13 juin 2020

THE JAMAICA CORPORATION : Egyptian reggae


Acquis par correspondance via Discogs en  mai 2020
Réf : 7745092-H -- Édité par Hotline en Belgique en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Egyptian reggae -/- Chinese reggae

Visiblement, il y a eu quelque chose de spécial qui s'est passé au Bénélux avec Egyptian reggae.
En France, en 1977, le 45 tours est sorti et a été largement diffusé (on le trouve encore assez régulièrement), mais je ne pense pas que ce fut vraiment un tube, même si le titre a été repris en 1979 (joué quasiment à l'identique par des musiciens de studio professionnels) sur un album de Succès instrumentaux crédité à Christopher John et son Orchestre et publié par Music For Pleasure (Je pensais avoir ce 33 tours chez moi, mais non).
Au Bénélux, le 45 tours a aussi été édité et largement diffusé, avec une pochette rouge au lieu de jaune et au verso une photo inédite du groupe, avec un Jonathan Richman en tenue de footballeur et avec une horrible moustache (je l'ai chroniqué ici il y a quatorze ans), mais j'ai récemment découvert en fouinant sur Discogs qu'il y avait eu aussi deux reprises parasites sorties en Belgique dès 1977.
Lou Deprijck (Two Man Sound, Plastic Bertrand, Lou & the Hollywood Bananas) n'a pas laissé passer l'aubaine : sous le nom de Ramses Ballet, il a publié chez RKM sa version copie conforme d'Egyptian reggae. En bonne publication cannibale et parasite, dont le seul but est de faire ruisseler une partie des revenus associés à un grand succès (voir parmi d'autres exemples ici Seaside shuffle par Big Tears and the Crocodile et Venus par The Blocking Shoes), le nom "d'artiste" rappelle l’Égypte, tout comme la pochette.
Les canons du genre sont également respectés pour cet autre 45 tours belge, toujours de 1977, que j'ai décidé de m'offrir. Le rouge uni de la pochette a évidemment été choisi en fonction de la couleur de la pochette de la version originale et le pseudo-nom d'artiste évoque la Jamaïque.
Comme on était en pleine vague disco, la mention "Original disco version" sur la pochette pourrait légitimement inquiéter, mais en fait la version d'Egyptian reggae par The Jamaica Corporation n'est pas spécialement disco et se contente elle aussi de s'approcher au plus près du son de la version originale.
Le gars derrière ce disque est un auteur et producteur de variété, Roland Uyttendaele, peut-être bien le même Roland Uyttendaele qui est actuellement maire de la commune de Lede. Il a notamment produit des disques pour le duo Barry & Eileen et pour Cynthia Clay.
Si j'ai choisi d'acheter ce 45 tours plutôt que, par exemple, celui de Ramses Ballet, c'est à cause de sa face B. En effet, comme on pouvait s'en douter d'après le titre, Chinese reggae prolonge le concept avec une composition signée par Rolanski (un pseudonyme de Uyttendaele) et De Bofre (un de ses compères), composition qui réussit l'exploit d'être à la fois "originale" et copiée puisqu'il s'agit bien de refaire Egyptian reggae en différent mais presque pareil, avec les percussions qui imitent le son d'un cheval qui trotte, les coups de gong et la guitare acoustique. Sauf qu'il s'agit cette fois d'un reggae extrême-oriental !
Je ne pense pas que ces loustics soient allés jusqu'à écouter l'album Rock 'n' roll with The Modern Lovers, sur lequel on trouve Egyptian reggae, mais dans l'esprit ils ont fait comme un hybride d'Egyptian reggae et de The sweeping wind (Kwa ti feng), l'instrumental qui ouvrait l'album.
L'intérêt des belges pour Egyptian reggae s'est poursuivi au-delà de 1977, puisqu'un remix sûrement non autorisé par l'auteur est sorti dans ce pays en 1982. Aux manettes, on trouvait notamment Ben Liebrand, qui a eu un parcours remarqué par la suite.
Je dédie cette chronique à Pascal Comelade, qui, depuis 1986 au moins, est sûrement l'artiste qui a le plus repris Egyptian reggae, sur scène ou sur disque, seul ou à plusieurs. Il en a même fait une version haïku au piano d'une vingtaine de secondes !

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