27 juillet 2017
MENDELSON : Sciences politiques
Acquis par correspondance via Ici d'Ailleurs en juillet 2017
Réf : IDA129 -- Édité par Ici d'Ailleurs en France en 2017
Support : CD 12 cm
12 titres
Après Giscard Bongo, on va s'intéresser à un autre type de chanson politique.
Je n'ai jamais suivi de près le parcours de Mendelson. Pourtant, grâce à Une rentrée 97, une excellente compilation des Inrockuptibles, j'ai connu et fort apprécié un de leurs premiers titres, Je ne veux pas mourir. Mais par la suite, je n'ai jamais eu la curiosité d'écouter les albums de Mendelson, ni le disque solo de Pascal Bouaziz ou celui de son autre groupe Bruit Noir parus tous les deux en 2015.
Mais quand même, j'ai prêté attention aux communiqués annonçant la sortie du sixième album Sciences politiques au printemps dernier et, quand je l'ai vu parmi les nouveautés de la Médiathèque, je l'ai emprunté sans hésiter.
Comme j'aime bien le faire, j'ai écouté le disque en voiture, sans avoir cherché à en savoir plus avant en lisant le livret ou en me baladant en ligne.
J'ai aimé ce que j'entendais dès les premiers morceaux. C'est au quatrième, La guerre (mais je n'avais pas les titres sous les yeux), que j'ai reconnu une transposition en français et en 2015 du 1969 des Stooges. Arrivé au sixième titre, La carrière, il ne m'a fallu que quelques instants pour reconnaître une adaptation du Careering de PIL, déjà repris dès 1980 par l'ancien batteur du groupe avec son projet Brian Brain. Juste après, j'ai eu du mal à placer le titre de Lou Reed qui était repris en tant que Les héritiers (Men of good fortune), mais à ce moment la brume de mon cerveau a commencé à s'éclaircir et, bien avant que ne débute l'excellente version presque électro-pop de That's entertainment de The Jam (Les loisirs), il m'était revenu que Sciences politiques est un album entièrement constitué de reprises.
Mais pas n'importe quelles reprises. Des reprises comme je les aime quand il s'agit de titres en anglais joués par des français, des reprises comme j'ai souvent eu l'occasion d'en imaginer, voire même à mon petit niveau d'en réaliser, c'est à dire des versions qui ne se contentent pas de répéter bêtement les paroles originales sans les comprendre ou de les traduire littéralement, mais qui cherchent à les transposer et à les adapter à notre époque et au contexte français.
Pascal Bouaziz s'est attelé à cet exercice et c'est une réussite magistrale, avec à la fois un projet parfaitement construit qui, du titre générique de l'album à ceux choisis pour chacun des morceaux, donne une cohérence à un ensemble de sources assez divers, et une réalisation artistique qui produit un disque qui me plaît de plus en plus à chaque écoute et qui est bien plus varié que ce à quoi je m'attendais.
En effet, j'imaginais des choses dans la veine de Michel Cloup (un ami, salué dans les crédits), Rodolphe Burger, Alain Bashung ou Gérard Manset, et il y a de ça effectivement, par exemple dans Les peuples (Almost like the blues de Leonard Cohen), Le soulèvement (The ghost of Tom Joad de Bruce Springsteen) ou La dette (version de Viet vet d'Alan Vega, le petit frère de Frankie Teardrop de Suicide), mais il y a aussi le très enjoué et déjà cité Les loisirs, des titres très électriques comme La nausée (Youth against fascism de Sonic Youth) et Le capitalisme ("Nous sommes tous des putes", version que je préfère à l'originale par The Pop Group) et un subtilement funky La panique (Inner city blues de Marvin Gaye). Les deux autres titres pour compléter la douzaine sont La liberté (Left on man de Robert Wyatt) et La décence (What are their names de David Crosby).
Je donne la précision des titres originaux car ça me semble important. C'est d'ailleurs le seul reproche que j'ai à faire à ce disque, le fait que cette information ne figure pas dans les crédits. Il y a juste la mention "Textes et musiques librement adaptés et tous droits réservés aux auteurs et compositeurs originaux", suivie de la liste de ces auteurs, mais tout le monde ne connaît pas les chansons originales et ça n'aurait pas pris trop de place de mentionner leurs titres (A ce sujet, je n'ai pas vraiment d'excuse pour ne pas avoir reconnu les trois premiers titres, car je les avais tous déjà écoutés au moins une fois !).
Mais c'est un reproche mineur, d'autant qu'on trouve l'information manquante en ligne en vingt secondes. Et surtout, Pascal Bouaziz a largement compensé en proposant Extension politique, une série de douze vidéos, où il revient en profondeur sur le projet de l'album, les sources et les réflexions qui l'ont nourri, les différents choix, les problèmes d'adaptation... C'est passionnant (mais à regarder après avoir écouté le disque, si possible), à la fois très informé et très drôle. Ça montre que Pascal Bouaziz, comme beaucoup d'entre nous, s'interroge de façon lucide sur le monde actuel et sur des choix de vie en cohérence avec ces analyses.
Dans ces vidéos, mais aussi chez Télérama et Le Monde, on apprend que le projet Sciences politiques a débuté à l'occasion d'une résidence dans un collège à Bobigny en 2014 et 2015. Au moins douze autres titres ont été envisagés ou même enregistrés (et plus ou moins ratés, parait-il), dont Shipbuilding et New information order de Wyatt, Concrete jungle de Bob Marley et les Wailers, et des chansons de Prince, James Brown, Sly Stone, The Smiths et The Housemartins.
On peut donc espérer un jour un petit complément à Sciences politiques, d'autant qu'on n'a guère l'occasion de prolonger son plaisir en concert car Mendelson n'a joué pour l'instant l'album que quatre fois sur scène et qu'aucune autre date n'est annoncée pour l'instant.
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