Days
  • Ode to Booker T.
  • Searching for Mr. Right
  • Credit in the Straight World
  • Brand - New- Life
  • Wurlitzer Jukebox !
  • Include Me Out
  • Final Day
  • Cakewalking

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