22 janvier 2022

CHUCK BERRY : Dear Dad


Offert par Christophe S. à Épernay le 22 décembre 2020
Réf : 70 790 -- Édité par Barclay en France en 1965
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Dear Dad -- Lonely school days -/- Promised land - Things I used to do

Ce superbe disque fait partie du lot que Christophe m'a offert il y a un peu plus d'un an, lot qui comprenait les excellents 45 tours africains de Mamadou Doumbia et Victor Uwaifo.
Il fait partie de la série Eddy Mitchell présente les rois du rock. Je suppose qu'il s'agissait pour Eddy de faire la promotion de ses idoles et pour Barclay d'utiliser la popularité de Schmoll pour vendre en France des disques d'artistes étrangers.
J'ai souvent croisé des disques de cette collection, mais je n'en avais aucun. Je pensais qu'elle ne comprenait que des 33 tours, surtout de Chuck Berry et Bo Diddley, mais il y aussi quelques 45 tours et quelques autres artistes représentés. Il y a eu au moins 11 volumes de parus.

Comme souvent, cet EP français quatre titres compile deux 45 tours, faces A et B, parus aux États-Unis chez Chess dans ce cas précis. Dear Dad et Promised land font partie d'une bonne série de 45 tours sortis en 1964 et 1965, après le séjour en prison de Chuck de février 1962 à octobre 1963, série qui comprend également des succès/classiques comme No particular place to go, Nadine (Is it you ?) et You never can tell. Des disques qui ont bénéficié de la popularité renouvelée de Chuck après les reprises à succès de petits groupes anglais comme les Beatles et les Rolling Stones.

Dear Dad est un bon petit rock typique de Chuck Berry, bouclé en 1'50, qui a été repris sur l'album Chuck Berry in London mais qui n'a pas été enregistré à Londres. Ça vaut le coup de se pencher sur ses paroles pleines d'humour. Comme le titre l'annonce, elles prennent la forme d'une lettre d'un fils étudiant à son père, qui se plaint de sa voiture Ford toute pourrie et qui lui réclame de lui en acheter une autre pour le prochain semestre. Allez, je vous traduis le dernier couplet, y compris la chute :
"Bizarrement, elle n'a aucun appétit pour l'essence
Et, Papa, je lui ai pourtant mis quatre carburateurs en ligne
J'ai essayé d'en ajouter encore un pour voir si ça changerait quelque chose
Mais il n'y a plus de place pour le mettre à moins de perforer le capot
Alors, Papa, envoie-moi de l'argent, que je vois ce que je peux faire
J'essaierai de trouver une Cadillac, une 62 ou 63
Juste quelque chose qu'on n'aura pas peur de mettre en circulation
Sincèrement, ton fils adoré, Henry Junior Ford"
On connaît l'influence que Chuck Berry a eue sur Jonathan Richman. En écoutant la description de la longue liste de défauts de cette Ford, on ne peut que penser à celle de la Dodge Veg-o-Matic immobilisée de Jonathan.

Lonely school days ne doit pas être confondue avec le tube School days de 1957. Il me semble qu'il s'agit d'une des nombreuses chansons de Chuck Berry sur un rythme un peu afro-cubain. Très bien, mais je crois que je préfère la version plus rapide parue en face B du single Ramona, say yes de 1966. C'est la version lente de mon 45 tours qui a été reprise en 1971 sur l'album San Francisco dues.

Promised land (et non pas from I sed land comme indiqué au recto de la pochette !) a été écrite en prison et Chuck a consulté un atlas de la bibliothèque pour imaginer cette grande évasion à travers les États-Unis. Apparemment, il a utilisé la mélodie de Wabash Cannonball. Cet excellent single figure aussi sur l'album St. Louis to Liverpool

Sa face B, Things I used to do, est une reprise de Guitar Slim (la version originale a été arrangée et produite par Ray Charles en 1953). Là encore, rien de très original, mais c'est un excellent blues électrique.

On peut trouver en ligne plein d'excellentes vidéos de Chuck Berry. Avec Philippe R., on s'est déjà régalé de l'excellente demi-heure enregistrée le 6 février 1965 en Belgique pour l'émission Face au public. Je vous ai mis ci-dessous les extraits de l'émission avec les versions des deux titres de la face B jouées ce soir-là. C'est excellent (voyez comment Chuck réagit quand son pied de micro s'abaisse d'un seul coup), mais il faut vraiment regarder l'émission entière, ne serait-ce que pour profiter des interventions de Chuck entre les chansons, y compris une leçon de prononciation du mot "blues" ("avec les deux lèvres" !), et de l'enchaînement parfait de Promised land avec Johnny B. Goode.
Je me disais en regardant cette vidéo de début 1965 que la photo de pochette de mon 45 tours prise par Jean-Pierre Leloir avait vraiment dû être prise à la même époque, voire dans la même tournée. En fait, elle a carrément été prise ce jour-là, dans les studios Universal à Waterloo. Comment je le sais ? Outre la tenue de Chuck et le pied de micro, on en a la confirmation parce qu'une autre photo vendue aux enchères confirme que Jean-Pierre Leloir était présent ce soir-là :











3 commentaires:

Anonyme a dit…

j'aime mieux ne rien dire, parfois la vie c'est dur...en effet je n'ai pas ce disque et c'est évidemment maintenant celui qui me manque le plus. Maudit soit le Dodu et sa descendance jusque la disparition totale des vinyles pour cause d éradication écolo.Salutations ph

Pol Dodu a dit…

Ah, Monsieur Philippe, parfois la vie est dure, mais elle peut aussi être belle, et toujours pleine de surprises !
Je n'en dirai pas plus ici, mais sachez que M. Christophe, et par ricochet M. Pol, ont plus d'un disque dans leur sac !

chdontsurf@yahoo.fr a dit…

Il faut reconnaître que c'est un bien beau disque. Il n'y a pas de secret, les belles pièces viennent au chineur forcené !