26 novembre 2017

MANU CHAO : Politik kills


Acquis le 29 janvier 2015 chez Emmaüs à Reims
Réf : BECAUSE 0216 -- Édité par Radio Bemba / Because en France en 2008 -- Promotional use only. Not for sale.
Support : CD 12 cm
Titres : Politik kills x 10

J'ai trouvé ce CD promo de Manu Chao, dans sa petite pochette cartonnée, un jour où j'avais fait de bonnes pioches chez Emmaüs à Reims, dont le 45 tours de Michel Colombier.
Je suis le parcours de Manu Chao depuis Mano Negra, et il y a plein de choses que j'apprécie énormément dans sa production. En solo, il a trouvé un ton et un son qui lui sont propres, à tel point que, dans ses collaborations (avec Idir, Noir Désir, Amadou et Mariam ou Calypso Rose par exemple), on reconnaît immédiatement sa patte. Le revers de la médaille, c'est qu'il se tient à cette formule musicale, et à tout l'univers qu'il a créé autour, au point parfois de donner l'impression de se répéter. Une impression renforcée, on va le voir, par l'habitude de remettre son ouvrage sur le métier et de faire évoluer certaines chansons sur plusieurs années.
Politik kills est pris de l'album La radiolina, paru en 2007. Avec son rythme tranquille, ses cuivres hispanisants, son chant et ses chœurs sereins, c'est une réussite. Les paroles, dénonciatrices, sont ici en anglais, mais facilement compréhensibles car dans une langue volontairement et habilement malmenée, comme Manu Chao sait le faire aussi avec l'espagnol et le français.
Quand cette chanson est sortie en 2007, elle avait déjà une longue histoire, y compris sur disque, car on en trouve des ébauches sur deux parutions précédentes.
La première c'est sur l'album Automatik kalamity d'Anouk, paru en 1997. Je connaissais Anouk sans la connaître, car elle est créditée au chant sur les albums de Mano Negra, sous son prénom ou son célèbre pseudonyme de Madame Oscar (sachant que, dans Mano Negra, Manu Chao était Oscar Tremor). Sur son album, qui comporte plusieurs échantillons de disques reggae, Manu Chao est crédité à la guitare, la voix et la basse. Sur la chanson Politik, qui est une autre chanson que celle-ci, on entend en même temps qu'Anouk chante l'échantillon d'un chanteur de reggae, ainsi que Manu Chao qui chante en chœur "Politik kills". Après deux minutes, il intervient plus longuement pour chanter "Politik use drugs, politik use bombs, politik use torpedoes, politik use blood, why my friend it's an evidence, politik is violence", c'est à dire un bon bout des paroles de Politik kills.
Idem en 2002, quand Mr. Bobby, une autre chanson de Manu Chao à l'histoire bien compliquée, a été éditée en single. En face B, la version Mr. Bobby (Politik kills) propose dans sa dernière minute, vous l'avez deviné, une autre version embryonnaire de la chanson.
On retrouve sur mon CD hors commerce la version de l'album, accompagnée de cinq remixes différents et des versions instrumentales de quatre de ces remixes. Notons que les disques commercialisés en France, aux États-Unis ou au Mexique ne comptaient que six ou sept titres. Deux versions ici présentes n'ont a priori pas été distribuées (le Rude Barriobeat instrumental et le David B. instrumental), tandis que le dub de Dennis Bovell n'est sorti que sur maxi américain.
Le clou du disque, c'est la version due à Dennis "Blackbeard" Bovell, qui a fait appel pour l'occasion à son vieux complice Linton Kwesi Johnson. Sur ce Denis Bovell remix, j'apprécie comment, de façon simple et subtile, LKJ choisit d'émousser le côté un peu slogan des paroles en chantant "Some politics kill" plutôt que simplement "Politik kills".
Le Prince Fatty remix, dû bien sûr à Prince Fatty, est lui aussi très reggae et excellent, tout comme sa version instrumentale.
Arrivé au Chris Blackwell & Paul "Groucho" remix, je dois bien dire que je commence à fatiguer, d'autant que cette version, tout à fait honnête, est proche de la version de l'album, avec des angles un peu plus arrondis peut-être.
Après ça, le style ragga du Rude Barriobeat remix m'aurait sûrement plu pris de façon isolée, mais là c'est déjà l'indigestion. Et quand arrive la version techno du David B. remix, là je rends mon tablier, même si au bout du compte j'ai passé un bon moment avec ce disque.




Manu Chao, Politik kills, en direct dans l'émission One Shot Not sur Arte, avec en invité un Linton Kwesi Johnson malheureusement sous-employé.


Manu Chao, Politik kills, en direct dans l'émission Tarata en 2009, avec en invités Tiken Jah Fakoly et Amazigh Kateb.


Manu Chao, Politik kills / Rainin' in paradize, en direct dà la télévision, dans une version acoustique.

1 commentaire:

Pol Dodu a dit…

Décidément, j'ai bien du mal à retracer la généalogie complexe de cette chanson Politik kills de Manu Chao.
Déjà, ce n'est qu'après avoir publié cette chronique que j'ai fait le lien entre le Dennis Bovell remix et la chanson Liesense fi kill de LKJ.
Et le mois dernier, j'ai acheté l'album Dimanche à Bamako d'Amadou et Mariam, produit par Manu Chao, qui a fortement mis son empreinte sur ce disque, en chantant et jouant sur et en écrivant ou co-écrivant la plupart des chansons.
Quand j'ai écouté dans la voiture Politic amagni (La politique, c'est pas bon), une chanson à laquelle Tiken Jah Fakoli participe également, j'ai pensé à Politik kills dès qu'Amadou a chanté "Politic amagni", alors qu'à ce moment il n'y avait pas d'autre rapport que le mot "Politique" entre les deux. Puis justement, on entend "Politic kills" en choeur et, un peu plus tard, Manu Chao intervient et il chante, vous l'avez deviné, son couplet sur "That's what my friend, it's an evidence, politik is violence".
L'album d'Amadou et Mariam est sorti en 2004. Jusqu'à preuve du contraire, c'était donc la troisième apparition de ce couplet, après Automatik kalamity en 1997, Mr. Bobby en 2002, mais avant Politik kills en 2007.