

Acquis d'occasion dans la Marne probablement entre 2000 et 2011
Acquis chez Damien R. à Avenay Val d'Or le 29 avril 2024
Réf : 71185 -- Édité par Barclay en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Chacun pour soi -- Au-delà de mes rêves -/- Alice -- Mes promesses
Après avoir acheté un exemplaire de ce disque à Damien l'an dernier, j'ai découvert en le rangeant que j'en avais déjà un autre. Pour une fois, j'ai une bonne excuse pour ce doublon : les deux rectos de pochette sont complètement différents, même s'ils ont pour point commun d'avoir une photo de Jean-Pierre Leloir.
Difficile de savoir quelle pochette a remplacé l'autre (le verso et le disque lui-même sont identiques pour les deux éditions), mais il me semblerait logique chronologiquement que la première soit celle avec la photo de groupe. Lettrage au goût du jour de 1967, photo orangée mais sombre, titres des chansons peu visibles. Franchement, ce n'est pas une réussite.
Par contraste, la photo d'Eddy Mitchell devant l'avion de la TWA, et le reste de la maquette "claquent" bien et la pochette remplit parfaitement son rôle, qui est d'attirer le client et de faire vendre le disque, tout en donnant bien le contexte, puisque la photo montre Eddy à l'atterrissage aux États-Unis, là où ont été enregistrés les quatre titres de cet EP.
J'ai connu Eddy Mitchell quelques années plus tard, dans les années 1970. Il faisait partie des gens qu'on voyait régulièrement dans les émissions de variétés du samedi, et il avait des tubes : Pas de boogie woogie, C'est la vie, mon chéri, Sur la route de Memphis... On avait même à la maison le 45 tours C'est un rocker / Bye bye Johnny B. Goode, c'est à dire deux adaptations de Chuck Berry. C'est sans doute celui-ci que j'aurais chroniqué en premier si j'avais conservé l'exemplaire familial, ou si j'en avais racheté un depuis.
Cela fait un moment que je picore ici ou là certains des EP de Monsieur Eddy, mais j'y fait plus attention depuis que j'ai été accroché par la reprise de sa Société anonyme par les Ready-Mades.
Ce qui est certain, c'est qu'Eddy Mitchell est un grand fan de musique. Je pense que, s'il s'est lancé en 1964 pour Barclay dans la collection Eddy Mitchell présente les rois du rock, c'est plus pour faire partager sa passion que par intérêt commercial.
Pour sa carrière solo, il s'est rendu à Londres dès 1963 pour enregistrer le London All Star, un conglomérat de pointures de studio, de Big Jim Sullivan à Vic Flick, en passant par Arthur Greenslade et Jimmy Page.
Mais en 1967, en pleine vogue rhythm and blues, Londres ne suffisait plus à Eddy. Il a choisi de s'envoler aux Etats-Unis pour y enregistrer, d'où le libellé générique au verso de la pochette qui annonce Rn' B U.S.A.
Les résultats de cette session ont été publiés sur la face B d'un album intitulé De Londres à Memphis, mais ce titre est un peu trompeur car, si c'est probablement à Memphis, la ville de Stax, qu'Eddy a atterri, il a enregistré à plus de deux cents kilomètres de là, à Muscle Shoals en Alabama. Pas à FAME, mais dans un autre des grands studios de la ville, Quinvy, qui juste avant ça s'appelait Norala (à lire : Quin Ivy and his Norala and Quinvy studios par Pete Nichols, notamment la partie 3, qui couvre la session d'Eddy, et la 4, où il est question de la session de Dick Rivers au même endroit quelques mois plus tard).
C'est la règle pour le jazz, mais très rare pour les variétés, surtout pour un 45 tours : le recto de la pochette nous donne en détails les participants aux sessions d'enregistrement du 26 au 28 mai 1967 dont on trouve ici quatre extraits. Comme il est précisé, ils ont pris part à des enregistrements des grands noms du R 'n' B, et rien qu'en parcourant la liste je reconnais plusieurs noms de ces grands musiciens de session : Roger Hawkins, David Hood, Eddie Hinton, Spooner Oldham, Wayne Jackson...
Eddy Mitchell et son équipe ont fait preuve d'une grande assurance pour l'occasion : ils auraient pu se contenter d'adapter des titres américains, il y en a pléthore, mais non, on trouve sur ce disque quatre originaux, signés Eddy/Claude Moine pour les paroles et Pierre Papadiamandis pour la musique.
Des originaux, mais répondant tous aux critères d'un morceau rhythm and blues typique. Le résultat est très solide, même s'il n'est pas renversant.
J'aime beaucoup en tout cas Chacun pour soi, avec des paroles un peu dures où il question de fermer la porte à une ex qui retente sa chance ("C'est à ton tour de pleurer, à moi de jouer. Oh ! Que tu m'aimes encore ou pas, ça ne m'intéresse pas, de ma vie je t'ai rayée"). Les chœurs, les cuivres, les ponctuations d'orgue sur le refrain sont très réussis.
Alice est une belle ballade, très réussie, qui respecte tous les canons du genre. Je crois que c'est la plus connue des chansons du disque, qui est longtemps restée au répertoire d'Eddy.
Avec Mes promesses et Au-delà de mes rêves, on a un autre titre rapide et un lent. Les ingrédients sont là, mais la sauce a un peu de mal à prendre.
C'est quand même au bout du compte un projet intéressant, avec deux pochettes pour le prix de deux.
Amigos, le dernier album en date d'Eddy Mitchell, est sorti en 2024. A 83 ans, il a dû annuler pour raisons de santé sa tournée prévue cet été.
Eddy Mitchell, Chacun pour soi, en direct à la fin de l'émission Télé dimanche le 12 novembre 1967.
Eddy Mitchell, Chacun pour soi, en direct dans l'émission Hip hip show le 8 septembre 1967.
Au-delà du fil pris dans le pied de micro, il y a visiblement un problème au début au moment du titre écourté Je ne me retourne pas, mais je ne comprends pas le mot prononcé par Eddy après "Tout de suite", ni le sens des "Merci", "Y en a un". Je crois qu'il y fait encore référence tout à la fin ("Y a trois merci").
Le public de toutes ces émissions de télé est amorphe, quand il ne passe pas son temps à entrer et sortir...!
Eddy Mitchell, Chacun pour soi, en direct à la télévision.
Eddy Mitchell, Chacun pour soi, mimé à la télévision le 4 septembre 1969.
Eddy Mitchell, Alice, en direct à la télévision.
Eddy Mitchell, Alice, mimé à la télévision.
Eddy Mitchell, Alice, mimé à la télévision, visiblement dans les années 1970.
Eddy Mitchell, Alice, en direct à la télévision, accompagné par l'Orchestre d'Ivan Jullien, le 29 janvier 1977. Muscle Shoals est bien loin !
Eddy Mitchell, Mes promesses, mimé à la télévision.

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